Etat Indépendant du Congo 1885-1908 D autres vérités
172 pages
Français

Etat Indépendant du Congo 1885-1908 D'autres vérités , livre ebook

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172 pages
Français

Description

A l'heure où les archives de l'Etat Indépendant du Congo (1885-1908) commencent à être accessibles, l'auteur se propose de revenir sur certains aspects de l'histoire de ce singulier "non-pays". Région abandonnée de façon irréfléchie par les grandes puissances coloniales à Leopold II, roi des Belges, l'Etat Indépendant du Congo va rapidement se montrer beaucoup plus intéressant qu'il n'y paraissait...

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Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2013
Nombre de lectures 32
EAN13 9782336328270
Langue Français
Poids de l'ouvrage 20 Mo

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Extrait

AndréBernard ERGO
L’État Indépendant du Congo 18851908 L’État Indépendant du Congo • D’autres vérités
L’État Indépendant du Congo
1885-1908
D’autres vérités
André-Bernard Ergo
L’État Indépendant du Congo
1885-1908
D’autres vérités
Réponse à Hochschild
Du même auteur aux éditions L’Harmattan Des bâtisseurs aux contempteurs du Congo belge. L’Odyssée coloniale, 2005. L’héritage de la Congolie. Naissance d’une nation en Afrique centrale, 2007. Congo belge. La colonie assassinée, 2009. Congo (1940-1963). Fracture et conséquences, 2011.
© L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-01622-1 EAN : 9782343016221
L’huile du fouet est le meilleur remède contre les crampes dela paresse.  (La Chicotte ?Curieuxproverbeanglais) Lorsque le mensonge et la crédibilité s’accouplent, ils créent ensemble l’opinion. Il n’y a pas de prescription contre la vérité. P. Bayle Au bout de la patience, il y a le ciel.  (Proverbe africain)
Avant-proposNaiei likambo lelo, djambi naoki nkele. Je n’ai pas connu la période coloniale, mais étant arrivé au Congo peu de temps après la date de l’indépendance j’ai pu apprécier l’immense travail qui y avait été réalisé, même dans cette province un peu oubliée de l’Équateur, où j’avais pris mes fonctions sur la route Congo-Nil au milieu de la tribu des“terribles”Budjas. J’avais été formé pour aller exercer mon métier d’agronome dans les pays tropicaux, mais, pour des raisons évidentes, il était impossible, durant la formation professionnelle, d’être également formé aux contacts sociaux nécessaires avec l’ethnie danslaquelle le hasard allait nous faire atterrir.C’est un vieux Budjaperspicace répondant au prénom de Nicolas, capita de mes travailleurs, qui me prendra en amitié et qui se chargera de combler cette lacune. Outre les Budjas, j’avais aussi parmi mes équipes, presque toute la panoplie des principales ethnies présentes dansl’entre Congo-Ubangi, des Gbakas, des Gbandis etquelques Gombes avec lesquels j’essayais de m’entreteniren lingala. Ceux-ci me donnèrent rapidement un totem“Ekoko”, la hache, dont j’eus connaissance très vite, pardes écoliers bavards et par le nombre de fois qu’il était répété lorsque j’approchais d’un chantier. Je n’ai jamais connu la raison de ce totem : peut-être à cause d’une ressemblance avec mon nom, peut-être à cause de la cognée canadienne que j’avais en permanence dans mon pick-up, derrière le siège, en prévision de problèmes sur la route, ou peut-être à cause des 50 hectares de forêt abattus comme premier gros travail ? Un jour, oùje m’étais emporté avec raison mais un peu vivement sur des travailleurs, Nicolas m’avait dit quelque chose qui ressemblait à cela: “ Sila colère te submerge, laisse la se noyer dans le temps avant de réagir! Je me suis souvenu de ce conseil au moment de la parution du livre de Hochschildet des autres et j’ai décidé denoyer mes réactions publique dans le temps et mes réactions immédiates dans la recherche et dansl’écriture de petits textes relatifs à ce que me suggérait le contenu de ces livres. Ce sont ces petits textes rassemblés dans le désordre qui constituent l’essentiel de laRéponse à Hochschild. Je tiens cependant à prendre mes distances vis-à-vis de ceux qui vilipendent la présence et le travail au Congo, des pionniers et de ce qu’ils ont appelé erronnément, plus tard, des colons, lesquels étaient pour la plupart des contractuels que nous appelions plus justement les Belgolais. J’ai vécu, avecnombred’entre eux,les troubles de la rebellion muléliste, la réoccupation armée et la remise en ordre et en
