Pour comprendre la  Théogonie d Hésiode
152 pages
Français

Pour comprendre la Théogonie d'Hésiode , livre ebook

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Description

Hésiode nous fait comprendre que les hommes doivent choisir le feu divin et combattre la monstruosité de la matière. Hésiode nous encourage à respecter les lois divines et à nous respecter. Il amorce une éducation morale que nous n'arrivons toujours pas à respecter ! En étudiant la Théogonie d'Hésiode, Gilbert Andrieu nous invite à retrouver le sens de l'histoire et à dépasser des combats titanesques.

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Date de parution 01 juin 2014
Nombre de lectures 27
EAN13 9782336350202
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Gilbert ANDRIEU
Pour comprendre laThéogonie d’Hésiode
POUR COMPRENDRE POUR COMPRENDRE
Pour comprendre laThéogonied’Hésiode
Pour Comprendre Collection dirigée par Jean-Paul Chagnollaud  L’objectif de cette collectionPour Comprendrede présenter en est un nombre restreint de pages (176 à 192 pages) une question contemporaine qui relève des différents domaines de la vie sociale.  L’idée étant de donner une synthèse du sujet tout en offrant au lecteur les moyens d’aller plus loin, notamment par une bibliographie sélectionnée.  Cette collection est dirigée par un comité éditorial composé de professeurs d’université de différentes disciplines. Ils ont pour tâche de choisir les thèmes qui feront l’objet de ces publications et de solliciter les spécialistes susceptibles, dans un langage simple et clair, de faire des synthèses.  Le comité éditorial est composé de : Maguy Albet, Jean-Paul Chagnollaud, Dominique Château, Jacques Fontanel, Gérard Marcou, Pierre Muller, Bruno Péquignot, Denis Rolland. Dernières parutions Jean-Baptiste ESAÜ,Les élections présidentielles Aux Etats-Unis,2014. Gérard PETITPRÉ,Les trente Glorieuses de la Ve République (1958-1988), 2014. Xavier BOLOT,Les Trois Réalités. Physique, perçue, représentée ici, maintenant, évolutions, 2014. Alain DULOT,Ce que penser veut dire. Essai, 2013. Claude-Michel VIRY,Guide historique des classifications de savoirs, 2013. Maixent LOUBASSOU-NGANGA,L’immigré et la gestion du patrimoine, 2013. André MESIN,De Smith à Marx : deux approches du capitalisme, 2013. Xavier BOLOT,Comment représenter l’action. Le bonheur d’appliquer les sciences de la vie aux arts du vivants, 2012. Thomas SEGUIN,Le postmodernisme. Une utopie moderne, 2012. Nicolas BALTAZAR,La place des salariés dans l’entreprise de demain. Que cache la rationalisation des entreprises françaises ?, 2012. Denis MONNEUSE,Les jeunes expliqués aux vieux, 2012. Gérard PARDINI,Grands principes constitutionnels. Institutions publiques françaises, deuxième édition, 2012.
Gilbert ANDRIEUPour comprendre laThéogonied’Hésiode
Du même auteur Aux éditions Actio L’homme et la force, 1988 e L’éducation physique au XX siècle, 1990 Enjeux et débats en E.P., 1992 À propos des finalités de l’éducation physique et sportive, 1994 e La gymnastique au XIX siècle, 1997 Du sport aristocratique au sport démocratique, 2002 Aux Presses Universitaires de Bordeaux Force et beauté. Histoire de l’esthétique en éducation physique e e aux XIX et XX siècles, 1992 Aux éditions L’Harmattan Les Jeux Olympiques un mythe moderne, 2004 Sport et spiritualité, 2009 Sport et conquête de soi, 2009 L’enseignement caché de la mythologie, 2012 Au-delà des mots, 2012 Les demi-dieux, 2013 Au-delà de la pensée, 2013 Œdipe sans complexe, 2013 Le choix d’Ulysse, 2013 À la rencontre de Dionysos, 2014 Être, paraître, disparaître, 2014 La preuve par Zeus, 2014 Jason le guérisseur au service d’Héra, 2014 © L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris www. harmattan.comdiffusion.harmattan@wanadoo.frharmattan1@wanadoo.frISBN : 978-2-343-03335-8 EAN : 9782343033358
LES HOMMES ET LES DIEUX Avant d’entrer dans les méandres d’une histoire qu’Hésiode a voulu nous communiquer, comme si elle lui était racontée par 1 les Muses , il faut essayer de se replacer dans un contexte qui n’est plus le nôtre. Nous sommes dépendants d’une image de la vie qui n’est pas celle du poète et, vingt-huit siècles après, il faut se garder de donner du sens aux mythes comme si le temps n’avait rien changé. Au tout début de son essai, Jean Pierre Vernant le dit clairement et reconnaît que c’est là l’origine d’une lecture difficile : «Nous sommes donc en présence d’une pensée étrangère aux catégories qui nous sont habituelles : elle est à la fois mythique et savante, poétique et abstraite, narrative et systématique, traditionnelle et personnelle. » (p.8) La seule chose que nous pouvons prendre en considération reste la linéarité du temps qui, hier comme aujourd’hui, conduit les hommes à distinguer le passé du futur, à s’interroger sur l’avenir en s’efforçant d’imaginer l’origine de la vie. Cette situation angoissante, entre deux extrêmes inconnus, inimaginables dans l’absolu, est à l’origine d’un effort d’explication qui reste ordinairement dominé par la peur de la mort et la difficulté à saisir l’origine de la vie. Chez Hésiode, il semble que cet effort est provoqué par ses souffrances sociopolitiques. De génération en génération, les hommes ont évolué, semble-t-il, mais cette évolution est plus que relative. Nos explications les plus rationnelles, les plus objectives sont 1  HÉSIODEThéogonie. La naissance des dieux. Traduction A. Bonnafé. Précédé d’un essai de J.P. Vernant. Paris, Éditions Rivages, 1993. Il s’agit des Muses Olympiennes rencontrées sur l’Hélicon pendant qu’il gardait des agneaux.
