La République islamique et les heures sombres de l Iran
216 pages
Français

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La République islamique et les heures sombres de l'Iran , livre ebook

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Description

L'Iran s'illustre depuis plusieurs années sur la scène internationale : nucléaire, soutien au terrorisme international. La réélection de Mahmoud Ahmadinejad a poussé la société civile à présenter une nouvelle alternative qui entend renverser le régime théocratique fondé par l'ayatollah Khomeyni. En revenant sur les origines profondes de la République islamique et ses objectifs ultimes, l'ouvrage offre une nouvelle compréhension.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2012
Nombre de lectures 7
EAN13 9782296498938
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L A R ÉPUBLIQUE ISLAMIQUE
ET LES HEURES SOMBRES DE L ’I RAN
© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’École-polytechmque ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-99192-7
EAN : 9782296991927

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
M ALKOM K ASP


L A R ÉPUBLIQUE ISLAMIQUE
ET LES HEURES SOMBRES DE L ’I RAN
Comprendre le Moyen-Orient
Collection dirigée par Jean-Paul Chagnollaud


Simon VALADOU, La Jordanie et la paix avec Israël , 2012.
Dominique LE NEN, De Gaza à Jénine, Au cœur de la Palestine , 2012.
Estelle BRACK, Systèmes bancaires et financiers des pays arabes. Vers un modèle commun ?, 2012.
Philippe CONTE, Afghanistan, guerre lointaine ?, 2011.
Samson N’Tadadjèl KAGMATCHE, Etudes comparatives entre les lamassu et les chérubins bibliques , 2011.
Ali AOUATTAH, Pensée et idéologie arabes. Figures, courants et thèmes au XXe siècle , 2011.
Vivi KEFALA, L’évolution du Liban, les facteurs déterminants , 2011.
R. PORTEILLA, J. FONTAINE, P. ICARD, A. LARCENEUX (dir.), Quel État pour quelle Palestine ? , 2011.
Guillaume VAREILLES, Les frontières de la Palestine. 1914-1947 , 2010.
Aline BALDINGER, Israéliens – Palestiniens. Libres paroles au-dessus du mur , 2010.
Mohamed EL BATTIUI, La Gestion de l’eau au Moyen-Orient ., 2010.
François SARINDAR, Lawrence d’Arabie. Thomas Edward, cet inconnu , 2010.
Marie-Thérèse OLIVER-SAIDI, Le Liban et la Syrie au miroir français (1946-1991) , 2010.
André POUPART, Adaptation et immutabilité en droit musulman , 2010.
Mohammed GUENAD, Sayyid Qutb. Itinéraire d’un théoricien de l’islamisme politique , 2010.
Alireza MANAFZADEH, La construction identitaire en Iran , 2009.
Firouzeh NAHAVANDI (dir.), Mouvements islamistes et Politique , 2009.
Prologue
*
« Si tu savais changer de nature quand changent les circonstances, ta fortune ne changerait point ».

