L illusion européenne ?
140 pages
Français

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L'illusion européenne ? , livre ebook

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Description

L'Europe existe-t-elle encore en tant qu'unité et projet ? Comment définir aujourd'hui la place de notre pays au sein de l'Union ? L'auteur propose de s'appuyer sur la zone euro en construisant un véritable fédéralisme économique et social ; de favoriser des noyaux durs européens capables de résister à la concurrence mondiale et constitués autour des grandes industries, universités et pôles de recherche, et de la mise en commun des ressources militaires de quelques pays...

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2012
Nombre de lectures 41
EAN13 9782296491083
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’illusion européenne ?
© L'Harmattan, 2012
5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-97019-9
EAN : 978229697019-9
Jean PRIEUR







L’illusion européenne ?

Plaidoyer pour une Europe unie et forte
Du même auteur :

Transmettre dans un monde en rupture , Éditions JC Lattès, 2010
PREFACE
Alain-Gérard Slama
Jean Prieur est un des témoins les plus proches et les plus lucides de la construction européenne. Il lui a consacré une partie importante de sa carrière. Aujourd’hui, il en reconnaît les illusions et en voit les impasses. Des échecs de cette longue entreprise, il dresse dans les pages qui suivent un catalogue sans concession, d’autant plus convaincant qu’il refuse de s’y complaire. Il appartient à cette lignée de serviteurs de l’État pour lesquels, au lendemain de la seconde guerre mondiale, l’Union entre les peuples qui venaient de se déchirer alors que tout aurait dû les rapprocher s’imposait comme le dessein le plus nécessaire et le plus élevé que les dirigeants politiques et les intellectuels européens, conscients de leur faillite, pouvaient offrir aux générations à venir. Abandonner aujourd’hui cette grande idée ne mettrait pas seulement en danger l’équilibre des puissances sur le plan mondial. Ce serait renoncer au seul projet encore disponible pour que les valeurs qui se cherchent au sein du foyer européen plus intensément que dans aucun autre, trouvent assez de force pour maintenir l’exigence de l’universel.
Tous ceux qui ne s’aveuglent pas sur le mouvement irrésistible de régression identitaire qui prend le relais des anciennes idéologies totalitaires à l’intérieur même de l’Union et de chacune de ses nations partageront, je pense, le sentiment d’urgence qui inspire ce livre, médité à la faveur d’une longue expérience, et écrit dans une période de montée générale de l’intolérance. Ce que j’entends pour ma part, en contrepoint de sa prose limpide, et des remèdes qu’il dose avec une précision lumineuse à l’intention de nos dirigeants, est le rappel d’une réalité simple, mais dont, aujourd’hui encore, ceux qui travaillent à surmonter la crise, ne tirent pas encore toutes les conséquences : on ne construit pas l’Europe sans ses peuples.
Cela implique bien entendu, sur le plan des institutions européennes, que la visibilité et les moyens de la démocratie soient renforcés. Mais si l’on veut faire de nouveau progresser une Union avec les peuples - à défaut de pouvoir y parvenir par les peuples – ce n’est pas dans le dépassement, c’est dans la relégitimation des démocraties nationales qu’il faut chercher la solution. L’Union européenne a toujours été l’œuvre de quelques hommes, qui ont pu agir parce qu’ils étaient investis de la confiance de leurs concitoyens. Avec l’auteur de ce livre lucide et profond, levons l’ancre, il est temps : une lueur apparaît dans la nuit. Loin d’être une menace pour nos démocraties, comme ce fut le cas après 1929, la crise économique et financière est une chance à saisir pour leur ressourcement.
INTRODUCTION
L’Europe existe-t-elle ? En quoi consiste-t-elle ? A quoi peut-elle encore nous servir ? La question semble incongrue. Qu’il s’agisse de la géographie, de l’histoire, de la culture ou de la religion, nombreuses sont les caractéristiques qui définissent et déterminent la spécificité, l’unité et les partages communs de ce que nous appelons l’Europe.
Celle-ci sur un planisphère constitue la partie occidentale du continent Eurasiatique. Son périmètre est assez bien circonscrit. Reste seulement à raccrocher et à enraciner définitivement tous les pays de l’ex-U.R.S.S. situés à l’ouest de l’Oural. La question de l’entrée de la Turquie dans l’Europe pose un tout autre problème dans la mesure où l’essentiel de son territoire est situé en Asie.
