Diriger : un travail
272 pages
Français

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Description


Collection : Action et savoir

Les activités des dirigeants ont peu de chose à voir avec le discours managérial sur la figure d'un décideur maître de son environnement. Cet ouvrage a pour objectif d'observer et de comprendre le travail réel des dirigeants dans ses contradictions, ses ambiguïtés, sa complexité en s'appuyant notamment sur les méthodes d'analyse des activités. Etablis principalement à partir d'études réalisées dans la fonction publique les résultats de ce programme sont aisément transférables à d'autres sphères d'activités.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2011
Nombre de lectures 87
EAN13 9782296466203
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DIRIGER : un travail
Action et savoir – RECHERCHES
ACTION ET SAVOIR – RECHERCHES est une collection d'ouvrages de recherche s'adressant particulièrement à des professionnels et à des chercheurs intéressés par la théorisation de l'action dans les champs de pratiques, et par les rapports entre constructions des activités et constructions des sujets. Elle est fondée sur l'hypothèse de liens étroits et réciproques entre engagement de l'action et production de savoir. Elle est dirigée par J.-M. Barbier, P. Caspar, O. Galatanu et G. Vergnaud.
Dernières parutions
Anne-Lise ULMANN, Dans les pas des contrôleurs de prestations sociales. Travailler entre droit et équité , 2010.
R. WITTORSKI, Professionnalisation et développement professionnel , 2007.
J.-M. BARBIER, E. BOURGEOIS, G. de VILLERS, M.
KADDOURI (Eds), Constructions identitaires et mobilisation des sujets en formation , 2006.
Françoise CROS (Ed.), Ecrire sur sa pratique pour développer des compétences professionnelles , 2006.
Maryvonne SOREL et Richard WITTORSKI (Coord.), La professionnalisation en actes et en questions , 2005.
J.-M. BARBIER et O. GALATANU (coord. par), Les savoirs d’action : une mise en mot des compétences ? , 2004.
Jean-Marie BARBIER (dir.), Valeurs et activités professionnelles , 2003.
M.-P. MACKIEWICZ (coordonné par), Praticien et chercheur , 2001.
B. MAGGI (sous la direction de), L’atelier de l’Organisation, Un observatoire sur les changements dans les entreprises , 2001.
G. RACINE, La production de savoirs d’expérience chez les intervenants sociaux , 2000.
J.-M. SALANSKIS, Modèles et pensées de l’action , 2000.
E. BOURGEOIS et Jean NIZET, Regards croisés sur l’expérience de formation , 1999.
F. CROS, Le mémoire professionnel en formation des enseignants , 1998.
Ouvrage coordonné par JEAN-MARIE BARBIER, CHRISTIAN CHAUVIGNE, MARIE-LAURE VITALI
DIRIGER : un travail
L’Harmattan
© L’HARMATTAN, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-55339-2
EAN : 9782296553392
AVANT-PROPOS
« Diriger » : ce pourrait être le titre d’un manuel de management ; c’est le titre d’un ouvrage de recherche.
Les chercheurs qui ont participé à cette recherche, formateurs par ailleurs, sont animés d’une intime conviction : les formes les plus élaborées de la formation et de la professionnalisation passent aujourd’hui par une analyse fine, menée souvent avec les intéressés eux-mêmes, des activités professionnelles effectives dans lesquelles ils se trouvent engagés dans toute son épaisseur « anthropologique » : sociale, culturelle, subjective, mentale, performative, affective, conative.
Se trouve alors opérée une jonction de la recherche et de la formation, selon un paradigme différent et complémentaire du modèle d’articulation de la production et de la transmission de savoirs dans la figure de l’enseignant-chercheur.
Cette conviction a été partagée par ceux qui ont souhaité le développement de cette recherche et qui ont participé à toutes ses étapes : commanditaires, partenaires, interlocuteurs. Ce n’est pas un hasard si tous ceux qui sont concernés par la formation et la professionnalisation des dirigeants y ont tenu une place essentielle. Ce qui est vrai de ce que nous avons pu appeler les « métiers d’intervention sur autrui » l’est particulièrement de la professionnalisation au métier de dirigeant ; le vécu, l’élaboration de l’expérience et sa communication y jouent un rôle majeur. On peut même penser que ces métiers supposent spécifiquement une « expérience de l’expérience d’autrui ».
