La santé des Limousins et des Périgourdins au XIXe siècle
238 pages
Français

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La santé des Limousins et des Périgourdins au XIXe siècle , livre ebook

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Description


Collection : Acteurs de la Science

Jusqu'à l'aube du XXe siècle, les Limousins et les Périgourdins firent davantage appel à l'automédication, aux guérisseurs et à la religion qu'à la médecine. La médicalisation progressa ensuite grâce à l'assistance médicale gratuite et à l'efficience plus grande de la médecine post-pastorienne. Le sachet d'herbes magiques cotoya toutefois longtemps encore le remède prescrit par un médecin et délivré par le pharmacien !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2011
Nombre de lectures 89
EAN13 9782296465077
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La santé des Limousins et des Périgourdins e au XIX siècle
Malades, maladies et soignants
© L¬Harmattan, 2011 5-7, rue de l¬Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-55150-3 EAN : 9782296551503
Pierre Pageot
La santé des Limousins et des Périgourdins e au XIX siècle
Malades, maladies et soignants
L±Harmattan
Acteurs de la Science Collection dirigée par Richard Moreau, professeur honoraire à l¬Université de Paris XII et Claude Brezinski, professeur émérite à l’Université de Lille
La collection Acteurs de la Science est consacrée à des études sur les acteurs de l±épopée scientifique moderne ; à des inédits et à des réimpressions de mémoires scientifiques anciens ; à des textes consacrés en leur temps à de grands savants par leurs pairs ; à des évaluations sur les découvertes les plus marquantes et la pratique de la Science.
Dernières parutions
Yves Delange,Conversation au bord de la Sorgue : Jean-Henri Fabre et Louis Pasteur, 2011. André Audoyneau,D’un pays à l’autre. Chroniques d’un médecin colonial, 2011. Roger Teyssou,L’Aigle et le Caducée. Médecins et chirurgiens de la Révolution et de l’Empire, 2011. Henri Delorna,Les Tribulations d'Henri en Pologne occupée (1941-1945). Témoignage, 2010. J. Boulaine, R. Moreau, P. Zert,Éléments d'histoire agricole et forestière, 2010. Jean Céa,Une vie de mathématicien. Mes émerveillements, 2010. Bernard Faidutti,Copernic, Kepler, Galilée face aux pouvoirs, 2010. David Hanni,Rencontres avec des guérisseurs. Magnétiseurs, radiesthésistes et rebouteux en Champagne-Ardenne, 2010. Richard Moreau,Pasteur et Besançon. Naissance d’un génie, 2009. Jean Dominique Bourzat,Une dynastie de jardiniers et de botanistes : les Richard. De LouisXV à Napoléon III, 2009. Thomas de Vittori,Les notions despace en géométrie, 2009. RenéVallery-Radot,La Vie de Pasteur, 2009. Roger Teyssou,Une histoire de lulcère gastro-duodénal, 2009. Nausica Zaballos,Le système de santénavajo. Savoirs rituels et scientifiques de 1950 à nos jours, 2009. Jérôme Janicki,Le drame de la thalidomide. Un médicament sans frontières, 1956-2009, 2009. Etienne Mollier,Mémoires d’un inventeur. De la photographie 35 mm au rétroprojecteur 1876-1962, 2009. Pierre de Félice,Histoire de l’optique, 2009.
AVANT- PROPOS
De la langue française le mot « santé » est un des plus valorisés car la santé est, avec le temps, le principal sujet de conversation. « Comment allez-vous ? » : ainsi débute le plus souvent une conversation, même brève, entre e deux personnes. Si en ce début du XXI siècle la maladie et la médecine occupent une place très importante dans la vie des individus et de la société, la santé a toujours été, en tout temps et en tout lieu, une préoccupation majeure des gens car non seulement le malade souffre, mais il est aussi dans l±incapacité de travailler, et son mal risque donc de le conduire, ainsi que les siens, à la pauvreté. Il ne peut pas non plus participer aux manifestations sociales et se trouve donc bientôt isolé, coupé du reste de la communauté. D±ailleurs, un dicton affirme que « brebis malade s±écarte du troupeau », et de nombreux autres proverbes expriment l±idée que la maladie est le malheur suprême qui peut frapper un individu, qu±elle est pire que la pauvreté car « mieux vaut corps que bien », « santé vaut mieux que richesse ».
Seulement, si les individus et les sociétés se sont toujours attachés à atténuer la douleur et à combattre la maladie, la lutte contre les maux du corps n±a pas toujours revêtu les formes qu±on connaît aujourd±hui. La manière dont une population, à une époque donnée, lutte contre les affections de l±organisme dépend en effet de différents facteurs, des connaissances scientifiques en matière médicale certes, mais aussi de la manière dont cette société perçoit et interprète la maladie, des relations qu±elle entretient avec la médecine et avec ceux dont la tâche est de soulager et de guérir, de son niveau de vie, du rapport des patients à leur corps. Ainsi, la résistance physique des paysans qui constituaient la grande majorité du e corps social dans le Limousin et le Périgord du XIX siècle, leur capacité à endurer la douleur, nous apparaissent surprenantes. Pour eux qui savaient que leur profession nécessitait solidité et robustesse, qu±elle s±accompagnait donc fatalement de maux, pas question de s±arrêter de travailler à la moindre souffrance, et si, par malheur, ils devaient s±aliter, ils ne cessaient de répondre à ceux qui leur rendaient visite « n±ai besoin de ré », puis, dès que disparaissaient les symptômes les plus violents, ils se déclaraient guéris, se levaient, se promenaient dans le village, et enfin, le plus rapidement
possible, reprenaient les travaux des champs. De son côté l±entourage mettait longtemps à porter attention à une personne dont la santé s±altérait. En forçant un peu le trait l±abbé Gorse écrivait en 1896 dans son livreAu bas-pays du Limousin : « Ce malade est à deux doigts de l’agonie qu’on ne s’en aperçoit souvent pas. Tant qu’il mange encore un peu, qu’il ne pousse pas de cris trop véhéments, et qu’il n’a point de contorsions trop nerveuses, tout est réputé aller bien.»Bien négligente pour un adulte, une partie de la société l±était encore plus, si l±on en croit certains praticiens, lorsqu±il s±agissait de nourrissons qui n±avaient vu le jour que depuis quelques mois. Que peut faire, disait-on, un médecin à celui qui est incapable de décrire ses souffrances, qui ne sait que pousser des cris, des plaintes et des gémissements ? A la fin du Second Empire un médecin de la Haute-Vienne allait même jusqu±à affirmer que, de toute manière, la mentalité des paysans était si rude qu±en général ils ne considéraient pas comme un grand malheur la perte de ces bébés qui ne donnaient que de la peine et étaient incapables de rendre le moindre service. Certains de ses confrères ajoutaient que les vieillards étaient aussi souvent considérés comme des bouches inutiles qui mangeaient et travaillaient peu ou pas et qui, de ce fait, étaient non seulement privés de soins mais aussi maltraités.
Les malades périgourdins et limousins qui ont vécu entre la période napoléonienne et la Première Guerre mondiale ne nous ont pas laissé de témoignages directs retraçant leur expérience et exprimant leurs souffrances. Leur histoire ne peut être connue que de façon indirecte, qu±en creux, à travers le discours des autres, essentiellement des médecins qui ont produit la majorité des archives. Peu armés techniquement, mais proches de la réalité e sensible et vécue de la maladie, les thérapeutes provinciaux du XIX siècle ont en effet beaucoup observé, écouté, et écrit. Or, une distance, un profond fossé social et culturel séparaient ces hommes de savoir issus de milieux au moins relativement aisés et les gens du peuple très peu instruits. Aussi, à quelques exceptions près, les praticiens qui jugeaient en fonction de leur propre monde et de leurs propres valeurs considéraient leur clientèle populaire des villes, et encore plus des campagnes, comme des attardés qui croupissaient dans leur obscurantisme, leur ignorance, leurs préjugés, qui n±écoutaient pas les conseils qu±on leur prodiguait, se soignaient contre toute logique en recourant aux services des empiriques, des charlatans, des sorciers et même des saints, et restaient sourds aux prescriptions et aux conseils éclairés des hommes de science.
En dépit du ton assuré et même parfois tranchant de ceux qui l±exerçaient, la médecine n±obtint pas pendant une grande partie du siècle de résultats vraiment remarquables ; elle fut souvent inapte à soulager et à guérir ; les thérapies restaient largement impuissantes face aux épidémies et à la plupart des maladies. Avant 1860 les seuls progrès vraiment importants
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furent l±emploi du quinquina et plus encore du sulfate de quinine pour couper les « fièvres intermittentes », et surtout la vaccination antivariolique e découverte par l±Anglais Jenner à l±extrême fin du XVIII siècle mais qui, malgré tout, n±empêcha pas une terrible épidémie de variole de causer environ 200 000 morts sur le territoire national en 1870-1871. D±autre part, pendant toute la première moitié du sièmodificle, les « découvertes » èrent peu l±activité quotidienne des médecins qui pratiquaient en Limousin et en Périgord, loin de la capitale, du monde des savants et des chercheurs. Les progrès considérables du savoir médical entre les débuts de la Troisième République et l±éclatement du premier conflit mondial ne débouchèrent certes pas toujours sur une nouvelle efficacité thérapeutique, mais ils permirent des avancées considérables dans certains secteurs. Ainsi, à partir de la bactériologie se développèrent la sérologie, l±immunologie et la sérothérapie. Toutefois, pendant longtemps, l±écart demeura important entre les nouvelles connaissances médicales et leur traduction dans la santé. Néanmoins, la médecine étant alors devenue vraiment scientifique, celle-ci et les médecins qui la mettaient en ¥uvre allaient, peu à peu, prendre de plus en plus d±importance parmi la population. Lentement les malades recoururent de plus en plus aux médecins, obéirent à leurs prescriptions, se soumirent à leurs règles ; la maladie relevait désormais de la médecine, elle se médicalisait, et peu à peu reculait puisque en dépit de leurs insuffisances les praticiens étaient capables, à la veille de la Première Guerre mondiale, de combattre assez efficacement les affections les plus fréquentes de l±appareil respiratoire, de l±appareil digestif, mais aussi la coqueluche, la rougeole, la scarlatine.
D±aucuns trouveront peut-être surprenant de voir traiter des accouchements ainsi que de ceux et surtout de celles qui les pratiquaient alors dans un ouvrage consacré à la lutte contre les maux du corps. Certes, mettre au monde ne constitue pas une maladie qui affecte le corps de la femme, mais enfanter s±accompagne comme celle-ci, et à cette époque encore beaucoup plus que de nos jours, de douleurs physiques et de risques, d±où ce choix.
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