Colère, courage, création politique (Volume 1)
246 pages
Français

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Colère, courage, création politique (Volume 1) , livre ebook

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Description

Une Université libre au XXIe siècle ? Pour qui ? Pourquoi un colloque de théorie politique à Lausanne a-t-il un sens pour le mouvement de résistance ? Pour ensuite envisager le cadre général des transformations des rapports de pouvoir et de la guerre (violence extrême, déterritorialisation de la guerre, écarts abyssaux des inégalités, racisme, etc.). Ces questions et d'autres ont été abordées depuis des pratiques de résistance, de responsablilités professionnelles, politiques.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2011
Nombre de lectures 158
EAN13 9782296804531
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

COLÈRE, COURAGE,
CRÉATION POLITIQUE
La théorie politique en action
© L’H ARMATTAN , 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-54503-8
EAN : 9782296545038

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Sous la direction de
Marie-Claire Caloz-Tschopp


Volume 1


COLÈRE, COURAGE,
CRÉATION POLITIQUE
La théorie politique en action




Actes du colloque international
de théorie politique

Université de Lausanne
Institut d’Études Politiques et Internationales (IEPI)
23–24–25 avril 2010
Remerciements
L’aventure d’un risque pris n’aurait pas pu avoir lieu sans le travail matériel, créatif, la vaillance, l’humour, la civilité de cœur des membres du Collectif d’organisation, du Comité scientifique, du Collectif de philosophie orale (plus de 30 personnes), du travail de Stéphanie Barrial qui a assumé la responsabilité administrative, des partenariats, des hôtes qui ont accueilli des participants à Lausanne et de la réflexion active (orale puis écrite) des contributrices et contributeurs à ces Actes et des participantes et participants au colloque. Un remerciement spécial aux quatre personnes du projet www.savoirslibres.ch qui ont mis en ligne des interventions et effectué des interviews de participantes, aussi mis en ligne sur leur site.
Le colloque international de Lausanne 2010 aurait été impossible sans l’appui du Fonds National de la Recherche Scientifique (FNSRS), de l’institut d’Etudes Politiques Internationales (IEPI) et du Décanat de la Faculté des sciences sociales et politiques (SSP) de l’Université de Lausanne, du Service de lutte contre le racisme, Département de l’intérieur, Confédération suisse, des Départements de la Formation et de la Jeunesse (DFJ), de la Santé et de l’Action sociale (DSAS), du canton de Vaud, de la Fondation Prévention Santé (FPS), Neuchâtel, de la Fondation Antenna Technologies, Genève, d’une donation anonyme.
Les Actes n’auraient pas pu être publiés sans l’appui de la Fondation Prévention Santé (FPS), la Société académique vaudoise (SAV), Fondation Grüninger, St-Gall, une donation anonyme.
Que toutes et tous soient chaleureusement remerciés.

Illustration de la couverture : Volcan, peinture, Jose Venturelli, peintre chilien, 1972

Graphisme couvertures : Stéphanie Castle

Préparation du manuscrit : Marie-Claire Caloz-Tschopp, Stéphanie Barrial, Christine Wyss, Salomé Luz, Jane Seligmann, Sabine Caloz.

Travail multimédia : Omar Odermatt (responsable), Nils Moussu, Constance Lambiel et Eliah Duvoisin, www.savoirslibres.ch
LE VIEUX MONDE
O flot, c’est bien. Descends maintenant. Il le faut.
Jamais ton flux encore n’était monté si haut.
Mais pourquoi donc es-tu si sombre et si farouche ?
Pourquoi ton gouffre a-t-il un cri comme une bouche ?
Pourquoi cette pluie âpre, et cette ombre, et ces bruits,
Ta vague monte avec la rumeur d’un prodige
C’est ici ta limite. Arrête-toi, te dis-je.
Les vieilles lois, les vieux obstacles, les vieux freins,
Ignorance, misère et néant, souterrains
Où meurt le fol espoir, bagnes profonds de l’âme,
L’ancienne autorité de l’homme sur la femme,
Le grand banquet, muré pour les déshérités,
Les superstitutions et les fatalités,
N’y touche pas, va-t’en ; ce sont les choses saintes.
Redescends, et tais-toi ! j’ai construit ces enceintes
Autour du genre humain et j’ai bâti ces tours.
Mais tu rugis toujours ! mais tu montes toujours !
Tout s’en va pêle-mêle à ton choc frénétique.
Voici le vieux missel, voici le code antique.
L’échafaud dans un pli de ta vague a passé.
Ne touche pas au roi ! il est renversé.
Et ces hommes sacrés ! je les vois disparaître.
Arrête ! c’est le juge. Arrête ! c’est le prêtre.
Dieu t’a dit : Ne va pas plus loin, ô flot amer !
Mais quoi ! tu m’engloutis ! au secours, Dieu ! la mer
Désobéit ! La mer envahit mon refuge !


