La Force noire
296 pages
Français
296 pages
Français

Description

Le titre du livre de Mangin, La Force noire, publié en 1910 et réédité ici pour la première fois, caractérise dès la Première Guerre mondiale l'ensemble des tirailleurs recrutés en Afrique subsaharienne et à Madagascar. Relatant ce qu'ont vécu les centaines de milliers de tirailleurs africains et malgaches recrutés pour servir le France par les armes, Mangin fait œuvre d'historien en proposant une longue histoire de la "Force noire".

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2011
Nombre de lectures 607
EAN13 9782296461048
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LA FORCE NOIRE
COLLECTIONAUTREMENT MÊMES conçue et dirigée par Roger Little Professeur émérite de Trinity College Dublin, Chevalier dans l’ordre national du mérite, Prix de l’Académie française, Grand Prix de la Francophonie en Irlande etc. Cette collection présente en réédition des textes introuvables en dehors des bibliothèques spécialisées, tombés dans le domaine public et qui traitent, dans des écrits de tous genres normalement rédigés par un écrivain blanc, des Noirs ou, plus généralement, de l’Autre. Exceptionnellement, avec le gracieux accord des ayants droit, elle accueille des textes protégés par copyright, voire inédits. Des textes étrangers traduits en français ne sont évidemment pas exclus. Il s’agit donc de mettre à la disposition du public un volet plutôt négligé du discours postcolonial (au sens large de ce terme : celui qui recouvre la période depuis l’installation des établisse ments d’outremer). Le choix des textes se fait d’abord selon les qualités intrinsèques et historiques de l’ouvrage, mais tient compte aussi de l’importance à lui accorder dans la perspective contem poraine. Chaque volume est présenté par un spécialiste qui, tout en privilégiant une optique libérale, met en valeur l’intérêt historique, sociologique, psychologique et littéraire du texte. «Tout se passe dedans, les autres, c’est notre dedans extérieur, les autres, c’est la prolongation de notre intérieur.»Sony Labou TansiTitres parus et en préparation : voir en fin de volume
Lieutenantcolonel Charles Mangin LA FORCE NOIRE
Présentation d’Antoine Champeaux L’HARMATTAN
En couverture : L’Afrique française© L’Harmattan, 2011 57, rue de l’ÉcolePolytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 9782296547599 EAN : 9782296547599
INTRODUCTION par Antoine Champeaux
Du même auteur Ouvrages sur la Force noire : La Force noire : gloire et infortunes d’une légende coloniale(avec Éric Deroo), Paris, Tallandier, 2006 La Force noire, 18571965 : tirailleurs africains et Malgaches au e service de la France. L’exposition du 150 anniversaire, Fréjus, Musée des Troupes de Marine, 2007 Forces noires des puissances coloniales européennesÉric (avec Deroo et János Riesz), Lavauzelle, 2009 Histoire des tirailleurs(avec Sandrine Lemaire, Éric Deroo et Papa Momar Niang), Éditions du Seuil, 2010 Films en DVD, avec Éric Deroo, auteur et réalisateur : La Force noire, Établissement de communication et de production audiovisuelle de la défense (ECPAD), 2007 Ensemble ils ont sauvé la France, ECPAD, 2008 Une histoire en partage, ECPAD, 2008
INTRODUCTION Une vie de soldat Charles Mangin est né le 6 juillet 1866 à Sarrebourg. Après avoir e échoué au concours de SaintCyr, il s’engage au 77 régiment d’infanterie en 1885. Il est admis à l’École Spéciale militaire de SaintCyr en octobre 1886 et en sort souslieutenant d’infanterie de er marine, deux ans plus tard. Il rejoint à Cherbourg le 1 régiment d’infanterie de marine. Désigné en 1889 pour le Soudan (l’actuel Mali), il y effectue deux séjours et s’initie à la langue bambara. Blessé à trois reprises, il revient en France en 1892 et reçoit la croix de chevalier de la Légion d’honneur le 14 juillet 1893. En 1895 à l’appel de Marchand il intègre la mission CongoNil. Promu officier de la Légion d’honneur et chef de bataillon en 1900, il sert au Tonkin de 1901 à 1904. Lieutenantcolonel en 1905, il sert au Sénégal, de 1906 à 1908, comme chef d’étatmajor du général Audéoud, commandant supérieur des troupes en Afrique occidentale française. Il poursuit alors un travail de réexion sur la création d’une « Force noire » constituée d’unités de tirailleurs africains qui compléteraient les régiments de troupes coloniales issues de métropole et qui pourraient être utilisées en Afrique, à Madagascar ou sur d’autres théâtres si les menaces de guerre se précisaient. Mangin imagine la création dès 1910 d’une « Force noire » de près de trente mille hommes organisée en trois divisions. Cela semble irréaliste, mais n’empêche pas Mangin de sensibiliser à cet enjeu qu’il juge primordial aussi bien le général chef d’étatmajor de l’armée que le gouverneur de l’AOF (Afrique occidentale fran çaise). Affecté à Paris, Mangin effectue deux missions en AOF et en Afrique du Nord et poursuit ses réexions tout en travaillant à l’élaboration de son livreLa Force noire. Publié en 1910, cet ouvrage est organisé en quatre parties : Mangin ouvre sur le constat de la crise démographique de la France et analyse les conséquences du dépeuplement sur les effectifs de l’armée ; il dresse ensuite un historique sur plusieurs siècles de la « Force noire » et met en avant plus particulièrement
vii
les faits d’armes accomplis par les soldats africains ayant servi dans les unités de tirailleurs sénégalais ; il décrit également le projet de constitution d’une armée noire qui pourrait compter, outre 20 000 soldats stationnés en AOF, autant en AFN (Afrique française du Nord), effectifs qui pourraient être augmentés jusqu’à 70 000 hommes en cas de guerre. Il recommande enfin l’utilisation militaire de ces ressources en hommes de l’Afrique noire pour occuper l’Afrique française du Nord en cas de conit afin de libérer les troupes nordafricaines recrutées pour les fronts conti nentaux. Le livre trouve un écho favorable dans le grand public et la presse. Promu colonel en 1910, Mangin effectue de 1911 à 1912 une mission d’études et d’information sur le recrutement en AOF. Il demande également à constituer une unité de tirailleurs pour participer aux opérations en Afrique du Nord et mettre en application les principes élaborés dans son livre. Non sans difficultés et après s’être heurté à des opposants à son projet, il rejoint effectivement le Maroc en juin 1912 avec ses tirailleurs et participe à plusieurs colonnes dans la région de Marrakech où il s’empare de Kasba Tadla en avril 1913. La campagne du Maroc, où les deux premiers bataillons de tirailleurs sénégalais sont arrivés en 1908, est l’occasion pour lui de démontrer la valeur des troupes 1 africaines . « Malgré une arrivée tardive, une tenue et des équipe ments inadaptés, la maladie et une instruction inadéquate, l’un se comporte bien, l’autre, moins heureux, doit être relevé. Mais à la suite de ce succès partiel et de la pénurie générale croissante des effectifs [en France], les théories de Mangin sont progressivement 2 acceptées . » Fait commandeur de la Légion d’honneur, il reçoit ses étoiles le 8 août 1913, alors qu’il sert à l’étatmajor des troupes coloniales à Paris. e Commandant la 8 brigade d’infanterie en août 1914, il est e nommé à la tête de la 5 division d’infanterie, engagée dans la bataille d’Artois puis en avril 1916, sur le front de Verdun où le 22 mai elle s’empare des superstructures du fort de Douaumont. Ce succès vaut à Mangin d’être promu général de division à titre e temporaire et on lui confie le commandement du 2 corps d’armée er e e e 1 Les 1 , 2 , 3 et 7 RTS y servent à un moment ou à un autre.2  Anthony Clayton,Histoire de l’armée française en Afrique 18301962, Fayard 1994.