Sur le plan historique, l’Europe actuelle résulte d’une confrontation puis d’une assimilation entre deux types de populations, à savoir les peuples du Sud intégrés dans l’Empire romain et parlant une langue commune, et ceux du Nord situés à l’Est du Rhin. D’une certaine manière cette distinction subsiste encore puisque l’on parle encore de l’Europe latine ou nordique.
Sur le plan culturel, l’Europe est le résultat d’une alchimie particulièrement heureuse, fruit de ce qu’a produit l’histoire juive, grecque et latine. Depuis la Renaissance jusqu’à nos jours notre continent a été le lieu où des générations de créateurs et de génies dans toutes les disciplines des arts et des sciences ont constitué progressivement un patrimoine que nous partageons et dont nous sommes fiers.
La religion elle-même a été une expérience commune vécue. Fondés sur les textes bibliques, le judaïsme et le christianisme ont profondément marqué l’histoire européenne, malgré des guerres fratricides parfois épouvantables. L’affrontement pendant des siècles avec l’Islam a été souvent l’occasion d’une prise de conscience d’un danger commun qui permettait de mieux délimiter les frontières. La reconquête de l’Espagne ou celle de la Grèce en sont de véritables exemples.
Politiquement l’idée d’une unification de l’Europe est très ancienne. Certains l’ont tenté par la force, qu’il s’agisse des empereurs romains, de Charlemagne, de Charles Quint, de Napoléon et plus récemment de Hitler. Pour sa part la royauté anglaise s’est toujours efforcée de lutter contre une telle unification.
Sur le plan intellectuel de grands esprits se sont définis comme européens et ont préconisé par leurs écrits une union des peuples européens. Citons parmi beaucoup Érasme, Kant, Romain Rolland, Berl…
Le XIX° siècle fut hélas celui des nationalismes, fruit essentiellement des rivalités économiques et géopolitiques des grands pays. Ce nationalisme fut à l’origine de guerres affreusement meurtrières, dont les deux dernières conduisirent au véritable désastre de l’Europe. Fallait-il passer par de tels stades de négativité pour parvenir à la construction d’une véritable Europe. Laissons la réponse aux spécialistes de la philosophie de l’histoire. Quoiqu’il en soit les déclarations de Winston Churchill, puis de Robert Schuman en faveur d’une construction européenne marquèrent la volonté de certains politiques d’en finir avec de telles horreurs suicidaires. L’élaboration de la C.E.C.A. constitua le premier échelon d’une construction européenne qui se voulait durable. En soixante ans celle-ci s’est progressivement constituée. Comprenant six pays à l’origine, elle en recouvre aujourd’hui 27. Demain elle contiendra en son sein plus d’une trentaine.
Sans vouloir reprendre les principales étapes de cette construction, on aperçoit aujourd’hui toute la distance parcourue entre la date de la création de la C.E.C.A. et celle de la signature du Traité de Lisbonne le 1 er décembre 2009. Partie d’une forme de mise en commun du charbon et de l’acier entre quelques pays, l’Europe s’est constituée en Union dotée d’un Exécutif, d’un Parlement, d’une Cour de Justice, d’une Cour des Comptes, d’un Institut de statistiques. Elle dispose aujourd’hui d’un Président et d’un équivalent d’un Ministre des Affaires étrangères. Peuplée de plus de 500 millions d’habitants, soit un douzième de l’humanité, son PIB en 2010 s’est élevé à un peu plus de 16.400 milliards de dollars, en comparaison avec celui des États-Unis (14.870) ou celui de la Chine (plus de 5.000). L’anglais, langue européenne, est devenue la langue mondiale et le français reste une langue encore parlée dans une partie du monde.
Si le XIX° siècle fut le triomphe de l’Europe et de sa domination sur le reste du monde, le XX° siècle fut celui de son déchirement interne, de son épuisement, de la perte de ses colonies, de son impuissance face aux deux grands blocs américain et russe. Il connut aussi une remise en cause de sa suprématie en matière d'industrie et de recherche, qu’il s’agisse de l'hégémonie américaine ou de la montée des pays émergents.
Pour beaucoup, par optimisme et par volonté, les décennies à venir devraient être l’occasion pou

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