Y a-t-il une "question de l image" en Islam ?
154 pages
Français

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Y a-t-il une "question de l'image" en Islam ? , livre ebook

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Description

Cette nouvelle édition entièrement mise à jour traite d'une des idées reçues sur l'Islam, celle d'une civilisation sans images. Or, si l'image a été effectivement bannie du culte et des lieux de prière, elle n'en a pas moins existé sous des formes multiples. Le livre offre un bref parcours chronologique et géographique soulignant cette diversité, en rupture avec une vision orientaliste d'un "art islamique" immuable.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 mars 2015
Nombre de lectures 12
EAN13 9782336372570
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Silvia N AEF





Y a-t-il une « question de l’image » en Islam ?
Copyright


Illustration de couverture :
Plat, Iznik (Turquie), première moitié du XVII e siècle.
Pâte siliceuse, décor peint en polychromie sous glaçure.
D. 29,5 cm
Inv. AR 9874
Photo : Mauro Magliani et Barbara Piovan
© Musée Ariana, Ville de Genève











EAN Epub : 978-2-336-72268-9
Table des matières
T ABLE DES MATIÈRES Couverture 4e de couverture Titre Copyright Table des matières P RÉFACE À LA 2 e ÉDITION I NTRODUCTION C HAPITRE 1 Le point de vue normatif : les textes sacrés et leur interprétation L ES TEXTES SACRÉS P OSITIONS DE THÉOLOGIENS DES SIÈCLES CONSTITUTIFS DE LA PENSÉE RELIGIEUSE U NE QUESTION DE L’IMAGE A-T-ELLE EXISTÉ EN ISLAM ? C HAPITRE 2 La figuration malgré tout ? Bref parcours géographique et chronologique L ES EMPIRES ARABES : O MEYYADES , A BBASSIDES , F ATIMIDES L E “MIRACLE” IRANIEN L’ ART OTTOMAN L ES CALLIGRAPHIES FIGURATIVES L E NON-RÉALISME VOULU DE L’ART ISLAMIQUE L’ ART FIGURATIF EN PAYS D’ISLAM C HAPITRE 3 De la rareté à la profusion (1800 à nos jours) L’ ART FIGURATIF AU SEUIL DE L’ÉPOQUE MODERNE : UN ÉTAT DES LIEUX L’ IMAGE À LA CONQUÊTE DE L’ESPACE PUBLIC ET PRIVÉ : L’IMAGE FIXE L’ IMAGE MOBILE : LE CINÉMA ET LA TÉLÉVISION L A REPRÉSENTATION DE PROPHÈTES ET D’AUTRES PERSONNAGES SAINTS L ES RELIGIEUX FACE AU DÉFERLEMENT DE L’IMAGE C ONCLUSION B IBLIOGRAPHIE DES OUVRAGES CITÉS C RÉDITS PHOTOGRAPHIQUES
Note : la translittération des termes arabes ou persans a été simplifiée ; pour le turc, l’orthographe moderne a été choisie. Les mots et noms propres d’usage courant ont été écrits selon la graphie usuelle. Selon un usage qui tend à s’établir, islam est écrit avec un i minuscule lorsqu’il désigne la religion et un I majuscule lorsqu’il réfère à l’ensemble géopolitique des pays d’Islam et des civilisations qui s’y sont déployées. Nous avons préféré le terme d’ « art islamique » au terme, plus ancien, d’ « art musulman » pour désigner la production artistique des pays d’Islam avant l’époque moderne (XIX e -XXI e siècle).
Le Coran est cité d’après la traduction de D. Masson ; les hadîths tirés du recueil de Bukhârî d’après celle de O. Houdas et W. Marçais ; ceux des autres recueils ont été traduits directement de l’original arabe.
P RÉFACE À LA 2 e ÉDITION
Depuis la parution de la première édition de cet ouvrage en 2004, l’actualité a mis à la Une à plusieurs reprises ce qui a été le plus souvent interprété comme une iconophobie intrinsèque à l’Islam. L’affaire des caricatures de Mahomet, publiées en 2005 par le quotidien danois Jyllands Posten , a provoqué une crise mondiale, avec manifestations dans plusieurs pays musulmans – parfois accompagnées d’actes de destruction contre des bâtiments abritant des ambassades ou des entreprises danoises –, boycott des produits danois dans le Golfe, crispations des tensions dans certains pays européens comportant un nombre important de résidents originaires des pays d’Islam, menaces de mort à l’égard des dessinateurs. La crise a connu plusieurs avatars, notamment le cas en 2007 de l’enseignante britannique Gillian Gibbons arrêtée pour blasphème par les autorités soudanaises pour avoir nommé un nounours “ Muhammad ” , les agressions, la même année, contre l’artiste suédois Lars Vilks qui avait dessiné un chien ayant la tête du prophète de l’islam ou, en France, les multiples conflits entre Charlie Hebdo et les représentants de plusieurs organisations musulmanes à la suite de la publication de dessins de Mahomet par le magazine, puis la tragique tuerie du 7 janvier 2015. Sans oublier, en 2012, le film polémique L’innocence des musulmans qui avait provoqué des réactions parfois violentes dans les pays musulmans.
La lecture la plus répandue de ces événements – malgré le caractère ostensiblement offensif d’un grand nombre de ces représentations – est que l’Islam a un problème avec les images, ou du moins avec certaines. Cette vision est renforcée par une partie de l’opinion musulmane, qui est convaincue que sa religion interdit effectivement toute représentation de prophètes et de personnages saints, voire d’êtres vivants.
Il a donc semblé utile de republier cet ouvrage consacré à la question de l’image en Islam. Le texte a été entièrement retravaillé et mis à jour, afin d’y inclure des débats actuels, comme celui qui porte sur la représentation du prophète de l’islam. Plus que sur les événements et crises récentes nous avons pourtant voulu insister sur les aspects historiques de la question, qui sont essentiels pour en saisir les principaux aspects. Dans ce domaine, la recherche a accompli, ces dix dernières années, des progrès énormes, qui ont permis de donner un nouvel éclairage à la question de la représentation, notamment religieuse.
Des illustrations, qui avaient déjà été ajoutées aux traductions allemande (2007) et italienne (2011) ont été reprises dans cette deuxième édition française dont nous espérons qu’elle pourra apporter aux lecteurs des éléments utiles au décryptage non seulement de l’actualité mais aussi d’un passé artistique riche, varié, multiple et souvent mal connu.
Genève, janvier 2015.
I NTRODUCTION
La destruction des bouddhas de Bamyan, en 2001, sur ordre du Molla Omar, avait déjà semblé confirmer l’idée très répandue que l’Islam est foncièrement hostile à l’image. “Ces statues”, disait le décret taliban, “ont été et restent des sanctuaires d’infidèles et ces infidèles continuent à adorer et à vénérer ces images […]. Allah […] tout-Puissant est le seul vrai sanctuaire et tous les faux sanctuaires […] doivent être fracassés […].” (Centlivres, 2001 : 14). L’affaire des caricatures de Mahomet, en 2005-2006, et ses multiples rebondissements ultérieurs jusqu’à l’attentat meurtrier contre Charlie Hebdo , est venue renforcer cette opinion.
Cependant, un voyage dans n’importe quel pays islamique nous confronte à une autre réalité : dans les rues, on voit des photos de stars du cinéma et de la chanson ainsi que des portraits de chefs d’État, des images religieuses populaires, des affiches géantes de cinéma et de publicité ; dans les foyers, les photographies de famille sont omniprésentes ; la télévision est souvent allumée à longueur de journée, et les rites comme la circoncision et le mariage sont filmés, enregistrés et montrés aux visiteurs.
Rares sont ceux qui se sentent heurtés par cette “multiplication de l’image” (Heyberger/Naef, 2003) qui, dans de telles proportions, est un phénomène nouveau, remontant à la fin du XIX e siècle. Avant cette époque, les voyageurs occidentaux en Orient signalaient avec étonnement toute image figurative qu’ils parvenaient à dénicher dans l’espace public, et répandirent l’idée d’une absence totale d’images, les quelques traces rencontrées étant des exceptions, des infractions à la loi religieuse. L’orientalisme, qui se constitue alors comme discipline universitaire et qui appréhende la civilisation islamique essentiellement à travers les textes – et surtout les textes religieux – qu’elle a produits, contribue à ancrer cette idée dans la doxa occidentale (mais aussi musulmane), car ces textes sont, dans leur majorité, hostiles aux représentations figuratives.
Cependant, l’image a toujours existé en Islam, mais ses fonctions étaient différentes de celles qu’elle avait dans l’Occident chrétien, notamment dans le domaine religieux. Dans cet ouvrage, nous allons essayer de faire un rapide tour de la question. Nous partirons de la position des textes fondateurs de la religion musulmane (chapitre 1). Dans le chapitre 2, un regard succinct sur la production d’images figuratives depuis les débuts de l’Islam, au Proche-Orient arabe d’abord, puis en Iran et dans l’Empire ottoman principalement, permettra de voir où et comment l’image a pu exister dans cette aire de civilisation. Le troisième chapitre est consacré à la “multiplication des images” à l’époque moderne et contemporaine, par quoi on

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