Nietzsche et l éducation
152 pages
Français

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Nietzsche et l'éducation , livre ebook

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Description

Au cours de sa vie Nietzche ne cessa de s'interroger sur le rôle formateur de l'Antiquité gréco-latine dans l'éducation. Ses publications, ses autobiographies, ses lettres, ses dissertations, ses discours, ses conférences, ses notes ou fragments abordent différents aspects du sujet, donnant une vue d'ensemble sur ce que doit être la véritable culture. Dans cette abondance d'écrits divers, il livre une réflexion foisonnante et fertile sur la valeur éducatrice de l'Antiquité.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 mai 2015
Nombre de lectures 285
EAN13 9782336381961
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Éducation et philosophie
Éducation et philosophie
Collection dirigée par Bernard Jolibert et Jean Lombard
Éducation et philosophie accueille les études et les textes philosophiques qui traitent des problèmes généraux de la formation des hommes et qui visent à élucider les conditions et les démarches de l’action éducative.
Déjà parus
Jean LOMBARD Bergson, création et éducation, 1997.
Bernard JOLIBERT L’éducation d’une émotion Trac, timidité , intimidation dans la littérature , 1997.
ROLLIN Discours préliminaire du Traité des études , introduction et notes de Jean Lombard, 1998.
Claude FLEURY Traité du choix et de la méthode des études , introduction de Bernard Jolibert, 1998.
Jean LOMBARD (études réunies et présentées par) Philosophie de l’éducation, questions d’aujourd’hui : l’École et la cité, 1999.
Bruno BARTHELMÉ Une philosophie de l’éducation pour l’école d’aujourd’hui, 1999.
Gérard GUILLOT Quelles valeurs pour l’école du XXI ème siècle ? , 2000.
Jean LOMBARD (études réunies et présentées par) L’Ecole et les savoirs , 2001.
Bernard VANDEWALLE Kant, éducation et critique , 2001.
Yves LORVELLEC Éducation et culture , 2002.
Jean LOMBARD (études réunies et présentées par) L’école et l’autorité, 2003.
Jean LOMBARD Hannah Arendt, éducation et modernité , 2003.
Bernard JOLIBERT Auguste Comte, l’éducation positive , 2004.
Jean LOMBARD L’école et les sciences , 2005.
Sylvain MARÉCHAL Projet d’une loi portant défense d’apprendre à lire aux femmes, 2007.
Jean LOMBARD (études présentées par) L’école et la philosophie, 2007.
Anne-Marie DROUIN-HANS Relativisme et éducation , 2008.
Bernard JOLIBERT Montaigne, l’éducation humaniste, 2009.
Jean-Louis VIVÈS L’éducation de la femme chrétienne , 2010.
Jean-Louis VIVÈS Les devoirs du mari , 2011.
Michel SOËTARD Méthode et philosophie, 2012.
Bernard JOLIBERT De l’usage des mots en -isme en philosophie , 2014.
Jean LOMBARD, La démarche et le territoire de la philosophie , 2014.
Titre

