Islam et pouvoir
319 pages
Français

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Description

Face à l'abondance du matériel historique, théologique, philosophique et juridique, on est confronté au choix de l'angle d'approche du problème politique en Islam. Cet ouvrage aborde le problème politique en Islam à travers le thème de la légitimité, question centrale de tout pouvoir politique. Ce n'est qu'à travers cet angle qu'il est possible de réaliser une jonction entre le droit et la politique, une condition indispensable pour régénérer et rénover la pensée politique islamique.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2006
Nombre de lectures 206
EAN13 9782336265421
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Islam et pouvoir

Abderraouf Boulaabi
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan 1@wanadoo.fr
© L’Harmattan, 2005
9782296000506
EAN : 9782296000506
Sommaire
Page de titre Page de Copyright INTRODUCTION Partie I - L’EPOQUE FONDATRICE ET LE PROBLÈME DE LA LÉGITIMITÉ DU POUVOIR
CHAPITRE I : PACTE ORIGINEL ET ISTIKHLÂF DE L’HUMANITÉ CHAPITRE II : REVELATION ET POUVOIR POLITIQUE CHAPITRE III : POUVOIR RELIGIEUX ET POUVOIR TEMPOREL
Paritie II - LA THEORIE DES MAQÂSIDS ET LE PROBLÈME DE LA LÉGITIMITÉ
CHAPITRE I : LES FINALITÉS POLITIQUES DE LA SHARΑA ET LA LÉGITIMITÉ DU POUVOIR CHAPITRE II : LES FINALITÉS POLITIQUES DE LA SHARΑA ET l’ ISTIKHLÂF DE LA UMMA
Partie III - L’EPOQUE DU POUVOIR CALIFAL ET LA LÉGITIMITÉ
CHAPITRE I : VERS UN PRINCIPE ELECTORAL DÉLIBÉRATIF CHAPITRE II : LE CALIFAT DE ‘UMAR ET LA LÉGITIMITÉ CHAPITRE III : LE CALIFAT DE ‘UTHMAN ET LA CRISE DE LÉGITIMITÉ CHAPITRE IV : L’ACCESSION DE ‘Ali AU POUVOIR ET LA GUERRE CIVILE
Partie IV - LA DYNASTIE UMAYYADE ET LE NOUVEAU PRINCIPE DE LÉGITIMITÉ
CHAPITRE I : L’ACCESSION DES UMAYYADES AU POUVOIR CHAPITRE II : L’INSTAURATION D’UN NOUVEAU PRINCIPE DE LÉGITIMITÉ : LE PRINCIPE DYNASTIQUE CHAPITRE III : LA CRISE DE LÉGITIMITÉ DE LA DYNASTIE ‘UMAYYADE
Partie V - LA DYNASTIE ABBASIDE ET LE PROBLÈME DE LA LÉGITIMITÉ
CHAPITRE I : LES FONDEMENTS DE LA LÉGITIMITÉ DE LA NOUVELLE DYNASTIE CHAPITRE II  : LA CRISE DE LÉGITIMITÉ DE LA DYNASTIE ABBASIDE
Partie VI - JURISTES, THÉOLOGIENS, ET LE PROBLÈME DE LA LÉGITIMITÉ DU POUVOIR
CHAPITRE I : LE MODE D’ETABLISSEMENT DU POUVOIR CHAPITRE II : LE MODE DE TRANSFERT DU POUVOIR CHAPITRE III : UN SYSTÈME DOCTRINAL ORIGINAL : L’I‘TIZÂL ET SON APPLICATION AU PROBLÈME DE LA LÉGITIMITÉ DU POUVOIR
CONCLUSION Bibliographie en langues française et anglaise Bibliographie en langue arabe
INTRODUCTION

1. POURQUOI LA LÉGITIMITÉ ?
Face à l’abondance du matériel historique, théologique, philosophique et juridique, et surtout devant la diversité ethnique, culturelle et sociale des peuples qui ont adopté l’islam comme système sociopolitique, avec tout ce qui en découle sur le plan pratique, on est confronté au choix de l’angle d’approche du problème politique dans l’islam.
Les penseurs politiques, les juristes et les théologiens musulmans classiques, ont abordé ce problème en insistant davantage sur l’aspect descriptif de l’institution califale, ou de l’ imamat , notamment les critères requis pour accéder à l’autorité suprême, et les prérogatives du calife.
Quant aux penseurs contemporains, ils traitent souvent le problème politique à travers les rapports duels, Etat-religion, sacré-profane, temporel-spirituel, offrant ainsi une multiplicité d’interprétations allant de la séparation de la religion et de l’Etat, revendication laïque, jusqu’à la fusion totale entre ces deux entités assimilant l’Etat islamique à une théocratie totalitaire.
Il nous est donc apparu utile d’aborder le problème politique en islam sous un autre angle, à travers le thème de la légitimité, question centrale de tout pouvoir politique.
Bien que ce thème ne soit pas explicitement soulevé par les penseurs classiques, on peut facilement le déceler à travers les faits historiques relatés par les chroniqueurs ou à travers les écrits de certains penseurs qui n’utilisent pas forcément le concept de « légitimité », mais dont les travaux permettent d’identifier aisément une similitude conceptuelle avec cette notion fondamentale de «légitimité».
Cette démarche nous a poussé à consulter la majorité des ouvrages classiques et à sélectionner ceux qui répondent le mieux à notre objectif. Ainsi, l’étude du pouvoir politique islamique à travers la problématique de la légitimité nous permet :
• D’appréhender le pouvoir en islam en tant que relation sociale et politique, loin de toute sacralisation des acteurs, des institutions ou des concepts
• De remettre en question l’histoire politique islamique et de procéder à sa réinterprétation, en repérant les dysfonctionnements et en cherchant leurs véritables causes
• D’établir la jonction, ô combien indispensable pour la civilisation islamique, entre le droit et la politique à l’image d’ autres civilisations où la jonction entre ces deux domaines a généré une philosophie politique et une philosophie juridique qui furent à la base d’un droit constitutionnel
• De réaliser l’un de nos objectifs les plus chers qui est de mettre en évidence la continuité entre les trois plus grandes civilisations que l’humanité ait connues, à savoir la civilisation hellénistique, la civilisation musulmane et la civilisation occidentale à travers la recherche d’un noyau de valeurs communes et universelles existant au sein de chacune d’elles.
• Enfin, les études sur la légitimité du pouvoir étant, en général, relativement récentes, l’application de leurs méthodes pour analyser le problème politique dans une époque classique nous paraît d’un grand intérêt à plusieurs égards : sans tomber dans l’anachronisme, cela met à notre disposition une somme de concepts opératoires qu’on peut exploiter avec beaucoup d’intérêt, tels que pouvoir, légitimité, légitimation, légalité, légitimisme, conflit de légitimité, puissance, autorité, souveraineté, etc.
Cela nous permet également de restituer et d’utiliser les concepts opératoires générés par les docteurs de l’islam classique, dans la mesure où, tout en créant une atmosphère et restituant un monde, ces concepts gardent leur validité objective et opératoire. En outre, ils permettent à la fois de présenter notre problématique dans ce qu’elle a de forcément spécifique, tout en nous attachant à l’universel, en respectant les autres spécificités culturelles et en intégrant ce qu’elles ont de meilleur dans les domaines culturel, scientifique, organisationnel et autres.

2. REMARQUES LIMINAIRES
Avant d’aborder le problème de la légitimité du pouvoir dans la tradition islamique, plusieurs remarques s’imposent :
a. La première remarque est suscitée par le paradoxe suivant : comment se fait-il qu’une civilisation aussi riche intellectuellement que la civilisation musulmane, héritière de trois grandes civilisations : perse, byzantine et indienne, qui a su abriter en son sein les thèses les plus contradictoires, allant du rationalisme scientifique jusqu’aux thèses ésotériques les plus occultes, comment se fait-il donc qu’au sein de cette civilisation, un si maigre apport sur le plan de la théorie politique contraste avec une si grande diversité intellectuelle ? D’ ailleurs, une seule forme de gouvernement a été étudiée par les différents penseurs classiques, à savoir l’institution califale. Pareillement, les Etats se réclamant du shi‘isme ou du khârijisme n’ont pas innové dans le domaine politique. Ils ont fait appel aux mêmes pratiques gouvernementales classiques usitées par les dynasties umayyade et abbaside.
b. La deuxième remarque qui a suscité notre étonnement, c’est l’absence de traductions en langue arabe des oeuvres de philosophie politique et de philosophie du droit d’Aristote, malgré le large mouvement de traduction entrepris par les Arabes, surtout à l’époque de al-Ma’mûn qui a fondé «La Maison de la Sagesse» en 217 de l’hégire, pour traduire les sciences et la philosophie hellénistiques. En effet, il est étonnant de constater qu’un livre comme La Politique d’Aristote n’ait pas été traduit ! Plusieurs hypothèses sont à envisager :
• Première hypothèse : la décision de ne pas traduire cet ouvrage était prise d’avance par les autorités politiques qui ont ordonné les traductions, étant donné le danger qu’il pourrait présenter pour la stabilité de leur pouvoir.
• Deuxième hypothèse : les traducteurs eux-mêmes, musulmans ou non, n’ont pas été attirés par la philosophie politique d’Aristote et n’ont retenu que sa méthode dialectique et la partie traitant de la cosmogonie et de la morale.

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