L Afghanistan dans son environnement régional
190 pages
Français

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L'Afghanistan dans son environnement régional , livre ebook

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Description

Avec le retrait des Forces de l'OTAN en 2014, l'Afghanistan est-il livré à lui-même ? En guerre depuis 1979, ce pays intéresse trop de monde. Ses voisins proches (Pakistan, Iran, Chine), mais aussi les puissances qui l'ont occupé (Russie, Etats-Unis) sans compter celles qui ont un intérêt stratégique direct à son égard (Inde). Un groupe de spécialistes des questions régionales de la Fondation pour la recherche stratégique s'est penché sur les stratégies de ces différents acteurs.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2016
Nombre de lectures 13
EAN13 9782140000225
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Collection Perspectives Stratégiques Sous la direction de Gilles Boquérat avecIsabelle Facon Valérie Niquet Clément Therme
L’Afghanistan dans son environnement régional Isabelle Facon Valérie Niquet Clément Therme Acteurs et stratégies nationales avec
dans son environnement régional
F O N DAT I O N pour la R ECH E RCH E STRATÉGIQUE
L’Afghanistan
dans son environnement régional
Acteurs et stratégies nationales
Perspectives stratégiques Collection dirigée par Camille Grand La Fondation pour la recherche stratégique (FRS) a pour objet de développer le débat et les recherches stratégiques en France et de faire rayonner la pensée française en matière de politique de défense et de sécurité. Ses travaux englobent les dimensions les plus variées relatives à la défense (questions militaires, technologiques, mais aussi touchant au terrorisme et aux nouvelles menaces). Disposant d’une équipe de recherche du plus haut niveau, elle s’appuie aussi sur un réseau de chercheurs étrangers dont elle cherche à faire connaître les travaux. La collection perspectives stratégiquesest héritière de l’activité des centres de recherche dont la fusion en 1998 a concouru à la création de la FRS. Déjà parus Abdennour BENANTAR,Le Moyen-Orient en quête d’un ordre régional (1945-2000), 2015.Brahim SAIDY,L’Otan et le Maghreb, 2014. Jean-Yves MOISSERON, Mohamed HADDAR (Dir.),La transition économique en Tunisie, 2012. P. BECKOUCHE, Z. LUÇON, A. TAITHE,L’eau en Méditerranée : fonder une stratégie commune. Services de l’eau, climat et sécurité, 2010. François BARLIER (coord.),Galileo. Un enjeu stratégique, scientifique et technique, 2007. Jean-Jacques PATRY,L’ombre déchirée, la puissance aérienne contre la terreur, 2007. Jean-François DAGUZAN et Hélène MASSON,L’intelligence économique. Quelles perspectives ?, 2004.
Sous la direction de Gilles Boquérat avecIsabelle Facon, Valérie Niquet, Clément Therme
L’Afghanistan dans son environnement régional Acteurs et stratégies nationales
© L’HARMATTAN, 2016 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-08143-4 EAN : 9782343081434
Sommaire Introduction................................................................................................ 7 L’Inde face à la préservation des acquis en Afghanistan......................... 11 Gilles Boquérat Le Pakistan en Afghanistan : des ambitions à reconstruire ..................... 39 Gilles Boquérat La position de la République populaire de Chine sur l’Afghanistan ..................................................................................... 71 Valérie Niquet Perspectives iraniennes et tadjikes sur l’Afghanistan .............................. 91 Clément Therme Stratégies et priorités russes sur l’Afghanistan ...................................... 117 Isabelle Facon Les Républiques d’Asie centrale confrontées au risque afghan ............ 139 Isabelle Facon Conclusion ............................................................................................. 183
Auteurs : Gilles Boquérat, chercheur associé à la Fondation pour la Recherche Stratégique. Isabelle Facon, maître de recherche à la Fondation pour la Recherche Stratégique. Valérie Niquet, maître de recherche à la Fondation pour la Recherche Stratégique. Clément Therme, chercheur associé à l’EHESS. avec le soutien du Conseil Supérieur de la Formation et de la Recherche Stratégiques (CSFRS)
