La puissance américaine à l épreuve
171 pages
Français

La puissance américaine à l'épreuve , livre ebook

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Description

A un an des prochaines élections présidentielles américaines, cette revue aborde la question de la "puissance" américaine au travers des concepts de hard power, soft power et de smart power. Quelles sont les implications du recours à la force militaire sur l'environnement humain, sociopolitique et militaire de l'Irak et de l'Afghanistan, alors que les troupes en Libye se désengagent ? Deux articles concernent la politique intérieure : l'un sur les mutations du processus legislatif au sein du Sénat des Etats-Unis et l'autre sur le phénomène des Tea Parties.

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Date de parution 01 mars 2012
Nombre de lectures 33
EAN13 9782296484948
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Directeurs de la publicationConseil scientifiqueetrédacteurs en chefSuzanne BERGER, directrice, M.I.T. International Science and Technology Initiatives, Massachusetts Institute of Technology François VERGNIOLLEBruce CAIN, professeur de science politique, University of DECHANTALCalifornia, Berkeley Jack CITRIN, professeur, Institute for Governmental Studies, University of California, Berkeley AlexandraDEHOOPSCHEFFERJohn D. DONAHUE, professeur, Center for Business and Government, John F. Kennedy School of Government, Harvard University Jean-François DAGUZAN, chercheur, Fondation pour la Comité de rédaction recherche stratégique Daniel BÉLANDJean-Pierre D, professeur, Stanford University, École UPUY Polytechnique Professeur à l’Université de la John E. ENDICOTT, président de l’université Woosong, Corée Saskatchewan du Sud Stephen J. FLANAGAN, vice-président, Center for Strategic and International Studies (CSIS) Anne-Lorraine BUJONFrancis FUKUYAMA, professeur, School of Advanced DEL’ESTANGInternational Studies, Johns Hopkins University Institut des hautes études William A. GRAHAM, doyen, Harvard Divinity School, Harvard University sur la justiceLaurent L. JACQUE, directeur, International Business Relations Program, Fletcher School of Law and Diplomacy, Tufts University Frédérick DOUZETCharles O. JONES, professeur émerite de science politique, Université de Paris VIII université de Wisconsin-Madison Robert O. KEOHANE, professeur, Department of Political Science, Duke University Vincent MICHELOTCharles A. KUPCHAN, professeur, Department of Government, Institut d’études politiques de Lyon Georgetown University David MAYHEW, professeur, Yale University Sidney MILKIS, professeur, Miller Center, University of Virginia Denis LACORNEWilliam R. MOOMAW, directeur, International Environment and Centre d’études Resource Policy Program, Fletcher School of Law and Diplomacy, Tufts University et de recherches internationales Joseph S. NYE, ancien doyen, John F. Kennedy School of (CERI Sciences-Po)Government, Harvard University Robert B. REICH, ancien secrétaire au Travail, professeur, University California, Berkeley William RICHARDSON, gouverneur du Nouveau Mexique Saskia SASSEN, professeur, Department of Sociology, University of Chicago James R. SCHLESINGER, ancien secrétaire à la Défense, directeur de la publication,The National Interest Dimitri K. SIMES, président, Nixon Center Anne-Marie SLAUGHTER, ancienne doyenne, Woodrow Wilson School of Public and International Affairs, Princeton University Ezra SULEIM AN, directeur, Program in European Politics and Society, Princeton University Serge SUR, professeur, université de Paris-Panthéon-Assas Dali Yang, doyen, Department of Political Science, 28, rue Étienne Marcel University of Chicago
Revue publiée avec le soutien du Centre National du Livre et en partenariat avec l’Institut des Amériques
L’Harmattan, 2012 57, rue de l’École polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 9782296557154 EAN : 9782296557154
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SOMMAIREMotaux lecteurs.....................................................................................6Éditorial.................................................................................................7Alexandra de HOOP SCHEFFER et François VERGNIOLLE de CHANTAL Les revers de l’arméeaméricaine dans la Guerred’Afghanistan: le cas de la Kounar...............................................................................11Adam BACZKO A trois ans du retrait annoncé des troupes américaines, le mouvement Taliban s’est implanté dans l’ensemble de l’Afghanistan. Le cas de la province orientale de la Kounar suggère l’importance du rôle l’armée américaine dans l’échec de l’intervention occidentale qui se profile. En s’impliquant dans des disputes et des rivalités entre individus, et en imposant sur ces litiges une grille de lecture tribale, les militaires américains ont exacerbé la conflictualité locale et se sont aliéné les habitants de la Kounar. A l’opposé des discours sur « les cœurs et les esprits », la conduite américaine de la guerre en Afghanistan ne tient pas compte de la population et des dynamiques politiques du pays. «L’impuissancede la puissance»?: Une approchesociologiquede la contre-insurrection américaineenIrak.................................................................................................27Stéphane TAILLATLa contre-insurrection menée par l’armée américaine en Irak est insuffisamment analysée au regard de ses forces et de ses faiblesses, mais aussi de ses succès et de ses limites. Cet article invite, à travers une étude empirique, à analyser les liens entre discours et pratiques, mais aussi à évaluer l’impact de ces dernières en fonction de la configuration stratégique en Irak. Loin de conclure à la condamnation ou à l’hyperbole concernant les modes d’action militaire américains en Irak, il montre comment ceux-ci ont évolué et agit dans le contexte de relations de pouvoir. «Leading from behind»: contouretimportancede l’engagement américainen Libye...................49Philippe GROSCet article traite de l'importance du rôle des États-Unis dans le renversement du régime de Mouammar Kadhafi et de quelques caractéristiques majeures de l'intervention américaine. Il avance tout d'abord que la stratégie du président Obama de «Leading From Behind» a sans doute répondu à une volonté de compromis entre d'une part les interventionnistes libéraux conduits en l’occurrence par la Secrétaire d’État Hillary Clinton, laquelle a jugé que, dans le cadre d’un soutien au cas par cas des révolutions arabes, il était de l'intérêt des États-Unis d’empêcher le massacre des civils à Benghazi et, d'autre part, le Pentagone, réticent à s'engager dans une nouvelle guerre avec un état final recherché mal défini et dans laquelle les intérêts vitaux américains ne sont pas en jeu. Du point de vue opérationnel,Odyssey Dawna été la première opération de haute intensité de l’US Africa Command(AFRICOM). Le manque d'expertise de l’AFRICOM en matière de ciblage et de puissance aérienne a semble-t-il été compensé par les efficaces mécanismes de coordination
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opérationnelle de l’appareil militaire américain, ainsi que par le soutien duUS European Command. L'engagement militaire des États-Unis s’est révélé essentiel pour mettre en place et maintenir cette capacité de ciblage. Alors que les frappes elles-mêmes ont été principalement exécutées par des partenaires européens, en premier lieu par les Français, la puissance militaire américaine a fourni les capacités de soutien absolument nécessaires pour ce type d'opération. Les incertitudes qui prévalent sur les types d’engagements futurs ou les prochaines directions politiques occidentales, notamment à la Maison-Blanche et à l’Elysée, rendent stériles toute prédiction quant à la répétition d’un tel modèle. En revanche, la baisse des capacités européennes et américaines, presque certaine à un horizon de moyen terme, est susceptible simultanément d’accroître le fossé entre ces forces et de limiter la volonté et l’aptitude des États-Unis à le combler en cas de nécessité. La politique étrangère américaine, en dehorsdessentiers battus: Les États-Unis au Sud Caucase de Bill Clinton à Barack Obama............69Julien ZARIFIANAux confins de la Russie, de l’Iran et de la Turquie, et riche en hydrocarbures grâce aux ressources caspiennes azéries, le Sud Caucase, composé des Républiques d’Arménie, d’Azerbaïdjan et de Géorgie, indépendantes de l’URSS en 1991, a eu tôt fait d’attirer l’attention de la diplomatie américaine. Depuis lors, les États-Unis, des présidents Bill Clinton, George W. Bush et Barack Obama, y ont mené une politique active bien que souvent discrète, caractérisée notamment par sa grande continuité. Cette politique s’est avérée relativement efficace et a permis une implantation géopolitique américaine solide dans la région. L’aide financière octroyée annuellement, en particulier à l’Arménie et à la Géorgie, le soutien –bien qu’à géométrie variable– à la démocratisation, la politique énergétique américaine, la coopération militaire et sécuritaire, ainsi que l’implication diplomatique dans la résolution des conflits régionaux, ont favorisé cette implantation des États-Unis. En quelques années, ceux-ci sont ainsi parvenus, à devenir un acteur géopolitique majeur dans cette région stratégique, sans évincer toutefois, pour autant, leurs concurrents régionaux, au premier rang duquel la Russie. Les limitesdelapolitiquechinoised’Obama:lesmartpowerà l’épreuve......................................................................93Barthélémy COURMONTLa formulation d’une nouvelle politique américaine à l’égard de la Chine depuis l’arrivée au pouvoir de Barack Obama s’est articulée autour d’un compromis entre des éléments duhard power(militaire, économie) et dusoft power(influence, dialogue, persuasion). Cette posture a été définie par plusieurs experts et des personnalités politiques, dont la Secrétaire d’État Hillary Clinton, comme une « diplomatie intelligente », également qualifiée desmart policy ousmart power. Cependant, face à la montée en puissance de la Chine et ses développements, tant dans le domaine économique que politique, quelle est la réelle marge de manœuvre de Washington dans sa relation avec Pékin, et quelles sont les implications de lasmart policy? Si la politique chinoise est une priorité pour l’administration Obama, les défis auxquels Washington fait face sont particulièrement nombreux, compte-tenu des conséquences d’un échec dans la redéfinition de la relation Chine – États-Unis.