LE FLOT
Tu me crois la marée et je suis le déluge.

Victor HUGO. L’année terrible, épilogue
Le poète a écrit ces vers après l’échec de la Commune de Paris
Il peut tuer un homme, mais il ne peut le changer en autre chose
Robert Antelme
Rescapé des camps de la mort (1957)


« Dehors, la vallée est noire. Aucun bruit n’en arrive. Les chiens dorment d’un sommeil sain et repu. Les arbres respirent calmement. Les insectes nocturnes se nourrissent dans les prés. Les feuilles transpirent, et l’air se gorge d’eau. Les prés se couvrent de rosée et brilleront tout à l’heure au soleil. Ils sont là, tout près, on doit pouvoir les toucher, caresser cet immense pelage. Qu’est-ce qui se caresse et comment caresse-t-on ? Qu’est-ce qui est doux aux doigts, qu’est-ce qui est seulement à être caressé ?
Jamais on n’aura été aussi sensible à la santé de la nature. Jamais on n’aura été aussi près de confondre avec la toute-puissance l’arbre qui sera sûrement encore vivant demain. On a oublié tout ce qui meurt et qui pourrit dans cette nuit forte, et les bêtes malades et seules. La mort a été chassée par nous des choses de la nature, parce que l’on n’y voit aucun génie qui s’exerce contre elles et les poursuive. Nous nous sentons comme ayant pompé tout pourrissement possible. Ce qui est dans cette salle apparaît comme la maladie extraordinaire, et notre mort ici comme la seule véritable. Si ressemblants aux bêtes, toute bête nous est devenue somptueuse ; si semblables à toute plante pourrissante, le destin de cette plante nous paraît aussi luxueux que celui qui s’achève par la mort dans le lit. Nous sommes au point de ressembler à tout ce qui ne se bat que pour manger et meurt de ne pas manger, au point de nous niveler sur une autre espèce, qui ne sera jamais nôtre et vers laquelle on tend ; mais celle-ci qui vit du moins selon sa loi authentique – les bêtes ne peuvent pas devenir des bêtes – apparaît aussi somptueuse que la nôtre "véritable" dont la loi peut être aussi de nous conduire ici. Mais il n’y a pas d’ambiguïté, nous restons des hommes, nous ne finirons qu’en hommes. La distance qui nous sépare d’une autre espèce reste intacte, elle n’est pas historique. C’est un rêve SS de croire que nous avons pour mission historique de changer d’espèce, et comme cette mutation se fait trop lentement, ils tuent. Non, cette maladie extraordinaire n’est autre chose qu’un moment culminant de l’histoire des hommes. Et cela peut signifier deux choses : d’abord que l’on fait l’épreuve de la solidité de cette espèce, de sa fixité. Ensuite, que la variété des rapports entre les hommes, leur couleur, leurs coutumes, leur formation en classes masquent une vérité qui apparaît ici éclatante, au bord de la nature, à l’approche de nos limites : il n’y a pas des espèces humaines, il y a une espèce humaine. C’est parce que nous sommes des hommes comme eux que les SS seront en définitive impuissants devant nous. C’est parce qu’ils auront tenté de mettre en cause l’unité de cette espèce qu’ils seront finalement écrasés. Mais leur comportement et notre situation ne sont que le grossissement, la caricature extrême - où personne ne veut, ni ne peut sans doute se reconnaître - de comportements, de situations qui sont dans le monde et qui sont même cet ancien "monde véritable" auquel nous rêvons. Tout se passe effectivement là-bas comme s’il y avait des espèces - ou plus exactement comme si l’appartenance à l’espèce n’était pas sûre, comme si l’on pouvait y entrer et en sortir, n’y être qu’à demi ou y parvenir pleinement, ou n’y jamais parvenir même au prix de générations -, la division en races ou en classes étant le canon de l’espèce et entretenant l’axiome toujours prêt, la ligne ultime de défense : "Ce ne sont pas des gens comme nous".
Eh bien, ici, la bête est luxueuse, l’arbre est la divinité et nous ne pouvons devenir ni la bête ni l’arbre. Nous ne pouvons pas et les SS ne peuvent pas nous y faire aboutir. Et c’est au moment où le masque a emprunté la figure la plus hideuse, au moment où il va devenir notre fig

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