L Algérie entre totalitarisme & populisme
224 pages
Français

L'Algérie entre totalitarisme & populisme , livre ebook

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Description

L'auteur décrit les événements et situations après la révolte des jeunes de 1988 qui a abouti à un multipartisme de façade. Guerre civile sans nom, coup de force de janvier 1992 laissent la place ensuite à l'instauration d'une période transitoire illimitée et à une instabilité qui ne fait que délégitimer le régime en place. L'auteur dresse un bilan pessimiste. Selon lui, l'Algérie n'est pas prête de se relever, à moins d'un projet de société progressiste et moderne clairement défini.

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Date de parution 15 janvier 2016
Nombre de lectures 10
EAN13 9782336401980
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

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Extrait

SAÏDCHIBANE
L’Algérie entre totalitarisme & populisme La fausse ouverture ou l’heure des illusions/désillusions
Tome 2
Histoire et Perspectives Méditerranéennes
L’Algérie entre totalitarisme & populisme La fausse ouverture ou l’heure des illusions/désillusions
Histoire et Perspectives méditerranéennes Collection dirigée par Jean-Paul Chagnollaud Dans le cadre de cette collection, créée en 1985, les Éditions L'Harmattan se proposent de publier un ensemble de travaux concernant le monde méditerranéen des origines à nos jours. Déjà parus Saïd CHIBANE,L’Algérie entre totalitarisme & populisme, Le temps du parti unique, tome1,2016 Pascal CYR,Égypte, la guerre de Bonaparte, 2015 Philippe GAILLARD,Génération Algérie: Mémoire d'un quidam, 2015 Mustapha ARIHIR,Les relations extérieures franco-algériennes à l’épreuve de la reconnaissance, de 1962 à nos jours, 2015. Chadia CHAMBERS-SAMADI,Répression de manifestants algériens, 2015. Mohammed Anouar MOGHIRA,?. Les atouts, lesL’Égypte en marche espoirs et les défis (1952-2015), 2015 Mohamed HARAKAT, Les paradoxes de la gouvernance de l’État dans les pays arabes,2015.Mohammed GERMOUNI, Le protectorat français au Maroc.Un nouveau regard,2015.Guillaume DENGLOS,La revueMaghreb(1932 - 1936).Une publication franco-marocaine engagée,2015. Michel CORNATON, Nelly FORGET et François MARQUIS,Guerre d’Algérie, ethnologues de l’ombre et de la lumière,2015. Saïd MOURABIT,L’économie politique de la production législative au Maroc, 2015. Raymond NART,Histoire intérieure de la rébellion dans les Aurès, Adjoul-Adjoul, 2015. Fawzi ROUZEIK, LeGroupe d’Oujda revisité par Chérif Belkacem, 2015. Geneviève GOUSSAUD-FALGAS,Le Consulat de France à Tunis aux e e XVII et XVIII siècles, 2014. Frédéric HARYMBAT,Les Européens d’Afrique du Nord dans les armées de la libération française(1942-1945), 2014. Maurizio VALENZI,J’avoue que je me suis amusé, Itinéraires de Tunis à Naples, 2014. Mustapha BESBES, Jamel CHAHED, Abdelkader HAMDANE (dir.), Sécurité hydrique de la Tunisie. Gérer l’eau en conditions de pénurie, 2014.
Saïd CHIBANE L’Algérie entre totalitarisme & populisme La fausse ouverture ou l’heure des illusions/désillusions Tome 2
© L'HARM ATTAN, 20165-7, rue de l'École-Polytechnique, 75005 Parishttp://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-30384-0 EAN : 9782343303840
CHAPITRE -I-La foire politique  Jeudi 23 février 1989. Le peuple algérien vient d’approuver par référendum une nouvelle Constitution. Après les douloureux et malheureux évènements d’octobre passé, de peur d’être débordé, le pouvoir décide de sonner la récréation en nous pondant une Constitution d’ouverture politique. C’est la troisième depuis l’indépendance du pays, en 1962 ; la première ayant été élaborée sous Ben Bella en 1963 et la seconde sous Boumedienne en 1976. Autant dire, une Constitution « Benbelliste », une « Boumedienniste » et, maintenant, une « Bendjedidiste » (Chadliste, pour les intimes) ; sachant que c’est la règle dans tout pays totalitaire ou -généralement- chaque autocrate se 1 taille une loi fondamentale comme un habit sur mesure . Bientôt, nous le verrons, nous aurons une Constitution « Zeroualiste » et une autre « Bouteflikiste ». Ce dernier se permettra même le luxe de nous « pondre » plusieurs révisions constitutionnelles durant son long règne. Il avait au moins la hardiesse ou l’outrecuidance de nous annoncer la couleur dès son entrée en fonction dans des conditions, par ailleurs, assez discutables frisant l’illégalité. Dès l’entame de son premier mandat, il avait annoncé avec fanfaronnade qu’il n’aimait pas la Constitution de 1996 mais qu’il allait s’y conformer. Entendre par là qu’il la modifiera à sa façon dès qu’il aura mis les pieds dans l’étrier et bien ressenti la griserie du pouvoir !  Cinq présidents désignés/plébiscités ; cinq Constitutions en cinquante années d’indépendance ; soit, en moyenne, une pour chaque décade ! C’est-à-dire en beaucoup moins d’une génération pour qu’on puisse se permettre de dire que chaque génération a ses propres problèmes, ses propres questionnements et ses propres attentes. Comme si ce « machin » constituait vraiment la priorité des priorités ; la clé de voûte ou le sésame devant régler tous les maux et solutionner tous les problèmes et autres défis se posant à une société qui se cherche encore ! Certes, la Constitution est le socle de tout Etat de droit. Elle crée les institutions devant diriger une nation en formation en organisant et en balisant leurs prérogatives afin d’harmonier leurs fonctions suivant des normes et des règles modernes. C’est aussi un concentré de l’histoire et de valeurs propres à chaque communauté ; à chaque nation. C’est, enfin, un projet de société qu’on appelle aussi « Loi fondamentale ».
1 Voir « Le temps du parti unique » du même auteur, chez le même éditeur.
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Mais une Constitution ne vaut que ce que valent ceux qui sont chargés de l’appliquer ; c’est-à-dire tous ceux qui concourent à la gestion d’un pays ; ceux qui représentent l’Etat dans toutes ses institutions. Et, c’est justement là qu’il y a problème dans les pays attardés, peu cultivés et sous-développés, comme le nôtre, avec des mentalités rétrogrades, islamo-conservatrices et plus ou moins tribales. Des pays où les pouvoirs sont en décrépitude ou toujours en mal ou en quête de légitimité. Que de milliards de dinars gaspillés lors de chaque consultation électorale ! Quelle gabegie ! Quelle bêtise ! Pour rien. Comme si la nation encore en construction, instable et sous-développée pouvait se permettre de telles stupidités, alors que chaque dinar de recette devrait être compté et dépensé à bon escient ! Et quand on sait que sa principale richesse (les hydrocarbures) n’est pas inépuisable, on ne peut que mesurer le degré de « je-m’en-foutisme », de mégalomanie et de fuite en avant atteint par les stratèges du « Système ». En fait, leur unique but est de nous faire miroiter, à chaque fois, l’illusion du changement par l’adoption de textes fondamentaux toujours adaptés à l’exigence de l’heure. C’est ce que nous rabâche en tous cas, en permanence, l’oligarchie au pouvoir par les voix de leurs courtisans et autres thuriféraires de tout acabit. C’est aussi d’en faire accroire au peuple qu’il est et reste le seul souverain dans sa destinée.  