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Le renouveauduconservatismepopuliste: LamontéedelaTea Partyet son impact.............................................111Nicol C. RAEL’apparition d’un mouvement «Tea Party» dans les semaines qui suivent l’élection du démocrate Barack Obama à la présidence fut le phénomène le plus surprenant de la vie politique américaine récente. Ce texte présente la montée du mouvement, sa nature, son ancrage populaire, ses relations tendues avec l’Establishment républicain, son impact lors de la campagne de 2010 et son avenir. Il replace le mouvement dans une longue lignée de mouvements populistes – de droite comme de gauche – qui apparaissent régulièrement sur la scène politique américaine, notamment en période de crise économique. Malgré leur caractère souvent éphémère, ces mouvements ont généralement un impact de long terme sur la vie politique du pays. L’opposition impuissante?Comment la majoritécontrôle le Sénat......131Peter HANSON Cet article explore une des mutations récentes du processus législatif au sein du Sénat, la création de lois dites « omnibus » face à la difficulté de gérer les débats dans la Haute Assemblée. En rassemblant les lois de finance (Appropriation Bills) au sein d’un seul texte, le pari est de rendre le ème coût politique de l’obstruction insupportable. A partir d’une étude du 108 Congrès, (2002-04), l’auteur met en relief les enjeux politiques de cette innovation procédurale tout en montrant ses conséquences de long terme. Livres signalés....................................................................................159Orage sur l’Atlantique : La France et les États-Unis face à l’Irak, Leah Pisar ............................ 159 Par Emmanuel FAUVEAUAnti-Americanism and the American World Order, Giacomo Chiozza................................... 161 Par Julien ZARIFIANBloomberg’s New York. Class and governance in the luxury city, Julian Brash ....................... 163 Par Charlotte RECOQUILLON
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MOT AUX LECTEURSChers lecteurs, Ce numéro dePolitique Américaineplusieurs mois après le paraît dernier numéro publié (le n°18), suite à une période de transition qui a été marquée par un changement d’éditeur. À partir de ce numéro, la revue sera publiée par les éditions de L’Harmattan. Ce numéro 19 sera suivi rapidement du troisième et dernier numéro de 2011. À partir de l’hiver 2012, la revue publiera deux numéros par an. Ce changement d’éditeur ne modifie en rien la ligne éditoriale de la revue ainsi que la composition de son comité de rédaction et du comité scientifique. Notre objectif demeure plus que jamais de fournir un lieu d’analyse et de réflexion francophone sur la politique américaine, dans sa double dimension internationale et intérieure. Les étudiants, les enseignants, les journalistes et les responsables intéressés à des degrés divers par les États-Unis et les relations transatlantiques trouveront dans les pages de cette revue, des éclairages français, américains et internationaux qui, nous l’espérons, permettront une appréciation plus nuancée d’un pays qui ne se prête pas aux généralisations mais sur lequel les Européens projettent leurs craintes et leurs espérances. Or les États-Unis ne méritent ni admiration béate ni rejet compulsif. Il s’agit donc avant tout de comprendre les États-Unis, les enjeux de politique intérieure qui animent les débats au Congrès et au sein de l’opinion américaine, d’en saisir les implications pour les choix de politique étrangère, d’analyser la manière dont les relations des États-Unis avec l’Europe mais aussi avec les puissances émergentes, évolue et se réinvente. L’objectif dePolitique Américaine, est ainsi de faire vivre un outil d’analyse francophone de toutes ces questions. La connaissance d’une culture de l’intérieur est certes un élément précieux, mais dans le cas des États-Unis, le risque est grand de ne lire que les Américains eux-mêmes sans prendre en compte des points de vue extérieurs et sans établir de dialogues entre des auteurs américains et européens. Le pari qui justifie l’existence de cette revue est précisément inverse.Politique Américaine se veut en effet lieu d’échanges, de confrontations d’idées et de perspectives, afin de faire vivre une source d’expertise en décalage par rapport à la masse des publications américaines. Les archives dePolitique Américainesont dorénavant consultables sur le site de L’Harmattan et nous remercions nos lecteurs de leur fidélité.