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activité de nos lieux de travail.J’ai pu apprécier alors leur calme, leur détermination et leur amour réel de ce pays. La tension nerveuse était tellement forte que nous avions un congé de 30 jours en Europe, tous les quatre mois.Les pionniers, dans d’autrescirconstances difficiles, notamment les maladies mortelles et la solitude, devaient combattre et vaincre leur stress durant des périodes longues de deux à trois années. J’ai vécu,ces circonstances et dans ces conditions, une pendant expérience particulière. Cinq de mes ouvriers et leur famille avaient vécu un an en forêt pour échapper aux “simbas” et n’acceptaient d’en sortir que pour autant que je sois présent à leur réception.C’est Buchenwald qui est sorti de la forêt, des êtres méconnaissables, maigres, dépenaillés. Une des épouses et trois enfants sur 7 manquaient à l’appel.J’ai été surpris d’être, à cette vue, envahi par une colère et une haine des simbas difficilement contrôlables alors que, comme officier milicien des troupes de reconnaissance, j’avaispourtant été formaté pour garder un self-control en toutes circonstances. Je me suis alors posé la question de savoir de quel droit peut-on juger les dérapages de certains sans connaître les circonstances et les faits qui les ont provoqués ? Jamais je n’ai entendu un Congolais se plaindre de l’époque coloniale et même les plus âgés, qui avaient participé à la récolte du caoutchouc pendant l’effort de guerre, parlaient de cette époque sans aigreur.Il est vrai que, dans la brousse, les Noirs et les Blancs ont toujours vécu ensemble, plus en symbiose que dans les villes et que leurs communications étaient beaucoup plus naturelles et fréquentes. Aussi bien au Congo qu’au Cameroun, les travailleurs dont j’avais la charge m’ont toujours témoigné une très grande amitié.Dans cet autre pays, chez l’ethnie Oroko, les chefscoutumiers du clan des Balonbo ba Diko, en m’initiant notable de leur clan, m’ont témoigné, d’une manière inattendue,bien plus que de l’amitié.J’ai bénéficié des mêmes témoignages des travailleurs bamendas du Cameroun comme des Ibos et Ibibios nigériens. Le lecteur comprend maintenant pourquoi j’ai choisi une hache sur la première de couverture de ce livre :tout d’abord pour partager avec lui cetteremarquable oeuvre d’art, ensuite parce que c’est le nom que les Budjas m’ont donné et enfinpour la symboliquequ’elle représente, confondre les propos fallacieux ! Le manche est un homme sans bras dont le seul moyen de défense est la lame, langue tranchante qui sort de sa bouche, symbolisant la colère (nkanda), la soif de vérité (bosolo) et de justice (bosembo). Ekoko
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L’analyse du passé ne peut être ni dominée, ni étouffée par l’actualité. Ce serait une grave erreur d’expliquerpuis de jugerdes faits et gestes d’autrefois à travers des schémas idéologiques et avec la sensibilité qui prévalent et s’imposent aujourd’hui.Cher Monsieur Hochschild, En 2010, vous êtes venu dans mon pays faire une conférence devant une quarantaine de personnes proches du CADTM (Comité belge pour l’annulation de la dette du Tiers Monde) conférence intitulée les fantômes de Léopold II, dont le texte épousait, dans les grandes lignes, ni plus ni moins que les sujets et les idées de votre livre écrit une vingtaine d’années plus tôt.Vos propos ont cependant dépassé la période 1885-1908 puisque vous évoquiez, au terme de votre conférence, la perception actuelle, que les Belges (certains Belges) ont de leur passé colonial, en leur conseillantd’explorer ce passé,(je vous cite)à fond, honnêtementet en l’explorant avec des chercheurs, des écrivains, des artistes et des cinéastes d’autres pays, car direla vérité doit dépasser les frontières nationales. Je vais m’arrêter sur les qualités de l’explorationdu passé que vous recommandez : à fond et honnêtement; c’est-à-dire, en appliquant,à l’histoire, des termes de justice ; à charge et à décharge (à fond) et ce qui est conforme à la loi morale et aux convenances (honnêtement). Vos propres écrits sont déjà marginaux par rapport à ces deux exigences; vous n’explorez qu’à charge et la loi morale et les convenances qui vous servent de références sont celles d’aujourd’hui, c’est-à-dired’une époquedifférente de celle où se seraient passés les faits que vous mentionnez. Une demi vérité, cela confine déjà au mensonge et la loi morale d’aujourd’hui n’est, ni celle d’hier, ni celle de demain ; soyez rassuré, certains des actes que nous posonsaujourd’hui, dans notre siècle et que nous estimons irréprochables, seront analysés et jugés plus tard aux normes éthiques des siècles futurs. Il y a toujours eu, à la section histoire du Musée de Tervueren, depuis plus d’un siècle, tous les livres accusateurs dont vous vous
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