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toujours situées entre deux états qui relèvent de notre imagination plus que de nos observations scientifiques. Il ne s’agit pas, ici, de remettre en question les sciences qui nous instruisent sur ce que nous sommes sans nous apprendre ce que avons peut-être été et serons peut-être un jour. J’ai pu le dire ailleurs, mais je tiens à rappeler que notre savoir est étroitement encadré par des croyances et ce n’est pas encore 2 demain que nous lèverons l’embargo du révélé . Si laThéogonieapparaît comme une méditation sur les dieux qui nous gouvernent ou nous guident, elle est aussi une révélation puisque ce sont les Muses qui lui en donnent la matière. Toute la vie des hommes se passe à naviguer entre deux rives, entre deux jalons incontournables que sont la naissance et la mort. Nous opposons maladroitement la vie et la mort, mais ces deux notions, plus philosophiques que matérielles, nous induisent en erreur. Elles nous conduisent à penser en oubliant que la pensée n’est qu’un produit de notre cerveau et que, sans un rapport précis à ce qui est, nous avons tendance à donner aux 3 mots et aux idées des valeurs qu’elles n’ont pas toujours ! Parce que nous partons d’un point pour aller vers un autre, parce que nous voulons être toujours plus, que nous n’acceptons pas d’être ce que nous sommes, nous donnons du sens à la vie et nous aimerions en donner à la mort, ce qui est bien plus difficile. La vie est dominée par notre volonté d’être ou plus souvent de paraître et la mort nous contraint à mettre un terme à l’effort inlassable qui consiste à maîtriser le changement. L’homme sait qu’il change, c’est probablement le premier constat qu’il a pu faire, mais ce changement le dérange parce qu’il s’impose à lui. Vieillir est une loi de la nature que l’homme ne peut qu’expliquer sans lui accorder la moindre 2 Comme je l’ai écrit, lorsque l’homme ne sait pas de façon objective, il croit. Or, si nous accordons à Lavoisier cette boutade consistant à se dire le dernier à tout savoir, il faut bien reconnaître que peu de gens savent par eux-mêmes et font référence aux autres sans se demander si leurs connaissances sont objectives. Je dirai que ces gens sont des croyants, ils adhèrent à des savoirs révélés ! 3 ANDRIEU G.Au-delà de la pensée. Paris, L’Harmattan, 2013.
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justification. De plus en plus savant sur le comment de la vie, il piétine en ce qui concerne le pourquoi. Je crois que cette difficulté à envisager un pourquoi acceptable est à l’origine des croyances, autrement dit de tout ce qui relève de notre imagination, sans pouvoir répondre au moindre effort d’analyse. Cela m’amène à penser que l’homme est double : il est celui qui raisonne et celui qui croit. Il est celui qui cherche à expliquer la vie et celui qui rêve d’une vie qu’il ne connaîtra probablement jamais. Or, c’est certainement cette dualité qui lui permet de supporter toutes sortes de souffrances et d’espérer en des jours meilleurs, pourquoi pas à l’Immortalité. L’homme porte en lui deux forces différentes, non obligatoirement associées ou contradictoires, qui le font penser et croire, qui l’invitent à gérer la vie, entre la naissance et la mort, et à imaginer tout ce qui pourrait exister avant la naissance comme après la mort. Devant l’inobservable, il croit et fait confiance à une force qui lui rappelle que tout ce qu’il perçoit à l’aide de ses sens ne représente pas la totalité du monde dans lequel il vit et dont il n’est qu’une toute petite partie. Sans entrer dans les détails, je dirai que ces deux forces ont toujours guidé l’homme durant sa vie et l’une des caractéristiques majeures des hommes est certainement d’avoir mémorisé ses expériences pour dominer son devenir, au moins matériellement. Si nous acceptons cette dualité que nous pourrions qualifier d’énergétique, il faut aussi prendre en considération le fait que, si le comment de la vie appartient essentiellement à la société, à l’homme vivant en collectivité sous la contrainte de lois qu’il déduit de ses observations, le pourquoi de la vie appartient à l’homme en soi, à l’homme qui médite sur l’existence, indépendamment de tout ce qui lui impose de changer. L’une des forces est surtout personnelle, intérieure, intraduisible, mystérieuse, l’autre découle de notre instinct grégaire, de notre besoin d’unir des capacités pour gérer l’imprévu. Certes, cette force individuelle, mais que tout individu possède de façon plus ou moins manifestée, n’est pas une force qui caractériserait l’individu par opposition au citoyen, à l’homme social. Elle appartient à l’espèce et ne peut
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se concevoir qu’en dépassant toutes les explications que notre conscience pourrait lui associer. Lorsque nous parlons de l’intuition, nous ne parlons pas d’une croyance et c’est bien ce qui différentie le ressenti du révélé par de saintes Écritures. Loin de moi le besoin d’écarter tout ce qui relève de cette croyance mystique, mais il semble indispensable de ne pas tout mélanger, sous prétexte que c’est inexplicable objectivement. Révéler consiste à faire passer de l’inconnu au connu, de sorte que nous pourrions dire que tout ce que nous apprenons peut entrer dans cette démarche. Toutefois, nous savons bien qu’il existe différentes façons de faire connaître le monde et que la connaissance elle-même n’est pas toujours objective. Il existe une connaissance des choses qui peut-être intuitive. Je retiendrai alors le besoin des hommes, que je pourrais qualifier de supérieurs, à tous les sens du mot, d’imposer une connaissance au détriment d’autres connaissances, d’imposer un choix, sous prétexte qu’il est meilleur pour guider les hommes et leur donner le sens de la vie qu’ils ne pourraient pas trouver eux-mêmes. Depuis longtemps, les deux forces sont dominées par ce genre d’hommes et les masses, plus ou moins cultivées, ressemblent plus souvent à des moutons de Panurge qu’à des gens instruits et conscients au sens noble du terme. Ce qui pouvait sembler propre à chacun est devenu depuis longtemps l’affaire des « meilleurs » et depuis tout aussi longtemps nous connaissons l’image du bon pasteur qui peut garder ou guider des animaux ou des âmes. Je voudrais souligner que, dès le début de son poème, Hésiode se qualifie de berger d’agneaux ce qui pourrait bien être pris en compte sur un plan plus symbolique que poétique. Il se perçoit comme un guide pour l’ensemble des mortels de la cinquième race. Si nous voulons pénétrer plus profondément laThéogonied’Hésiode ne serait-ce qu’en la confrontant à l’ensemble des mythes grecs, il faut tenir compte de ces deux forces. Elles permettent, en effet, de ne pas tomber dans la facilité des aventures mythiques, de rester aveuglé par une succession de naissances, parfois de généalogies sommaires, de luttes que
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nous pourrions qualifier de fratricides, ou de familiales. En lisant laThéogonie,on subit une avalanche de noms qui ne nous aident pas souvent à percevoir ce qui change et reste, cependant, le fondement de l’histoire d’Hésiode. Je dis histoire, car il écrit comme si le récit s’inscrivait dans un temps linéaire pour parler de personnages réels. Sans pénétrer dans cette histoire, notons que laThéogonies’articule selon deux moments forts : la naissance d’un certain nombre de divinités et les guerres qui conduisent au changement voulu par Zeus, autrement dit le passage du désordre originel à l’ordre dominé par l’esprit, ordre manifesté par Zeus. Après nous avoir fait connaître une réalité qui semble s’imposer d’elle-même, il nous apprend comment nous sommes passés de l’Obscurité, ou de la Nuit, à la Lumière ou au Jour. Hésiode se comporte davantage comme un historien et non comme un mystique. C’est en ce sens qu’il est savant. Les précisions qu’il apporte sont certes révélées par les Muses, mais nous pourrions imaginer qu’elles sont les premières représentantes de la connaissance objective. Je reviendrai plus longuement sur l’origine des Muses, origine qui pourrait donner un début d’explication à la décision d’Hésiode en faveur de notre connaissance du monde divin. J’ajouterai que c’est parce que le récit reste dans les limites du fantastique qu’il peut être pris comme un récit d’aventures, proche d’une histoire vécue, une sorte de témoignage plus ou moins précis comme ils le sont tous. Par contre, les mythes sont écrits dans une forme qui fait usage de symboles et c’est pour cette raison qu’ils peuvent intervenir individuellement, en amont de la conscience éclairée par une forme quelconque de connaissance. Hésiode n’a pas écrit un dictionnaire de mythologie, et il ne pouvait traiter en détail tous les personnages. Leur nom suffit, leur origine aussi et plus encore, certainement, leur position par rapport à la mise en place du monde conçu par le poète, monde placé sous la direction d’un monarque, autrement dit de Zeus. C’est bien par rapport à un monde qu’il connaît, dans lequel il vit, qu’Hésiode tente d’expliquer pourquoi ce monde existe, ce qui a précédé son avènement et comment le changement s’est fait. Aujourd’hui, nous aurions tendance à faire référence à
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