Éditorial
ALEXANDRA DEHOOPSCHEFFER1 ETFRANÇOISVERGNIOLLEDECHANTAL
Après plus d’une décennie de « guerre contre le terrorisme » post-11 septembre 2001 et à un an des prochaines élections présidentielles américaines, ce numéro spécial sur la politique étrangère des États-Unis aborde la question de la « puissance » américaine au travers de ses multiples vecteurs, déclinés par la science politique américaine au travers des concepts dehard power,soft poweret plus récemment desmart power, formule présentée début 2009 comme la matrice de la politique étrangère de l’administration Obama. Tandis que la puissance de feu des États-Unis et ses revers attisent les stratégies de résistance et l’anti-américanisme dans le monde et en particulier sur les terrains afghan et irakien où la force militaire a été déployée, la capacité d’influence des États-Unis n’a cessé de décliner notamment au Moyen-Orient et au Maghreb, incitant les États-Unis à revoir leur position stratégique dans la région dans le sens d’une plus grande modération militaire (Libye). La « politique de la main tendue » s’est rapidement trouvée confrontée à ses propres limites, car sa mise en œuvre dépend moins des États-Unis et davantage de la volonté des autres de répondre aux attentes des États-Unis. L’exemple de la Chine est analysé dans ce numéro. Contrastant avec ces dossiers de politique étrangère, la relative efficacité dusoft poweraméricain dans la région du 1. Alexandra de Hoop Scheffer est directrice France du German Marshall Fund of the United States et enseignante à Sciences Po Paris et au campus euro-américain de Reims. François Vergniolle de Chantal est maître de conférences à l’Université de Bourgogne (Dijon).
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Alexandra de HOOP SCHEFFER et François VERGNIOLLE de CHANTAL
Sud Caucase, étudiée ici, offre un regard original et plus positif des usages de la puissance américaine, ayant permis aux États-Unis de réelles avancées sur l’échiquier sud caucasien. Les deux premiers articles portent sur l’Amérique et les « guerres » héritées de l’administration G.W. Bush en Afghanistan et en Irak, les auteurs revenant sur le discours et la pratique américaines de la contre-insurrection et les contradictions de l’usage de la force militaire. Le regard sociologique et empirique que nous apportent Adam Baczko sur l’Afghanistan et Stéphane Taillat sur l’Irak, nous invite à étudier les implications humaines, tactiques, stratégiques des actions militaires américaines sur l’environnement dans lequel ils opèrent. Leur analyse permet de mieux saisir les limites, voire les contradictions de la stratégie américaine de contre-insurrection telle qu’elle a été conceptualisée et pratiquée sur le terrain. Sa version coercitive et ethnicisée couplée d’une grille de lecture tribale « imaginée » en décalage avec l’évolution des structures socio-politiques de ces vingt dernières années en Afghanistan comme en Irak, ont attisé les résistances des communautés aliénées par les actions militaires et l’hostilité des populations à l’égard de la présence américaine. Au lieu de « pacifier » et de protéger la population, la contre-insurrection, le recours à la force militaire et l’arme financière pour « acheter » la paix temporaire, induisent un « jeu multipolaire », une « reconstruction identitaire », et par là, les militaires américains sont devenus des acteurs majeurs de la reconfiguration du partage du pouvoir post-regime changeen façonnant un nouvel ordre socio-politique. Les articles de Philippe Gros et de Barthélémy Courmont abordent au travers d’études de cas très différentes, la question du leadership américain et la manière dont l’administration Obama le redéfinit, dans le sens d’un leadership plus collectif et plus responsable, qui inclut davantage ses partenaires européens, comme l’illustrent les modalités de l’engagement militaire américain de 2011 en Libye, ainsi que les grandes puissances émergentes, telles que la Chine. L’article de Philippe Gros remet en perspective la politique américaine dite du «leading from behind» associée à l’engagement américain en Libye et décrivant la volonté croissante des États-Unis de déléguer davantage de respon-sabilités militaires aux Européens dans les situations où Washington n’a pas d’intérêts « vitaux ». En même temps, le déroulement des opérations en Libye a démontré que les capacités uniques américaines ont été déterminantes et la dépendance des Européens vis-à-vis de celles-ci. Selon Philippe Gros, les États-Unis seraient rentrés dans la période « post-guerre de la Terreur » et opteraient délibérément pour une approche délégatrice et plus modérée sur le plan militaire.