Introduction Fin décembre 2014, la mission de la force internationale de sécurité et d’assistance en Afghanistan, entamée en décembre 2001, s’est achevée après avoir progressivement transféré aux forces afghanes la prise en charge de la er sécurité du pays. La signature le 1 octobre par le nouveau président afghan, Ashraf Ghani, de l’accord de sécurité bilatéral et de celui portant sur le statut des forces avec les États-Unis a ouvert la voie à un maintien de forces étran-gères. Si l’OTAN continuera à exercer, dans le cadre de «Resolute Sup-port» (« soutien inébranlable »), une mission de suivi à travers la formation, le conseil et l’assistance aux forces de sécurité nationales afghanes comme cela avait été convenu avec les autorités de ce pays lors du sommet de Lisbonne en novembre 2010, les forces étrangères restant sur le sol afghan seront moins nombreuses. Réaffirmant sa volonté de rapatrier les troupes américaines engagées dans des conflits extérieurs avant la fin de son second mandat, le président Obama avait annoncé le 27 mai 2014 que le nombre de soldats américains passerait de 32 000 à 9 800 ayant pour charge de former et conseiller les forces de sécurité afghanes et, dans le cas des forces spé-ciales, de prévenir toute résurgence d’al-Qaïda. Fin 2015, ce nombre devrait être divisé par deux, les soldats opérant à partir des bases de Kaboul et Bagram, seule devant rester à la fin 2016 une force résiduelle chargée au 1 sein de l’ambassade américaine de la coopération en matière de sécurité . C’est au total une force militaire étrangère de quelque 13 200 hommes pro-venant de 40 pays qui est affectée à l’opération « soutien inébranlable ». Ces chiffres et ces échéances sont toutefois susceptibles d’être ajustés en fonc-tion de la résilience des talibans et d’éventuelles retombées locales d’un djihadisme qui a trouvé dans l’organisation de l’État islamique en Irak et au Levant (EI) une source supplémentaire d’inspiration. Des militants talibans désorientés après la disparition de la figure tutélaire du mollah Omar, comme d’autres mouvances présentes en Afghanistan (le mouvement isla-mique de l’Ouzbékistan, le mouvement islamique du Turkestan oriental) peuvent vouloir se rallier de l’EI au Khorasan. Le radicalisme islamiste n’a-t-il pas développé son emprise territoriale à la faveur du retrait américain d’Irak et d’une gouvernance sectaire à Bagdad, pouvant faire craindre un scénario comparable en Afghanistan en cas de désengagement de la commu-nauté internationale. En novembre 2014, Washington annonça d’ailleurs le maintien de 1 000 hommes supplémentaires pouvant appuyer des missions 1 Si la situation sécuritaire dans le pays ne continue pas de se dégrader comme l’a montré la prise éclair de Kunduz par les talibans fin septembre 2015.
combattantes des forces afghanes et autorisa en appui l’emploi d’avions de chasse et de drones. En mars 2015, à l’occasion de la visite d’Ashraf Ghani à Washington, Barack Obama, au regard de la dégradation rapide de la situation sécuritaire, annonça le report du retrait de troupes prévu fin 2015. En octobre 2015 il repousse une fois de plus la date du retrait définitif. La réduction de l’empreinte militaire étrangère en Afghanistan paraît à terme et pose inévitablement la question de la capacité de l’armée nationale afghane (ANA), déjà minée par les désertions et une augmentation des pertes humaines, à combattre une insurrection talibane partagée entre la reconquête du pouvoir et la possibilité de trouver dans un retrait occidental une raison d’engager un dialogue politique. Au moins l’OTAN a-t-elle réaffirmé, lors du sommet qui s’est tenu au Pays de Galles en septembre 2014, l’engage-ment pris à Chicago en 2012 concernant le financement des forces de sécu-rité afghanes avec des contributions à hauteur de 5,2 milliards de dollars (4,25 milliards d’euros) par an jusqu’à la fin de 2017. En comparaison, les revenus de l’État afghan sont d’un peu plus de 2 milliards de dollars. La nature de l’armement laissé à la disposition de l’ANA, notamment la couver-ture aérienne mise à sa disposition, et donc sa capacité à s’opposer efficace-ment aux offensives des talibans, sans recourir aux milices des seigneurs de guerre, s’ajoute à la liste d’incertitudes pesant sur l’avenir du pays. Une partie de ces doutes parut levée après le premier tour de l’élection présidentielle d’avril 2014 laissant augurer d’un scénario vertueux avec pour la première fois une transition politique pacifique étayée par une mobili-sation populaire significative. L’inversion, lors du second tour du 14 juin, de la tendance qui semblait devoir porter à la présidence Abdullah Abdullah en faveur d’Ashraf Ghani a conduit à un échange d’accusations de fraudes fra-gilisant une nouvelle fois – après les élections de 2009 – le processus démo-cratique et la légitimité de la future direction du pays.La victoire finale du pachtoune Ashraf Ghani et le difficile accord, orchestré par la diplomatie américaine, pour une cohabitation avec Abdullah Abdullah, le candidat soutenu par la communauté tadjike, ne suffisent pas à lever les interrogations quant à la durabilité d’un compromis qui devrait encore recevoir une légi-timité constitutionnelle. Les difficultés observées dans la nomination des ministres et des gouverneurs sont une illustration de la périlleuse recherche d’équilibres au sein de la direction du pays. Les talibans, épaulés par les groupes djihadistes étrangers évincés du Nord-Waziristan après le lancement par l’armée pakistanaise d’une opéra-tion militaire en juin 2014, sont actifs dans plus de la moitié des 34 pro-
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vinces du pays. Ils ont profité de la laborieuse transition politique pour accentuer leur pression par des actions terroristes en milieu urbain et des attaques contre les forces de l’armée nationale afghane dans le sud et l’est du pays, jusqu’aux provinces du Badakhshan et de Kunduz. Le niveau de vio-lence n’a cessé d’augmenter avec l’intensification des combats au printemps 2015. Devant des talibans afghans continuant à réclamer le retrait de toutes les forces étrangères et l’instauration de la charia pour pouvoir envisager un dénouement négocié à la situation insurrectionnelle, la perspective d’un partage du pouvoir susceptible de réunir l’assentiment de l’ensemble des forces politiques afghanes paraît encore bien hypothétique. Les précédentes tentatives pour trouver un terrain d’entente entre des camps opposés ont débouché sur des guerres civiles, que ce soit la politique de réconciliation nationale initiée par Najibullah après le retrait des troupes soviétiques ou les accords de Peshawar (1992) et d’Islamabad (1993) passés entre les parties moudjahidines sous patronage pakistanais. Un engagement international sou-tenu auprès du peuple afghan reste la meilleure garantie pour prévenir une telle issue. Si la crise politique à Kaboul entre Ashraf Ghani et Abdullah Abdullah est désamorcée par la constitution d’un gouvernement d’union nationale, encore faudra-t-il que ce dernier démontre sa capacité à offrir une gouver-nance susceptible de générer la poursuite de l’engagement financier des 2 bailleurs étrangers , de rassurer les organisations non gouvernementales, de préserver les gains enregistrés en termes d’accès à l’éducation et à la santé et de ne pas abandonner à l’opposition talibane le privilège du mieux-disant en direction d’une population en désespérance face à un État corrompu et clientéliste. D’où la nécessité d’assurer stabilité et sécurité en respectant les équilibres ethniques, en contrôlant les appétits claniques et en veillant à ce que l’économie et la sécurité du pays ne soient pas assises sur des considé-rations partisanes et sur des trafics mafieux dans un contexte de ralentisse-ment de la croissance qui avait bénéficié de l’afflux monétaire lié à la conduite de la guerre et à la reconstruction du pays. Si le produit intérieur brut est passé de 2,5 milliards de dollars en 2001 à plus de 20 milliards de dollars, 60 % du PIB fut généré par l’aide et la présence étrangères. Une baisse de celles-ci aurait des incidences sur la capacité du gouvernement à
2  Lors de la conférence de Tokyo en juillet 2012, la communauté internationale s’était engagée à fournir une aide civile de 16 milliards de dollars sur la période 2012-2016 à laquelle s’ajoute un montant à peu près identique d’assistance militaire, soit un total annuel de quelque 8 milliards de dollars. L’engagement financier de la communauté internationale en faveur de l’Afghanistan a été réaffirmé lors de la conférence de Londres qui s’est tenu début décembre 2014, mais reste soumis à des réformes et à une lutte contre la corruption.
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