Histoire de la Fédération des Employés et Cadres
746 pages
Français

Histoire de la Fédération des Employés et Cadres , livre ebook

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746 pages
Français

Description

Le dimanche 23 mai 1869, les employés des grands magasins, à Paris, avec leur Chambre syndicale, se mirent en grève pour avoir un jour de congé hebdomadaire. Ainsi le groupe social des employés a été socialement reconnu. Le présent livre décrit leurs luttes et commémore les 120 ans de la Fédération des Employés et Cadres. Des grèves de 1917 à 2013, c'est le même combat pour l'égalité entre hommes et femmes, pour le progrès et la justice sociale, " pour l'émancipation humaine ".

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2013
Nombre de lectures 29
EAN13 9782336328010
Langue Français
Poids de l'ouvrage 77 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Gérard da Silva
HISTOIRE DE LA FÉDÉRATION DES EMPLOYÉS ET CADRES 18932013 120 ans de luttes pour la justice sociale 18932013
Préface de Serge Legagnoa, Rose Boutaric et JeanClaude Mailly Postface de Marc Blondel
HISTOIRE DE LA FÉDÉRATION DES EMPLOYÉS ET CADRES
120 ans de luttes pour lD MXVWLFH VRFLDOH1893-2013
MOUVEMENT SOCIAL ET LAÏCITÉ
Collection dirigée par Marc Blondel, Gabriel Gaudy, Jean- Marc Schiappa, Jean-Jacques Marie et Gérard da Silva
Volumes publiés :
Gérard da Silva :Histoire de la CGTFO et de son UD de Paris, 1895-2009, 2009
Jean-Marc Schiappa :Une histoire de la Libre Pensée, 2011
e Pour la défense de la Révolution française, 1789-2009, 220 anniversaire (dir : J-M Schiappa), 2012
Gérard da Silva
HISTOIRE DE LA FÉDÉRATION DES EMPLOYÉS ET CADRES
120 ans de luttes pour lD MXVWLFH VRFLDOH1893-2013
Préface de Serge Legagnoa, Rose Boutaric et Jean-Claude Mailly
Postface de Marc Blondel
© L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-01511-8 EAN : 9782343015118
PRÉFACE
e Le 54 Congrès de la Fédération des Employés et Cadres FORCE OUVRIÈRE, qui se déroule en 2013, est marqué par la célébration de ses "120 ans". À cette occasion, nous avons souhaité retracer son histoire, tâche immense et sacrée gageure… Une gageure, car à une époque où le superficiel est roi, où les évènements se succèdent comme un clou chasse l’autre, où l’économie présentée comme une science exacte tend à être imposée à la démocratie et aux principes républicains, vouloir écrire l’histoire complète du mouvement syndical des employés et des cadres peut paraître étonnant. Bien au contraire, il s’agit de poser un regard précis sur ce qui a façonné cette histoire, notre histoire, ainsi que sur ceux qui ont élaboré les droits collectifs et individuels des employés et des cadres de notre pays. Qui ne connaît pas son passé comprend mal son présent et envisage plus difficilement l’avenir.  C’est aussi une manière de s’arrêter sur ce qui fait la valeur de l’être humain à l’opposé de la seule valeur marchande qui tend à tout corrompre. C’est montrer qu’il y a encore et toujours des femmes et des hommes pour qui les valeurs de solidarité, d’égalité, de justice ne sont pas de vains mots, mais doivent et peuvent être traduits en actes au quotidien. Le résultat de ces engagements et de ces luttes est toujours présent : le repos dominical, l’égalité Homme-Femme, le droit aux Prud’hommes, l’instauration de la Sécurité Sociale, des régimes de retraite complémentaire, de l’Assurance chômage, sans parler des nombreuses conventions collectives de branche, ont été obtenus grâce aux actions déterminées de notre Fédération. Évidemment, rien n’est acquis, et les temps difficiles que nous vivons montrent qu’il ne faut jamais baisser la garde, toujours se battre pour préserver les acquis sociaux et en gagner de nouveaux. C’est donc aussi un message d’espoir.  À la lecture de ce livre, chacun constatera que nombreux sont les sujets du passé qui restent d’actualité. L’autre raison qui prévaut à la rédaction de l’histoire de notre Fédération est la nécessité de ne pas laisser la plume à de pseudo historiens, sans méthode, plus enclins à salir tout ce qui touche au syndicalisme en général, et au syndicalisme indépendant, donc à Force Ouvrière, en particulier.  Cet ouvrage se veut complet, précis et documenté. Chaque fait est étayé et renvoie à une référence officielle et vérifiable. Cela ne fait
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que renforcer le caractère historique et indéniable des faits qui y sont rapportés, bien loin de certains amalgames malveillants écrits ici ou là. Le syndicalisme indépendant est une richesse pour l’humanité. Il porte en lui des valeurs qui lui permettent de traverser l'histoire la tête haute, y compris pendant les périodes les plus sombres.  Enfin, nous tenons à saluer et à souligner le long travail de recherche et d’écriture qu’a mené notre camarade et ami, Gérard Da Silva, ayant toujours à cœur d’être fidèle, précis et rigoureux dans sa rédaction.  À une époque où d’autres organisations syndicales continuent à jouer un rôle politique au sens partisan ou entendent être cogestionnaires des entreprises ou de l’État, voire colégislateurs, il est primordial de rappeler que toute l’action des militants de la Fédération des Employés, devenue ensuite des Employés et Cadres, a été de lutter contre toute soumission et de défendre coûte que coûte l’indépendance syndicale et la liberté de comportement. C’est aujourd’hui encore l’une des raisons d’être de FORCE OUVRIERE.
Serge LEGAGNOA Secrétaire général de la FEC FO
Rose BOUTARIC Ex Secrétaire générale de la FEC FO Trésorière Confédérale
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Jean-Claude MAILLY Secrétaire général de la Confédération Générale du Travail FO
Introduction
Ce livre est l’histoire de la Fédération des Employés et Cadres, fondée en 1893, avant même la CGT, fondée en 1895. Il est publié pour ses 120 ans, alors que la FEC demeure la principale Fédération dans son domaine de représentativité. Ce qui représente des recherches d’archives sur 120 ans, à commencer par celles de la FEC, pratiquement complètes, de 1894 à nos jours ; continuité assurée par le fait que la même orientation syndicale y a été toujours majoritaire, y compris lors des scissions de 1922 et 1947. Mais le livre, entendant restituer toute l’histoire de la constitution des employés, en tant que groupe social, organisé comme tel, commence avec leur première chambre syndicale, en 1869, et leur première reconnaissance publique, la grève du dimanche 23 mai 1869, pour ne pas travailler le dimanche. Ce sont les Archives de la préfecture de police qui ont été le plus mises à contribution pour cette partie ; la série F 7 des Archives Nationales 1 étant plus globalement consultée . De sorte que, de 1869 à 2013, hormis pour la difficile époque de la Première Guerre mondiale, c’est une reconstitution chronologique, quasi année après année, qui est donnée, dans une forme qui s’apparente à des annales et non au genre commémoratif. Au plan méthodologique, la restitution des faits dans leur chronologie est fondamentale et permet, sur la « longue durée », de mettre en évidence des données récurrentes significatives et des novations éventuelles, plus rares. Il s’agit, aussi, de donner la parole, le plus souvent, aux acteurs et actrices du mouvement syndical (en confrontant parole et pratique effective) ou aux documents d’archives et non de privilégier le commentaire. Comme l’entendait l’école des Annales, il n’y a pas de hiérarchie au regard de l’Histoire, et 150 ans d’histoire, du point de vue des employés, éclairent différemment, mais tout autant, que le point de vue des gouvernements ou de ce qu’il est convenu d’appeler les « élites ». Dès lors qu’un processus est restitué,« les hommes ne sont pas dans les catégories sociales comme des 2 billes dans des boîtes » ,comme risquait de le faire une approche seulement quantitative. Il en est ainsi sur plusieurs générations et c’est la confrontation de la parole et de l’action des employés constitués en groupe social devenu visible, par son unité revendicative, à compter de 1869, qui en permet la restitution : «si l’objet d’analyse est à construire, et s’il ne doit pas être enfermé dès l’origine dans des catégories a priori, c’est la démarche même 3 de la recherche qui le porte au jour et l’explicite» .
1  Pour des raisons de commodité d’identification les références d’archives et à la presse syndicale sont intégrées dans le texte ; les autres références étant en bas de page. 2 Bernard Lepetit,Les formes de l’expérience Une autre histoire sociale(dir.), p.13, Albin Michel, 1995 3 Bernard Lepetit,Les villes dans la France moderne, p.17, Albin Michel, 1988
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La période de Vichy, avec trois responsables de la FEC signataires du Manifeste du Syndicalisme français, dès le 15 novembre 1940, contre l’occupant et son régime satellitaire, démontre combien est factice toute hiérarchie sociale a priori. Tandis que la Confédération Générale du Patronat Français fit le choix de la collaboration, au point, en 1944, de ne pouvoir se reconstituer (contrairement à la CGT) et de devoir attendre juin 1946, sous le nom de CNPF. Ainsi est constitué un « ensemble » cohérent et systématique, sur 150 ans. Ce qui réduit d’autant la part de subjectivisme et permet de ne pas masquer l’inévitable engagement de tout auteur, aux antipodes du mirage du « juste milieu », comme d’un hypocrite « apolitisme »…Ce qui importe, c’est la méthode, à l’encontre de la prétendue « histoire des idées », où des connexions arbitraires, voire inventées, sont proposées, et sans aucune démonstration que cela est attesté dans les faits, chronologiquement compris (du type, qui a été publié, de Rabelais en idéologue fondateur de la « purification ethnique », ou Baudelaire, traducteur de Poe, transformé en chantre de « l’antiaméricanisme » !)