Entrepreneur et esprit d entreprise
180 pages
Français

Entrepreneur et esprit d'entreprise , livre ebook

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180 pages
Français

Description

Jean-Baptiste Say est l'économiste qui a le mieux analysé le rôle du chef d'entreprise. Dès 1803, il dresse un portrait toujours d'actualité de cet agent économique central qu'il nomme " entrepreneur d'industrie " dont la mission est d'imaginer des produits utiles, susciter des innovations, courir des risques... Lui-même trois fois patron, il entendait libérer l'entrepreneur de l'emprise de l'État. L'entrepreneur étant moteur de la croissance et de l'emploi, aussi peut-il être utile de relire Jean-Baptiste Say.

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Publié par
Date de parution 01 décembre 2013
Nombre de lectures 31
EAN13 9782336332765
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

C o l l e c t i o n L’ E S P R I T É C O N O M I Q U E S É R I E K R I S I S
GérardMinart
Entrepreneuret esprit d’entreprise
L’avant-gardisme de Jean-Baptiste SAY
ENTREPRENEUR ET ESPRIT D’ENTREPRISE L’avant-gardisme de Jean-Baptiste Say
Du même auteur : Pierre DAUNOU, l’anti-Robespierre, éditions Privat, 2001. Les Opposants à Napoléon, éditions Privat, 2003. Frédéric BASTIAT, le croisé du libre-échange, L’Harmattan, 2004. Jean-Baptiste SAY, maître et pédagogue de l’Ecole françaised’économie politique libérale, éditions Charles Coquelin, 2005. CLEMENCEAU journaliste, L’Harmattan, 2005. Actualité de Jacques RUEFF, le plan de redressement de 1958, uneréussite du libéralisme appliqué, éditions Charles Coquelin, 2007. Armand CARREL, l’homme d’honneur de la liberté de la presse, éditions de L’Harmattan, 2011. Gustave de MOLINARI (1819-1912) Pour un gouvernement à bonmarché dans un milieu libre, éditions Charles Coquelin, 2012. Collaboration àHistoire du libéralisme en Europe (sous la direction de Philippe Nemo et Jean Petitot), chapitre sur Daunou, Presses Universitaires de France, 2006. © L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-02300-7 EAN : 9782343023007
Gérard MINARTENTREPRENEUR ET ESPRIT D’ENTREPRISE L’avant-gardisme de Jean-Baptiste SAY
Collection « L’esprit économique » fondée par Sophie Boutillier et Dimitri Uzunidis en 1996 dirigée par Sophie Boutillier, Blandine Laperche, Dimitri Uzunidis Si l’apparence des choses se confondait avec leur réalité, toute réflexion, toute Science, toute recherche serait superflue. La collection « L’esprit économique » soulève le débat, textes et images à l’appui, sur la face cachée économique des faits sociaux : rapports de pouvoir, de production et d’échange, innovations organisationnelles, technologiques et financières, espaces globaux et microéconomiques de valorisation et de profit, pensées critiques et novatrices sur le monde en mouvement... Ces ouvrages s’adressent aux étudiants, aux enseignants, aux chercheurs en sciences économiques, politiques, sociales, juridiques et de gestion, ainsi qu’aux experts d’entreprise et d’administration des institutions. La collection est divisée en six séries : Dans la sérieEconomie et Innovation sont publiés des ouvrages d’économie industrielle, financière et du travail et de sociologie économique qui mettent l’accent sur les transformations économiques et sociales suite à l’introduction de nouvelles techniques et méthodes de production. L’innovation se confond avec la nouveauté marchande et touche le cœur même des rapports sociaux et de leurs représentations institutionnelles. La sérieL’économie formellepour objectif de promouvoir l’analyse des a faits économiques contemporains en s’appuyant sur les approches critiques de l’économie telle qu’elle est enseignée et normalisée mondialement. Elle comprend des livres qui s’interrogent sur les choix des acteurs économiques dans une perspective macroéconomique, historique et prospective. Dans la sérieLe Monde en Questions sont publiés des ouvrages d’économie politique traitant des problèmes internationaux. Les économies nationales, le développement, les espaces élargis, ainsi que l’étude des ressorts fondamentaux de l’économie mondiale sont les sujets de prédilection dans le choix des publications. La sérieKrisisa été créée pour faciliter la lecture historique des problèmes économiques et sociaux d’aujourd’hui liés aux métamorphoses de l’organisation industrielle et du travail. Elle comprend la réédition d’ouvrages anciens, de compilations de textes autour des mêmes questions et des ouvrages d’histoire de la pensée et des faits économiques. La sérieClichésété créée pour fixer les impressions du monde a économique. Les ouvrages contiennent photos et texte pour faire ressortir les caractéristiques d’une situation donnée. Le premier thème directeur est : mémoire et actualité du travail et de l’industrie ; le second : histoire et impacts économiques et sociaux des innovations. La sérieCours Principauxcomprend des ouvrages simples, fondamentaux et/ou spécialisés qui s’adressent aux étudiants en licence et en master en économie, sociologie, droit, et gestion. Son principe de base est l’application du vieil adage chinois : « le plus long voyage commence par le premier pas ».
