Francis Ponge et la robe des choses

Béatrice Bonhomme, Odile Gannier

Description

Cette rencontre consacrée à Francis Ponge s'est déroulée dans le cadre du Centre Transdisciplinaire d'Epistémologie de la Littérature et des Arts vivants de l'Université de Nice-Sophia Antipolis, en présence d'Armande Ponge et de critiques littéraires. Elle s'est construite autour de réflexions sur "Lire/Vivre/Ecrire", a mis en lumière "la matière des mots" et a souligné combien ce poète demeurait au coeur de la littérature actuelle.

Sujets

• Harmattan Littérature
• Beaux arts
• Littérature
• Poésie

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 septembre 2012
• Nombre de lectures: 53
• EAN13: 9782296501348
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 8 Mo

Extrait

Francis Ponge
et la robe des choses

CollectionTHYRSE

Ce numéro est le deuxième d’une nouvelle collection du C.T.E.L.
Centre Trandisciplinaire d’Épistémologie
de la Littérature et des Arts vivants
de l’Université de Nice-Sophia Antipolis

Qu’est-ce qu’un thyrse? nous explique Baudelaire: «[...] ce n’est
qu’un bâton, un pur bâton, perche à houblon, tuteur de vigne, sec, dur et droit.
Autour de ce bâton, dans des méandres capricieux, se jouent et folâtrent des tiges et
des fleurs, celles-ci sinueuses et fuyardes, celles-là penchées comme des cloches ou des
coupes renversées. Et une gloire étonnante jaillit de cette complexité de lignes et de
couleurs, tendres ou éclatantes. Ne dirait-on pas que la ligne courbe et la spirale font
leur cour à la ligne droite et dansant autour dans une muette adoration ?»

© L'HARMATTAN, 2012
5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
[e-mail]
[e-mail]
ISBN : 978-2-296-96267-5
EAN : 9782296962675

Sous la direction de
Béatrice Bonhomme et Odile Gannier

Francis Ponge
et la robe des choses

ACTES DES JOURNÉES CONSACRÉES ÀFRANCISPONGE
NICE9-10DÉCEMBRE2010

LyHARMATTAN

Crevette I

Crevette II

I nt ro duc t ion

Béatrice BONHOMME
Odile GANNIER
Université de Nice-Sophia Antipolis

Cetterencontre consacrée à FrancisPonges’estdéroulée dansle cadre
duCentre Transdisciplinaire d’Épistémologie de la Littérature et des Arts vivantsde
l’Université de Nice-Sophia Antipolis, enprésence d’Armande Ponge etde
critiqueslittéraires.En effet, nous souhaitions,parl’organisation de ces
journées,permettreun dialogue entre lescollègues, lesétudiantsde
l’Université de Nice etlesexégètesde cetauteur.Sur
unplanplusanecdotique,un colloquesurPonge à l’Université de Nicesemblait particulièrement
adapté, cetauteurayant résidé à Bar-sur-LoupdanslesAlpes-Maritimes
durantde nombreuses périodes.Cesjournées sesontdérouléesen cinq
sessionsautourde notionsLicomme «re/Écrire »,puis« Vivre/Écrire »
pourlesdeux premières.Latroisièmesession évoque «la matière des
mots», enfin, danslesdeuxdernières sessions, desétudes
pluscomparatistesetintertextuelles prennent place, opérantdes rapprochementsavec
d’autres poètesantiquesoucontemporains, etla dernièresession, grâce à la
venue de Christine Chamson,s’estconsacrée à lapratique artistique etnous
a fait pénétrerdansl’atelierde Ponge.Pourletitre ducolloquLa Robee «
deschoses» nousavons repris untitre d’untexte dePièces, afin d’ouvrirla
rencontre avec lesmotsmêmesdu poète.

Lapremièresess« Liion :re/Écrire :le dispositif de Ponge»permetà
Jean-Marie Gleized’ouvrirle colloque etde montrer qu’ilya(aumoins)
deuxfaçonsd’être «pongien ».Lapremière consiste à devenir spécialiste de
l’œuvre, à l’étudier, l’analyser, l’interpréter, lapublier, latransmettre.La
secondepropose d’entretenir unerelation active et« intéressée » àl’œuvre.
De laprendrepour soi, d’en écouterla leçon, d’en assumerl’héritage, d’en
tenircompte dans sonpropretravail de création.Bien entendu, lesdeux
posturesnesont pasincompatibles.Elles peuvent sesuperposeret se
compléter.Eveline Caduc, de façonplus particulière,vatenterd’établir un
rapprochemententre FrancisPonge etAlbertCamuset s’interroger sur une
possible fécondationréciproque àtraversla lecture de leurcorrespondance

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INTRODUCTION

de 1943à1948, carleslettres que FrancisPonge etAlbertCamusont
échangéesdurantcettepériode montrent que,si leur relation épistolaire n’a
pasété lesupportd’une fécondationréciproque, elle a dumoins permis, à
l’un comme l’autre, deprécisercertainsélémentsdesapensée oudeson
esthétiquepersonnelle, àpartirde ceque cesdeux« nouveauxclassiques»
onten commun :une même exigence danslarecherche dumotetde la
forme justes.Nicole Biagiolimontre commentl’œuvre de Ponge fait
désormais partie du panthéon littéraire étudié à l’école.L’atelierd’écriture
transforme l’écrire enun « écrire avec Ponge »,qui fait retrouverles
processusd’écriture du poète,redécouvrirlesdictionnairesetl’encyclopédie,sur
lesquelsils’est sisouventappuyé, etaide lesjeunes scripteursàtrouverleur
proprevoie(x)entre leschosesetlesmots.Éric Dazzan, dans« Lesujet
pongien : la chambrevide de Malherbe »,sepropose d’évaluerlesenjeuxde
la dimensionréflexive dePour un Malherbe.Pourcela, il esquisseune
définition du sujet pongien, définitionqu’ilreplace dansle contexte historique, à
savoirle débat surlapoésiequise déroule danslesannées40-50.

Lorsde la deuxièmeséquence, centrée cette fois surlesaxes
« Vivre/Écrire »,Benoît Auclercvoit, dansle «partipris»,une entreprise
anti-mélancolique et revient, dans son article,surlerefus parPonge des
posturesmélancoliqueshéritéesnotammentdu romantisme : lapoétique du
partipris s’élabore contre cequ’il appelle la « nostalgie de l’un »,quand bien
même letravail d’écriturese déploie àpartird’expériencesdeperte etde
confrontatlion à «’infidélité desmoyensd’expression ».Au-delà de ces
expériences, jusque danslesderniers textes, l’œuvre de Pongesesignalepar
unsouci mélancolique, au sensoùil est tenucompte de latentation
mélancolique –tentation collective – nonpas simplement pourlarefuser, mais
pourl’élaboreren «rage »productive :en cela l’entreprisane
«timélancolique »,toutens’efforçantde la circonscrire,s’appuietoutde même
surla mélancolie.Filomena Ioossse met,quantà elle, à l’écoute de
« L’équation du silence chezFrancisPonge ».Dansl’universdeschoses
muettesetfragiles, FrancisPongesemble découvrir unesorte
d’« horlogerie »qu’iltente alorsde décrire de façon chirurgicale,presque
mathématique.L’article cherche à analyser, danscertainsdeses textes, cette
méthodequipuisesarigueurdansle langagescientifique, et satendresse
dansle langage du silence.Alexandre Eyriès, élaborant une «poétique du
vivre/écrire »,s’attache enpremierlieuà l’écriturepongienne de lavie(le
poème étant une forme deviequitraverse le langage),puisil donne àvoir
lescaractéristiquesdu poème de FrancisPonge à l’aune deson ancrage dans
lequotidien(ycomprisdanslequotidien leplusbanal,pourexplorerla

INTRODUCTION

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matérialité deschoses).Enfin, ils’assignepour tâche de mettre en lumière
ceque l’onpourraitappelerlapoéthique(résolumenthumaniste) propre à
FrancisPonge.

Lorsde latroisièmeséance,Cristina Pîrvu,telle l’expérimentatrice
d’un laboratoireverbal, meten œuvre «préparationset réparations
poétiques» et pénètre avec FrancisPonge dansla matière desmots.L’articlese
propose de déconstruire deuxdichotomies (préparations/réparations,
matière/mots)àtraversl’analyse du texte «Leverre d’eau» de Francis
Ponge.Dans uneperspectivepoïétique/poétique, les préparationsetles
réparationsdu poète FrancisPonge apparaissentcomme deuxgestes
scripturauxapparentés qui communiquententre euxjusqu’à l’identification.La
réparation neserait, dansce cas,qu’unepréparationpuissance deux.Entre
la disposition desmots (préparation)etleur re-disposition(réparation),se
déclencheun mouvementd’écriturequi fraieson chemin àtraversle magma
langagier.« Unrêveurde mots», comme Gaston Bachelard, nous permetde
mieux suivre ce mouvementetd’accompagnerle joaillierFrancisPonge
dans sontravail deperpétuelle confrontation(préparation,réparation)avec
la matière desmots.Odile Gannier, avLeec «s perlesd’Amphitrite »,
interroge l’universélémentaire de Ponge, car touten affirmantdétester
l’eau, enparticuliercelle des rivières, l’écrivain emplit son œuvre de l’eau