Vivre et exister
594 pages
Français

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Vivre et exister , livre ebook

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Description

Entre le vivre et l'exister, qui sont les deux côtés indissolubles de nos êtres, des abîmes se creusent. Dans cette conjoncture étrange, que peut la philosophie ? Peut-elle affronter un problème majeur comme celui du nucléaire militaire qui, outre la menace qu'il fait peser sur nos vies, y instille la hantise d'être privés de postérité ? L'ouvrage traverse quelques-uns des nouveaux drames désormais noués entre le vivre et l'exister et réaffirme la possibilité d'une existence philosophique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2011
Nombre de lectures 79
EAN13 9782296475564
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,2250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

VIVRE ET EXISTER
À l’épreuve du nucléaire
Ouverture philosophique
Collection dirigée par Aline Caillet, Dominique Chateau,
Jean-Marc Lachaud et Bruno Péquignot

Une collection d’ouvrages qui se propose d’accueillir des travaux originaux sans exclusive d’écoles ou de thématiques.
Il s’agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions qu’elles soient le fait de philosophes "professionnels" ou non. On n’y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu’habite la passion de penser, qu’ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou… polisseurs de verres de lunettes astronomiques.


Dernières parutions

Franck Jedrzejewski, Ontologie des catégories , 2011.
Michel FATTAL, Paroles et actes chez Héraclite. Sur les fondements théoriques de l’action morale , 2011.
Nadia BOCCARA et Francesca CRISI, Émotions et philosophie. Des images du récit aux mots de la philosophie , 2011.
Paul DAWALIBI, L’identité abandonnée. Essai sur la phénoménologie de la souffrance , 2011.
Firmin Marius TOMBOUE, Jürgen Habermas et le défi intersubjectif de la philosophie. La crise de la métaphysique de la subjectivité dans la philosophie politique et la philosophie morale habermassiennes , 2011.
Firmin Marius TOMBOUE, Jürgen Habermas et le tournant délibératif de la philosophie. La crise de la métaphysique de la subjectivité dans la philosophie politique et la philosophie morale habermassiennes , 2011.
Vinicio BUSACCHI, Ricœur vs. Freud. Métamorphose d’une nouvelle compréhension de l’homme , 2011.
Christophe PACIFIC, Consensus / Dissensus. Principe du conflit nécessaire , 2011.
Jacques STEIWER, Une morale sans dieu , 2011.
Sandrine MORSILLO (dir.), Hervé BACQUET, Béatrice MARTIN, Diane WATTEAU, L’école dans l’art , 2011.
Blaise ORIET, Héraclite ou la philosophie , 2011.
Paul Aïm


VIVRE ET EXISTER
À l’épreuve du nucléaire


L’Harmattan
DU MÊME AUTEUR :
Où en sommes-nous avec le nucléaire militaire ?, L’Harmattan.


© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-56371-1
EAN : 9782296563711

