Fichte et le dépassement de la chose en soi
286 pages
Français

Fichte et le dépassement de la chose en soi , livre ebook

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286 pages
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Description

La perception nous fait-elle véritablement connaître cette réalité en soi qui caractérise le monde extérieur ? Le Moi se rapporte-t-il directement à un "Non-Moi" ? Si une chose en soi existe, comment dépasser les limites du "cercle de l'esprit fini" et prouver qu'elle est telle que nous la percevons ? Selon la lecture que nous aimerions proposer de la philosophie développée par Fichte de 1792 à 1799, seule "l'auto-affection sentimentale" constitue une synthèse du sujet et de l'objet qui soir capable de nous faire rejeter les conceptions réalistes du monde.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2006
Nombre de lectures 217
EAN13 9782296426283
Langue Français
Poids de l'ouvrage 11 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Fichte et le dépassement de la « chose en soi»
(1792-1799)Ouverture Philosophique
Collection dirigée par Dominique Château,
Agnès Lontrade et Bruno Péquignot
Une collection d'ouvrages qui se propose d'accueillir des travaux
originaux sans exclusive d'écoles ou de thématiques.
Il s'agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions
qu'elles soient le fait de philosophes "professionnels" ou non. On n'y
confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique;
elle est réputée être le fait de tous ceux qu'habite la passion de penser,
qu'ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences
humaines, sociales ou naturelles, ou... polisseurs de verres de lunettes
astronomiques.
Déjà parus
Dominique BERTRET, Jean-Georges CRALl, Le rapport à
l'œuvre,2005.
Edwin CLERCKX, Langage et affirmation, Le problème de
l'argumentation dans la philosophie de Nietzsche, 2005.
Augustin BESNIER, L'épreuve du regard, 2005.
Pierre GOUIRAND, Tocqueville, une certaine vision de la
démocratie,2005.
Léopold MFOUAKOUET, Jacques Derrida. Entre la question
de l'écriture et l'appel de la voix, 2005.
Jean ZAGANIARIS, Spectres contre-révolutionnaires.
Interprétations et usages de la pensée de Joseph de Maistre.
X/Xe - XXe siècles, 2005.
Jean-René VERNES, Le principe de Pascal-Hume et le
fondement des sciences physiques.
François CRENET (textes réunis par), Catégories de langue et
catégories de pensée en Inde et en Occident, 2005.
Fabien TARBY, Matérialismes d'aujourd'hui, de Deleuze à
Badiou, 2005.
Fabien TARBY, La philosophie d'Alain Badiou, 2005.
Emmanuel F ALQUE et Agata ZIELINSKI, Philosophie et
théologie en dialogue, 2005.
Xavier PIETRO BON, La nuit de l'insomnie, 2005.Sylvain Portier
Fichte et le dépassement de la « chose en soi»
(1792-1799)
L'Harmattan
5-7, rue de l'École-Polytechnique; 75005 Paris
FRANCE
Espace L'Harmattan Kinshasa L'Harmattan Burkina FasoL'Harmattan ItaliaL'Hannattan Hongrie
; Via Degli Artisti, 15 1200 logements vilIa 96Fac. .des Sc. Sociales, Pol. et Adm.Konyvesbolt
BP243, KIN Xl 10124 Torino 12B2260
Kossuth L u. 14-16
Ouagadougou12ITALIEUniversité de Kinshasa RDC-1053 Budapesthttp://www.1ibrairicharmattan.com
diffusion. harmattan @wanadoo.fr
harmattanl @walladoo.fr
@ L'Harmattan, 2005
ISBN: 2-7475-9899-3
EAN : 9782747598996Nous tenons à remercier ici chaleureusement Messieurs les Professeurs
Jean-Christophe Goddard (Université de Poitiers) et André Stanguennec
(Université de Nantes), pour leur bienveillance et pour leurs encouragements
lors de l'élaboration du travail de Thèse dont la présente recherche est issue.
« philosopher, c'est très exactement ne pas vivre;
vivre, c'est très exactement ne pas philosopher»
J. G. FichteINTRODUCTION
La sensation, la perception et la connaissance rationnelle constituent-ils
des moyens, pour le sujet, de connaître cette réalité en soi qui caractérise ce
que nous nommons ordinairement le monde extérieur? Cette question peut
tout d'abord sembler inutile, oiseuse, voire absurde. Toutefois, à la réflexion,
elle se pose légitimement et attiser inévitablement la curiosité du philosophe.
Historiquement, ce fût également elle que les criticismes kantien et
postkantien entreprirent de clarifier de manière rigoureuse. Mais avant d'en venir
à l'approche kantienne de ce problème, il convient dores et déjà de
remarquer que la question qui consiste à savoir si nous sommes en relation
avec une réalité en soi peut elle-même être subdivisée en trois autres: tout
d'abord, existe-t-il un «Non-Moi », c'est-à-dire quelque chose qui résiderait
en dehors du « Moi absolument posant» ? Ensuite, si une telle entité existe
réellement, est-elle telle que nous la percevons, telle que nous en avons
conscience? Enfin, pouvons-nous supposer l'existence d'autres formes de
l'intuition pure que l'espace et le temps, ainsi que d'autres catégories que
celles qui nous permettent, de fait, de déterminer le champ de l'expérience?
Cette éventualité est-elle logiquement et ontologiquement tenable, bien que
nous ne puissions pas concevoir positivement de telles formes, que ce soit
par l'exercice de l'entendement ou par celui de l'imagination?
De telles interrogations préoccupèrent notamment Jacobi, qui fut l'un
des premiers philosophes post-kantiens à souligner l'importance du
problème de la validité objective des choses que nous jugeons nous-mêmes
exister hors de nous et indépendamment des lois subjectives d'intuition et de
constitution qui sont les nôtres. Il nous semble qu'une telle difficulté est loin
d'être anodine, et doit au contraire inciter tout lecteur rigoureux de Kant à
opérer une réévaluation globale de la valeur même de l'idéalisme critique
que celui-ci prône. Or, au fur et à mesure que se précise cette critique, il
s'avère que c'est la notion de « chose en soi» (Ding an sich), et la théorie de
« l'affection» (Afjektion) du Moi qu'elle sous-tend, qui constituent à la fois
la pierre angulaire et le talon d'Achille de l'esthétique kantienne. À défaut
d'admettre la« chose en soi », il semble totalement impossible d'entrer dans
le système de pensée kantien. Mais, comme le souligne Jacobi, sitôt qu'on
l'admet, il appert que l'on sort nécessairement et indûment du cercle qui
limite les prétentions de la raison pure:« Je dois avouer, écrit Jacobi, que ce scrupule ne m'a pas peu arrêté
dans l'étude de la philosophie kantienne, au point que, plusieurs années de
suite, je dus reprendre complètement la Critique de la raison pure, parce que
je ne cessais de ne pouvoir être troublé de ne pouvoir entrer dans le système
sans admettre ce présupposé [i.e. l'existence de choses en soi] et de ne
pouvoir y demeurer en l'admettant1. »
La constance dont Kant fait preuve au sujet de l'existence et du statut
critique de la dite «chose en soi », des Prolégomènes à la Critique de la
raison pure, semble d'ailleurs attester de son importance cruciale. Aussi
allons-nous entreprendre d'interroger de manière thématique et ordonnée le
statut que la première philosophie de Fichte, c'est-à-dire celle qu'il élabora
durant la période de Iéna (1792-1799), confère pour sa part à l'hypothèse
kantienne d'une distinction de tous les objets en « phénomènes» et « choses
en soi ». Plus précisément, notre hypothèse de travail consistera à nous
demander si ce n'est pas grâce à la méthode originale qu'elle met en œuvre
que la Grundlage der gesammten Wissenschaftslehre de 17942rend possible
le maintient de la doctrine et de l'esprit criticistes tout en dépassant, par une
conception particulièrement fine de l'affection du Moi comme
«autoaffection sentimentale» (gefühlvoll Selbstaffektion), les apories liées à cette
sorte de «chimère »3 qu'est la notion, pourtant décisive dans l'économie
générale du kantisme, de « chose en soi ».
Autrement dit, dès 1795, Fichte en vient à faire de la libération de la
pensée l'objectif essentiel de l'ensemble de son effort philosophique. C'est
d'ailleurs en ce sens qu'il compare son rejet de la «chose en soi» à la
Révolution française, dans la mesure où cette notion est à la fois opérante
dans le réalisme pré-kantien et dans le criticisme de Kant lui-même: dans les
deux cas, nous nous trouvons en présence de cette volonté d'affirmer
1Jacobi, Appendice sur l'idéalisme transcendantal, p. 246.
2 Nous préférons conserver ici le tenne allemand Grundlage, plutôt que de reprendre la
traduction qu'en proposèrent M. Gueroult et A. Philonenko (soit: Les principes de la
Doctrine de la science) ou, de manière moins inadéquate, l-C. Goddard ou M. Maesscha1ck
(soit: Assise fondamentale de la Doctrine de la science). Ces traductions ne seront donc
utilisées que lorsque nous noterons les références des citations de la Grundlage der
gesammten Wissenschafislehre réalisées à partir de la traduction française d'A. Philonenko (à
savoir: Les principes de la Doctrine de la science, in Œuvres choisies de philosophie
première (1794-1797), Éd. Vrin, Paris, 1990). Ainsi, lorsqu'il nous arri

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