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L’article de Barthélémy Courmont aborde aussi la question du leadership au travers d’une étude critique de la «smart diplomacy» déployée par Obama envers la Chine dès le début de son mandat et montre comment les États-Unis doivent s’adapter aux tendances hégémoniques et à l’opportunisme de la Chine qui accompagnent sa montée en puissance, tandis que la Chine perçoit la puissance des États-Unis comme déclinante. Lesmart power américain se trouve confronté aux réticences chinoises à jouer un rôle dicté par Washington et à prendre ses responsabilités dans son voisinage (Corée du Nord) et sur la scène internationale. L’article de Julien Zarifian nous permet d’explorer lesoft power des États-Unis au travers de la politique américaine déployée dans le Sud Caucase, dans sa dimension à la fois historique et prospective. En effet, Washington déploie depuis ces vingt dernières années, dans cette zone d’influence traditionnelle de la Russie et de l’Iran, ce que l’auteur appelle une « stratégie de pénétration géopolitique » au travers de multiples vecteurs d’influence : aide financière, soutien à la démocratie, coopération militaire, etc. Dans le contexte du désengagement militaire des États-Unis de l’Afghanistan et de l’Irak ainsi que de la menace nucléaire iranienne qui continue de préoccuper les États-Unis au plus haut point, cette zone géographique constitue en effet selon J. Zarifian, une « base arrière de premier plan » et fournit de nouvelles routes de ravitaillement au nord de l’Afghanistan alors que les États-Unis explorent des routes alternatives à celles qui passent par le Pakistan. Mais la visibilité de la politique étrangère ne doit pas effacer les mutations en cours sur la scène politique intérieure. Les articles de ce numéro mettent l’accent sur deux évolutions, d’abord politique puis institutionnelle. Nicol C. Rae, auteur de nombreux ouvrages sur l’évolution des partis politiques et professeur de science politique à la Florida International Universitylivre une analyse du phénomène nous politique le plus intriguant des deux dernières années, celui de laTea Partydans le contextespontané » . En replaçant ce mouvement « historique du populisme américain, il souligne que leur caractère éphémère ne les a pourtant pas empêchés d’exercer une influence décisive sur l’évolution de la scène politique nationale. Nicol Rae conclut ainsi sur le potentiel de laTea Partypour redéfinir les lignes du débat aux États-Unis. Dans un registre différent, Peter Hanson, de l’Université de Denver, éclaire un des aspects les plus complexes du fonctionnement du Congrès, à savoir la procédure budgétaire. Il offre ainsi une analyse novatrice de la pratique des lois « omnibus ». Derrière ce terme abscons se cache une évolution politique des plus significatives. Depuis plusieurs
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Alexandra de HOOP SCHEFFER et François VERGNIOLLE de CHANTAL
années, les Leaders de la majorité au Sénat ont en effet pris l’habitude de fusionner l’ensemble des 13 lois de finance traditionnelles en un seul gigantesque texte dit « omnibus ». L’objectif est de contourner ainsi l’obstruction endémique au Sénat – notamment par le biais du « filibuster » - et d’assurer l’adoption de lois essentielles au bon fonctionnement de l’État. Ce faisant, et comme le souligne l’auteur, la qualité du débat ainsi que de la loi elle-même est largement compromise : les lois « omnibus » sont en effet strictement partisanes et permettent d’ignorer totalement la volonté du parti minoritaire. Voilà une configuration qui ne surprend pas vraiment en France où la minorité de l’Assemblée nationale n’a que peu à dire, mais qui, aux États-Unis, peut légitimement prêter à controverse. Le Sénat des États-Unis, qui se présente volontiers comme « la plus grande assemblée délibérative du monde » est ici analysé sous un jour beaucoup plus réaliste.
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