Nicolas Machiavel
Le Prince


R égis Debray, l’homme, le philosophe, les mouvements de libération, ses années passées dans les prisons boliviennes… C’est avec les images de cette vie que j’assistai le 21 mai 2008 à une conférence organisée par une association de Normale Sup’, en compagnie d’un briscard que je fréquente à mes dépens depuis quelques années maintenant, un certain Jean-Baptiste qui, lui, n’a pas laissé sa tête à Damas…
Sujet du jour ? Le conflit israélo-palestinien autour du livre intitulé « Un Candide en terre sainte » que publiait alors l’ancien compagnon du Che. Arrivant en début d’après-midi avec un peu de retard, Jean-Baptiste et moi nous assîmes au deuxième rang, et observâmes la scène. Les étudiants, manifestement fiers d’avoir un tel invité, animent le débat cependant que Régis Debray, vêtu de la veste beige d’Ahmadinejad et du polo bleu de Lance Armstrong, semble s’impatienter. Je devine alors qu’il eût préféré faire une bonne sieste. Mais il répond, se défend. Ses réponses sont les siennes, qu’importent les questions… Et j’entends à mes côtés quelqu’un respirer fortement, anormalement…
Sur ma gauche, mon ami de fortune soupire. Cela me rassure. Je comprends que je ne suis pas le seul à m’ennuyer. Je ne suis pas seul à décrier le niveau de la conf’. Lui veut se barrer, moi je veux rester. J’ai une question à poser à M. Debray. Mais avant, l’un des étudiants assis à la droite du philosophe prend sa copie et lit.
Avec un accent aussi strident qu’incompréhensible, il lit. Sur un ton germanique rappelant les heures les plus sombres de l’Histoire de France, il lit. Convaincu de la richesse de son propos, il lit. Utilisant des mots compliqués pour jouer les fins intelligents, il lit. Et Régis Debray commence par répondre : « Je n’ai pas très bien compris le sens de votre propos » . Il veut conclure, et surtout partir. Mais je dois encore poser ma question. Et l’on propose enfin le micro. Je le demande, me lève et me lance : « Monsieur Debray, la cause palestinienne était à l’origine une cause profondément nationaliste. Ses grands leaders, Georges Habbache et Waddi Haddad notamment, étaient chrétiens or depuis la Révolution islamique en Iran, la cause palestinienne a pris une forme religieuse et elle est devenue la cause fédératrice du monde musulman. On peut donc penser que la Révolution islamique et le régime de la République islamique ont islamisé la cause palestinienne. Ne pensez-vous donc pas que le renversement de la République islamique donnerait naissance à une nouvelle donne au Moyen-Orient et qu’elle permettrait la pacification de la région et la résolution du conflit ? »
Et à Régis Debray de me répondre, toujours avec cette envie de partir ou de dormir : « non je ne le pense pas… les Iraniens sont chiites et les Palestiniens sunnites donc ils n’ont rien à voir ensemble. Peut-être qu’un tel scénario permettrait aux passions qui se déchainent d’être moins violentes parce que la religion crée beaucoup de passions mais sinon il n’y a aucune raison que le renversement du régime iranien change quoi que ce soit pour le conflit israélo-palestinien » . Quelques gouttes de sueur sur le front de Jean-Baptiste en train de craquer… Je ne me rassis pas. Jean-Baptiste, lui, se leva et nous quittâmes la salle…
Assis au beau milieu de la cour centrale que nous avions rejointe quelques minutes plus tard, et autour de laquelle s’élèvent les murs de l’école de la rue d’Ulm, le temps que Jean-Baptiste fume une cigarette qu’il roule lui-même avec une dextérité qui tutoie la perfection, la même réflexion nous vint à l’esprit : « Debray est parti Candide, Debray est revenu Candide » . À moi de préciser toutefois qu’il n’est pas le seul, bien loin de là.
J’avais eu bien des difficultés à saisir le propos de Régis Debray, à voir où il voulait en venir. Traduisaient-ils l’idée que le machiavélisme est une méthode connue du seul cercle des hommes politiques occidentaux ? C’est l’impression qu’il donna.
En réponse à un article qu’avait écrit Tariq Ramadan à l’encontre d’intellectuels juifs français pour les accuser de prendre position en considération de leur appartenance religieuse, André Glucksman avait répondu : « Monsieur Ramadan dit en résumé : Glucksmann ne pense pas avec sa tête, il pense avec sa race » . Régis Debray semblait dire la même chose… que les chiites soutiennent les chiites parce qu’ils sont chiites, et non les sunnites parce qu’ils ne sont pas chiites.
Un an plus tard, un événement majeur pour l’Histoire de l’Iran moderne allait se produire. À la fin du mois de mai 2009, les Iraniens se préparaient à se rendre aux urnes. Pousser Ahmadinejad vers la sortie pour récupérer Mir-Hossein Moussavi, un homme du sérail, ancien Premier ministre de Khomeyni, un homme écarté à la mort du treizième Imam, revenu selon ses propos pour sauver la République islamique que le Président sortant avait mise en péril. La ferveur électorale battait son plein, la ferveur pour les uns, et le désespoir pour les autres.
La République islamique avait su mobiliser les Iraniens partout dans le monde. En organisant des débats télévisés entre les candidats, en leur accordant un accès aux médias et à de grands meetings jusqu’alors jamais organisés, la République islamique fit croire qu’une évolution, ou plutôt une « réforme » – terme plus à la mode et à l’apparence plus intellectuelle – était en marche.
Pendant plusieurs semaines, le pays marcha au rythme de cette élection qui devait débarrasser le pays d’Ahmadinejad sans qu’aucun n’en demande autant au « Guide suprême » Ali Khamenei.
Le 13 juin, la décision finale tombe. Moussavi remporte l’élection et Ahmadinejad est reconduit à la présidence du régime par le Guide. Logique…
Tous avaient cru que le régime était démocratique. Tous, les Iraniens et les autres. L’étonnement ? Oui, naturellement pour ceux qui y avaient cru et qui continuaient à penser qu’un tel scénario n’était pas normal. Tout n’est-il pourtant pas normal dans une dictature ? Les mascarades électorales ne sont-elles pas une constante de ces régimes ? Peut-être a-t-on jugé que la République islamique ÉTAIT une démocratie. Peut-être a-t-on voulu croire que la République islamique POUVAIT être une démocratie… Les autres, les minoritaires, purent enfin appuyer leurs positions de faits plus que flagrants. Ils purent enfin prouver à l’appui de cette crise politique que les élections organisées par la République islamique ont toujours été utilisées par le régime afin de convaincre la communauté internationale de sa légitimité populaire. Rappelons à c

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