…La relation constante entre le propos tenu et la pratique sociale avérée, dans la chronologie restituée, est le devoir de l’historien à l’opposé de ce type de sensationnalisme infondé. En revanche, si des éléments sont reconnus constants, c’est avec la plus grande probabilité…En ce sens, l’exemple, le plus évident, c’est bien le combat pour ne pas travailler le dimanche, dès mai 1869 (acquis en 1906), et avoir deux jours de repos consécutifs, obtenus en 1937 ; c'est-à-dire, pour les employés, avoir des conditions de travail et de vie qui ne soient ni la misère, ni l’indignité. Et, pour le patronat, dès octobre 1869, de faire échec à cette demande, d’obtenir, depuis 1906, des remises en cause de la loi de 1906 interdisant le travail du dimanche ; comme d’obtenir, en 1997, la remise en cause du décret de 1937 sur les deux jours consécutifs. Il en est ainsi, que la situation économique soit bonne ou mauvaise, tant l’essentiel et le déterminant et le constant, c’est la nature de la relation entre les groupes sociaux. Une autre constante, c’est la collusion du patronat et des gouvernements, sauf exception, et ce en dépit des résultats électoraux… Les uns revendiquent la justice sociale, au nom du principe d’égalité contre tout dumping social et fiscal et pour un cadre collectif du progrès social. Alors que la minorité possédante entend détruire toute législation sociale pour bénéficier, bafouant l’égalité devant la loi, de privilèges et d’exceptions, tant sur le plan fiscal que social, et pour un retour à l’état de la législation sociale d’avant le Code du travail…Le prétexte (« concurrence », « compétitivité », selon les temps et les modes) de la remise en cause du de la législation sociale, à toute époque, signifie bien, qu’avant d’être économique, la raison en est idéologique. Si le libéralisme, idéologie née à l’époque de l’Ancien Régime (avec A. Smith- lequel voulait néanmoins contrôler la classe des rentiers), est aujourd’hui revenu à la mode, c’est bien pour détruire toute égalité dans les relations entre groupes sociaux, et revenir
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à un système avec une caste (actionnaires et patrons, avec la cléricature médiatique et intellectuelle à son service) bénéficiant de privilèges et des travailleurs sans droits ; tout comme durant l’Ancien Régime, qui le vit naître. Revenir au travail à la tâche (en lieu et place du contrat de travail à durée indéterminée), ce n’est pas « innovant », ni « moderne », c’est revenir à l’article 1780, lequel affirmait qu’il n’y a qu’un seul type de contrat de travail : « on ne peut engager ses services qu’à temps ou pour une entreprise déterminée ». Ceci était dans une Section intitulée « Du louage des domestiques et ouvriers », avec cet unique contrat dit de « louage », excluant tout contrat à durée indéterminée. La marginalisation de l’article 1780 e prendra tout le 19 siècle au mouvement ouvrier, pour voir son périmètre réduit à la Section « Du louage de service ». Ce qui fait que l’Art. 1780 est devenu : « On ne peut engager ses services qu'à temps, ou pour une entreprise déterminée. Le louage de services, fait sans détermination de 4 durée, peut toujours cesser par la volonté d'une des parties contractantes » . Son abrogation pure et simple serait, néanmoins, souhaitable, tant la prolifération du temps partiel et de l’intérim vont dans le sens du retour à la généralité de l’article 1780, sans le dire. Tel est le sens du combat syndical. Au demeurant, certains ultras du libéralisme, dont le programme n’est pas économique, mais antidémocratique, vont jusqu’à nier le « droit au travail », pourtant inscrit depuis l’Édit, proposé au lit de justice du 12 mars 1776, par Turgot:«Dieu en donnant à l’homme des besoins, en lui rendant nécessaire la ressource du travail, a fait, du droit de travailler, la propriété de tout homme ; et cette propriété est la première, la plus sacrée et la plus imprescriptible de toutes». Revenir à une société non - démocratique et de type oligarchique est la véritable « passion » de ces ultras, avec son cortège de liquidation de droits sociaux des travailleurs, dont le programme 2012 du Medef,Besoin d’Aire, se veut le plus récent bréviaire. Or c’est depuis la Cité grecque, à tout le moins, qu’existe l’opposition de deux conceptions de la société: la démocratie ou l’oligarchie. Le retour actuel de cette dernière, par destruction de la démocratie, s’opère, de manière privilégiée, par le transfert des compétences des gouvernements et parlements à des instances non élues. Et, dans le même temps, par une prétendue « rigueur » à sens unique, dans le domaine social, contre le monde du travail, et qui prend grand soin de protéger la caste des actionnaires majoritaires des multinationales, fonds de pension et banques. e La lutte du syndicalisme, fondé au 19 siècle, contre le libéralisme alors dominant pour changer la nature de la relation entre les groupes sociaux (la première loi sociale, limitant le travail des enfants, datant de 1840), ne peut pas ne pas se poursuivre afin de ne pas revenir aux inégalités sociales dramatiques de cette époque…Et ce, d’autant plus que l’échec du libéralisme est constant, depuis la faillite de Law en 1715, comme en 1929, ou avec les 4 Code civilde 2013
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