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Description
Sujets
Informations
Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 01 janvier 2011 |
Nombre de lectures | 285 |
EAN13 | 9782296449312 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Mission d’un laïc dans l’Église
Jean-Marc H AREL- R AMOND
Mission d’un laïc dans l’Église
Mille offices célébrés
Du même auteur
B. A.-BA du Reiki , 2 ème édition, Pardès, 2005
B. A.-BA de la Parapsychologie , Pardès, 2006
B. A.-BA du Surnaturel , Pardès, 2007
B. A.-BA des Phobies , Pardès, 2007
Consummatum Est , La Compagnie Littéraire, 2008
B. A.-BA des Thérapies Psychocorporelles (volume 1), Pardès, 2010
B. A.-BA des Thérapies Psychocorporelles (volume 2), Pardès, 2010
Les Massages du Monde , Hermann, 2011
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-13580-2
EAN : 9782296135802
Fabrication numérique : Socprest, 2012
À toutes les familles en deuil dont j’ai célébré les obsèques d’un proche,
À toutes celles et tous ceux qui ont perdu un membre de leur famille , un(e) ami(e) ou un « pote » ,
À toutes celles et tous ceux qui souhaitent pénétrer au cœur même de la grande mission qu’est l’accompagnement des familles en deuil,
Enfin à Jean Cardonnel trop vite rappelé à Dieu.
Dieu, je ne le vois pas : je le vis !
Madeleine Cinquin dite Sœur Emmanuelle.
La mort ne suprend point le sage : il est toujours prêt à partir.
Jean de La Fontaine
Légende : « Et la lumière jaillit »
INTRODUCTION
Celui qui se perd dans sa passion perd moins que celui qui perd sa passion. Saint Augustin.
Depuis quelques temps déjà, mon esprit abritait le projet de relater, d’expliquer et de partager ce que certains nomment « le bénévolat laïc » et ce qu’il me plaît à définir : ma « mission ».
Au fil d’un temps qui couvrit des années, au cœur d’une disponibilité infaillible et d’une écoute intarissable, je parvenais à la cinq centième célébration :
Soient deux cents par an !
Deux cents par an ? me répondit, hébété, un ami prêtre qui, en dix ans de sacerdoce, n’avait pas atteint la centaine.
Oui deux cents et j’aime cela !
Euh ! Je t’admire. Je ne sais pas comment tu fais, mais c’est un véritable apostolat, répliqua-t-il.
Le mot était lâché : « apostolat ».
Ce chiffre rond, « cinq cents », m’incita à faire part de cette expérience dont je dégagerai trois raisons principales.
La première est baptisée « assimilation et digestion ».
Depuis ma naissance, les décès successifs ont entaché ma famille. Tout débuta l’année de mes quatre ans. Ma sœur (dix neuf ans) et mon cousin (neuf ans) décédèrent dans un terrible accident de la route. Pour me protéger de la douleur qu’endurait ma pauvre mère, je fus écarté de la famille et placé chez des amis-voisins, le temps de quelques mois. Un an après, ma grand-mère maternelle décéda « de chagrin » m’expliqua-t-on. Cinq ans après, son époux la rejoignit.
Les souvenirs demeurent intacts pour mon grand-père que je connus à peine. Cependant, la mort s’annonçait trop obscure dans la petite tête du garçon de neuf ans que j’étais.
Dans ma famille, ce sacro-saint sujet était dissimulé parce que les enfants ne devaient pas rencontrer le trépas.
La Mort m’apparut violente, au décès fulgurant de mon père, l’année de mes trente et un ans, puis lors de la cruelle disparition de ma mère, six ans plus tard. La boucle était bouclée. J’avais perdu ce que j’avais de plus cher au monde : mes parents !
Confronté à ces douleurs successives, je ne défléchissais pas. Les conseils précieux de ceux qui m’élevèrent d’un amour incommensurable m’extrayaient de ces abîmes dont je ne souhaitais connaître aucune cavité obscure et tumultueuse.
Je rendis grâce au Créateur pour avoir trouvé force, foi et espérance dans ces résurrections impromptues ! D’ores et déjà, j’en mesurais la congruité…
La perte de mes parents, aussi brutale que rapide, se transformait en une chance, pour moi, terrestre. Tous deux n’avaient pas dépéri au terme d’une longue maladie que je n’aurais pu supporter. Leur départ dérobé fut à l’image de ce qu’ils demeurent à mes yeux : discrets, simples et légers.
Quatre années s’écoulèrent depuis le dernier déchirement que j’affrontais en l’acceptant, en l’assimilant pour, enfin, le digérer.
Cette maman, qui avait émigré dans l’autre monde, avait été sursitaire, à la suite d’un A. V. C. subi quelques années auparavant. Elle s’était extraite d’un coma de trois semaines qui ne lui laissa aucune séquelle. « Un véritable miracle » s’écria le chirurgien, forcé de patienter jusqu’à ce que l’anévrisme cesse de saigner. À cet instant, je saisis que mes prières avaient été entendues indubitablement.
Quatre années durant lesquelles je rompais avec la vie parisienne pour réintégrer mon sud natal.
Quatre années me conduisirent vers le détachement et l’abandon. Je me désolidarisais du temps, de ses détails, de ses encombrements pour gagner l’essentiel : m’abandonner dans l’immensité de la confiance.
Une alternative se présentait à moi : courber ou rompre ! D’autres diraient : accueillir ou expulser.
Mon choix fut d’accueillir, car la situation m’obligea à me courber. L’idée de bannir de mon esprit la mort de celle qui m’avait tant choyé pour rompre n’habitait pas mon âme.
Je puisais la force et l’énergie dans cette maman dont l’exemplarité pénétrait jusque dans mes entrailles, avec une véhémence indescriptible.
C’était un peu comme si elle vivait à travers moi, parce que ses mots nourrissaient un quotidien résistant, courtaud et stable.
Face à la proposition que me fit mon curé de paroisse, ma décision fut prise aisément.
La seconde raison est définie par : « amour de mon prochain ».
Une explication s’impose.
Chaque être humain devient mon prochain en puissance. Aimer mon prochain, c’est être « proche » de lui. La famille forme un premier cercle, puis les amis, au-delà les connaissances, enfin l’inconnu. Cet autre ne se qualifie plus comme « n’importe qui ». Il se transforme en un être humain, reconnu en tant qu’être vivant.
Cependant, aimer mon prochain m’oblige à m’aimer ! Le nœud du problème réside ici.
Je m’apprécie tel que je suis incarné, empli de qualités et particulièrement de faiblesses. Je connais mes frontières, je devine mes aspirations.
Les étreintes deviennent possibles quelles que soient les personnes que je croise. Le contact s’établit par le regard, le sourire, la poignée de main et l’accolade. Au sein de Grammont, cette délicatesse est appréciée largement. J’y reviendrai…
Les personnes âgées sont plus particulièrement représentatives de mon prochain. Je leur voue une admiration incommensurable. Est-ce par manque ?
La maman, amputée de l’enfant par la brutalité de la mort, m’attriste et m’attire avec une véhémence indescriptible. C’est la pire épreuve pour une femme, dont la raison de vivre ne reçoit plus aucun écho !
La troisième et ultime raison feint l’outrage : « quiétude face au trépas ».
Aucune peur du passage ne m’envahit désormais. Je cède aisément pour expliquer ce que représente la mort dans mon esprit.
Un jour, un prêtre m’a parlé de la mort en ces termes : « Lorsque l’on est croyant, il n’est pas difficile d’entrer dans la vie éternelle ; le plus terrible, c’est de demeurer dans la vie mortelle ! ».
La mort ne se présente pas tel un défi, parce que la vie terrestre en est un ! J’imagine entrer dans la Vie Eternelle à une heure que le Créateur a choisie pour moi. Je dois honorer mon existence terrestre en œuvrant chaque jour, chaque heure, chaque minute, chaque seconde : tel est mon défi !
Aimer ce prochain, l’accompagner dans cette « vie éternelle », le soutenir dans les épreuves jonchant son chemin, ce défi est ancré en mon âme,