La Chine, trois révolutions pour une renaissance
192 pages
Français

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La Chine, trois révolutions pour une renaissance , livre ebook

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Description

La Chine, "le pays du milieu", autrement dit le centre du monde, a connu de profonds bouleversements politiques, économiques et sociaux résultant de trois révolutions : celle de 1911-1912, initiée par Sun Yat-sen et son parti ; celle de 1949 qui a abouti à la prise du pouvoir à Pékin par les communistes, dirigés par Mao Zedong ; celle de 1978-1984 qui a fait naître une Chine nouvelle, ouverte sur le monde, sous l'impulsion de Deng Xiaoping. Le nouveau maître de la Chine, Xi Jinping, sera-t-il celui qui dirigera une quatrième révolution inéluctable : la démocratie ?

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2013
Nombre de lectures 69
EAN13 9782336661476
Langue Français
Poids de l'ouvrage 9 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

CivilisaIon quadrimillénaire, hériIère d’un Empire qui a perduré plus de deux mille ans, la Chine reste de nos jours, pour ses habitants, , Zhōngguó « le pays du Milieu », autrement dit le centre du monde. Depuis un siècle, elle a connu de profonds bouleversements poliIques, économiques et sociaux qui, avec le recul, apparaissent comme la résultante de trois révoluIons : – celle de 1911-1912, iniIée par Sun Yat-sen et son parI, le , Tongmenhui futur , qui a mis fin au régime impérial et fait naître, après Guomindang quinze ans d’anarchie, la « » de Tchang Kaï-chek ; démocrature – celle de 1949 qui, au terme d’une longue guerre civile, entrecoupée par l’occupaIon japonaise, a abouI à la prise du pouvoir à Pékin par les communistes, dirigés par Máo Zédōng. Celui-ci, après s’être débarrassé de la tutelle soviéIque, a dirigé son pays en se fondant sur le principe « compter » : avec le Grand Bond en avant (qui a entraîné la sur ses propres forces e plus dramaIque famine du XX siècle) puis la RévoluIon culturelle, il a vainement tenté d’offrir une troisième voie de développement au Iers-monde ; – celle de 1978-1984 qui, quelques années seulement après la mort de Máo en 1976, a fait naître, sous l’impulsion de Dèng Xiǎopíng, une Chine nouvelle, toujours communiste mais désormais ouverte sur le monde, devenue en trois décennies la deuxième puissance économique mondiale et aux ambiIons géostratégiques de plus en plus affirmées : redevenir le centre du monde comme elle l’a été à plusieurs reprises au cours de sa longue histoire. L’accession au pouvoir de Xí Jìnpíng est l’occasion de passer en revue les hommes, les événements et les enjeux qui ont marqué ce grand pays depuis un siècle. Le nouveau maître de la Chine sera-t-il celui qui dirigera une quatrième révoluIon tôt ou tard inéluctable : la démocraIe ?
, né en 1945, professeur agrégé d’histoire et de géographie de 1968 à 2005, est désormais conférencier spécialisé Au en géopoliîque. Il a publié plus de soixante ouvrages dont pays du phénix et du dragon : histoire et géopoliIque de la Chine des origines à nos jours  (JJMiTUR, 2009) et, chez L’Harmaan, Les nouveaux défis démographiques : 7 milliards d’hommes… déjà ! Ombres et lumières de l’Algérie française . (2011) et (2012)
En couverture : Sculpture occidentale devant le mausolée de Máo Zédōng. Photographie prise par l’auteur à Pékin, place Tian’anmen, le 7 juin 2007.
JeanJacques Tur
LA CHINE Trois révolutions pour une renaissance
De Sun Yatsen à Xí Jìnpíng
LACHINETrois révolutions pour une renaissance
Jean-Jacques TUR LACHINE
Trois révolutions pour une renaissance De Sun Yat-sen à Xí Jìnpíng
DUMEME AUTEURAux éditions L’Harmattan, Paris *Ombres et lumières de l’Algérie française,2012. *!milliards d’hommes… déjà Les nouveaux défis démographiques. 7 Collection « Pour comprendre », 2011. Aux éditions JJMiTUR, 49240 Avrillé *François-Ferdinand d’Autriche, un inconnu célèbre, 2012. *- Histoire secrète de la Maison-Blanche.Conférences angevines de géopolitique. 1 2 - Géostratégie de la Turquie : les ambitions d’une puissance régionale, 2012. *L’Algérie avant 1962 : les peuples, les hommes, les enjeux géopolitiques, 2011.*La Russie des origines à nos jours. Aléas et vicissitudes d’une grande puissance, 2011. *Deux visages de l’hindouisme : Bali et le Rajasthan,2009. *Au pays du phénix et du dragon. Géopolitique de la Chine des origines à nos jours, 2007, rééd. 2009. *Objectif Maison-Blanche 2008. Révélations sur une élection pas comme les autres,2008. e *RépubliquePour une vraie VI : positions et propositions, 2006, rééd. 2007.*De Yalta à Budapest : les relations internationales de 1945 à 1956,2006. *Les origines de l’humanité à la lumière des sciences et des religions,2006. *Ma nostAlgérie.fr. Souvenirs de mes jeunes années à Fort-de-l’Eau,2003, rééd. 2005. *L’Affaire Zola-Dreyfus vue d’Angers. Le vortex et la trombe,2002. e *Cent jours pour l’an 2000. Cent événements qui ont marqué le XX siècle, 2000. e *Les Grands de ce monde,Petite encyclopédie des personnages-clefs du second XX siècle (1945-1995), 1996. *Les élections présidentielles en France et aux Etats-Unis, 1988. *La paix en plus, 1986.
Aux éditions Ellipses, Paris *Six milliards d’hommes. La « bombe P » est-elle désamorcée ?, 1999. *Géographie humaine et économique de la France,1994.
Aux éditions Belin, Paris *Les relations internationales depuis 1945,DicObac, 1996.
Aux Presses Universitaires de France, Paris *Le mondialisme,collection « Que sais-je ? » n°1687, 1977.*Les émirats du Golfe arabe : Koweït, Bahreïn, Qatar, Emirats Arabes Unis,Quecollection « sais-je ? » n°1639, 1976. La plupart des photos de ce livre ont été prises par l’auteur lors d’un voyage en Chine en juin 2007. Tel est le cas de l’illustration de la couverture :Sculpture occidentale du mausolée de Máo Zédōng, Place Tian’anmen, Pékin.©J.J. Tur 2013. © L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-00278-1 EAN : 9782343002781
AHuo HongditClovis, le guide-accompagnateur chinois qui m’a fait découvrir son pays du 6 au 19 juin 2007 « La Chine n’est pas un « pays », au sens nationaliste étroit du terme. Elle est un concept d’universalité, une façon d’accomplir l’humanité, un intermédiaire entre l’homme et l’harmonie cosmique »
Simon LEYS,Essai sur la Chine.
« La plus grande gloire n'est pas de ne jamais tomber, mais de se relever à chaque chute » CONFUCIUS
Carte 1.Les provinces de Chine
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Introduction
ZHONGGUO:LE PAYS DUMILIEU
Civilisation quadrimillénaire, héritière d’un Empire qui a été, après celui des pharaons, le plus long de l’Histoire, la Chine reste de nos jours, pour ses habitants,Zhōngguóle pays du Milieu , « », autrement dit le centre du monde. Depuis un siècle, elle a connu de profonds bouleversements poli-tiques, économiques et sociaux qui, avec le recul, apparaissent comme la résultante de trois révolutions : - celle de 1911-1912, initiée par Sun Yat-sen et son parti, leTongmenhui (Ligue des révolutionnaires chinois), précurseur du Guómíndǎng,a mis qui fin au régime impérial et fait naître, après quinze ans d’anarchie, la « démo-1 crature » de Jiǎng Jièshí, plus connu en français sous le nom de Tchang Kaï-chek ; - celle de 1949 qui, au terme d’une longue guerre civile, entrecoupée par l’occupation japonaise, a abouti à la prise du pouvoir à Pékin par les com-munistes, dirigés par Máo Zédǀng, tandis que Tchang Kaï-chek s’enfuyait à TáiwƗnavec ses partisans ; en conséquence, pendant près de trois décennies, s’est établi et affirmé un régime totalitaire, d’abord sous l’égide du « grand frère » soviétique, puis dans le cadre d’une autarcie fondée sur le principe « compter sur ses propres forces »et désireuse d’offrir une troisième voie de développement au tiers-monde ; - celle de 1978-1984 qui, quelques années seulement après la mort de Máo en 1976, a fait naître, sous l’impulsion de Dèng Xiǎopíng, une Chine nouvelle, toujours communiste mais désormais ouverte sur le monde, sûre d’elle-même et aux ambitions géostratégiques de plus en plus affirmées. Aux deux extrémités de ce siècle de bouleversements, on trouve deux 2 personnages fort différents mais emblématiques : Sun Yat-sen et Hú JǐntƗo. Le premier a été le véritable père de la Chine moderne née au début du e XX siècle : il a été qualifié dehéros national, grand patriote et« grand
1 Ce néologisme, tout comme son synonymedictocratie, est un mot-valise formé par l’association et la condensation dedémocratieet dedictature. Il désigne un régime qui, sous les apparences d’une démocratie, fonctionne comme une dictature. Nous en préciserons le fonctionnement dans le corps de ce livre. Le premier ouvrage qui en a fait mention est, à notre connaissance, celui de Max Liniger-Goumaz,La démocrature, dictature camouflée, démocra-tie truquée, L’Harmattan, 1993, qui était consacré non pas à la Chine mais à l’Afrique noire.2 Sun Yat-sen est la prononciation en cantonais qui s'est exportée en Occident. Le nom se prononceSūn yì xiƗn en mandarin. Mais ce personnage est également appeléSun Wen et, encore plus souvent, surnommé,Sun Zhongshan:un ancien parc impérial à Pékin, au sud de la Cité Interdite, a d’ailleurs été ainsi rebaptisé en 1928.
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3 grand pionnier de la révolution démocratique chinoise »lors des cérémo-nies qui ont marqué, en octobre 2011, le centenaire de la révolutionXīnhài. Le second a été, avec Dèng Xiǎopíng et JiƗng Zémín, l’un des symboles de cette Chine décomplexée devenue en trois décennies la deuxième puissance économique mondiale et dont les ambitions sont désormais clairement affi-chées : redevenir le centre du monde comme elle l’a été à plusieurs reprises dans sa longue histoire. Xí Jìnpíng, récemment promu Secrétaire général du parti communiste puis chef de l’Etat, devrait poursuivre dans la même voie.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il me semble indispensable de donner quelques précisions pour mieux comprendre les mentalités de cet immense pays que j’ai découvert, pour la première fois, en juin 2007, au cours d’un voyage qui reste, à ce jour, le plus beau et le plus fascinant de tous ceux que j’ai faits. Pourtant, je ne voudrais pas tomber dans le piège de ce que Claude Roy dénonçait à juste titre comme« l’ignorance coupable des sinologues de quinze jours »: je reste conscient qu’on ne nous a montré que certains as-pects de cet immense pays. C’est donc plus en historien passionné par les grandes civilisations qu’en touriste émerveillé que j’ai voulu écrire ce livre.
Tout d’abord, il faut savoir qu’il existe en Chine une notion capitale, va-lable pour tous les Chinois, des couches sociales les plus aisées aux plus misérables : c’est leMianzi, c’est-à-dire l’apparence, l’identité sociale et la façon qu’une personne aura d’être perçue en société.La notion d’honneur dans la culture chinoise suppose, dans tous les domaines, l’honnêteté, le respect et la confiance. Elle s’apparente à la réputation et à l’image que l’on peut avoir dans un groupe, d’où le principe essentiel de« ne pas perdre la face », mais aussi de ne pas la faire perdre à autrui car on porterait alors la responsabilité de la gêne et donc du préjudice causé. Dans tous les cas, il s’agira de préserver les bonnes relations, en évitant les conflits, y compris en aidant les autres à ne pas se sentir humiliés en public. Autre point capital pour comprendre la Chine et ses habitants : la pensée chinoise exclut le dualisme ; elle ne sait pas nommer « l’autre ». Son concept central, le néant(wu), a pour contraire l’avoir(you)et non pas l’être.« Cette indifférence à la question de l’être s’inscrit dans une vision du monde où la conscience de soi se confond délibérément avec la conscience du Tout. Ainsi, toutes les écoles chinoises de pensée classiques (taoïsme, confucianisme et bouddhisme) admettent l’Unité suprême(tai-yi) du vivant dont la pérennité est garantie par la fluidité du Dao (ou tao) dans laquelle se réconcilient et 4 se résolvent antagonismes et contraires ».
3 Discours du président Hú JǐntƗo prononcé le 9 octobre 2011 à Pékin et symboliquement publié en chinois traditionnel.4 Nicolas Chapuis,Tristes Automnes : poétique de l’identité dans la Chine ancienne, Libraire-éditeur You Feng, Paris, 2001.
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Le tao est la force fondamentale qui coule en toutes choses dans l’univers, qu’elles soient vivantes ou inertes. C'est l’essence même de la réalité, par nature ineffable et indescriptible. Il est représenté par letaìjítú (cf. ci-dessous), qui symbolise l’unité au-delà du dualisme yin-yang.
La partie renflée vers le bas évoque la forme d’une goutte d’eau et la par-tie renflée vers le haut celle d’une flamme. Chacun des deux points est desti-né à grossir, de façon à occuper progressivement la totalité du demi-cercle de couleur opposée dans lequel il se trouve, ce qui symbolise l’impermanence de toute chose. Alors que dans la culture européenne, la confrontation, plutôt que la mo-dération, semble davantage susceptible de valoriser l’individualité, la culture chinoise préfère toujours l’esquive à l’affrontement et base sa vision du monde sur l’harmonie du vivant : il n’y a rien à affronter ou à combattre, sinon soi-même ! C’est pourquoi le dragon a toujours joué un grand rôle dans la spiritualité et les mentalités chinoises : animal fabuleux, élément perturbateur – tout en étant le symbole de l’empereur –, il n’est que maîtrisé, contrôlé, dompté, voire apprivoisé, mais en aucun cas vaincu, éliminé ou anéanti. A la recherche de leur identité, les Chinois ont longtemps subi la « tyran-5 nie de l’histoire » qui les conduisait à avancer à reculons, le regard fixé sur leur passé. L’écrivain Qian Zhongshu (1910-1998) a mis en lumière les hy-pocrisies et les lâchetés qui rongent une âme chinoise empêtrée dans le res-pect de la tradition. Une bonne partie du peuple chinois rêve encore à un retour au paternalisme confucéen, tandis qu’une autre partie, principalement les jeunes générations, s’est lancée dans une occidentalisation à outrance. Or il leur est impossible d’assimiler une vision du monde radicalement étran-gère aux fondements de la culture chinoise. Si la Chine a connu, depuis un siècle, tant de soubresauts et de drames humains, c’est non seulement en raison de l’ambition et de la folie totalitaire de certains hommes qui se sont autoproclamés représentants légitimes du peuple, mais aussi parce que l’âme chinoise est en porte-à-faux entre des traditions multiséculaires qui ont forgé son identité et la volonté de participer à l’inéluctable évolution transnationale aboutissant, depuis quelques décen-nies, au phénomène de mondialisation qui apporte de multiples bienfaits mais engendre aussi bien des misères. Ceci étant dit, il faut brièvement rap-peler quelques notions de langue et de prononciation, ainsi que les grandes lignes de l’histoire de la Chine depuis les origines. 5 Formule du sinologue britannique W. F. Jenner.
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