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
INTRODUCTION
1 Un glissement dans notre conjoncture
Nous sommes vivants d’une vie que nous avons néanmoins à produire. Et l’activité que nous y vouons, aussi pleine soit-elle, reste incertaine. Aussi tend-elle à se doter de règles et d’outils. Arts et techniques sont de notre condition et immémorialement constituent, en leur diversité, la variété des métiers.
Tout métier comporte du savoir. Mais un savoir qui très longtemps n’est qu’exceptionnellement à l’état de science. Au dix-huitième siècle encore, les Encyclopédistes découvrent un monde des métiers au plus loin de celui des sciences. De celui dont justement ils apportent les lumières jeunes ou renouvelées et si vives que, tels ces archéologues qui pénétrant une grotte inconnue virent des fresques s’évanouir sous leurs yeux, ils n’abordent le vieux monde des métiers que pour l’investir, l’altérer, et bientôt l’effacer.
Les deux mondes s’intègrent aujourd’hui à proportion de la pénétration réciproque des sciences et des techniques, qui ne cessent de s’engendrer, de s’incorporer et de s’emporter les unes les autres dans leur développement. Qui ainsi font la technologie. Et un énorme changement dans l’activité productive humaine.
Au fur et à mesure que la technique se métamorphose en technologie, notre activité productive dispose d’une énergie qui, avec sa fausse simplicité et sa vraie unité, son homogénéité de milieu nourricier, et son aptitude par cela même à devenir un constituant universel, acquiert le naturel d’un élément. L’élément technologie se répand sous nos yeux : il éclate dans les usines, les ateliers et les bureaux, gagne les mines, les champs et les élevages, ainsi que certains services, tandis qu’il s’annonce dans d’autres, dans les habitations et les écoles. Nos lieux de travail prennent un air de laboratoire, comme se transmet un trait héréditaire.
La royauté de la technologie, pas plus qu’une autre, ne s’élève sans une traîne de prestiges. Nul doute pourtant qu’elle s’étende à raison de l’accroissement de puissance qu’elle confère à notre activité productive, comme à raison des perspectives qu’elle déploie et qui, non moins que les réalisations, semblent passer toute mesure antérieure. Sur fond d’augmentation du nombre de chercheurs, elle-même due pour sa plus large part à la demande des métiers, des événements scientifiques aux virtualités immenses sont annoncés de toutes parts. Dans la seule dernière décennie du vingtième siècle, il en va ainsi de la démonstration du dernier théorème de Fermat, de la fusion thermonucléaire contrôlée dont l’expérimentation aurait réussi, promettant autant à la production des biens que la fusion non contrôlée a obtenu pour la destruction, il en va ainsi encore de la première carte du génome, qui fait étape vers l’avènement de la thérapie génique. De plus, de tels résultats et leurs virtualités, qu’il s’agisse de biologie, de physique ou même de mathématiques, ne s’imaginent plus que tramés d’informatique, technologie elle-même si jeune et si évolutive que les grandes dames de la science ont à l’attendre pour savoir ce que sera demain leur pouvoir, si ce n’est leurs orientations.
À cette royauté ne fait pas non plus défaut la tension dramatique. Tout reste si ardu que Wiles dut reprendre la démonstration qui couronnait trois siècles d’efforts, qu’à l’inverse des doutes s’élèvent sur la maîtrise de la fusion contrôlée, des débats sur l’importance que prendra la thérapie génique : toutes incertitudes qui sont le prix de sa grandeur et la confortent. Mais ce qui signe son installation, c’est que la nouveauté technologique elle-même n’est plus un événement : notre quotidien l’attend. C’est aussi que cette nouveauté pénètre la vie sociale à très grande vitesse, comme on vient de le voir avec l’internet. C’est donc un feu d’artifice continu, ce sont des fleurs de feu qui, en bouquets sériels, étendent loin leur scintillement et parfois se communiquent leur éclat.
La technologie est aujourd’hui l’élément flamboyant de l’activité productive humaine.
Pour autant ce feu roulant ne nous gratifie pas d’un émerveillement d’enfant. Aujourd’hui comme hier le sentiment est mêlé.
Hier c’était l’ère industrielle, que Marx a caractérisée, sous le nom de capitalisme, comme un processus d’accroissement et accumulation de forces productives, grandiose mais violent, puisqu’il concentrait en des mains de moins en moins nombreuses ces forces dont il dépouillait le plus possible le plus grand nombre possible d’hommes. Et, de fait, au début du vingtième siècle, ce capitalisme entra dans une crise si grave qu’on crut sa fin arrivée, une crise de surproduction qui manifestait un fonctionnement déséquilibré. C’était comme Marx avait dit : ce système était non seulement injuste, mais irrationnel. Il finissait par entraver le développement des forces productives, par annihiler sa propre exubérance. Il tomba en dépression, mais se releva en atténuant ses vices. Les classes moyennes gagnèrent considérablement en importance, les systèmes de sécurité et d’assistance sociales prirent corps, commençant la fin du prolétariat, de l’état d’homme dépouillé. La protection contre les misères ordinaires, la vieillesse, la maladie, les infirmités, et aussi contre la menace de ne pouvoir subsister, faute de pouvoir faire usage de ses compétences, qu’on appelle chômage, devint à un très haut degré fonction sociale ou étatique. Ce fut un mouvement d’humanité au milieu même des grandes guerres et des horreurs du siècle. Cette transformation valut au monde industrialisé, après la Deuxième Guerre mondiale, les années que Fourastié nomma « les trente glorieuses », une phase de développement continu, une plage de santé.
Le système n’était pas pour autant devenu sage. Une nouvelle excitation le gagnait. Il développa sous le nom de communication un art d’entraîner nos désirs, les plus nécessaires comme les plus rêveurs, dans des satisfactions insignifiantes. Si brutal tant qu’il est vital, le capitalisme se fait charmeur pour verser l’abondance. Injuste mais puissant il nous a entraînés, futile mais luxuriant il nous séduit. L’ach

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