Matière et contingence
101 pages
Français

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Matière et contingence , livre ebook

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Description

Les surfaces recouvrent le vide répandu - le rêve des profondeurs sème la noirceur de l'inconnu autour de gestes simples, anonymes. Les méandres de l'urbanité sont emplis par le grognement de l'animal transfiguré. Et l'apparence demeure parmi les ruines d'une idée incertaine. L'autre semble fuir, il se précipite dans le silence des pièces inhabitées. La séparation des hommes. La déliquescence d'une unité. Des mots.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2011
Nombre de lectures 211
EAN13 9782296710184
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Matière et contingence
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-13188-0
EAN : 9782296131880

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Rodhlann Jornod


Matière et contingence


L’Harmattan
Poètes des Cinq Continents
EN HOMMAGE À GENEVIÈVE CLANCY QUI L’A DIRIGÉE
DE 1995 À 2005.
LA COLLECTION EST ACTUELLEMENT DIRIGÉE PAR
PHILIPPE TANCELIN ET EMMANUELLE MOYSAN

La collection Poètes des Cinq Continents non seulement révèle les voix prometteuses de jeunes poètes mais atteste de la présence de poètes qui feront sans doute date dans la poésie francophone. Cette collection dévoile un espace d’ouverture où tant la pluralité que la qualité du traitement de la langue prennent place. Elle publie une quarantaine de titres par an.


Déjà parus

529 – Abdoulaye MAMANI, Œuvres poétiques, 2010.
528 – Olexiï DOVGYÏ, Le Calice de roses , éd. bilingue, 2010.
527 – Michel POMMIER LE PARC, Socle tremblé, 2010.
526 – Widad AMRA, Le Souffle du pays, 2010.
525 – Aleksandar PETROV, Le Cinquième Point cardinal, 2010.
524 – Hassan WAHBI, La Part de lumière, 2010.
523 – Tizou PEREZ, Accord perdu, 2010.
522 – Lionel MAR, Concordance des corps et des lettres, 2010.
521 – Catherine BREMEAU, Anna Barkova. La voix surgie des glaces, 2010.
520 – Marie-Louise DIOUF-SALL, L’Autre Genre, 2010.
519 – Suzanne MERIAUX, Secrète beauté du monde, 2010.
518 – Chloë MALBRANCHE et Marie-Angèle PRETOT, Abécédaire de la poésie surréaliste, 2010.
517 – Soisik LIBERT, Nivôse blues, 2010.
516 – Walid AMRI, Sols, 2010.
515 – Eric SHIMA, La voix des grands lacs, 2010.
514 – Gabriele NERIMEN, L’Orient Breton. Les contes d’une péninsule de l’Ouest vers l’Orient, 2010.
513 – Tristan CABRAL, Le cimetière de Sion, 2010,
512 – Marc BARON, Poèmes sous la lampe, 2010.
511 – Jacques GUIGOU, Par les fonds soulevés, 2010.
Esseulé
La solitude des premiers jours m’attrape dans cette nuit des premières averses,
La souffrance brute d’une vie délaissée s’étale dans les tremblements de la mendicité.
Son visage buriné par le silence. Sa main tendue. Du vide.
Inconnu – j’avance par-delà les ténèbres de la rue.
Le printemps répand encore quelques gouttes de sang dans les bleus d’un ciel mourant.
Sang de l’oubli. Blessure du départ.
Arrivé sur cette place – continuité de mon urbanité, des visages se mélangent dans l’ignorance de ma présence.
Ils ignorent la décomposition d’une chair universelle.
Mais à mon tour, j’ignore les mots de l’isolement que je prononce doucement,
Des mots qui suintent le long de murs ne m’appartenant déjà plus.
Et de ces êtres divisés, je ne perçois plus que l’unité de l’absurde.

