L Eloquence de l Arbre
130 pages
Français

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L'Eloquence de l'Arbre , livre ebook

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Description

Moi, je les comprends pas! Ils bougent toujours et c'est jamais pareil. Des fois dans le noir, je vais les voir... je m'approche, mais j'ai peur. Alors, j'ai un plan! Avance saccadée contre le mur – à droite, à gauche, un coup en haut, un autre en bas, et puis, j'arrive finalement près de la tête et les poils gras et longs. Je grimpe sur la passerelle glissante du métal froid et saute sur la toile blanche. Je suis tout à côté maintenant – ça sent, c'est chaud et ça fait un peu du bruit comme la rue. J'inspecte, fais le tour – touche-à-tout, je monte sur la chair molle et collante, je me démène au milieu des poils, suce un peu, et après... je m'en vais – sens inverse, retour à mon carreau, plus lisse, plus net. Leur atmosphère peut être onirique et les situations relever de l'anticipation, les textes peuvent vibrer d'une inquiétante étrangeté ou bien développer des traits très camusiens... les nouvelles d'E. Martin n'en demeurent pas moins majoritairement unies par ce décalage – voire cet abîme – qui existe entre voix narrative et civilisation. Un recueil qui nous tend un troublant miroir – moins déformant que déformé – de nous-mêmes.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 juin 2013
Nombre de lectures 17
EAN13 9782342008586
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait










L’Éloquence
de l’Arbre Éric Martin








L’Éloquence
de l’Arbre














Publibook Retrouvez notre catalogue sur le site des Éditions Publibook :




http://www.publibook.com




Ce texte publié par les Éditions Publibook est protégé par les
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14, rue des Volontaires
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IDDN.FR.010.0118499.000.R.P.2013.030.31500



Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Publibook en 2013


« Notre vie est un voyage
Dans l’hiver et dans la Nuit,
Nous cherchons notre passage
Dans le Ciel où rien ne luit. »
Chanson des Gardes suisses, 1793.
Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit, 1932.



« La carte n’est pas le territoire. »
Alfred Korzybski, Science & Sanity, 1933.



Sommaire






L’Éloquence de l’Arbre....................................... 11
Le jeune premier.................................................. 23
Introduction au sentiment neuf............................ 37
Un jeune homme sans âge ................................... 49
Une vie ordinaire ................................................. 77
Lui ....................................................................... 83
La dune................................................................ 89
Rituel d’une arme feinte ...................................... 95
Laora de la procession passagère....................... 111
1476................................................................... 125

9


L’Éloquence de l’Arbre



« Tous les arbres contiennent soit
de la chaleur soit du froid, comme les
herbes. Toutefois, certains arbres sont
plus chauds que les autres, certains
plus froids, parce que certains
contiennent plus de chaleur que les autres
qui sont chauds, et certains plus de froid
que ceux qui sont froids. »
Hildegarde de Bingen,
e
Le Livre des subtilités des créatures divines, XII siècle.


La mer…
J’étais face à la mer. Une allumette entre les
doigts… éteinte… consumée… jusqu’à ce qu’il
n’en reste plus rien que ce brin de noir tordu…
pitoyable. Aussi… tellement de remous –
d’agitation – pour en arriver là. La frénésie et le
dépit mêlés en une grappe d’aventures. Tout un
voyage… une révélation ! Le vent du large l’avait
soufflée. Sans effort. Simplement.
* * *
11 Que je dise tout de même – maintenant que le
temps a passé, tout le ridicule tragique de cette
combustion de l’interne… depuis bien essoufflée.
Le feu du fonds… sournoisement tapi.
Sans dire mot. J’avais entendu un bruit par
làbas… tout en haut. Loin ! Le son étrange d’un
soupirail sur la rue. Un souffle. Pourtant un
quartier calme ! Une cave, pensais-je. Et
maintenant, je descendais… scendais… endais…
tournais en rond dans ce donjon souterrain… 297
marches absurdes ! Au moins 30 mètres !
Un couloir s’enfonçait vers une obscurité
malade de ses folles araignées et de mille autres
monstres. J’avançais malgré tout, prudemment,
lentement, les bras tendus en doigts qui tâtonnaient
en vain. Une faible lueur semblait se promouvoir
dans l’abîme et m’attirait… tirait vers elle. L’œil
accoutumé, je marchais… marchais longuement…
la distance. Un territoire !
Des heures passées à scruter, dériver, tourner à
droite, à gauche, sans raison, sinon la force… un
picotement du bas-ventre et un échauffement dans
la tête. L’air était âcre et plein d’un incendie secret.
La lumière diffuse envahit alors pieusement un sol
de terre meuble… puis des torches de flammes
férocement agrippées aux murs vacillants d’une
suie de velours.
Finalement j’y étais… à l’ombre pourpre du
passage obstrué. Cette odeur… la chaleur portée
par une brise torride et vivante ! Tenture écarlate
voilant des hauts fourneaux à travers une main. Un
arbre…
12 Il y avait un arbre flamboyant, tout d’or et de
sang revêtu, qui se tenait droit devant moi, à cet
aboutissement d’un cercle sans l’issue… prisonnier
de ses pierres grinçantes, mouvantes sous le soleil
décharné, acharné. L’arbre avec ses racines
enfiévrées plongeant dans la terre… une motte, une
butte comme la tombe communicante. Devant
lui… tout proche… le brasier des branches
innombrables, tel des feux follets aux bourgeons,
inondait ma raison des pages d’un livre en fusion.
Doucement… lentement comme jamais encore,
je sentis grimper en mon extrémité la délicate
essence de la ferveur ambiante. Le temps
évanoui… départi du jugement, silhouettante
vapeur montait du bois vermeil – primordial – en
un souffle puissant, suffocant, pénétrant jusques au
fond. Je sentais aux ramifications les effluves
d’une étreinte non désemparée, lascive…
émanation durable. Je baignais dans les bras d’une
forme sans le nom… visage reposant sur la juste
alluvion… champ clos de son giron de braise.

Chaleur… pluie des glaciers… déjà la nuit.
Encore ! L’heure illuminée d’implacables chiffres
écarlates, je savais ! Incursion du réel… je savais !
Réveillé sur le lit moite, tout habillé de froid, la
fenêtre ouverte… me lève maladroit et frissonnant
des dents. Me rapprochant hardiment de la
sournoise banquise, je contemple… le frimas du
matin. Le spectacle baroque de l’aube naissante me
renversa la tête. Le jour fantomatique colorait
étroitement la place vierge de mouvement et de cri.
13 Image saisissante d’un monde endormi, peut-être
mort… débarrassé de la vie.
Partir… Les arbres mouillent debout parmi les
nuages du ciel et prêtent jalousement à l’abandon
le plus complet devant les branches silencieuses se
remuant délicatement sous le vent calme et
passionné. Le vent pécheur d’une mer sans
famille… désespérément vide. Je sais !

Plus le quartier, plus la rue, plus pareil. Partir !
Arrivé aux bouches le 7 en bateau. Un soleil à
faire bouillir la cervelle me poursuivait depuis déjà
trop longtemps dans la baie – et même avant,
lorsque je posai enfin le pied, voilà un siècle
semblait-il, sur un sol fier et bien à lui : São Puta !
On peut pas dire que les gens qui n’étaient pas
là savaient que j’allais venir. N’importe où, le
même absentéisme. L’exubérance des cartes
postales m’avait trompé en somme. On ne se méfie
pas. Tous des sournois !
J’avais choisi, doigt sur la carte… le
baroudeur ! Pas des manières pour accueillir !
Moi ! L’Homo peregrinabundus… La distance
d’une traite ! Un exploit ! La récompense… une
mission incertaine, vague, déjà perdue… presque
une brume. Seulement voilà ! La même
indifférence… sans les vautours. Un autre genre.
Plus reposant. Ça frappe ! Le plaisir… où on le
trouve !
Toujours fidèle, le commandant à la barcasse
continuait de discutailler avec son unique passager.
Ça change aussi… allure de riche. Un baragouin
14 mi-portugais et indigène, pensais-je, où se
glissaient le long du flot, bribes d’anglais, français
et espagnol. Un polyglotte en fait, à sa manière,
bien pratique. Charabia haut en couleurs,
accompagné de force gestes que je reprenais en
singeant à qui mieux mieux. Sans rien comprendre,
les mains ça fait tout… langage universel…
prolongation de la cervelle. Pas tous en verve de
politique. Le bois ici, il est ailleurs… partout !
Tout de même, il me réclamait du papier avec
entête. Le reste de son dû. C’était convenu. Ce qui
l’était moins – en me postillonnant sur les
carreaux, c’était qu’il en

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