Un pouvoir qui se dit proche des masses populaires ; quel monstrueux mensonge ! Toujours plus populiste que jamais, il n’est pas à une inconséquence près. Un peuple souverain ; alors qu’il n’a même pas le droit de s’organiser librement en associations, de critiquer de manière positive ses gouvernants ni même de faire de simples remarques sur leur gestion, de manifester pacifiquement dans la rue son désarroi ou son désaccord sur tel sujet ou telle situation, de faire la grève quand toutes les voies de recours lui sont bouchées ! Un peuple souverain alors qu’il n’est bon que pour des rendez-vous électoraux bien arrangés où -comble de la perfidie et de la déraison- même sa voix est détournée suivant le bon vouloir d’une administration bureaucratique aux ordres ! Un peuple souverain auquel on impose une seule langue officielle -l’arabe-au détriment de la seconde langue -tamazight- qui constitue pourtant avec ses divers parlers locaux, l’un des deux piliers de l’unité et de la stabilité du pays ! On pousse même souvent le bouchon jusqu’à l’interdiction de s’exprimer dans cette langue à l’occasion de réunions officielles ou de propagande partisane ou électorale. Un peuple souverain qui est méprisé par ses gouvernants ! Un peuple souverain qui veut un changement pacifique mais radical dans la gouvernance du pays mais que les tenants du pouvoir feignent d’ignorer ignominieusement ! 8
Un peuple souverain dont les élites ne peuvent penser, créer, s’exprimer et écrire librement sans tabous, sans interdits et sans censure ou autocensure, sur tout ce qui touche à l’histoire, à la gouvernance, à la culture et en général à la marche des institutions du pays ! Autrement dit, un peuple certes libéré du colonialisme mais qui ne jouit pas encore entièrement de toutes ses libertés...  A titre de comparaison (même si comparaison n’est pas toujours raison), la dernière Constitution française instaurant la Ve République date de 1958. Certes, elle a subi plusieurs amendements depuis, sans pour autant porter atteinte à l’équilibre des pouvoirs. Mais, en la matière, ce sont les USA qui ont eu la primeur dans ce domaine en créant la première Constitution, toujours valable à ce jour, dans le monde en 1787, après leur indépendance de l’Angleterre en 1776 ! A l’époque où El-Djazaïr (pratiquement l’Algérie actuelle moins une grande partie de son extrême sud), était non pas un protectorat, car elle n’avait pas encore la forme, les qualités et les capacités d’un Etat, mais une simple régence de la sublime porte... Certes, celle-ci a également subi des modifications depuis, mais ces dernières l’ont été par voie parlementaire à l’aide d’amendements, généralement soumis par les représentants du peuple et non pas imposés « d’en haut ». Aucune commune mesure évidemment avec la Constitution algérienne ; de type purement tiers-mondiste. C’est-à-dire de pure forme, pour la bonne mesure, pour faire « Etat de droit » ; sur papier seulement. Pourquoi ? Parce que les visions et les mentalités de ceux qui les ont imaginées comme ceux qui les ont rédigées sont tout simplement antinomiques.  D’un côté, des hommes de lumière, civilisés, cultivés, démocrates, défenseurs des droits de l’homme, de la liberté, de l’égalité et de la justice, regardant vers l’avenir, ouverts sur la modernité et l’universalisme et ayant un projet de société moderne à mettre en place et à pérenniser autant que faire se peut. D’un autre, des sous-développés, oligarques, théocrates, autocrates et autres patriarches d’un nouveau genre, sans projet ou stratégie d’avenir, peu cultivés mais se croyant indispensables, omniscients et investis d’une mission messianique, qui mettent l’intérêt personnel, tribal ou de clan, bien avant l’intérêt général. En rédigeant leurs Constitutions, les premiers pensaient organiser durablement leurs vies, à l’intérieur d’un espace géographique déterminé (la nation), suivant des règles et des lois acceptables car égales pour tous, par le biais d’institutions solides, autonomes mais complémentaires et pérennes. Quant aux seconds, l’essentiel, pour eux, est de parer au plus pressé, de gérer l’immédiat en essayant de consolider leur pouvoir. 9
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