viii
le 4 juin. Après la prise de Douaumont le 24 octobre succède la réoccupation du fort de Vaux. Verdun définitivement sauvé, il est fait grandofficier de la Légion d’honneur. Nivelle succédant à Joffre, Mangin est appelé le 19 décembre e au commandement de la VI armée avec laquelle il participe à l’offensive d’ensemble du 16 avril 1917 sur le Chemin des Dames. C’est un échec, attribué aux mauvais renseignements, à l’absence de surprise et à la mauvaise préparation d’artillerie. On lui retire son artillerie, on lui refuse des renforts, sauf une division de réserve pour contenir les contreattaques. Mangin est le seul maintenant à penser à la percée et il continue à attaquer le 17, prétendant ne pas avoir reçu les ordres de Nivelle. Mais la journée est tout aussi décevante, avec des pertes encore plus lourdes. Plus question de dévaler les pentes du Chemin des Dames et de marcher sur Laon. Il doit donc écarter toute idée de poursuivre l’attaque et se résoudre au maintien de ses troupes sur les positions conquises sur la crête. Mais une campagne de défaitisme se produit en France : les pertes sont exagérées et l’opinion publique s’inquiète… Cherchant des responsables, le gouvernement choisit d’écarter Mangin, dont le nom est le symbole de l’offensive. Le nombre d’unités em ployées dans la zone des étapes a en effet été diminué afin de porter de seize à vingtquatre celui des formations sur le front. Le but pour Nivelle manœuvré par Mangin était clair : utiliser les Sénégalais dans les vagues d’assaut lancées sur le Chemin des Dames. Insuffisamment instruits, les bataillons sont engagés dans la boue et le froid, sans préparation d’artillerie convenable et avec une dotation insuffisante en munitions, grenades, eau et nourriture. Plusieurs unités se dispersent sous l’effort et les pertes sont évi demment lourdes : 6 300 hommes sur les 25 000 engagés. Accusé de «faire bon marché de la vie de ses hommes», en particulier des soldats noirs employés sans discernement et envoyés au massacre pour préserver la vie des Français, il est relevé de son commande er ment le 1 mai et une légende naît selon laquelle la France a utilisé 1 les tirailleurs comme chair à canons .
1 Les pertes des Sénégalais (entre 21,6 et 22,4 %) sont en fait comparables à celles e des métropolitains (22,9 %). Seul le 61 BTS se révolte, plus par fatigue générale des combats que pour des raisons politiques.
ix
C’est Nivelle que le gouvernement charge de renvoyer «son fidèle compagnon d’armes de la Somme et de Verdun» sous prétexte qu’il n’a plus la confiance de ses subordonnés. Mis en er congé de repos puis en disponibilité le 1 août 1917, il met alors à profit ses loisirs forcés pour animer le recrutement et l’organisation des troupes et des travailleurs indigènes. Si, du 16 avril au 15 mai, de nombreux incidents se produisent e dans quatre des six corps de la VI armée, aucun n’a de gravité suffisante pour appeler des condamnations rigoureuses. Et un 1 conseil d’enquête l’ayant justifié en septembre, le ministre offre à Mangin le commandement d’un corps d’armée qu’il refuse. Clemenceau étant revenu au pouvoir, Mangin est mis à la disposition du général Pétain, commandant en chef, le 14 décembre e 1917. Trois jours plus tard, il prend le commandement du 9 corps d’armée qui, transporté en Picardie à la fin de mars 1918, contribue à fermer la brèche ouverte par la ruée allemande sur le front e britannique. Le 10 juin, il est mis à la tête de la X armée avec pour mission d’arrêter les Allemands marchant sur Compiègne. Dès le lendemain, il contreattaque sur lesancs de l’adversaire, puis attaque en direction de Soissons. Foch l’appelle ensuite en Lorraine, mais l’armistice intervient avant que l’attaque décisive prévue le 14 novembre soit déclenchée. Mangin rejoint alors Mayence avec ses troupes qui constituent l’Armée du Rhin. Grand Croix de la Légion d’honneur en 1919, il siège au conseil supérieur de la Guerre à partir de 1920 et en juin 1921, le gouvernement l’envoie au Pérou, avec le titre d’« ambas sadeur extraordinaire », pour y représenter la France aux fêtes de célébration du centième anniversaire de l’indépendance. Inspecteur général des Troupes coloniales en 1922, il consacre ensuite son temps à des études et publie plusieurs ouvrages lorsqu’il meurt, presque subitement, le 12 mai 1925. Ses obsèques ont lieu trois jours plus tard dans la simplicité et la grandeur de la pompe militaire aux Invalides où il repose depuis 1932dans le caveau des gouverneurs dans l’église SaintLouis. «Je suis lorrain de père, de mère et de naissance et il n’est guère de jour où je n’ai songé à reprendre la terre où fut mon berceau et qui garde la tombe des miens.» Cette phrase extraite 1 Composé des généraux Brugère, Foch et Gouraud.
x
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents