Jean Wier
266 pages
Français

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Jean Wier , livre ebook

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Description


Collection : Acteurs de la Science


Ce livre montre à travers l'examen de l'oeuvre de Wier et l'étude des méfaits de la superstition et du fanatisme, que les manifestations du fondamentalisme relèvent d'une authentique et mortelle escroquerie. Le livre se déploie autour de l'analyse de quatre ouvrages : Malleus maleficarum, Des sorcières et des devineresses, Démonomanie et Histoires, disputes et discours des illusions et impostures des diables, des magiciens infâmes, sorcières et empoisonneurs.

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Informations

Publié par
Date de parution 15 octobre 2016
Nombre de lectures 4
EAN13 9782140020308
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Roger Teyssou
JEAN WIER Des dieux, des démons,des sorcières
Jean Wier
Des dieux, des démons, des sorcières
Acteurs de la Science Fondée par Richard Moreau, professeur honoraire à l’Université de Paris XII Dirigée par Claude Brezinski et Roger Teyssou
La collection Acteurs de la Science est consacrée à des études sur les acteurs de l’épopée scientifique moderne ; à des inédits et à des réimpressions de mémoires scientifiques anciens ; à des textes consacrés en leur temps à de grands savants par leurs pairs ; à des évaluations sur les découvertes les plus marquantes et la pratique de la Science.
Dernières parutions
Sofiane BOUHDIBA,Pavillon jaune, Histoire de la Quarantaine, de la Peste à Ebola,2016. François DEMARD, Pierre MANDRILLON,Dans l’œil du cyclotron, 2016. Gilles GROS,Pierre Fauchard, ce génie de l’épistémologie en art dentaire, 2016. Robert LOCQUENEUX, L’électricité au Siècle des lumières.Nollet, Franklin & les autres,2016.Jean PERDIJON,Les physiciens sont-ils des intellectuels ? Petit traité (illustré) de culture physique, 2016. Francis WEILL,Folie du monde et vertige des religions : mémoires d’un vieux médecin,2016. Jean Dominique BOURZAT,Une dynastie de serruriers à la cour de Versailles. Les Gamain, 2016. François TRON,Maladies auto-immunes. Quand notre système de défense nous trahit, 2015.
Roger Teyssou
Jean Wier
Des dieux, des démons, des sorcières
Du même auteur chez le même éditeur Orfila, le doyen magnifique et les grands procès criminels au è XIX siècle, El decano magnifico,2015. Freud, médecin imaginaire… d’un malade imaginé, 2014. Une histoire de la circulation du sang, Harvey, Riolan et les autres… Des hommes de cœur, presque tous, 2014. Paul Sollier contre Sigmund Freud, l’hystérie démaquillée, 2013.Gabriel Andral, la médecine dans le sang. Un pionnier de l’hématologie, 2012. Charcot, Freud et l’hystérie, 2012.L'aigle et le caducée. Médecins et chirurgiens de la Révolution et de l'Empire, 2011. Une histoire de l’ulcère gastro-duodénal. Le pourquoi et le comment,2009. Dictionnaire des médecins, chirurgiens et anatomistes de la Renaissance,2009. Dictionnaire mémorable des remèdes d’autrefois,2007. e e Quatre siècles de thérapeutique médicale du XVI au XIX siècle en Europe,2007. La Médecine à la Renaissance,2002. © L’Harmattan, 2016 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-10122-4 EAN : 9782343101224
Vince te ipsum.(Vaincs-toi toi-même.) Jean Wier. Qui de nous osera changer une loi que le temps a consacrée ? Y a-t-il rien de plus respectable qu’un ancien abus ? Voltaire,Zadig. Il faut combattre sans cesse. Quand on a détruit une erreur, il se trouve toujours quelqu’un qui la ressuscite. Voltaire,Dictionnairephilosophique. L’inquisition est, comme on sait, une invention admirable et tout à fait chrétienne pour rendre le pape et les moines plus puissants, et pour rendre tout un royaume hypocrite. Voltaire, Dictionnaire philosophique.
Jean Wier (1515-1588). (Collection particulière)
- ----&Préface -------------------------Les protagonistes de ce livre sont le diable, le bon Dieu, les magiciens et les humains, la méchanceté et la bonté, la stupidité et la lucidité. Les principaux intervenants seront le bon, Jean Wier, avocat de la défense, la brute, Henry Institoris, rédacteur de l’acte d’accusation et le truand, Jean Bodin, le procureur. Parmi les témoins à décharge on appellera à la barre Molitor et son maître le duc Sigismond d’Autriche. Le livre se déploiera autour de l’analyse de quatre ouvrages : leMalleusmaleficarumd’Institoris, leDes sorcières et des devineressesde Molitor, laDémonomaniede Bodin et lesHistoires, disputes et discours des illusions et impostures des diables, des magiciens infâmes, sorcières et empoisonneursWier. On rappellera l’histoire exemplaire de de Marthe Brossier, modèle de charlatanisme religieux. On évoquera les conjectures des religieux, des juristes et des médecins concernant la possession diabolique avec la présence obsédante et déshonorante de la torture. Ces personnages et leurs pratiques illustreront l’éternel combat entre la tolérance et le sectarisme, entre l’entendement et la sottise, entre le doute et la croyance, entre la droiture et la fausseté, entre la doxa et l’épistémé. L’évocation des méfaits de l’inquisition reste encore éprouvante car elle révèle un aspect effroyable de la nature humaine : l’inféodation à une idéologie, la soumission au principe d’autorité, le renoncement à la liberté d’esprit, le mépris de l’autre parce qu’il est différent et sa réification qui précède de peu son biffage d’une liste puis son annihilation finale. Immanquablement nous établissons une analogie angoissante, un rapprochement affligeant avec des évènements proches, dont le souvenir est toujours ressenti douloureusement. Comment ne pas évoquer le nazisme, le stalinisme, les camps, les exécutions sommaires et les tortures. Comment ne pas évoquer l’actualité et son cortège d’atrocités commises au nom de principes, de doctrines, d’opinions qui n’ont d’autre justification que la superstition et la stupidité. Comment ne 7
pas voir dans cet immense cortège de malheureux torturés, brûlés par l’inquisition celui non moins ténébreux des victimes des pogromes, des génocides, des massacres au nom d’idéologies ou de religions dévoyées. Et cette évocation des bûchers par Michelet ne présageait-elle pas la fumée des fours crématoires :Qu’on juge de l’horreur, de la noire fumée de tant de chair, de graisse, qui, sous les cris perçants, les hurlements fond horriblement, bouillonne ! Exécrable et nauséabond spectacle qu’on n’avait pas 1 vu depuis les grillades et les rôtissades albigeoises !Les iniquités effroyables commises au nom de systèmes de pensée dont le premier commandement était l’intolérance et le geste le plus familier le meurtre, hanteront toutes les pages de ce livre, comme elles hantent notre monde contemporain. Depuis la nuit des temps, chez le Peuple Saint, la loi appliquée aux magiciens et autres enchanteurs était celle de Moïse : la sorcellerie était passible de la peine de mort. Wier estimait que ce châtiment dans l’esprit de Moïse ne concernait que les magiciens infâmes, autrement dit les empoisonneurs et autres assassins. Ses détracteurs combattaient cette thèse et assimilaient les sorciers à des apostats hérétiques liés par un pacte aux puissances infernales. Le droit appliqué par l’inquisition et ses argousins, et ce ne fut certes pas le bon droit, était notamment inspiré de celui de Justinien (483-565) qui disait :Tout ceux que vulgairement on appelle sorciers, on les soumet à la peine capitale … On décrète de jeter aux bêtes tous ceux qui attentent à la vie des innocents par l’art de la magie. De même on doit les soumettre à la question et à la torture ; personne des fidèles sous peine d’exil et de perte de 2 ses biens ne doit avoir part avec eux. Les juges de ce temps n’avaient qu’un mot à la bouche : hérétique ! C’était un arrêt de mort et le chemin le plus direct pour le bûcher. Et pas seulement chez les catholiques. Les huguenots le 3 proclamaient par la voix de Théodore de Bèze (1519-1605) qui, 1 Michelet Jules,La Sorcière, préface de Roland Barthes, Club français du livre, 1959, 157.2 Institoris Henry, Sprenger Jacques,Le marteau des sorcières, Malleus maleficarum, traduit du latin et précédé deL’inquisiteur et ses sorcièrespar Amand Danet …, Grenoble, 2014, 403.3 Théodore de Bèze était né à Vézelay en 1519. Il fut un des principaux chefs de la religion réformée. Il mourut âgé de 86 ans, en 1605. Après une jeunesse dissipée, il se rendit à Genève, en 1548, renonça au catholicisme et se lia d’amitié avec Calvin. Après dix années d’enseignement du grec à Lausanne, il revint à Genève où l’attendait le poste de recteur de la nouvelle académie de cette ville qui le nomma citoyen de la cité. En 1553, 8
en 1560, dans sonTraitté de l’authorite du magistrat en la punition des heretiques,avait écrit :Comme ainsi soit que nous ayons monstré par la parole de Dieu que sa volonté est que le magistrat ait à punir le mespris de la religion, voire jusqu’à venir à punition de mort … je ne puis suyvre l’avis de ceux qui estiment que la punition de mort ne doit point avoir lieu en matière de 4 religion… On mesurait son fanatisme et sa dureté à l’aune de cette réflexion qu’il fit après qu’il eut fait brûler cemonstre exécrable, Michel :Servet, pour hérésie Je croy maintenant il 5 aura la bouche close!On retrouvait cette même détermination meurtrière dans l’objurgation du pasteur protestant Lambert Daneau (1530-1595) :Tout sorcier est digne de la haisne publique … digne de mort.C’était l’absence totale d’échappatoire aux vérités de la foi qui rendait le moindre manquement périlleux. Pour Thomas d’Aquin (1228-1274) la raison formelle de l’objet de la foi était vérité première, la foi ne pouvait contenir d’erreur, et cela devait être cru par tout un chacun. Allez chercher la moindre faille dans cette implacable doxa. Et si, par hasard, vous imaginiez en avoir décelé une, le bûcher vous attendait. Wier fut un précurseur de la présence et des prérogatives du médecin devant les cours de justice. Aux inquisiteurs qui affirmaient :Ce que le diable a fait, Dieu seul peut le défaire, il rétorquait :Quand le diable envoie des maladies naturelles, les médecins les guérissent. Avant de conclure à la possession, il fallait impérativement faire un diagnostic et initier un traitement. Wier ne fut pas un philosophe et son christianisme était très influencé par la pensée d’Erasme. Son livre ne fut pas assez consulté en son temps car il était parfois obscur et souffrait de longues digressions et de fréquents doublons. On ne pouvait le considérer comme totalement cohérent. En revanche, il était dans le droit fil de la pensée hippocratique qui dénonçait avec vigueur les pratiques magiques pour guérir ou provoquer la maladie soulignant que ces charlatans étaient doublement impies en se il avait contribué à la condamnation à mort par le feu de Michel Servet. A la mort de Calvin, en 1564, il lui succéda comme chef de l’église protestante. On l’a accusé d’avoir fomenté les guerres de religion en France (1562-1598). 4 Besze, Théodore de,Traitte de l’authorite du magistrat en la punition des heretiques, & du moyê d’y proceder, fait en latin par …,.1560, 417. 5 Besze,ibid., préface (4).9
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