INTRODUCTION Aucun autre grand pays n’a autant besoin d’une économie d’entrepreneurs que la France, tant sur le plan économique que social ou même psychologique. Peter Drucker La France, qui n’aime guère ses entreprises – et encore moins ses entrepreneurs - a pourtant donné naissance à celui de ses grands économistes classiques qui a le mieux analysé, très tôt, très jeune, le rôle central des patrons dans le grand concert de la production des richesses. En effet, dès 1803, dans la première édition de son fameuxTraité d’économie politique, Jean-Baptiste Say met en scène de façon prémonitoire ce rouage central de l’économie politique qu’il nomme « entrepreneur d’industrie » et que nous appelons aujourd’hui « chef d’entreprise ». Arrêtons-nous quelques instants sur cette date : 1803. Nous ne sommes qu’au tout début de la grande Révolution industrielle. Elle vient de prendre son essor en Grande-Bretagne mais ne touche pas encore le Continent avec la même intensité : notre pays reste à quatre-vingts pour cent paysan et subit toujours l’influence, même déclinante, de ses économistes physiocrates selon lesquels seule l’agriculture est la mère nourricière des hommes. La France de ce moment pouvait encore avoir comme devise le dernier mot duCandidede Voltaire : « Il faut cultiver 1 notre jardin ! » Malgré tout cela, voici un homme encore jeune – trente-six ans – qui, loin de se laisser séduire par l’atmosphère de son époque, décide de penser à contre-courant et annonce à ses contemporains, avec un bel aplomb, que l’avenir s’appelleraCroissanceéconomique, que son moteur s’appellera Industrie, que sa loi s’appelleraProductionet que le personnage principal de cette nouvelle ère s’appelleraChef d’entreprise. Si Jean-Baptiste Say est en avance sur son temps, il le doit à deux circonstances : un voyage, un livre.
1 Sur les débuts du décollage économique, voir deux ouvrages : Paul Mantoux,La Révolutione industrielle au XVIII siècle, Paris, Génin, 1959 et Rostow,Les étapes de la croissanceéconomique, Paris, 1962, Seuil. Rostow donne les dates approximatives suivantes pour le démarrage économique des principaux pays : Grande-Bretagne, 1783-1802 ; France, 1830-1860 ; Belgique, 1833-1860 ; Etats-Unis, 1843-1860 ; Allemagne, 1850-1873 ; Suède, 1868-1890 ; Japon, 1878-1900 ; Russie, 1890-1914 ; Canada, 1896-1914. Les thèses et les dates de Rostow ont donné lieu à d’abondantes discussions : elles présentent le mérite de fournir des repères intéressants.
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Le voyage, c’est celui qu’il effectue en Angleterre. Il y séjourne de 1785 à mi-1787. Il n’a pas encore vingt ans quand il y découvre avec 2 curiosité et fascination la montée en puissance de la Révolution industrielle. Il écrira plus tard que c’est en Grande-Bretagne que se situait « le 3 levier qui plus d’une fois a soulevé l’Europe ». Le livre, c’estLa Richesse des Nationsd’Adam Smith. Il le trouve en 1789, à vingt-deux ans, dans la bibliothèque d’Etienne Clavière, dont il est 4 alors le secrétaire. Cet ouvrage fondateur qui annonce notre monde contemporain va agir sur lui comme une sorte d’éblouissement intellectuel. Ce sera une révélation. L’ouvrage ne le quittera plus. En 1827, âgé de soixante-ans, il racontera avec émotion, dans une lettre à son frère Louis, cette véritable conversion – le mot n’est pas trop fort – à l’économie : « Depuis trente-huit ans, écrira-t-il, j’étudie l’économie politique, c’est-à-dire depuis le temps où j’étais secrétaire de Clavière, avant qu’il fût ministre : il avait un exemplaire de Smith qu’il étudiait fréquemment ; j’en lus quelques pages dont je fus frappé, et aussitôt que je le pus j’en fis venir 5 un exemplaire que j’ai encore. » L’enthousiasme de Jean-Baptiste Say pour Adam Smith est tel qu’il veut le faire connaître en France au risque – ce qui n’a pas manqué - d’être réduit par ses détracteurs au rôle subalterne de « vulgarisateur », autrement dit de duplicata français du grand Ecossais. « Jean-Baptiste Say, souligne Edgard Allix, est une victime d’Adam Smith. A force de ne voir en lui que le vulgarisateur de laRichesse desnations on a fini par oublier la valeur originale et la portée de son œuvre, 6 dont la signification historique est pourtant considérable. » Insistons tout de suite sur l’exceptionnelle situation historique dans laquelle va se trouver le jeune Jean-Baptiste Say : entre dix-huit et vingt-deux ans, il va découvrir deux immenses événements : la Révolution industrielle anglaise et la Révolution politique Française. Il participera même à cette dernière en s’engageant dans les troupes qui vont combattre à Valmy. Deux révolutions dont il va épouser, développer, diffuser les idées, et qui vont en faire une sorte d’éclaireur des temps nouveaux.
2 Jean-Baptiste Say est né à Lyon le 5 janvier 1767. 3  Jean-Baptiste Say,Cours d’économie politique et autres essais, présentation par Philippe Steiner, Paris, 1996, GF-Flammarion, p.49. 4  Etienne Clavière était né à Genève en 1735 et s’était fixé à Paris. En 1789, il est administrateur-gérant de la Compagnie d’assurances sur la vie et, aussi, l’un des rédacteurs du Courrier de ProvenceMirabeau, ce qui lui permettra d’introduire Say dans le milieu de journalistique. Ministre des Contributions dans le ministère girondin en 1792, Clavière sera arrêté, emprisonné et se suicidera dans sa cellule en décembre 1793. 5 Œuvres diverses de J.B. Say, Paris, Guillaumin, p.545. 6  Edgard Allix,J.B. Say et les origines de l’industrialisme, Revue d’économie politique, numéros d’avril et mai 1910.
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Par sa formation, par ses origines protestantes, par son attrait pour l’Angleterre, par ses lectures, par son implication dans la Révolution française, par sa famille versée dans le négoce donc ouverte sur le monde extérieur Jean-Baptiste Say est l’héritier du siècle des Lumières, dans la lignée de Bacon, Locke, Condillac, Condorcet. Mieux : il sera l’incarnation exemplaire dans tous les domaines des idées de 1789, que l’on peut résumer en quatre mots, liberté, propriété, sûreté, égalité. Promotion de toutes les libertés, respect des propriétés, établissement de la sûreté par les garanties individuelles, égalité de tous devant la loi : ce seront aussi, pour lui, les premières conditions – juridiques – du développement économique. On verra dans les pages qui suivent comment, à partir de ces principes, il entend libérer son entrepreneur de l’emprise de l’Etat, le dégager des entraves de la règlementation, le soulager du poids des bureaucraties, le préserver de la grêle des impôts. Adossé à ces principes, il va combattre contre toutes les formes de despotismes et toutes les variétés de despotes. Despotismes de l’esprit qui ont noms « préjugés », « superstitions », « routine », « systèmes ». Trop longtemps, ils ont enfermé la pensée dans les bastilles de la Tradition et bloqué l’expansion économique. Rappelons ici, comme exemple le plus éclatant en économie du rôle néfaste des « préjugés », le sort réservé au prêt à intérêt. Sa condamnation fut prononcée par la quasi-unanimité des philosophes, moralistes, théologiens, ce qui eu pour conséquence de lancer l’anathème contre cette pratique pendant plusieurs siècles. Après avoir été interdit en 789, ce n’est qu’en octobre 1789 que ce « levier de la richesse », pour reprendre l’heureuse expression de Léon 7 Faucher, fut rétabli et remis à la disposition des agents économiques. Après mille ans de proscription. Quant aux despotes de la politique, nous aurons l’occasion de raconter comment Jean-Baptiste Say deviendra la victime de Bonaparte parce qu’il refusera avec fermeté de réécrire plusieurs chapitres de sonTraité sous la dictée impérieuse du premier Consul. Insistons sur ce point : Jean-Baptiste Say sera, en tout et toujours, l’incarnation exemplaire de 1789, autrement dit de cette Révolution française issue du siècle des Lumières et qui constitue, selon le professeur François Crouzet, « un moment de rupture libérale décisive dans l’histoire 8 économique de la France ».
7  Sur l’histoire du prêt à intérêt voir l’article de Léon Faucher dansDictionnaire del’économie politique, sous la direction de Charles Coquelin, Paris, Guillaumin, 1842, tome 2, p.953. 8 François Crouzet,La logique libérale de la Révolution française, conférence faite à Euro 92, accessible par internet sur le site d’Euro 92.
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