Une statue apparaît entre des silhouettes échappant à l’enfer de la stagnation.
A pas lents, l’incertitude aux lèvres, je m’approche.
L’isolement de la foule chante l’écho de mes mouvements translucides.
Des sons disparus, une humanité distendue.
Un corps gris figé au milieu de mon errance vomit,
La douleur de l’inconscience de la pierre – consanguin du temps.
De l’insuffisance de sa fuite. De la violence détruite.
Et je me lasse de sa contemplation stoïque,
Qui rejette loin de mes tensions simples et secrètes
L’esthétisme – qu’il devienne la dernière rédemption.
Troublé par cette séparation funeste d’une collectivité souhaitée, d’un ensemble espéré,
Je m’en vais – frère de la roche – me replongeant toujours plus dans les perditions rougeâtres de l’horizon.
De l’oubli
Je suis à un café. Il est quinze heures – l’heure la plus absurde de la journée où le déclin ne fait que susurrer sa présence.
Je souffre d’être humain et de percevoir en chaque visage un frère – du sang qui ne se mélangera jamais au mien.
La solitude du corps compose une humanité de la distance,
Telle une matrice des gestes où la mémoire s’imite.
Je demeure face à une tasse vide dans un soleil déshabillant nos rêves fœtaux – recroquevillés dans la honte d’une putréfaction inavouable.
Le temps s’amuse de la continuelle disparition des êtres.
Une femme passe. Elle marque mon repos d’un parfum – matière insaisissable, dernière réminiscence du beau. Une finitude corporelle transpirant le désir. Un désir de disparaître dans l’évocation de l’infini.
Inexistence.
Le vent d’avril emporte les quelques badauds d’une heure pâmée. Ils doivent pourtant rester. Se figer par solidarité. Ne pas m’abandonner dans le glas d’une époque recommencée.
Leur fuite me plonge dans l’effroi de ma fuite. Je suis pris par l’envie stomacale d’ingérer chaque substance de leur organisme. L’envie de ne faire plus qu’un. L’envie de ne pas les oublier. L’envie de ne pas être oublié.
Je reste parmi le souvenir de leur présence. Vaine tentative de me figurer les détails de leur faciès grimaçant. Je désire les garder en moi.
Je lutte.
Il fait froid. Je dois rentrer.
Et ma mémoire m’immerge en une assommante banalité – assassine de mes frères, de leur sang.
D’un liquide diffus.
Enthousiasme du réel
Un homme se tient au centre de la pièce, le regard triste, l’âme étrangement détachée.
Au centre de la pièce, il y a un tabouret, douloureux de n’exister que par la détermination humaine.
Sur ce tabouret se trouve l’homme dont le cou blanchâtre est attaché au plafond. Il trône avec hauteur sur cette pièce un peu vide. Cela fait longtemps qu’il ne recherche plus dans la surface d’exutoire à son malaise.
Ce matin, dans l’éternel retour de ses gestes, un boucher l’a servi distant, sans réponse, en énonçant juste un prix. La viande s’est alors répandue dans son existence pour devenir la seule unité envisageable. Une incarnation de la banalité.
Ne voyant plus de raison à cette froideur pourtant commune, il a décidé avec la simplicité des choix ordinaires de décharner à son tour son quotidien.
Alors, il danse fébrilement sur son tabouret, sans le romantisme de la corde, ficelé au cordon de sa télévision. Son dernier gouffre de communication.
Perdition de l’espoir dans l’acceptation de l’inconnu.
Et dans le silence qui peuple sa proximité, il fait un pas en avant. Pour la première fois. Vers une abstraction souhaitée.
Le tabouret tombe et brise ce silence. Une fin de la contradiction.
Un bout de chair se balance dans le vide. Un être empli de la volonté du départ se trouve condamné à rester là, absurde carcasse, définitivement uni à un réel pourtant rejeté.
L’inclination de la liberté pour la fuite s’abat dans le fracas d’une agonie publique.
La résonance disparaît. La matière demeure.
La profondeur de la réunification.
Un homme subsiste au centre de la pièce, l’œil inoccupé, le corps étrangement suspendu.
Ligne souterraine
Un quai baigné d’une même et éternelle lumière. Les saisons n’existent plus, les cycles disparaissent, et seule reste l’attente. L’heure se dilate au passage d’un transport incertain.
Et toujours l’attente. Des visages froids, des regards fuyants, et des corps dépecés.
Briser la continuité des gestes, refuser la dilution de l’humain.
Au loin, un grondement venu des entrailles d’un univers clos emplit les pâleurs de la station – lieu de sursis où le ciel des poitrines s’évanouit dans le gouffre noir de la communion.
Le sol vibre. Deux points jaunes apparaissent brisant l’observation répétitive d’une perspective du néant. Ils s’approchent dans un fracas métallique.
Les êtres s’avancent – le spectre de la fin transperce la chair en suspens.
Les rails sifflent douloureusement ; le métro s’arrête.
Un pas en avant.
Des pensées oubliées au bout des yeux, des passagers immobiles s’attardent dans des mouvements hésitants à la découverte d’un réel pourtant connu, perpétuel.
Une confusion s’installe sous les soleils verts d’un wagon vétuste. La matière se recroqueville sur elle-même pénétrant l’oubli de la souffrance – sordide harcèlement des sens qui ne laisse à la solitude que le songe d’une liberté silencieuse.
Et le métro continue sa course avec le dynamisme mécanique et strident des réminiscences industrielles.
Et les corps demeurent enracinés dans une statique lividité – peinture blanchâtre des exigenc

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