Fabriques de vérité(s)
318 pages
Français
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Description

Les auteurs de cet ouvrage s'interrogent sur les stratégies et les outils de la reproduction et de la représentation du "faire vrai" aujourd'hui mis en place dans l'œuvre littéraire en particulier. Dans la multiplicité de ces réponses, ce volume apporte de nouveaux éclairages sur le fonctionnement de cette fabrique de vérité qui gouverne nos cultures et, spécifiquement, la littérature.

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Date de parution 15 février 2016
Nombre de lectures 14
EAN13 9782140002434
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1400€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DOOREŝ Thion Soriano-Mollá, NOémIE François E JEà Albrespit
FABRIQUES DE VÉRITÉ(S) L’œuvre littéraire au miroir de la vérité
INTERNATIONAL
(vol. 2)
FABRIQUES DE VÉRITÉ(S) (vol. 2) L’ŒUVRE LITTÉRAIRE AU MIROIR DE LA VÉRITÉ
Collection « Inter-National » dirigée par Denis Rolland, Joëlle Chassin et Françoise Dekowski Cette collection a pour vocation de présenter les études les plus récentes sur les institutions, les politiques publiques et les forces politiques et culturelles à l’œuvre aujourd’hui. Au croisement des disciplines juridiques, des sciences politiques, des relations internationales, de l’histoire et de l’anthropologie, elle se propose, dans une perspective pluridisciplinaire, d’éclairer les enjeux de la scène mondiale et européenne. Série générale (dernières parutions) : Salim TOBIAS PEREZ,Religion, immigration et intégration aux Etats-Unis. Une communauté hispanique à New York, 2015. Daniel GRANADA DA SILVA FERREIRA,Pratique de la capoeira en France et au Royaume-Uni, 2015. Patrick HOWLETT-MARTIN,La coopération médicale de Cuba. L’altruisme récompensé, 2015. Maria Teresa GUTTIEREZ HACES,La continentalisation du Mexique et du Canada dans l’Amérique du Nord. Les voisins du Voisin, 2015. Eric DICHARRY,Théâtre, résidence d’artiste, médiation et territoire, 2014. Catherine DURANDIN et Cécile FOLSCHWEILLER,: la guerreAlerte en Europe dans les Balkans (1942-1913), 2014. Estelle POIDEVIN,L’Europe : une affaire intérieure ? Ce qui change en Europe, 2014. Juliette MAFFRE,La légalisation du mariage homosexuel en Argentine, 2014. Pierre-Philippe BERSON,Sous le soleil de Chávez. Enquête sur le Venezuela d’Hugo Chávez, 2014. Mathieu CRETTENAND,Le rôle de la presse dans la construction de la paix, Le cas du conflit basque, 2014. Pierre JOURNOUD,La Guerre de Corée et ses enjeux stratégiques de 1950 à nos jours, 2014. Philippe SAUNIER,Politique de la comptabilité publique, 2014. Laurent BORZILLO,La Bundeswehr. De la pertinence des réformes à l’aune des opérations extérieures, 2014. Jean-Yves PARAÏSO,La perception de la théologie latino-américaine de la libération en République Fédérale d’Allemagne. L’exemple du cercle d’étude « Eglise et libération » (1973-1978), 2013. Edouard BOINET,Hydropolitique du fleuve Sénégal. Limites et perspectives d’un modèle de coopération, 2013. Eric DICHARRY,L’écologie de l’éducation. Un anthropologue à l’école du bertsularisme en Pays basque, 2013. Sébastien BARRERE,Les Etats-Unis face au franquisme. 1936-1956, la croisée des chemins, 2013. Marc PAVE,La pêche côtière en France (1715-1850). Approche sociale et environnementale, 2013. Marianne GUILLEMIN,Femmes officiers de communication dans l’armée de Terre. Le parcours des combattantes, 2013. Ariane LANDUYT & Denis ROLLAND (org.),Construire l’espace politique européen. Historiographies, politiques et territoires, 2012.
Dolores THIONSORIANO-MOLLA, Noémie FRANÇOISet JeanALBRESPITFABRIQUES DE VÉRITÉ(S) (vol. 2) L’ŒUVRE LITTÉRAIRE AU MIROIR DE LA VÉRITÉ
Université de Pau et des Pays de l’Adour Avec le soutien de la Région d’Aquitaine, le Conseil Général 64 et la Communauté d’Agglomération de Pau et des Pays de l’Adour © L’HARMATTAN, 20165-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-06317-1 EAN : 9782343063171
INTRODUCTION Les relations entre le monde des choses et le monde des idées, entre le réel, les mots et les idées, les modes de connaissance et les modes d’expression ont eu trait à des concepts universels tels que le Vrai, le Beau et le Bien, mais aussi, à ceux de la certitude, à la « vérisimilitude », à la vraisemblance, aux univers de croyance, aux mondes possibles et à l’assertion. Ces concepts ont tous questionné les frontières entre la réalité, l’effet de réel et la fiction, entre « l’être vrai » et « le faire vrai ». Aujourd’hui les arts et la littérature ne cessent de saisir le réel et de l’inscrire dans la fiction, de fabriquer des vérités à l’air fictionnel, des fictions à l’air vrai et de faire coexister des mondes possibles hétérogènes en vue de déstabiliser les relations entre le factuel et le fictionnel. Pour ce faire, des systèmes complexes de fonctionnalisation, des rhétoriques discursives variées sont mis en place dans les textes. Des marqueurs, des intertextes, des témoignages, des données riches et variées, parfois même scientifiques, ainsi que des éléments magiques sont inclus dans les productions culturelles afin d’estomper les frontières entre le récit objectif, le récit historique et le récit fictionnel. La recherche des stratégies (discursives, narratives, audiovisuelles…) capables de « faire vrai » ou, au contraire, de subvertir les discours de vérité, rend les effets de miroir des plus variées et des plus complexes. Par ailleurs, les rapports intimes que l’histoire, l’art et les médias entretiennent sont, en partie, la conséquence directe de la double fonction de leurs acteurs principaux, qu’ils soient des artistes, des journalistes, des essayistes, des historiens, des scientifiques ou des intellectuels engagés. Provenant d’horizons divers, ces professionnels de la culture sont des personnalités dotées d’une grande originalité créatrice, laquelle favorise le dépassement des clivages entre le réalisme fictionnel ou la fiction réaliste. Tout cela nous oblige à repenser les interactions entre « l’être vrai » et « le faire vrai », puis, entre l’univers référentiel et la fiction, lorsque le réalisme devient un nouveau mécanisme de production de l'effet de fiction, ou réciproquement, lorsque la vraisemblance fictionnelle affranchit les créations des contraintes du réalisme sans pour autant le détacher complètement du monde référentiel. D’autre part, alors qu’« être vrai » pourrait être restreint aux domaines empiriques et scientifiques, aux théologies et aux nouveaux idéaux dans leurs absolus théoriques, ou encore, aux normes morales qui en découlent, faut-il admettre que le « faire vrai » et le « vivre le vrai » sont devenus les codes ou les modes d’existence de notre temps ? Le « faire vrai » cherche des ancrages dans les dimensions du vécu, sans pour autant se refuser – les
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romantiques, puis Baudelaire l’avaient déjà annoncé – à toute expérience sensible, ultrasensible, puis, de nos jours, virtuelle. Dans ce volume, on s’interroge sur les stratégies et les outils de la reproduction et de la représentation du « faire vrai » qui sont aujourd’hui mis en place. Les articles qui suivent analysent les stratégies et les outils de la reproduction et de la représentation du « faire vrai ». Ils portent sur la pertinence du concept de vérité, sur les rapports entre vérité, certitude, « vérisimilitude », vraisemblance, réel, mimésis, illusions référentielles, univers de croyance, assertion, mais aussi sur le devenir des grands universels – le Vrai, le Bien, le Beau – dans la culture et l’art contemporains. Ils proposent de nouveaux éclairages sur des concepts traditionnels tels que les images, l’ekphrasis, l’autonomie de la création littéraire et les contraintes génériques ; ils s’intéressent aussi à des outils plus contemporains tels que la construction des mondes possibles, les règles de véridiction, les pactes de lecture, les conventions littéraires et les relations entretenues entre les champs de référence externe et interne. Existe-t-il des composantes – discursives, argumentatives, linguistiques… – dans les systèmes à dominante réaliste qui soient substantiellement différentes de ceux à dominante fictionnelle ? S’agit-il des phénomènes d’identification, d’adhésion et de reconnaissance de plus en plus exigés par des lectorats médiocres ? Quel est le poids de mesures permettant de dissocier les nouvelles tendances subvertissant les anciens réalismes en tant que fabriques de vérité ? Les contributions ici rassemblées apportent des réponses à ces vastes questions. Dans l’avant-propos à ce volume,Daniel-Henry Pageauxau livre lecteur ses réflexions sur les rapports entre la fiction et le « monde de choses » (culture ou civilisation matérielle) et plaide pour une poétique des realia. Il reprend la distinction entre objet-signe et objet-image et illustre sa démonstration à partir desNouvelles exemplairesde Cervantès aux fins de montrer les limites d’une esthétique réaliste et l’apparition d’un autre principe que celui de « faire vrai » qu’il nomme l’art de conter. Le premier chapitre –Artifices de la vraisemblance– est constitué de contributions portant sur les pactes de fiction et les stratégies de véridiction d’un point de vue chronologique. Malgré la séparation entre la Poésie et l’Histoire prônée par Aristote, les rapports entre vérité et vraisemblance sont complexes dans la littérature classique, tels que les contributions d’Isabel Muguruza,António Apolinário Lourenço etCarlos Mota les analysent dans des genres si différents que la miscellanée, la nouvelle ou le théâtre. L’instauration de pactes de fiction aux allures vraies est incontournable pour la transmission des savoirs, des modèles de moralité ou pour la création de scénarios historiques que l’on sait pertinemment faux et/ou fictionnels. Les écrivains sont ainsi contraints de créer des stratégies qui rendent lesfictions, lesmirabiliales impossibles, possibles, et qui certifient de l’honnêteté et
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morale de l’écrivain. Si Antonio de Torquemada y parvient en rationalisant le discours et en créant, entre autres, des stratégies discursives comme le démontre Muguruza, Cervantès s’appuie également sur les failles existant entre le plan de la raison et celui de la folie d’après Apolinário Lourenço. Lope de Vega, quant à lui, retient la Hongrie, espace de friction entre deux empires, comme lieu privilégié pour créer des miroirs de réalité, dont l’effet recherché ne sera autre, selon Mota, que leur mise en brèche par le truchement de réalités plurielles et hétéro-cosmiques. Si les mécanismes des discours de confiance étaient déjà présents chez les classiques, ils vont se diversifier et s’enrichir du point de vue linguistique dans la littérature contemporaine. Ainsi le montreRomain Girard qui s’interroge sur l’autorité et la légitimité du narrateur dans la nouvelle victorienne. Pour lui, le jargon professionnel constitue un langage-tampon et devient le gage d’une objectivité de surface tandis que le langage-calque est une délimitation, un encadrement arbitraire du réel. Les rapports entre Poétique et Histoire, de même que la création d’un espace fictionnel dont la vérité ne sera plus mise en question d’un point de vue moral se consolident e avec l’essor du roman au XIX siècle en Europe. Comme l’affirmeMaxime Perret, la vraisemblance est une notion essentielle pour comprendre les évolutions qui bouleversent le roman. Partant du constat que cette notion échappe constamment aux tentatives de définition, il s’attache à déterminer ce qu’est la vraisemblance balzacienne dans le discours préfaciel et arrive à la conclusion que Balzac favorise l’émergence d’un nouvel art du roman. D’autres stratégies de véridicité sont étudiées parIsabel Román Románchez Fernán Caballero. Visant à créer aussi l’effet de vraisemblance, Román dévoile les stratégies narratologiques mises en place par la romancière pour ancrer ses romans dans le champ du réel. Et cela, même si Fernán Caballero a souvent calqué ses propres expériences autobiographiques et ses connaissances dans la composition romanesque. La question de la véridiction est moins présente dans les récits de voyage que dans le texte de fiction, sans doute, car l’attitude de l’écrivain face aux matériaux tirés de la réalité est autre. Il en va de même pour la finalité du texte. Ainsi le prouve Salvador García Castañeda,qui nous fait découvrir une femme écrivaine jusqu’à présent inconnue, Madame Francés Calderón de la Barca et son livre Mexico during a Residence of two years in that country,le premier témoignage au féminin écrit sur le Mexique. Madame Calderón propose une lecture subjective de l’histoire, dans laquelle l’appréhension, néanmoins lucide et critique, de la réalité se combine avec le regard complaisant et satirique propre au paternalisme colonial. La représentation et la critique de la société sont également présentes dansPequeñecesdu Padre Coloma, mis à l’honneur parEnrique Rubio. Sous son prisme idéologique conservateur, l’écrivain propose au peuple espagnol une fresque de la haute société de la Restauration. L’intégrisme religieux, moral et politique oriente ainsi le portrait critique qu’il dresse de l’aristocratie et des élites libérales. La
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