La pratique de l opéra en Afrique
254 pages
Français

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La pratique de l'opéra en Afrique , livre ebook

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Description

L'auteur passe en revue dans cet ouvrage l'essentiel des valeurs éthiques que véhicule l'opéra, en espérant leur acquisition et leur internalisation par les Africains, si nécessaire par la pratique de l'opéra, dans l'espoir d'un développement plus harmonieux de leur part. Il conclut enfin par la présentation de la transcription musicale d'un chant lyrique oral africain - les Amants des veuves (Njap Makon) - pour en faciliter la diffusion et le partage en Afrique et dans le monde.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2010
Nombre de lectures 201
EAN13 9782296259836
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LA PRATIQUE DE L’OPÉRA EN AFRIQUE
André Mbeng


LA PRATIQUE DE L’OPÉRA EN AFRIQUE


L’Harmattan
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-11230-8
EAN : 9782296112308

Fabrication numérique : Actissia Services, 2013
Au Professeur Pierre Ngijol Ngijol de l’Université de Yaoundé, mort en juin 2009, des suites d’un accident de la circulation, au moment où je mettais en forme ce livre. Il a été l’un des premiers à mieux établir le caractère littéraire de la poésie épique africaine, laquelle constitue, aujourd’hui, notre principal matériau de base dans la promotion et la vulgarisation de l’opéra rythmique africain.

Et à Son Altesse Royale le prince Claus des Pays-Bas (1926-2002), qui avait émis l’idée de création d’un opéra sur la base des rythmes africains, en particulier l’Opéra du Sahel.
INTRODUCTION
En prenant l’exemple du Cameroun pour ce qui est des peuples de la forêt, et ceux des pays comme le Sénégal, le Mali, la Gambie et le Burkina Faso, s’agissant des peuples du Sahel que je connais un peu, la pratique de l’opéra, à travers le « quatuor » indivis et complémentaire de :

mise en musique d’une pièce théâtrale pour obtenir un opéra,
mise en scène d’un opéra,
jeu d’un opéra simultanément par un orchestre et une troupe de chanteurs lyriques et d’acteurs devant un parterre de spectateurs dans une salle de spectacle ou en plein air,
fréquentation permanente des salles d’opéra par les populations ou tout au moins les mélomanes, afin de prendre plaisir à voir un opéra,

est une chose encore rare dans les salles de spectacle en Afrique depuis les indépendances.

Pour le Cameroun par exemple, les seuls cas que nous pouvons citer en 50 ans (de 1960 à 2010) sont :

Sur le plan de la musique et de l’opéra classiques :

un concert de musique classique instrumentale offert par le président Paul Biya en février 1983 à l’occasion de l’un de ses anniversaires ;
l’opéra classique Carmen, joué en décembre 2006 au Palais des Congrès de Yaoundé, par le célèbre baryton camerounais Greg Belobo, en compagnie de ses amis de l’Opéra de Paris à l’occasion de la foire commerciale d’Afrique Centrale Promot 2006 ;
le même Greg Belobo revient en décembre de chaque année, depuis 2007, pour présenter son concept de Noël chez nous, dans lequel il gratifie le public d’un récital de chants de noël, à la basilique mineure Marie-Reine des Apôtres de Mvolyé à Yaoundé, et au cinéma le Wouri à Douala ;
un autre baryton camerounais, le très respectable Sapouma, employé de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale, organisme camerounais de sécurité sociale, s’essaye de temps en temps dans des soirées privées avec des récitals classiques en allemand ou en italien ;
mademoiselle Esso, de la famille du magistrat Laurent Esso bien connu du public camerounais, tente également de mobiliser depuis 2008, sans beaucoup de succès ;
d’autres passionnés de la musique classique ont certainement fait quelques tentatives dont l’écho n’est pas allé au-delà des salons ou des salles de leurs essais.

Sur le plan du chant lyrique traditionnel africain :

Les chants et récits épiques, présentés le soir sous le grand fromager ou le manguier du village, près d’un feu de bois devant les villageois, ou alors dans une salle de spectacle en ville, sur invitation de quelques connaisseurs ou nostalgiques des Murmures de l’arc-en-ciel, des Confidences de l’eau au soleil ou des Merveilles africaines, noms que les Bassa du Cameroun, grands amateurs du chant lyrique traditionnel, attribuent aux chants épiques, ont pratiquement disparu du paysage artistique camerounais.

Les derniers spectacles de chants lyriques datent de la fin des années 80 avec les récitals des bardes bassa Ngo Pagal et Madeleine Ngo Um, au Centre Culturel français de Yaoundé, juste avant leur regrettable disparition à quelques mois d’intervalle.

