De la valeur-travail à la guerre en Europe
193 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

De la valeur-travail à la guerre en Europe , livre ebook

-

193 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Cet essai veut relancer le débat sur la diffusion manquée du marxisme en France à la veille de la Grande Guerre. Et montrer que si 1914 prend au dépourvu les forces syndicalistes, c'est aussi parce qu'elles renoncent aux outils analytiques du Capital pour adopter le marginalisme. G. Sorel devient ici exemplaire de cette approche privant l'action politique des moyens de traduire les relations internationales en une stratégie capable de s'orienter dans le retard manifeste du capitalisme français.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2011
Nombre de lectures 101
EAN13 9782296714656
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

D E LA VALEUR-TRAVAIL

À LA GUERRE EN E UROPE


ESSAI PHILOSOPHIQUE
À PARTIR DES ÉCRITS ÉCONOMIQUES
DE G EORGES SOREL
C OLLECTION FONDÉE ET COORDONNÉE PAR
É RIC P UISAIS & E MMANUEL C HUBILLEAU


D ANS LA MÊME COLLECTION

Georges SOREL
Œuvres I. ESSAIS DE CRITIQUE DU MARXISME
ET AUTRES ESSAIS SUR LA VALEUR-TRAVAIL


À PARAÎTRE

Jacques D’HONDT
L’IDÉOLOGIE DE LA RUPTURE

Gilles DOSTALER
VALEUR ET PRIX
HISTOIRE D ’ UN DÉBAT


Conception graphique : Aurélien & Emmanuel Chubilleau
Patrick GAUD


D E LA VALEUR-TRAVAIL

À LA GUERRE EN E UROPE


ESSAI PHILOSOPHIQUE
À PARTIR DES ÉCRITS ÉCONOMIQUES
DE G EORGES S OREL


Préface de Gilles DOSTALER
Professeur d’économie
à l’Université du Québec à Montréal


L’Harmattan
5-7 rue de l’École Polytechnique, 75005 Paris
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-13766-0
EAN : 9782296137660

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
PRÉFACE
Gilles Dostaler
Le livre de Patrick Gaud traite de questions en apparence fort éloignées les unes des autres. Le titre mentionne ainsi la valeur-travail et la guerre en Europe. Le sous-titre indique qu’il s’agit d’un essai philosophique sur la pensée économique de Georges Sorel. Nous sommes donc en présence de théorie pure, d’événements historiques très concrets et de la vie et de la pensée d’un homme. P. Gaud a d’ailleurs fait précéder la publication de ce livre d’un recueil d’écrits de Sorel, personnage singulier dont l’œuvre demeure mal connue.
Comme dans une recette réussie, les ingrédients se marient bien, de sorte qu’on dispose d’un ensemble harmonieux. L’évolution de la pensée de Sorel en constitue le fil conducteur, axe qui permet d’atténuer le caractère très abstrait, et à certains égards hermétique, du débat sur la théorie de la valeur de Marx. Et c’est aussi la présence de Sorel qui permet de faire le lien, en apparence improbable, entre cette théorie de la valeur et la guerre.
Je ne suis un spécialiste ni de Sorel, à propos duquel j’ai beaucoup appris à la lecture de ce livre, ni de la Grande Guerre et c’est donc principalement sur la question de la valeur et de la transformation que porteront les quelques commentaires qui suivent. La lecture de ce manuscrit m’a replongé dans un passé lointain, alors qu’entre 1972 et 1975, j’ai exploré en profondeur l’œuvre économique de Marx et la littérature sur la théorie de la valeur et le problème de la transformation des valeurs en prix de production. J’ai rédigé une thèse de doctorat consacrée à l’histoire et à l’analyse de ce débat entre 1867, date de la publication du livre premier du Capital de Marx et 1907, celle de la publication de la « Correction de la construction théorique fondamentale de Marx » du mathématicien russe Ladislaus von Bortkiewicz. Cette thèse a donné naissance à deux livres, publiés en 1978, Valeur et prix : histoire d’un débat {1} , et Marx, la valeur et l’économie politique {2} .


La valeur-travail
Au début du livre premier du Capital , le seul qui fut publié de son vivant, en 1867, Marx affirme que la substance de la valeur est le travail, plus précisément le travail abstrait, défini comme la dépense de la force de travail sans égard au caractère concret de ce travail et aux caractéristiques physiques – la valeur d’usage – de son produit. Il ajoute que sa mesure est le temps de travail socialement nécessaire consacré à la production d’une marchandise. L’expression « socialement nécessaire » renvoie à deux réalités. Le produit du travail doit répondre à un besoin, quelle qu’en soit la nature. On peut vouloir de l’arsenic pour guérir quelqu’un ou pour le tuer. Les besoins peuvent naître d’une nécessité physiologique ou de la fantaisie. Veblen et Galbraith ont expliqué comment les entreprises influençaient et fabriquaient les besoins par la publicité. « Socialement nécessaire » signifie par ailleurs que le temps considéré pour la fabrication d’une marchandise quelconque est le temps moyen requis dans l’ensemble d’une économie et non le temps effectivement dépensé dans une entreprise particulière. Si une entreprise est moins productive que la moyenne, une partie du temps de travail qui y est dépensé l’est en pure perte. Ce travail ne sera pas « validé » par l’échange. Il ne sera pas reconnu comme travail social. Inversement, si l’entreprise est plus productive que la moyenne, elle accaparera par l’échange une quantité de valeur supérieure au temps de travail qui a réellement été consacré à la fabrication de l’objet.
À l’objection en vertu de laquelle non seulement du travail humain, mais aussi des matières premières et auxiliaires, des outils, des machines, des bâtiments, bref des moyens de production, sont nécessaires à la fabrication de toute marchandise, Marx répond que ces moyens de production sont eux-mêmes le fruit d’un travail passé dont la valeur est transmise à la marchandise produite. Ce qu’il appelle le « travail vivant » a donc une double fonction : celle de transmettre la valeur créée par le travail passé, le travail mort, et celle de créer de la valeur nouvelle, ce qu’en langage moderne on appelle la « valeur ajoutée ». Au travail passé, Marx donne le nom de capital constant et au travail vivant celui de capital variable.
Telle est, présentée de manière succincte et simplifiée, la théorie de la valeur-travail. Marx ne prétend pas en être l’inventeur. Il indique qu’on en trouve l’origine dans L’Éthique à Nicomaque , où Aristote explique que, derrière l’échange entre une maison et des chaussures se cache l’échange entre le travail de l’architecte et celui du cordonnier {3} . William Petty, en affirmant en 1662 que la valeur est déterminée par le travail et la terre, et qu’on peut réduire le second facteur au premier, donne la première formulation moderne de la théorie de la valeur-travail et, selon Marx, fonde de ce fait l’économie politique classique. Adam Smith reprend le flambeau en 1776, puis David Ricardo donne à la théorie sa version la plus achevée en 1817. Marx avait beaucoup d’admiration pour l’honnêteté intellectuelle de cet « économiste bourgeois », parce qu’il ne dissimulait pas les antagonismes de classe sur lesquels était fondé le capitalisme. Il estimait toutefois que la théorie ricardienne de la valeur, comme celle de ses prédécesseurs, contenait des failles, dont l’absence de la distinction entre travail abstrait et travail concret ainsi que la confusion entre valeur et prix, et plus-value et profit.


Exploitation et plus-value
De la théorie de la valeur, Marx déduit la théorie de la plus-value, noyau de son explication de l’exploitation capitaliste. La force de travail, la poule aux œufs d’or créatrice de valeur, est une marchandise qui appartient au travailleur, travailleur libre à un double point de vue : il est dépossédé de moyens de production et il est libre de s’engager par contrat à travailler pour le détenteur de ces moyens de production, l’homme aux écus, le capitaliste. La valeur de la force de travail est déterminée par celle des marchandises nécessaires à sa reproduction, c’est-à-dire des biens nécessaires à la subsistance du travailleur et de sa famille. Il ne s’agit pas d’un minimum vital. Marx considère en effet qu’elle inclut une dimension morale et historique ; elle est liée à l’état de la lutte des classes. Mais il se trouve qu’il n’y a pas de rapport entre la valeur de la force de travail qui est louée au capitaliste et le nombre d’heures que le travailleur consacre à l’activité productive, dans l’usine. La forme salariale que prend la rémunération de la force de travail dissimule le rapport d’exploitation qui se révèle plus crûment sous l’esclavagisme ou le féodalisme, système dans lequel le serf travaille un certain temps pour assurer sa subsistance et le reste du temps pour son maître. Le salaire donne l’illusion que le travailleur est payé pour son travail. Il correspond en fait uniquement au temps de travail nécessaire à la reproduction de la force de travail, que Marx appelle le travail nécessaire. C’est le surtravail, effectué au-delà du temps de travail nécessaire, qui prend la forme de plus-value. Le taux de plus-value, rapport entre le surtravail et le travail nécessaire, ou entre la plus-value et le capital variable, mesure exactement l’exploitation du travail par le capital. Prof

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents