La démocratie locale à Lambersart
190 pages
Français

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La démocratie locale à Lambersart , livre ebook

190 pages
Français

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Description

Malgré une documentation parfois lacunaire ou absente, ce livre fait ressurgir du passé les images tutélaires des anciens maires ou élus. Les lecteurs trouveront parfois la trace de leurs ancêtres et les images de leurs actions au service des citoyens de notre cité. Tous ces élus célèbres ou obscurs ont contribué à construire l'image d'une ville à taille humaine où la plupart des habitants goûtent le bien vivre ensemble, qu'ils soient ici tous honorés.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2011
Nombre de lectures 37
EAN13 9782296470590
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LA DEMOCRATIE LOCALE

A LAMBERSART
Jean-Pierre DEREGNAUCOURT

Claude REYNAERT


LA DEMOCRATIE LOCALE

A LAMBERSART


Des origines à nos jours


L’Harmattan
© L’HARMATTAN, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-55376-7
EAN : 9782296553767

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Introduction
La notion de démocratie est un terme inutilisé par les habitants de Lambersart au Moyen Age. Les rapports entre la communauté rurale ou/et avec le seigneur et le lien ou le conflit entre le seigneur et la communauté encadrent l’essentiel de la vie politique du paysan. Dans ce contexte, la monarchie, les pouvoirs supérieurs lui paraissent extrêmement lointains. La proximité est donc la règle et l’horizon ne dépasse guère les limites du terroir. Il convient encore d’ajouter qu’à l’intérieur même de la seigneurie, tous les habitants ne jouent pas à égalité dans l’exercice des responsabilités politiques. Cette inégalité ne peut favoriser l’émergence de la démocratie. Il faut attendre le XVIII ème siècle pour voir les prémisses de la notion de citoyen ou de souveraineté de la nation.

La démocratie se résume souvent à la souveraineté du peuple, donc au suffrage universel et direct. Des évidences aujourd’hui, qui, pourtant se sont heurtées à diverses catégories de résistance.

La première résistance réside dans la lente conquête de la liberté et de l’égalité. Les auteurs de cet ouvrage ont tenté de dresser à travers l’exemple lambersartois la lente émergence de la citoyenneté.

Au XIX ème siècle, les dominants ont refusé longtemps la loi du nombre. Les détracteurs du suffrage universel ont longtemps méconnu le fait qu’un simple carré de papier, le bulletin de vote glissé dans l’urne, puisse changer la vie quotidienne des individus. Enfin celle des nombreux électeurs qui, en votant, ont en quelque sorte renoncer à descendre dans la rue. Dans le secret de l’isoloir, chaque citoyen, détenteur d’une partie de la souveraineté nationale, vote désormais pour élire ses représentants.

Victor Hugo exprimait ainsi en 1850 le sens de la conquête démocratique :

Il y a dans l’année un jour où le manœuvre,
Le journalier, l’homme qui porte des fardeaux,
L’homme qui gagne son pain à la sueur de son front,
Juge le sénat, prend dans sa main durcie
Et ennoblie par le travail
Tous les pouvoirs,
Les ministres, les représentants,
Le Président de la République,
Et dit : la puissance, c’est moi !
Il y a dans l’année un jour
Où le plus imperceptible citoyen
Participe à la vie immense du pays tout entier,
Où la plus étroite poitrine
Se dilate à l’air des grandes affaires publiques.
Il y a, dis-je, dans l’année un jour où le plus faible
Sent en lui la grandeur de la souveraineté nationale,
Où le plus humble sent en lui l’âme de la patrie !
Regardez l’ouvrier qui va au scrutin ;
Il y entre avec le front triste du prolétaire accablé,
Il en sort avec le regard d’un souverain.

Cette élégie au suffrage universel paraît décalée et pourtant elle incarne une véritable révolution culturelle et le vote des femmes en 1945 va achever le processus de démocratisation. La loi sur la parité et l’inscription de ce principe dans la constitution modifie les équilibres entre les hommes et les femmes dans un domaine longtemps réservé au sexe masculin.

Se préoccuper des élections locales à travers le temps est assez rare dans les publications, le véritable tour de force repose dans la plus ou moins grande richesse des archives iconographiques. Lambersart n’a pas été épargnée par les guerres et les destructions mais ce travail pionnier méritera sans doute des publications complémentaires. Avis aux historiens.
Chapitre 1 Le temps des sujets
A. De la servitude à l’affranchissement.
La fin du Moyen Age, à partir du 13 ème siècle pour l’essentiel, est marquée par une transformation de la société rurale liée aux changements des comportements économiques des seigneurs. Ceux-ci sont de plus en plus tentés de gagner l’argent nécessaire à leur besoin de luxe.
Aussi, l’économie domaniale de type ancien, qui visait à récolter sur la réserve travaillée par les tenanciers l’essentiel des produits nécessaires à la subsistance du seigneur, est dépassée. Les seigneurs souhaitent désormais plus d’argent que de travail ou de denrées agricoles.
Par conséquent, sans renoncer tout à fait au servage, les seigneurs fonciers s’efforcent-ils de convertir services et corvées en rentes. Ce fut le moteur de l’affranchissement des rustres et cette évolution eut, sur la structuration de la société rurale, d’importantes répercussions.
Des paysans plus entreprenants sont séduits à l’idée de dégager des surplus tandis que les seigneurs se réjouissaient de recevoir de espèces sonnantes.
Mais le système trouva vite ses limites. Comme les prix ne cessent de monter, la rente qui reste stable représente en fin de compte un loyer en baisse. Pour compenser, les seigneurs accepté-rent-ils d’autres mutations : fractionnement des tenures pour multiplier les taxes de mutation (mainmorte), augmentation des profits de la seigneurie banale liée au pouvoir exercé sur les hommes et développement du mouvement d’affranchissement : le seigneur vendait à la communauté paysanne une charte de libertés, sans pour autant lever toutes les exactions qu’ils rendirent régulières en les « abonnant ». La paysannerie, désireuse de connaître ce qu’elle a à payer le souhaitait, d’autant plus que ce sont les paysans eux-mêmes qui répartissent les tailles entre les foyers.
Ainsi, les rapports évoluèrent-ils entre communautés rurales et seigneurs et c’est dans ce contexte nouveau que se développa des situations paysannes différenciées ; le rôle de l’argent devenant déterminant dans la stratification sociale du monde paysan. Alors qu’une partie d’entre eux s’appauvrissait, d’autres profitèrent des mesures d’affranchissement. Cela ne veut pas dire que le niveau moyen de la vie du rustre se soit sensiblement amélioré ; mais parmi eux, un groupe de paysans s’enrichirent en agrandissant leur tenure, en s’adonnant à des spéculations avantageuses, en devenant fermier des domaines ou agent du seigneur pour diverses fonctions.
Il en résulta une différenciation des catégories sociale au sein de la paysannerie et, par voie de conséquences, une évolution des responsabilités des uns et des autres, embryon d’une structuration politique, les plus riches tendant à dominer les plus pauvres dans les exercices de décision collective.
Les 14 ème et 15 ème siècles, qui ébranlèrent encore davantage le système domanial dans un ensemble de crises politique, économique et démographique, finirent de compléter les mutations paysannes. Certains rustres vont profiter de la rareté de la main d’œuvre, bénéficier d’une redistribution des terres consécutives aux mortalités, obtenir des seigneurs l’acensement accru des tenures, une baisse des rentes et droits seigneuriaux. Mais ces conditions ne profitèrent qu’à ceux qui disposaient déjà de ressources personnelles suffisantes, accentuant ainsi la différenciation des fortunes paysannes autant que leurs responsabilités respectives au sein de la communauté villageoise.
C’est donc sur une base essentiellement économique et sociale que s’organise politiquement, au sens étymologique, la société rurale mais la condition du village dominé par un seigneur reste générale.

Cette courte introduction n’épuise pas la problématique du sujet : c’est une tâche ardue que de parler du paysan et de la communauté villageoise dans les limites de ce bref essai. Et c’est sans compter sur les différences multiples d’un endroit à l’autre, différences liées aux conditions même des milieux naturels, de la diversité des activités et du développement agraire, du niveau des techniques d’exploitation du sol, etc.. On ne peut entrer ici dans la nuance ; inversement, il ne faut pas généraliser notre propos mais le laisser cantonné dans les frontières

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