L animalité
152 pages
Français

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L'animalité , livre ebook

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Description

Pourquoi cette fascination persistante de l'humanité pour les bêtes qui traversent non seulement son habitat naturel, mais également son histoire culturelle : de la peinture rupestre à l'iconographie chrétienne, de l'animisme religieux à la déclaration universelle des droits de l'animal, des fables grecques à l'éthologie moderne...? Ce recueil présente six perspectives philosophiques sur cette ambiguïté psycho-zoologique.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2011
Nombre de lectures 70
EAN13 9782296464445
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’animalité
Six interprétations humaines
Ouverture philosophique
Collection dirigée par Aline Caillet, Dominique Chateau, Jean-Marc Lachaud et Bruno Péquignot
Une collection d'ouvrages qui se propose d'accueillir des travaux originaux sans exclusive d'écoles ou de thématiques.
Il s'agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions qu'elles soient le fait de philosophes "professionnels" ou non. On n'y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu'habite la passion de penser, qu'ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou… polisseurs de verres de lunettes astronomiques.
Dernières parutions
Christophe Rouard , La vérité chez Alasdair MacIntyre , 2011.
Salvatore Grandone, Lectures phénoménologiques de Mallarmé, 2011.
Franck ROBERT, Merleau-Ponty, Whitehead. Le procès sensible, 2011.
Nicolas ROBERTI, Raymond Abellio (1944-1986). La structure et le miroir , 2011.
Nicolas ROBERTI, Raymond Abellio (1907-0944). Un gauchiste mystique , 2011.
Dominique CHATEAU et Pere SALABERT, Figures de la passion et de l’amour , 2011.
François HEIDSIECK, Henri Bergson et la notion d’espace , 2011.
Rudd WELTEN, Phénoménologie du Dieu invisible (traduction de l’anglais de Sylvain Camilleri) , 2011.
Marc DURAND, A jax, fils de Telamon. Le roc et la fêlure, 2011.
Claire LAHUERTA , Humeurs , 2011.
Jean-Paul CHARRIER, Le temps des incertitudes. La Philosophie Captive 3 , 2011.
Jean-Paul CHARRIER, Du salut au savoir. La Philosophie Captive 2 , 2011.
Jean-Louis BISCHOFF, Lisbeth Salander. Une icône de l’en-bas, 2011.
Jan-Ivar Lindén ( d.)
L’animalité
Six interprétations humaines
L’Harmattan
Couverture : Ulisse Aldrovandi,
De Quadrupedibus solidipedibus (Centaur), Bononiae 1639
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-54968-5
EAN : 9782296549685
Introduction
Il y a dans l’allégorie politique de Pasolini sur l’Italie moderne – Uccelacci et uccelini (Des oiseaux petits et gros) – des scènes parallèles qui se jouent à l’époque de François d’Assise. Frère Ciccillo (Toto) et son compagnon novice (Ninetto Davoli), comprenant le message de leur maître franciscain d’une façon naïve et littérale, veulent évangéliser les faucons et les moineaux. Ils se mettent en route oiseaux rapaces. Reste pourtant les moineaux qui, eux, ne semblent rien comprendre des gazouillements des moines. Le temps passe et les voix des deux frères frustrés deviennent de plus en plus aphones – mais seulement pour préparer la découverte décisive : ce n’est pas avec leur voix que communiquent les moineaux, mais par leurs petits sauts sur terre. Commence un exercice de danse des deux moines accroupis, piaffant et imitant leurs interlocuteurs choisis – puis le ciel s’ouvre, les anges chantent alléluia et la merveille de la compréhension réciproque entre moines et moineaux s’accomplit.
L’incapacité de comprendre les animaux ressemble à cette cécité qui empêche de voir un médium différent de communication parmi les êtres vivants autour de nous. Les hommes ne savent pas bien sauter sur terre avec d’autres créatures qui restent pour la plupart seulement observables et donc peu compréhensibles. Une incapacité ne pose pas nécessairement un problème. Toute habilité d’une forme de vie est acquise aux dépens d’autres possibilités et il n’y a donc rien de scandaleux dans les limitations de notre monde humain. Notre monde est notre manière d’être, et nous avons avec il reste autour de nous une multitude d’êtres vivants qui ne nous échappent pas tous de la même façon. Dans la nature, il y a ceux qui nous sont plus proches : les êtres vivants en général et en particulier ces êtres que nous appelons « animaux ». Parmi eux quelques-uns nous inquiètent et nous fascinent par leur similitude et suscitent de profonds doutes concernant la différence prétendument radicale entre homme et bête.
Il est incontestable que le monde humain, avec toutes ses expressions plus ou moins familières, possède pour l’être humain un statut particulier, mais ce qui est beaucoup moins clair c’est l’origine de ce trait et comment il faut le situer dans le cadre d’une théorie générale du monde. Sur le plan théorique, il y a eu dans la tradition occidentale moderne un rejet du statut herméneutique des animaux : un animal était longtemps un être avec lequel on ne pouvait communiquer et si les bêtes semblaient parfois sentir et penser quelque chose, c’était grâce à nos projections. Les pires exagérations de cette idéologie mécaniste du vivant n’ont heureusement pas su s’imposer face aux rapports persistants des éleveurs, des propriétaires d’animaux de compagnie, des chasseurs, mais aussi des éthologues avec leurs connaissances animées. L’idéologie dominante reste cependant toujours assez loin de toute idée d’une herméneutique de la nature. Il y a ici une ontologie implicite qui surpasse par ses dans le constat suivant : les êtres que nous ne comprenons pas et qui ne nous comprennent pas, ne comprennent rien du tout. Dans ce contexte, il devient crucial de s’interroger sur la frontière homme/animal et le rôle naturel de l’homme.
La question concernant l’animalité humaine est souvent abordée à partir de la critique darwinienne du mythe biblique de la création.
Cette perspective reste partielle dans la mesure où il y avait dès les débuts de la culture humaine une conception de l’être humain comme un animal parmi les autres. La tradition a longtemps voulu concevoir les animaux au sens propre du mot, c’est-à-dire comme des êtres animés – l’âme ( anima ) étant le principe de la vie, chez l’homme et chez tout autre être vivant. Cette ambiguïté psycho-zoologique est au centre du présent recueil.
Dans la tradition aristotélicienne, l’homme est conçu comme un animal rationnel ou parlant. Le fait que déjà Aristote, mais en particulier les aristotéliciens du Moyen Âge, ont ajouté un trait divin à cette animalité, ne peut cacher la tension énorme entre le statut naturel de l’ anthropos aristotélicien et la vision de l’homme en tant qu’image de Dieu, si fondamentale dans la théologie monothéiste.
Quatre contributions dans ce recueil prennent comme point de départ la conception aristotélicienne de l’être humain : dans le texte de Françoise Dastur, l’idée d’une animalitas humaine est critiquée à partir de la pensée heideggérienne ; pour le psychiatre Thomas Fuchs, l’homme en tant qu’animal politique et l’homme en tant qu’animal rationnel – pose le fondement d’une analyse du caractère social de l’expérience corporelle de l’enfant ; dans ma propre contribution j’essaie de repenser le rôle de l’animalité humaine sans adhérer ni à un biologisme réductif ni à l’idée d’une position métaphysique de l’être humain. Jean-Louis Labarrière donne un résumé de toutes les déclinaisons de la pensée aristotélicienne sur l’animal humain et montre un Aristote assez loin des interprétations schématiques de la métaphysique de l’esprit. Chez Jean-Philippe Milet, l’héritage grec est présent d’une autre manière et son texte se lit comme l’ébauche d’une synthèse des courants anciens et modernes de la philosophie de la nature. Les implications inquiétantes pour la conception de la subjectivité qui entraînent le regard animal sur l’homme sont approfondies dans une interprétation de Derrida, signée Jean-Luc Guichet.
Comment concevoir le fait qu’un animal particulier possède son monde propre ? Comment concevoir, en général, les rapports entre les mondes différemment déterminés dans la nature ? Quel est le sens précis du fait que nous avons parfois la possibilité non seulement de donner des explications externes mais aussi de comprendre de l’intérieur les autres êtres vivants ? On a souvent tendance à voir dans l’attitude compréhensive envers les animaux une projection des caractéristiques humaines sur les bêtes. La notion de projection de l’apport projectif dans le domaine herméneutique. Comme Hans-Georg Gadamer l’a démontré, tout acte de compréhension présuppose des attributions préliminaires qui donnent à l’autre sa l’attribution d’états psychiques aux animau

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