Ce choix nous a conduits, à l’évidence, tant sur le plan méthodologique que théorique, à privilégier tout ce qui peut concerner l’activité et les conditions sociales et subjectives dans lesquelles elle s’exerce effectivement. Ce choix transparaît certes à travers la définition de l’objet, significativement dési-gné en termes de verbe d’action mais aussi à travers les outils utilisés et les zones d’informations privilégiées. Dans tous les cas, il s’est agi de s’attacher à l’approche de « processus ». Ce choix apparaît encore dans la construction et la structure de l’ouvrage, porté par une perspective d’intelligibilité de l’action et par l’approche de cet agir spécifique que constitue l’activité de diriger.
Ce choix nous a conduits aussi à distinguer rigoureusement « activité » et « discours sur l’activité ». Souvent, en effet, parler de ses propres activités équivaut davantage à dire ce qu’on a eu l’intention de faire que ce que l’on a fait effectivement. C’est vrai de toutes les formes d’analyse de l’activité et plus particulièrement de celle des dirigeants, compte tenu de la prégnance de la figure sociale du décideur et plus largement du discours managérial sur l’activité de direction. La tradition du positionnement épistémologique des sciences sociales, nous a amenés à distinguer du point de vue du chercheur « concepts d’identification » susceptibles de rendre compte du sens et des significations que les acteurs donnent spontanément à leurs actes, et « concepts d’analyse et/ou d’interprétation » susceptibles de proposer d’autres significations que celles données par les acteurs eux-mêmes.
Cette recherche a notamment réuni plusieurs « disciplines » : sciences de l’éducation, sciences de gestion, sociologie de l’activité, psychologie ergonomique, linguistique pragmatique… qui ont en commun d’avoir pour objet et pour cadre des champs de pratiques professionnelles. Toutes sont confrontées au même défi de penser de façon congruente un appareil de recherche et un appareil de formation correspondant à cette situation. Elles peuvent avoir tout intérêt à y travailler ensemble, dans une perspective transversale. Il n’est pas étonnant dans ces conditions que la perspective de formation des adultes ait joué un rôle fédérateur dans cette recherche : il s’agissait de comprendre l’activité pour former à l’activité.
Cette recherche a donc pris la forme d’un travail collectif.
Au lecteur de juger la pertinence de ses méthodes et de ses résultats au regard des grands enjeux scientifiques, professionnels et sociaux qui la justifient. Elle aura eu pour effet, pour tous ceux qui s’y sont trouvés engagés, chercheurs et professionnels, d’ouvrir les cadres d’interprétation liés au travail interdisciplinaire, d’organiser un dialogue critique, et peut-être, de produire une culture commune.
UNE JOURNÉE AVEC UN DIRECTEUR D’HÔPITAL
Claire Tourmen, Patrick Mayen, Lina Samrany
Nous avons observé la journée d’un directeur âgé de 58 ans, en poste depuis 7 ans à la tête du Centre Hospitalier Universitaire (CHU) d’une ville de 200 000 habitants. Bien que cette journée ait été choisie en raison de la présence d’une réunion importante, la CME1, le reste de la journée s’est déroulé de façon « ordinaire », de l’avis du dirigeant lui-même. Elle peut donc être considérée comme représentative de son activité la plus quotidienne, même si elle ne fait pas apparaître de situations de travail hors de l’établissement (ce qui occupe les dirigeants de 5 à 50 % de leur temps selon les profils, voir Laude et ali., 2008).
Nous sommes le 9 mars.
La journée débute à 7 H 45 dans le bureau du dirigeant par une entrevue avec sa secrétaire de direction. Le dirigeant l’informe de changements dans son emploi du temps et ils préparent la réponse à certains courriers.
A 7 H 55, un directeur entre-ouvre la porte du bureau du dirigeant et le salue . La secrétaire le quitte, le dirigeant s’installe à son bureau et nous parle de l’après-midi où aura lieu une réunion sur le paiement des heures supplémentaires des médecins, « sujet difficile, un peu polémique »2. Il ouvre le parapheur et signe des courriers à partir. Il lit aussi les courriers arrivés. Il lit une lettre et décroche le téléphone, demande si M. M est là, il n’est pas là. Il dit à sa secrétaire : « Bon, vous lui dites qu’il m’appelle s’il vous plaît ? Merci ». Il nous dit que ce sera une journée « calme » aujourd’hui, à part les réunions. Il reprend le parapheur et le donne à sa secrétaire. Il lui pose une question sur une lettre, el

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