Julie D UMONTEIL







Nietzsche et l’éducation
À l’école de l’Antiquité
Copyright
























© L’Harmattan, 2015
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
www.harmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-73207-7
Introduction
« Tes vrais éducateurs, ceux qui te formeront, te révéleront ce qui est vraiment le sens originel et la substance fondamentale de ton essence, ce qui résiste absolument à toute éducation et à toute formation, quelque chose en tout cas d’accès difficile, comme un faisceau lié et rigide : tes éducateurs ne peuvent être autre chose que tes libérateurs. »
Friedrich Nietzsche, Schopenhauer éducateur.
« L’éducation se distingue du fait d’apprendre. »
Hannah Arendt, La crise de l’éducation.
La notion d’éducation est au centre de la réflexion nietzschéenne. Le penseur connaît bien l’institution d’éducation allemande. C’est au contact de l’enseignement néo-humaniste, dont la philologie classique et son étude des langues et des textes de l’Antiquité grecque et latine est la pierre de voûte, que sa pensée de l’éducation se forme dès ses plus jeunes années. En effet, de 1858 à 1876, Nietzsche est élève, puis étudiant, et enfin professeur. Or la réflexion qu’il porte sur l’institution est éminemment critique. Quelques mois avant d’être professeur, en octobre 1868, il adresse une lettre à son ami Paul Deussen, dans laquelle la matière qu’il va enseigner, la philologie classique, se trouve qualifiée d’« avorton […] né d’un idiot ou d’un crétin 1 ». À la veille d’entrer en fonction à l’université de Bâle, il parle de sa discipline avec mépris, déclarant être sur le point de « [l’]envoyer à sa vraie place, parmi les ustensiles domestiques de grand-papa 2 ». Sa nomination est loin de susciter son enthousiasme : « voici que ce diable de destin m’appâte avec une chaire 3 ». Le dédain de Nietzsche s’applique à l’institution dans son ensemble, toutes disciplines confondues. En 1871, alors qu’il est professeur de philologie, il postule pour une chaire de philosophie, mais il est toujours aussi méprisant : avant même d’apprendre que sa demande n’a pas abouti, il montre, dans une lettre à son ami Erwin Rohde, datée du 8 février 1871, son peu d’estime pour cette fonction qui l’aurait réduit à être un « philosophe universitaire 4 », reprenant là l’expression de Schopenhauer. La philologie, la philosophie, l’éducation dans son ensemble, telles qu’elles sont pratiquées par l’institution à son époque, ne peuvent permettre aux individus de réaliser leur potentiel. Ainsi, dès 1858, presque depuis ses premières expériences de l’école, jusqu’en 1876, date à laquelle, à l’âge de trente deux ans, il s’éloigne de l’enseignement, Nietzsche se livre dans ses écrits à une critique de l’éducation.
Cependant, sa réflexion est loin d’être négative. S’il veut détruire, c’est pour mieux reconstruire. Il essaie, pendant cette période, de définir de nouveaux objectifs, de nouvelles méthodes, au service d’un idéal exaltant : la réalisation d’individus hors du commun, œuvrant pour le renouveau de la culture allemande. Avec l’enthousiasme des jeunes années, avec aussi parfois le découragement devant la difficulté de la tâche, il s’efforce de cerner la notion qui restera toute sa vie au cœur de sa réflexion : celle d’éducation.
La notion d’éducation est en effet complexe et très vaste : en allemand, l’usage de différents mots pour la désigner témoigne de la richesse du concept.
Les termes utilisés par Nietzsche dans sa réflexion sur l’éducation évoluent selon les différentes phases de sa pensée. Dans la première étape, qui correspond à ses écrits de jeunesse rédigés de 1858 à 1876, l’éducation est principalement désignée par l’ Erziehung et la Bildung . Dans le discours de Nietzsche, ces notions sont liées : l’individu doit s’en remettre aux « vrais éducateurs [ Erzieher ] et à ceux qui [le] formeront [ Bildner ] 5 ».
Les concepts de Bildung et d’ Erziehung sont différents et complémentaires. L’ Erziehung désigne principalement les moyens qui sont utilisés temporairement par autrui pour élever les jeunes afin qu’ils subviennent à leurs besoins et soient autonomes, afin qu’ils acquièrent les savoirs nécessaires à la vie en société ; la Bildung développe, tout au long de la vie, la capacité de l’individu à agir et à se définir lui-même au contact de la culture, dans une perspective librement choisie 6 .
Cependant, la distinction entre ces deux termes n’apparaît pas aussi nettement dans les écrits du jeune Nietzsche, comme en témoigne la citation mise en exergue de cette étude, qui emploie les deux mots. Pour le penseur, Erziehung et Bildung sont deux aspects d’un seul et même phénomène : celui de l’éducation. L’ Erziehung , qui permet l’apprentissage de savoirs et de compétences, ainsi que la Bildung , qui encourage la réalisation de la personnalité par la transmission de valeurs et de données culturelles, constituent l’ensemble de l’éducation que doivent recevoir les individus. Aussi ces deux termes allemands sont-ils tous les deux traduits en français, dans les Œuvres philosophiques complètes de Nietzsche, par le terme d’éducation. Si cet usage est courant dans le cas de Erziehung , les traducteurs expliquent en revanche leurs choix à propos du terme Bildung 7 qui est plus difficile à rendre dans cette langue :
« Les divers sens du mot allemand Bildung , qui désigne la formation, la culture, la constitution d’une forme ou d’une image, voire le façonnement en général […] nous ont incités à choisir le plus souvent pour Bildung : soit culture , soit éducation , soit éducation et culture 8 . »
Dans les textes de Nietzsche de 1858 à 1876 9 , il n’y a donc pas de différence fondamentale entre les termes de Erziehung et Bildung : ils représentent tous deux l’éducation. L’étendue de la notion d’éducation et sa diversité soulignent combien est grande son importance pour l’être humain. Elle a donc toujours été au centre des préoccupations des sociétés. Mais à l’époque où Nietzsche est élève, étudiant puis enseignant, la question de l’éducation est tout particulièrement d’actualité

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