Au commencement est le Coeur
177 pages
Français

Au commencement est le Coeur , livre ebook

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177 pages
Français

Description

Avec ce numéro, la revue Contrelittérature, fondée il y a dix ans, se présente sous une nouvelle formule où s'affirme résolument son orientation chrétienne. Le Coeur est ce lieu mystérieux où Dieu s'ouvre à l'homme pour lui proposer, en toute liberté, le dessein qu'il forme pour lui : sa déification. C'est sous l'égide de cette herméneutique du Coeur de Jésus que sont placés les différents travaux et articles présentés dans ce numéro inaugural.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2010
Nombre de lectures 64
EAN13 9782296250321
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

SOMMAIRE
NARTHEX
Alain Santacreu :En-tête duCœur. 9
NEF
EdouardGlotin, s.j. : Le kérygme duCœur de Jésus. 19
Mgr Robert LeGall : Les psaumes au cœur desÉcritures. 35
TRANSEPT
MichelFromaget : Le combat spirituel in hora mortis.47
GuillemetteCadel : Présence de Maurice Zundel. 63
CROISÉE
Jean-Marie Mathieu : Le Cœur nommé de gloire. 79
CHŒUR
JeanBorella : « Je suis l’ImmaculéeConception ». 91
BrunoBérard : JeanBorella : distinguer entre intelligence et raison. 105
BrunoBérard : RenéGuénon, l’ésotérisme et le christianisme. 125
Alain Santacreu : La gnose du Nom nouveau. 137
ABSIDE
PèreFélixAnizan :Appel aux écrivains et aux artistes. 165
DÉAMBULATOIRE
GwenGarnier-Duguy : «Au commencement est le cœur ». 171
Présentation des auteurs 173NARTHEXEN-TÊTEDU CŒUR
parAlain Santacreu
In Principio et in Cordia. Au commencement est le Cœur et le
Cœur est le Verbe ; car leCœur est l’analogue du Verbe, et la foi qui
cherche l’intelligence rencontre le Sacré-Cœur. Aucun
intellectualisme ne pourra jamais appréhender l’intention anselmienne de la
1fides quaerens intellectum , il faut passer par l’Amour et le Sacré-Cœur
est le passage obligé de la connaissance chrétienne : le Dieu de
l’intelligence est aussi leDieu de la foi.
L’Égypte, qui figurait le cœur sous la forme d’un vase,
considérait le cœur comme le siège de l’âme. Platon rejeta cette
conception, d ’où cette intéressante remarque de saint Jérôme :«Les
naturalistes demandent où réside particulièrement l’âme;Platon
prétend que c’est dans le cerveau, et Jésus-Christ nous apprend, lui,
2que c’est dans le cœur » . Sagesse du cœur, sagesse d e la tête, ainsi
que les deux arbres du Paradis : l’arbre de la Vie et l’arbre du bien et
du mal.
Tête, en hébreu, se dit Rosh. C’est sur cette racine qu’est
forméBéreschit, le premier mot de laBible.Ainsi,Béreschitne signifie
pas seulement «Au commencement », « Dans le Principe », mais
encore, selon la traduction d’AndréChouraqui : «En-tête ».
Dans la tradition hébraïque,le mot « cœur » (leb, en hébreu)
est plus l’organe de l’intelligence et de la pensée que celui de
1Anselme deCanterbury [ouCantorbéry], 1033-1109, dans ses ouvrages Proslogion
et Monologion, a montré, sur la question deDieu, ce que peut signifier l’effort de la
foi qui cherche à comprendre (fides quaerens intellectum).
2 S. Jérôme,Explication du cérémonial de l’Ancienne Loi. Traduct.A. Martin, édition de
1854, p. 57 (cité par Louis Charbonneau-Lassay in Le Bestiaire du Christ,
ArchèMilano, 1994, p. 95). On rappellera qu’Étienne, dans les Actes des apôtres (7, 22),
retraçant l’histoire d’Israël, affirme que Moïse, jusqu’àses quarante ans, fut formé à
toute la sagesse desÉgyptiens.
9l’affectivité et du sentiment. C’est ainsi que dans son épître aux
Romains, Schaoul (au surnom romain, Paulus, «le petit »),
précisément parce qu’il pense en hébreu même s’il écrit en grec,
peut dire des Païens que « leur cœur inintelligent s’est enténébré »
(Romains, I, 21).
Chez les Hébreux, le cœur n’est pas seulement l’organe
indispensable à la vie du corps : il est aussi le centre de toute vie
3intérieure (spirituelle et psychologique) . Il sert à désigner
l’intériorité de l’âme. Dans l’Écriture, l’opposition est fréquente entre
l’extérieur (la bouche, les lèvres) et l’intérieur (le cœur) : «Cepeuple
est près de moi en paroles et me glorifie de ses lèvres, maisson
cœur est loin de moi », déplore le Seigneur (Isaïe, 29, 13). Le cœur
est donc le lieu de la pensée et de l’intelligence. Dans Proverbes (15,
7), il est dit qu’un « cœur intelligent » recherche et possède la
connaissance (da’ath).
En grec, du temps d ’Homère, d’Hésiode, et jusqu’aux grands
tragiques, l’usage du mot cœur (cardia), était assez proche du sens
hébreu.Comme siège des pensées, il est le plus souvent désigné par
phren, et plus fréquemment employé au pluriel, phrenes, qui est le
nom de la membrane qui entoure le cœur, le péricarde ; dans la
langue classique ce terme reste un des noms les plus courants pour
signifier l’intelligence ou l’esprit.
L’apparition en Grèce de l’esprit philosophique va être un
événement décisif. Chez Platon se produit une transformation
sémantique à partir de sa célèbre théorie de la tripartition de l’âme –
qu’il subdivise d ’abord en principe raisonnable, Logistiko n, puis en
partie déraisonnable, concupiscible, Epithumia, enfin en partie
4irascible, Thumos .Désormais toute la question va consister, pour les
philosophes, à localiser ces différentes dimensions de l’âme, en
particulier celle que Platon appelle Logistikon qui, par la suite, sera
5nommée Hegemonikon, principe directeur .Dans le Timée Platon sera
très explicite : le Démiurge crée les dieux. Les dieux créent les
mortels. Pour ce faire, ils reçoivent du Démiurge le principe
3 Pour les emplois du nom du cœur chez les Hébreux,cf. Antoine Guillaumont,
« Le sens des noms du cœur dans l’Antiquité » in Le Cœur, « Les Études
Carmélitaines », Desclée de Brouwer, 1950. On consultera également Édouard
Dhorme, L’emploi métaphorique des noms de parties du corps en hébreu et en akkadien, Paris,
Gabalda, 1923.
4 Platon, La République, livre IV, 439 d-e.
5Dans Phèdre, 246 a-b, l’Hegemonikon conduit, tel un cocher, l’attelage ailé de l’âme.
10immortel de l’âme, siège de l’intelligence (noûs), qu’ils enveloppent
d’un corps mortel. Pour le corps, ils créent une âme mortelle. Ils
placent le principe spirituel dans la tête et l’âme mortelle dans le
6thorax . Platon n’attribue aucun rôle psychologique au cœur et, dans
le Timée, il ne lui reconnaît qu’une fonction physiologique comme
source de la circulation sanguine.Aristote, placera dans le cœur les
éléments sensibles à partir desquels s’élabore la connaissance mais il
n’en sera pas pour autant infidèle à l’esprit du platonisme.Bien plus,
il ira plus loin que Platon, affirmant la transcendance du noûs qu’il se
refusera même à situerdans le cerveau : le noûs est pur de tout
contact avec le corps et il ne saurait avoir d’organe.
Contre le néo-platonisme de Philon d ’Alexandrie et de Plotin,
une école philosophique, le stoïcisme, a persisté à défendre la
localisation de l’intelligence dans le cœur. L’élément dominant de
l’âme est appelépar les stoïciens dianoia, c’est là que se trouve selon
eux la source du Logos.
Philon, qui n’ignore pas les discussions des philosophes sur la
localisation de l’intellect dans le cerveau ou dans le cœur, mentionne
les deux opinions, sans se prononcer entre la thèse platonicienne et
la thèse stoïcienne. Il rapporte, à propos de l’arbre de la Vie, planté
au milieu du Paradis, la tradition judéenne qui affirme que cet arbre
figure le cœur, parce que celui-ci est non seulement la source de vie
et le milieu du corps mais aussi correspond à l’intellect lui-même, l’
Hegemonikon.
Dans les premiers écrits chrétiens, et chez saint Paul en
particulier, le mot cœur est récurrent et retrouve son sens hébraïque.
L’emploi métaphorique le plus fréquent est celui par lequel le mot
désigne l’« homme intérieur » qui s’oppose à la «chair ». Un
parallélisme est fait avec la circoncision : « Le Juif n’est pas celui qui
l’est au-dehors, et la circoncision n’est pas au-dehors dans la chair,
le vrai Juif l’est au-dedans et la circoncision dans le cœur, selon
l’esprit et non pas selon la lettre : voilà celui qui tient sa louange non
7des hommes, mais deDieu » .
Avec les Pères grecs, chez lesquels le christianisme se
constitue comme doctrine philosophique, s’engage une intense
réflexion sur le cœur.Adoptant u

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