Pour les pays du Sahel, le chant lyrique traditionnel, sous forme d’épopée chantée par un seul acteur qu’est le griot, est une activité qui rencontre encore une certaine popularité, étant donné que le fond musical utilisé dispose aussi de quelques variantes dans la World music, lesquelles rapprochent les populations du chant lyrique.

Toutefois, l’opéra, au sens de la définition sus-indiquée, est une forme d’expression qui reste encore à construire dans ces pays.

L’Opéra du Sahel en est une parfaite illustration et une expérience encourageante.
C’est Son Altesse Royale le prince Claus des Pays-Bas (1926-2002) qui avait émis l’idée de création de l’opéra du Sahel. Le prince Claus, qui avait vécu et travaillé pendant longtemps en Afrique, considérait que la région du Sahel était le berceau d’innombrables talents dans le domaine de la danse, de la musique, du design et de la mode. Il envisageait un opéra qui donne aux artistes de ces pays l’occasion de faire la démonstration de leur talent devant un grand public. A sa mort, sa fondation a pris l’initiative de réaliser l’Opéra du Sahel.

L’Opéra du Sahel n’est pas, en tant que tel, une institution. C’est un opéra au sens d’une pièce dramatique musicalisée et jouée sur scène, dont la trame du récit tourne autour de l’émigration d’un jeune berger peul du Sahel vers l’Europe. C’est un spectacle de qualité lorsque l’organisation et la mise en scène sont bien élaborées. Les compositeurs de cet opéra espèrent en faire un projet de développement durable, une institution, par le développement et la valorisation des infrastructures et des échanges interculturels qui en découlent.
Pour tout dire, la pratique de l’opéra comme nous le souhaitons n’est pas la chose la mieux partagée en Afrique.

Notre diagnostic sur la raréfaction de cette pratique porte sur trois réalités :

Sur le plan général i) l’opéra est un genre musical intellectuel, technique et rigoureux. Qu’il soit classique ou épique, il demande un peu plus d’efforts intellectuels et organisationnels pour être exécuté, ii) l’opéra nécessite un peu plus de moyens financiers lorsqu’il faut s’entraîner et organiser des spectacles.

Sur le plan particulier, l’opéra épique rythmique d’Afrique n’a pas connu sa renaissance du fait de l’absence d’écriture dans la plupart des civilisations africaines.

Avec toutes ces pesanteurs, rêver de la renaissance de l’opéra rythmique en Afrique serait-il quelque chose d’utopique ? A chacun sa croix, la mienne c’est d’y croire comme ce fut le cas du très regretté prince Claus des Pays-Bas.
A l’appui de ma croyance et de ma conviction, j’oppose en premier lieu au lecteur la subjectivité du goût, de la volupté et de l’élévation que me procure la représentation d’un spectacle d’opéra épique ou classique. C’est surtout l’admiration en la capacité de construction artistique que je voue aux compositeurs de certains récits et chansons épiques oraux africains en langues locales, malheureusement inconnus du grand public, du fait entre autres, de cette barrière linguistique. Le Cameroun, par exemple, sur la cinquantaine de pays africains du continent, compte à lui tout seul 280 dialectes sur ses 472 000 km 2 .

En tremblant de bonheur et d’émotion au cours de ces dégustations, je m’interroge chaque fois : comment des choses aussi sublimes de notre propre civilisation seraient-elles à jamais condamnées à tirer leur révérence au monde contemporain, en application de la fameuse théorie de révolution de la musique ?

Étant donné que la véritable création, qu’elle soit musicale ou autre, n’obéit qu’à une puissante « nécessité intérieure », j’oppose en deuxième lieu au lecteur l’autre ressort de ma croyance, cette fois-ci moins subjective, dans le fait que « la nécessité intérieure » éthique du développement économique, social, culturel et technologique de l’Afrique peut conduire à la renaissance tant souhaitée de l’opéra rythmique africain.

Lorsque j’ai commencé l’œuvre de promotion et de vulgarisation de l’opéra rythmique d’Afrique en 2006 avec la publication en 2007 de mon premier ouvrage chez l’Harmattan, intitulé Recueil de chansons épiques du peuple bassa du Cameroun, sous-titré Les murmures de l’arc-en-ciel, en référence à l’origine aquatique de l’épopée dans la mythologie du peuple bassa du Cameroun, j’avais annoncé le but de mon travail. Celui-ci consiste à faire découvrir cet art ancien aux générations actuelles des peuples du monde en gén&

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