Algérie Le Mouvement Citoyen de Kabylie
119 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Algérie Le Mouvement Citoyen de Kabylie , livre ebook

119 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Le combat de la Kabylie, c'est celui de toute l'Algérie. C'est celui de tous ceux qui aspirent à une société plus égalitaire et plus juste, à un monde plus solidaire. De ce point de vue aucune région de Kabylie n'a failli à ses responsabilités. En particulier, l'association Arch Ait Ghobri qui, au coeur de la résistance citoyenne a fait preuve d'une dignité et d'une détermination qui en disent long sur la force et la sincérité de sa mobilisation.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2007
Nombre de lectures 215
EAN13 9782336251325
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Algérie Le Mouvement Citoyen de Kabylie

Association Ait Ghobri
© L’HARMATTAN, 2007
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@waaadoo.fr
9782296036383
EAN : 9782296036383
A la mémoire de toutes les victimes du « Printemps Noir» 2001.
Sommaire
Page de titre Page de Copyright Dedicace AVANT-PROPOS - LE DEVOIR DE MEMOIRE Première Partie - SUR LE VIF
AZAZGA - « Les six glorieuses »
Deuxième Partie - SAVOIR POUR COMPRENDRE
document n°1 Document n°2 Statuts - Association Ait — Ghobri — solidarité «A.G.S.» Document n°2 Bis A.G.S. - Association Ait Ghobri Solidarité
Troisième Partie - POUR MEMOIRE
AVANT-PROPOS
LE DEVOIR DE MEMOIRE
A u commencement, il y a ce jeune lycéen, Massinissa GUERMAH, assassiné par des gendarmes à BENI-DOUALA . Une fois de plus, la KABYLIE est sous le choc. Une fois encore, la population est durement éprouvée. L’ampleur de l’indignation suscitée n’a d’égal que l’intensité de l’émotion ressentie par une opinion remuée, meurtrie dans son âme et dans sa chair.
La colère qui gronde débouche à toute vitesse sur un mouvement de protestation sociale, aiguisé par les frustrations enfouies et les rancoeurs accumulées, exacerbé par les sentiments d’exclusion et d’injustice sociale. Chaque dérive de l’Etat est perçue comme une impudence, un signe, une marque de mépris du peuple. Chaque forfait de ses représentants est vécu comme une insulte à la morale publique, une atteinte à la dignité de tous. L’Algérie d’aujourd’hui n’est plus celle d’hier.
Face au mouvement populaire qui s’affirme, le pouvoir en place choisit de s’engager dans une incroyable spirale répressive, typique d’une action d’extermination.
Jamais depuis la fin du joug colonial, la violence de l’Etat n’a atteint un tel degré de sauvagerie. Le déchaînement des armes de guerre avec son effroyable orgie de balles explosives est imprimé au fer rouge dans la conscience collective.
Des dizaines de morts, des centaines de blessés, des militants traqués, des citoyens pourchassés : le fond de l’horreur est touché. La jeunesse n’est pas vouée au malheur. Elle a des raisons de vivre et non de mourir. La vie n’a pas été donnée pour être dévastée, saccagée par des gendarmes.
La tragédie se répète. Après un « printemps noir », un autre « printemps noir ». Absurde et forcément injuste, l’impensable est advenu en Kabylie, comme si le sort s’acharnait sur elle, comme s’il fallait briser ses espérances en prolongeant ses souffrances.
Difficile de ne pas s’insurger contre un pouvoir d’Etat qui s’impose par la force et qui règne par l’arbitraire. Impossible de ne pas s’indigner contre une classe dirigeante et dominante, arc-boutée sur ses privilèges, dont le mépris tient lieu de projet politique et le cynisme de culture de gouvernement.
Pour autant, c’est fort souvent par son mauvais côté que l’Histoire avance. De la crise peut naître l’espoir. De fait, rien ne sera plus comme avant. Le bouleversement que connaît la Kabylie est sans précédent.
Puisant ses forces dans la jeunesse, le Mouvement Citoyen ne désarme pas. Son action juste et pacifique se place dans la durée. Marquées du sceau de la modernité, ses revendications démocratiques, identitaires, culturelles et linguistiques s’inscrivent dans une perspective nationale.
Expression consciente du mouvement, de ses attentes et de ses aspirations, la plate-forme d’ Elkseur représente un outil de mobilisation sociale, un critère d’adhésion politique et d’identification idéologique, une ébauche de projet de société qui concerne tous les Algériens épris d’équité, de justice et de liberté.
L’enjeu est d’une importance considérable. Car les menaces de manipulation sont bien réelles.
L’essentiel est de ne point sombrer dans les divisions intestines, de ne point succomber aux sirènes de l’opportunisme. Le Mouvement Citoyen doit rester fidèle à ses engagements, préserver sa liberté de pensée et son autonomie d’action.
Le combat de la Kabylie, c’est celui de toute l’Algérie. C’est celui de tous ceux qui aspirent à une société plus égalitaire, à un monde plus solidaire. De ce point de vue, aucune région de Kabylie n’a failli à ses responsabilités. En particulier, l’Arch Aït Ghobri qui, au coeur de la résistance citoyenne, a fait preuve d’une détermination qui en dit long sur la force et la sincérité de sa mobilisation. Qui l’ignore : la ville d’Azazga, encore imprégnée des traces du sang versé et des stigmates des sévices infligés, demeure l’un des grands symboles de la lutte démocratique.
De son côté, avec une conscience claire de son rôle, la communauté immigrée en France s’est attachée à populariser l’action du Mouvement Citoyen. Avec une vitalité étonnante, elle s’est efforcée de jeter les bases d’un soutien tangible, d’une solidarité agissante.
Parce qu’il constitue un témoignage direct et objectif, ce livre se place dans l’ardente obligation de vérité. Parce qu’il représente un vibrant hommage à tous les martyrs de la cause citoyenne, il s’inscrit dans l’impérieux devoir de mémoire.
Première Partie
SUR LE VIF
AZAZGA
« Les six glorieuses »
Chronique d’une révolte citoyenne
Au coeur de l’Arch Aït Ghobri : AZAZGA.
Une ville traditionnellement solidaire et accueillante, théâtre d’une résistance citoyenne majeure. Ici, comme partout en Kabylie, l’effort de mobilisation est exceptionnel, sans précédent. Les sacrifices consentis sont immenses. Le spectre de la violence, du sang et de la mort hante encore aujourd’hui l’imaginaire collectif.
Les causes cruciales de la révolte sont connues : d’abord, la misère chronique qui ronge le quotidien aggravé par le mépris du peuple qui humilie, avilit et déshonore ; ensuite, la désespérance grandissante qui brouille les repères et trouble les esprits ; enfin le déni démocratique, identitaire et culturel qui porte atteinte à la dignité humaine.
Fragilisée et vide de sens, que faut-il penser d’une existence qui ressemble au lit d’un fleuve depuis longtemps desséché ?
A lutter, on désespère moins de vivre.

AVRIL 2001
JEUDI 26
Les consciences troublées, le Mouvement de protestation s’organise.
10 Heures du matin
Un groupe de Lycéens (Lycée CHIHANI Bachir) et de Collégiens (CEM ZAIDAT) entame une marche pacifique en direction de la brigade de gendarmerie. « Pouvoir assassin » scande une foule fouettée par la mémoire de Massinissa GUARMAH. La manifestation est spontanée.
A proximité de la brigade, le cortège enfle, renforcé par l’afflux d’autres élèves du Lycée de Jeunes Filles. Un sit-in est improvisé. Une minute de silence est observée. La force émotionnelle est intense.
10 Heures 30
Le portail ouvert, les gendarmes restent cloîtrés, confinés à l’intérieur du grand bâtiment gris. Après une brève concertation, les manifestants se rendent à Tizi-Bouchéne dans le but de rallier à leur cause les élèves du CEM 800. La majorité d’entre eux cesse immédiatement les cours pour se joindre au mouvement.
Le cortège qui s’allonge fait demi-tour, puis se dirige à nouveau vers la brigade de gendarmerie. Conspuant le pouvoir, Lycéens et Collégiens décident finalement d’observer une nouvelle minute de silence.
Dans un mélange de passion mais aussi de raison, tous partagent le même sentiment de dignité et de solidarité.
11 Heures
Le cortège se déplace vers les CEM de CHEURFA sur la route d’Ain El Hammam. Le mouvement s’amplifie : il s’étend désormais à l’ensemble des établissements scolaires. Imposante, la manifestation hésite, puis bis répétita, reprend le chemin de la gendarmerie, objet de fixation de toutes les colères, de toutes les frustrations. L’effervescence est à son comble, chacun redoute le pire face à l’amoncellement des signes avant-coureurs.
12 Heures 30
La tension monte. Les manifestants assiègent le bâtiment de la gendarmerie. L’exaspération grandit lentement mais sûrement. Des pierres fusent et fracassent la façade du bâtiment, tandis que le portail principal est arraché, les barres de clôture saccagées. Face au risque d’une radicalisation incontrôlée, une partie des Collégiens et Lycéens s’éparpille, effarouchés par la crainte d’une répression sauvage. En vérité, dans un sursaut d’enthousiasme, ce sont d’autres catégories sociales — ouvriers, étudiants, chômeurs — qui prennent le relais de la révolte, assumant le risque d’une contestation plus radicale. Des villages, afflue une j

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents