Poèmes sans papiers ou opéra-slam
67 pages
Français

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Poèmes sans papiers ou opéra-slam , livre ebook

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67 pages
Français

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Description

Poèmes sans papiers c'est la folie du grand écart, le déséquilibre fatal et l'inconfort généralisé. Dans son recueil, Facinet rie vert/jaune/rouge de son statut misérable - griot d'un monde sans griot, où le souffle n'est qu'un vent que personne n'entend sinon lorsqu'il émane des baveux reconnus d'utilités publiques... De sa culture africaine, il retient nudité et oralité, qui en poésie se traduisent en quête incessante de paroles.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2010
Nombre de lectures 131
EAN13 9782296696129
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0424€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Poèmes sans papiers
ou opéra-slam
Poètes des Cinq Continents
En hommage à Geneviève Clancy qui Va dirigée de 1995
à 2005. La collection est actuellement dirigée par
Philippe Tancelin et Emmanuelle Moysan


Série Espace expérimental

La collection Poètes des Cinq Continents non seulement révèle les voix prometteuses de jeunes poètes mais atteste de la présence de poètes qui feront sans doute date dans la poésie francophone. Cette collection dévoile un espace d’ouverture où tant la pluralité que la qualité du traitement de la langue prennent place. Elle publie une quarantaine de titres par an.

Déjà parus

86 – Adjmaël HALIDI, Oraisons vespérales, 2009.
85 – Emmanuel BERLAND, Dans la cabane du philosophe, 2009.
84 – Rachid Khaless, Dissidences , 2009.
83 – Kassim DEMBELE, Vents de Grâce, 2009.
82 – Jean FOUCAULT, Comme deux gouttes d’eau suivi de A L’orange, 2009.
81 – Stéphane KROVIN, Égale ou ailleurs, 2009.
80 – Anne-Marie BERNAD, Reviens à L’innocence, 2009.
79 – Dadié ATTEBI, Les derniers rayons de soleil, 2009.
78 – Patrick BERTA FORGAS, La chambre des hommes , 2009.
77 – Laurence BOUVET, Traversée obligatoire , 2009.
76 – Hassan WAHBI, Ici , 2009.
75 – Lorraine POBEL, Ils oubliaient la vie , 2009.
74 – Christophe BRUNSKI, La beauté de L’effondrement, 2009.
73 – Marc Williams DEBONO, L’Epissure des Mots , 2008.
72 – Bellarmin MOUTSINGA, Le Chant de L’aube, 2008.
71 – Françoise UGOCHUKWU, A la vitre des nuits, 2008.
70 – Jean-François COCTEAU, Entre silence et lumière, 2008.
69 – Odelin SALMERON, Les sept chemins du vent, 2008.
68 – Umar TIMOL, Vagabondages suivi de Bleu, 2008.
67 – Samoth NORDNEG, Le sonneur de puits, 2008.
66 – Colette LEINMAN, Ce qui reste d’écorce, 2008.
65 – Widad AMRA, Salam, Shalom, 2008.
64 – J.-J. S. DABLA, L’Éternité mythique, 2008.
63 – Marie-Noëlle AGNIAU, La Tactique des Anges, 2008.
F ACINET


Poèmes sans papiers
ou opéra-slam


L’H ARMATTAN
© L’H ARMATTAN, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.Iibrairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-11433-3
EAN : 978229609114333

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
PREFACE
Facinet n’a jamais fait de poésie sinon du « bout de la langue », assumant à peine l’exercice bourgeois d’accumulation esthétique. Sa langue n’est pas riche de cette triste richesse des cerveaux qui brillent (à peine) sur les pages mais bavent d’imbécilité sous le poids des réalités. Tous ces pseudo-fous qui marchent sur la tête – ainsi volent-ils au-dessus de la merde quotidienne – ne parlent que sérieusement de choses absolument frivoles et deviennent les macros d’idées qui prostituent la pensée.

Se tenant bien droit dans la flaque sociale saumâtre, Facinet déploie son style comme un gigantesque éclat de rire, suspendu entre ce qui est, le rythme du monde, et ce qui pourrait être, son utopie amoureuse. A chaque mot pondu répond l’écho amusé de sa conscience qui se moque surtout de l’artiste lorsqu’il prétend combattre. Poète condamné à s’engager, de par sa position, mais aussi forcé de constater l’échec de toute action esthétique dans sa situation, il a déjà écrit son plus beau vers : « TOUT COMBAT A L’ENCRE S’EFFACE AU CORRECTEUR ». Tais-toi et cesse de contempler le spectacle de l’humanité, que celui qui porte un poème dans sa poche porte aussi un fusil dans la main. Pourquoi encore faire le fou ?

Poèmes sans papiers c’est la folie du grand écart, le déséquilibre fatal et l’inconfort généralisé. Dans l’avion qui décollait de Conakry, l’air s’est fait plus rare et les vaisseaux d’un cerveau en proie à l’asphyxie ont commencé à chercher d’autres sources d’oxygène. A Paris, pour ne pas suffoquer et rejoindre l’armée des morts-vivants, Facinet se met à écrire. L’art, lorsqu’il n’est pas risqué , est un refuge pour les impuissants, pour les verbeux stériles, les traitres, les lâches mais aussi pour les déracinés dont la sève se tarie au contact de l’Autre. Dans son recueil, Facinet rie vert/jaune/rouge de son statue misérable – griot d’un monde sans griot, où le souffle n’est qu’un vent que personne n’entend sinon lorsqu’il émane des baveux reconnus d’utilités publiques. Son rire est son pleure et les larmes sont ces vers qui hésitent même à former des poèmes tant il a honte d’être coincé « entre deux lettres ». Du coup, le diagnostique tombe, tranchant : l’auteur est victime de bouffées délirantes. Facinet dit n’importe quoi. Réellement, il dit n’importe quoi mais parce que n’importe quel mot lui sert à respirer tant qu’il y a un son créé. Habitant d’un espace sans espace, camisolé, il récite ses incantations étranges comme ceux qui déambulent dans les cours de nos prisons psychiatriques.

L’image est séduisante, celle du poète fou… Pour une fois, elle n’est pas rien qu’une image. La majorité sont des excentriques qui cultivent leur style pour masquer la posture dégueulasse du faiseur de mots, qui feignent un dégoût pour le monde tout en léchant à quatre pattes la bouillie qu’on nous sert. Encore une fois, tout est dans le risque . Quand on est fou, on se perd, on abandonne, on refuse, on fait sécession, on se positionne de l’autre côté d’une ligne, on s’engage. Dans ce cas – psychiatrique ? – le verbe poétique ne crée pas la folie mais la folie crée le verbe poétique. L’art devient brutal.

Derrière ses airs de séducteur à la langue bien pendue, Facinet vous brutalise en même temps qu’il se jette de violents coups de poing en pleine face. Ses mots mitraillettes plombent vos têtes bien faîtes et vous fendent le crâne jusqu’à répandre son contenu oublié : des filets de conscience giclent soudain. C’est comme parler avec le pensionnaire d’une prison psychiatrique. D’un côté, on constate la rupture puisque les mots s’enchaînent en échappant aux structures établies – ça c’est-ce que vous trouverez « poétique » ; d’un autre côté, la résonnance de ces mots met mal à l’aise parce qu’elle lutte contre la lamentable pensée conforme du visiteur sain – ça ce sont les coups que Facinet vous portent avec l’agilité d’un maître-boxeur. Il sait où ça fait mal.

Lui, il est déjà mort, raide comme les barreaux de la chambre promise aux déviants sociaux. Tout ce qu’il dit participe au vain spectacle que la folie joue dans ce monde : les fous ne changent pas la face des choses. Aussi, quand on décide d’être un fou pour que s’opère une rupture avec ce qui existe, on se trompe et on se voue à une vie de malheureux mensonge. Ces Poèmes sans papiers parlent de cet échec tout en annonçant la reprise des armes. Car, comme écrit Frantz Fanon, lui-même psychiatre révolutionnaire : « quand on décide de parler de cette chose unique dans la vie d’un homme que représente le fait d’ouvrir l’horiz

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