Cormenin, apôtre du suffrage universel
148 pages
Français

Cormenin, apôtre du suffrage universel , livre ebook

-

148 pages
Français

Description

Cet homme, quasiment méconnu, a joué un rôle d'importance dans l'histoire de notre pays et de l'humanité. Juriste, il est le père de la jurisprudence de notre droit administratif. Pamphlétaire, il est l'un des rares journalistes français à avoir fait chuter un gouvernement. Président de la Commission de Constitution en 1848, c'est lui qui a rédigé l'article premier de la Constitution qui donne le suffrage universel à la France...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2012
Nombre de lectures 52
EAN13 9782296479555
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Cormenin, apôtre du suffrage universel
1848, la république en marche vers la démocratie

DU MÊME AUTEUR

De la poésie au théâtre, les cloches sonnent rouge,Éditions Pierre-Jean
Oswald, 1974
Changer d’avis, changer l’avenir (biographie de Victor Janody),Éditions Le
Courrier de l’ain, 1991
Comprendre la presse(essai), Éditions de la Chronique Sociale, 1995
Au théâtre, citoyens(essai), Éditions Le temps des Cerises, 2003
Échos du coeur et des combats(Poésie), L’Harmattan Éditions, 2009

© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-55819-9
EAN : 9782296558199

Jean-Jacques COLTICE

CORMENIN,
APÔTRE DU SUFFRAGE
UNIVERSEL

1848, la république en marche vers la démocratie

L’Harmattan

AVANT-PROPOS

Le suffrage universel est la plus belle conquête populaire. La
manière dont il est appliqué mesure le degré de liberté dont
jouissent les citoyens des pays qui en ont adopté le principe.
Malheureusement, sa proclamation ne constitue pas, à elle seule, un brevet
de démocratie. Bien des questions à son sujet sont encore
fréquemment posées, un peu partout dans le monde ; et dans notre pays.
C’est en février 1848, il y a plus de 160 ans, que le peuple
de Paris l’a imposé dans la rue. Depuis cette date, les
réquisitoires contre les révolutionnaires qui firent tomber
définitivement la monarchie enFrance n’ont guère été nombreux. Le
symbole et la pratique sont trop puissants. Quelques «
spécialistes » pourtant, se sont cependant essayés à dénigrer, souvent
de façon péremptoire, l’œuvre des constituants d’alors.
Les accuser d’avoir réaliséune mauvaise rédaction est
mener contre eux un bien mauvais procès. Ils ont
indéniablement raffermi les doctrines républicaines. Les reproches
adressés auPrésident de la Commission de Constitution, Louis
Marie de Lahaye de Cormenin sont dans ces conditions
dérisoires. Aufil des siècles il est facile de répéter certains
reproches. Aujourd’hui seulement, l’on sait à quel point il eût
fallu moins de précipitations et plus de sagesse à
l’accomplissement d’une œuvre historique aux conséquences si
considérables. Les constituants ne l’ont-ils pas bien conduit, pourtant ?
Et par quel aveuglement Cormenin est-il étrangement absent
de la plupart des ouvrages d’histoire qui traversent cette époque
aussi importante de notre Histoire ?

7

Son parcours, entre opportunisme et provocation, de
l’aristocrate auplébéien, dumonarchiste aurépublicain,
dupamphlétairevolontairement imprécis aurédacteur rigoureuxdes lois,
dupromoteur absoluaucritique intransigeant de « sa »
constitution, a sans doute dérangé ses contemporains, et les historiens
de son siècle. Leurs disciples ont ensuite été abusés par
certaines conséquences de la révolution de 1848 et de la
constitution. La plupart des critiques qui accusent Cormenin d’être le
principal responsable des imperfections de la constitution, ne
résistent pas à l’histoire.
Pour ce qui est de méconnaître le droit, le reproche est
curieux. Cormenin est reconnucomme l’un des « inventeurs » du
Droit administratif français.
Pour ce qui est de subir les événements, d’y participer trop
ardemment, le reproche est totalement fondé. Les analyses et
les engagements parfois contradictoires de Cormenin, poète et
juriste, redoutable pamphlétaire surtout, reflètent les origines
nobles avec lesquelles il n’a jamaisvéritablement rompuen
choisissant le camp républicain.
La tâche de la Commission de Constitution était de fonder
la République pour longtemps. Plus d’un siècle et demi plus
tard, il faut bien admettre qu’elle n’a pas failli. Bien
desvicissitudes ont parfois remis en question le régime démocratique
et en ont réaménagé les bases. C’est la preuve que la faiblesse
des hommes n’est pas aussi condamnable que le peude sagesse
dont ils ont sufaire preuve dans la tempête révolutionnaire. En
tous les cas il est temps d’évaluer l’une et l’autre et de rendre
à chacun sa part de travail et sa part devérité.
Pour ce qui est de Louis de Cormenin, il est temps de cesser
d’ignorer son nom et les bizarreries de son œuvre pour retenir
qu’il fut le Président de la Commission de la Constitution de
1848 qui donna le suffrageuniversel aupeuple français. Il ne

8

manqua guère l’occasion de rappeler à chacun des souverains
qu’il a servis et à chaque élu: « qui t’a fait Roi ? ». Ses
convictions érigées en principe résonnent encore aujourd’hui, alors
que la République est solidement installée. Certaines de ses
mises en garde conserventune actualité, même s’il est
nécessaire d’en modifier l’adresse.
Est-ce à dire qu’avec Cormenin, les audacieuxrépublicains du
siècle avaient déjà deviné certaines fragilités dusuffrageuniversel,
quelques perversions ? Et que, dans la même logique, les
républicains d’aujourd’hui n’ont pas sutirer suffisamment les leçons d’un
siècle et demi d’histoire ? Les reproches que l’on a pufaire aux
Constituants de 1848 paraissent alors d’une inquiétante prétention.
Notre propos n’est ni de relativiser les critiques, ni de
réhabiliter l’œuvre des fondateurs dusuffrageuniversel dans notre
pays. Il est simplement de remettre en perspective certaines
ambitions de ces derniers, et la « justesse » de leurs décisions. Y
compris lorsque celles-ci sont à l’origine de lourdes erreurs.
Pour avoir été théoricien et polémiste à la fois, Cormenin
nous a légué ensemble l’œuvre, sa genèse et les commentaires.
Cela est suffisamment exceptionnel pour que l’on tente de se
saisir de tout ce matériau.
Nous n’avons pas la prétention de faire œuvre d’historien,
principalement soucieuxd’analyser les événements Ce travail
n’est pas dans nos compétences. Il nous paraît préférable de le
suggérer plutôt que de l’entreprendre. Nous nous sommes
attachés à l’homme. Nous avons souhaité mieuxle comprendre
et le faire comprendre, dans le souffle de son temps.
En publiant à nouveau, aujourd’hui,une sélection de certains
écrits de Cormenin, nousvoulons aussi rappeler l’espérance
que soulevait le suffrageuniversel, les débats qu’il provoquait,
les inquiétudes qu’il suscitait : comment tout cela était fondé.
« Le droit devote ne s’use que si l’on ne s’en sert pas ».

9

Nous savons également aujourd’hui que l’abus n’est pas
recommandable et quels sont les points de fragilité.
Tout cela fournit de bonnes raisons de lire et de méditer lavie
et les réflexions de ceuxqui ont ouvert lavoie de la démocratie.
Louis de Cormenin futun de ces grands pionniers.

10

Première partie

Une formidable envie de dire

Dans la règle découvrezl’abus,
Et partout oùl’abus s’est montré,
Trouvezle remède

(Bertold Brecht –L’exception et la règle)

Derrière Timon, Cormenin

« Cent fois on estvenume dire :vous écrivezdoncvos
pamphlets dans l’intérêt d’un parti ? Non. D’une coterie ? Non.
D’un prétendant ? Non. Vous avezdonc àvenger, à satisfaire
quelques ressentiments ? Non. Vousvoulezdonc qu’onvous
donneun grand emploi ? Non. De l’argent ? Non. Des
honneurs ? Non. La paierie ? Non. Quoi ! Rien ? Non. Rien. Eh
bien, tenez-vous alors pour averti que sivousvous entêtezà
dire lavérité à tout le monde,vous aurezcontrevous tout le
monde et d’abord la Cour. Que m’importe ? Le Parlement. Que
m’importe ?La presse. Qu? L’Académie. Qe m’importeue
m’importe ? Vos envieux. Que m’importe ? Et jusqu’à ceuxqui
vous aimaient. Que m’importe ? On ne fera grâce ni àvotre
style. Que m’importe ? Ni àvotre logique. Que m’importe ? Ni
àvos œuvres ? Que m’importe ? Ni àvos intentions. Que
m’importe ? Ni aupeudevotre renommée. Que m’importe ? Etvous
reste

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents