Introduction à Moi laminaire... d Aimé Césaire
278 pages
Français

Introduction à Moi laminaire... d'Aimé Césaire , livre ebook

278 pages
Français

Description

"En 1982, Aimé Césaire fait paraître, ce qui sera son dernier recueil de poésie publié : Moi, laminaire... Cet ensemble en trois parties, constitue à maints regards, un bilan de son oeuvre poétique et de sa confrontation à la vie et à l'histoire. Un bilan souvent désenchanté, même s'"il n'est pas question de livrer le monde aux assassins de l'aube". Les textes du recueil qui les rassemble dans un désordre lui-même battu par le vent et les vagues ont été écrits sur une période de quinze ans. Mamadou Souley Ba, René Hénane et Lilyan Kesteloot (dépositaire d'une vingtaine de poèmes) manuscrits, ont reconstitué la genèse de Moi, laminaire." Jean-Pierre Orban

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2011
Nombre de lectures 44
EAN13 9782296475533
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Introduction à
Moi, ’aminaire…
d’AiméCésaire©L'HARMATTAN,2011
5-7,ruedel'École-Polytechnique;75005Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-55672-0
EAN : 9782296556720M.SouleyBA,RenéHÉNANE
etLilyanKESTELOOT
Introduction
àMoi, ’aminaire…
d’AiméCésaire
UNEÉDITIONCRITIQUE
L’HARMATTAN1AVERTISSEMENT
Lorsque trois chercheurs se sont penchés durant plusieurs années sur
l’œuvre d’un poète, et lorsqu’ils se réunissent pour en élucider une partie, et
singulièrement son dernier recueil, il n’est pas surprenant que chacun d’eux
enait une perception qui luiest propre.
On ne s’étonnera donc pas que ces différences d’interprétation,
commede lafaçond’en parler,apparaissentdans les textes qui introduisentà
la poétiquedeCésaireetaux poèmesdeMoi laminair e…
Maisdifférences ne sont pascontradictions.
Ce sont des manifestations plutôt de nos personnalités, de nos
visions personnelles, qui nous ont fait privilégier telle ou telle tendance
profonded’une œuvre si riche qui les transcende toutes.
REMERCIEMENTS
Toute notre gratitude àPierreBruneletàDanielMaximin
Le traitement, la mise en page et les transcriptions diplomatiques des
manuscrits sont dus à la compétence et la gracieuse collaboration de
DominiqueRudelle.
Nous sommes profondément reconnaissants à Lou Laurin-Lam et Heskil
Lam qui nous permettent gracieusement de reproduire les sept eaux-fortes
deWifredoLam,Annonciation.
Nous remercions également Jean-Pierre Orban pour ses conseils et sa
relecturedes textes.
Image de couverture : … sous la surveillance d’arbres à hauts talons…
(par tous mots guerrier-silex) Photo : René Hénane, Le Gros Morne,
Martinique.
1Les définitions des mots, en notes de bas de pages, sont extraites de : René Hénane,
Glossaire des termes rares dans l’œuvre d’AiméCésair e,ÉditionsJean-MichelPlace, 2004.2INTRODUCTION
2Lescitationsd’AiméCésaire sontencaractères italiques.Les mille morts du phénix
’écriture poétique d’Aimé Césaire convoque sans fin le réel historiqueLplacé tout entier sous le signe du chaos en ajuste les fragments, en
combine leséclatsà la recherched’un modèled’interprétation susceptiblede
rendre compte du pourquoi et du comment de ce procès manqué, de ce
piétinement catastrophique et leurrant, faux devenir en somme, afin de
permettre de penser la catastrophe autrement que comme
catastrophe.Celleci ne signifie pasautrechose, mais signifieautrement.
C’est une stratégie du signe dont il s’agit, sans laquelle et sans la
mise en œuvre de laquelle par un sujet d’énonciation il n’a point
d’historicité.Car l’Histoire est texte, et elle s’accomplit au milieu du signe.
Lire, c’est alors s’ouvrir à sa propre historicité en rejoignant le dynamisme
herméneutique d’un texte devenu milieu d’interprétation dans lequel le
décryptage des signes d’histoire et l’exégèse des signifiants textuels se
spécularisent, par miseenabîme réciproque.
Appel à l’herméneutique que cette présence allusive, mais insistante
de traits mythistoriques référant à des figures hétérogènes (Prométhée,
Orphée, Christophe, Lumumba, Christ, Caliban, Phénix, Louis Delgrès,
etc.), mais qui, passant les uns dans les autres à travers tout un système de
correspondances isotopiques, de symétries et de parallélismes, réunissant
ensemble les conditions d’allégorisation de l’Histoire. Ces traits
mythistoriques qui courent tout le long du texte, l’écriture poétique les
entrelace inextricablement, non pour développer... leurs figures respectives
mais l’infinité de figures ou de modes de la même rencontre du Sens et de
l’Histoire.
Le texte évoque et invoque ces personnages mythistoriques, leur
confère l’aura qui les constitue en «répondantsallégoriques » de la parole
interpellante :
du meneur de cœur
du briseur de l’enfer (Statue deLafcadioHearn,Ferrements).
Ceux qui, exposés aux coups du sort, ont dû dans l’adversité
absolue, au sein de la plus insupportable dissymétrie, reconquérir ce qui, en
eux, est plus qu’eux-mêmes, maintenant envers et contre toute l’exigence du
Sens, deviennent l’incarnation matinale de ce mouvement de reprise du sens
quiest l’objetdu texte poétique.
La parole poétique plonge du côté de la perte, mais pour permettre
d’y faire face. La pulsation poétique est déjà ébranlement, résistance au
tragique, si bien qu’un texte césairien ne s’épuise jamais en une exténuation
immobile d’un procès homogène, simple enregistrement d’un réel sans
dépassement, mais impulse toujours vers un au-delà du tragique, ce qui
l’amène à se disposer constamment comme un lieu vers lequel convergent
7des événements opposés et au contact duquel ils trouvent leur champ
allégorique. Chaque poème est agencement d’une dialectique en attente,
c’est-à-dire est la construction hypothétique d’une structure ascendante qui
pose la valeur à l’autre extrême ; par là, forfait historique est
3irréversiblement intriquéà l’ascensionde la liberté .
Ce n’est pas tant cependant le retournement des rapports de forces
qui importe que l’annonced’un sensà veniret sensd’autant plusespéré qu’il
est improbable. Le poème ne parle pas au nom du présent, ni même de
l’immédiat avenir de l’action, mais au nom d’un temps qui les déborde tous
et à partir duquel s’éclaire l’intelligibilité générale de l’Histoire. L’essence
entière du texte se recueille alors dans le jeu splendide de l’anamorphose,
cette superposition incessante du non-encore-advenu et du déjà advenu
consacrant l’abolition du temps dans l’absolu d’une écriture au sein de
laquelle le passé contient toujours le futur, qui lui-même le contient déjà, et
permet l’accèsàce poste suprêmed’où l’Histoire, juge l’histoire :
là l’origine des temps
là la fin des temps (À hurler,SoleilCouCoupé).
De cette position de surplomb, d’où se récapitule le point de vue
superlatif de l’Histoire sur elle-même, il n’est de signe opaque qu’en attente
du sens qui lui manqueet quiest susceptiblede se retourneren révélation : il
n’est point de chute sans possibilité de rédemption, point de péril sans sa
promesse de salut, point de déchirement du vécu qui ne soit occasion de
réunification. (La relève imminente et légitime,Moi laminaire...). Chaque
signe d’Histoire apparaît frappé du sceau de la réversibilité et de la
conversion,et,dans sonéclatdouble, s’inscritet inscrit le textedans unautre
tour.
Le lecteur se découvre prophétisé par un poème qui lui fournit en
accéléré le mode de lecture de l’Histoire: à lui de tout remettre en
perspective en généralisant à toute l’Histoire ce principe de double
circulation du sens qui enjoint de percevoir sous chaque signe l’indication
critiqued’un sens supplémentaireàdécouvrir,et grâceauquel lesaberrations
de l’Histoire, ses leurres et ses apories, l’énigme de ses injustices sont
renverséesetdirectement réinscritesdans unautre système signifiant.
La parole prophétique,Blanchot l’a noté, n’est pas simplement celle
qui dit l’avenir, mais a partie liée constitutivement avec un principe
3cf. … et les ressacs abyssaux nous ramènent / dans un paquet de lianes / d’étoiles et de
frissons (Spirales,Ferrements)
… un enfant entrouvrira la porte (En vérité,Ferrements)
…tâtant le futur de nos gueules claquantes de bouc émissair e (Le bouc émissaire,Soleil cou
coupé)
…splendides nous font un toit (Maison-Mousson,Ferrements).
84d’interruption:elle nedit pas seulement la nécessitéde secouer l’ananke de
l’Histoire pour en réveiller un autre cours, mais plus fondamentalement,
comme coupe dans le temps et saut hors du temps, elle exemplifie en
permanence ce miracle vivant du futur antérieur, miracle d’un proc&

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents