La transmission de la folie
287 pages
Français

La transmission de la folie , livre ebook

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287 pages
Français

Description

Pourquoi certains êtres humains sont fous et d'autres pas? La maladie mentale a-t-elle son origine dans un moi perturbé ou bien est-elle une maladie organique? Dans les années 1850, le psychiatre B.A. Morel propose pour répondre à ces questions un schéma général des mécanismes de transmission des troubles mentaux, popularisé sous le nom de "théorie des dégénérescences". C'est le récit de la diffusion de cette notion de dégénérescence qui constitue la trame de cet ouvrage. Une étude qui retrace les débats sur les liens entre hérédité et folie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2003
Nombre de lectures 196
EAN13 9782296326804
Langue Français
Poids de l'ouvrage 9 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LA TRANSMISSION
DE LA FOLIE
1850-1914Collection L'Histoire du social
dirigée par Alain Vilbrod
Longtemps délaissée, l' histoire de la question sociale et des
diverses réponses apportées tout au long du XIXème siècle révèle
aujourd 'hui toute sa richesse.
Durant cette période, œuvres de bienfaisance, philanthropes
avisés, hommes d'Etat sagement réformistes,... interviennent, chacun à
leur mesure. Etudier ce qu'ils entreprennent permet de saisir tous les
enjeux éminemment politiques d'une action sociale qui se démultiplie,
qui est aussi le théâtre de bien des affrontements, qui peu à peu se
professionnalise.
La collection « L'histoire du social» propose, sur ce thème, des
ouvrages sans être abscons, fidèles aux canons de la démarche historique
mais se défiant des trop grandes généralités.
Page de couverture:
Manuscrit autographe, Fonds Zola, NAF 10290 fol. 185, « Cliché
Bibliothèque nationale de France », ParisJean-Christophe COFFIN
LA TRANSMISSION
DE LA FOLIE
1850-1914
L'Harmattan L'Harmattan Hongrie L'Harmattan Italia
5-7, rue de l'École-Polytechnique Hargita u. 3 Via Bava, 37
75005 Paris 1026 Budapest 10214 Torino
FRANCE HONGRIE ITALlERemerciements
Les différentes étapes de la rédaction de ce livre ont été
nourries par des manifestations de soutien et des
commentaires enrichissants de la part de collègues et amis. A
ce titre, je remercie tout particulièrement: Paulo Butti de
Lima, Muriel Badet, Christine Bard, Catherine BarraI,
Jacqueline Carroy, Isabelle Facon, Olivier Faure, Mirjana Illic,
Jeanne Peiffer, Sylvie Rab, Françoise Tétard et Jean-Paul
Zuniga.
Je profite de l'occasion qui m'est donnée pour saluer
l'accueil et la compétence du personnel de la Bibliothèque
médicale Henri Ey du Centre Hospitalier Sainte-Anne, de la
Médiathèque d'Histoire des Sciences de la Cité des Sciences
de la Villette - notamment Patricia Bellec - et de celui des
Archives de l'Assistance publique.
Je remercie Dominique Pestre et les membres du Centre
Alexandre Koyré pour m'avoir accordé leur confiance et
fourni des conditions de travail qui ont grandement facilité
mes recherches.
Un grand merci à Alain Vilbrod, qui a rendu possible cette
publication et qui a fait preuve de beaucoup de patience, de
compréhension et d'encouragement.
Un livre s'écrit, mais il se fabrique également. Le mérite en
revient à Gyl Meillon pour les tâches essentielles de mise en
page qu'elle a effectuées.
Depuis la direction de ma thèse de doctorat, Michelle Perrot
m'a toujours encouragé à continuer. J'espère ne pas lui
donner tort aujourd'hui.
Enfin j'éprouve une grande reconnaissance pour Isabelle
Brunois et Laurent Cavallier qui ont supporté les moments
d'égocentrisme que je leur ai imposés.
Et puisque nous sommes tous le résultat d'une
transmission, mes parents détiennent une part dans la
gestation de cet ouvrage.
@
L'Harmattan, 2003
ISBN: 2-7475-4696-9Introduction*
En juin 1848, Bénédict-Augustin Morel, docteur de la
Faculté de médecine de Paris, signe un article en faveur de la
création d'une médecine sociale dont le principal objectif
sera de pourvoir à la santé du peuple dont «c'est le capital
social le plus clair et le plus précieux» I. Il signale l'urgence
d'une telle mission au regard de la dégradation de la
situation morale et physique du peuple. Moins de dix ans
plus tard, alors qu'il est devenu médecin chef d'un asile pour
aliénés, il constate l'accumulation des suicides, des délits, de
la folie, et la précocité accrue de la délinquance des mineurs.
Autant de signes qui viennent confirmer, selon Morel, la
dégradation d'une situation qu'il dénonce car ilIa trouve de
plus en plus alarmante. La préoccupation concernant les
causes de cette augmentation des dérèglements humains et de
leurs effets désastreux sur le corps social se prolonge, chez
Morel, par une interrogation sur la nature de la folie.
Si l'hérédité des troubles mentaux est l'hypothèse la plus
communément partagée parmi les aliénistes2 les
connaissances sur le sujet, faute d'avoir reçu une
investigation poussée, restent encore très parcellaires et
intuitives. Les médecins des asiles pour aliénés - leur
fonction a été reconnue par la loi du 30 juin 1838 - se sont,
jusque-là, essentiellement investis dans la délimitation et la
description des symptômes des troubles mentaux tout en
assumant, parallèlement, la gestion des établissements
hospitaliers dont ils ont la charge. La constitution d'un
regard clinique sur la folie et la prise en charge des malades
retiennent dès lors la plus grande partie de leur attention.
* Lorsque le lieu d'édition n'est pas précisé, il s'agit de Paris.
I Revue nationale, II, n° 2, juin 1848, p. 504.
2 Le terme est utilisé fréquemment au XIXe siècle pour désigner le médecin
qui s'occupe des aliénés. Il a été progressivement remplacé par celui de
psychiatre utilisé aujourd'hui. Ces modifications ont été très lentes et le
qui désigne le malade mental - est encore utilisé dans lesterme d'aliéné -
textes légaux et judiciaires au XX siècle. l'ai donc choisi de reprendre les
termes employés au XIXe siècle et de rappeler ainsi la diversité des usages et
des mots pour évoquer ce qui touche de près ou de loin à la folie.
5Chacun ressent, cependant, la nécessité de percer le mystère
de la folie. Plusieurs hypothèses ont été avancées depuis le
début du XIXe siècle, reflétant la plupart du temps les
postulats philosophiques de leurs auteurs. Les partisans d'une
interprétation de la folie comme trouble de l'âme pervertie
ont perdu de leur influence, suivant en cela le reflux que
connaît le courant psychologique auprès des aliénistes.
L'interprétation de la folie apparentée à une maladie
cérébrale a gagné du terrain depuis les découvertes à la fin
des années 1820 de lésions du cerveau conduisant à une
paralysie progressive des fonctions vitales. Mais les
enthousiasmes consécutifs à ces découvertes se sont depuis
atténués et les inconditionnels du matérialisme et du
réductionnisme organique ne font plus entendre aussi
bruyamment leurs voix que par le passé. Avant de fonder une
théorie physiologique de la folie, les opposants au courant
psychologique estiment qu'une meilleure connaissance de la
physiologie et de l'anatomie cérébrales est nécessaire.
Face à l'affrontement qui persiste entre les tenants de
l' Homme dont les actions et l'esprit seraient simplement
déterminés par des mécanismes nerveux et ceux qui
demeurent attachés à une interprétation de l'existence
humaine irréductible au déterminisme organique, Morel, au
milieu du siècle, tente une autre voie. Plutôt que de répondre
à l'interrogation: qu'est-ce que la folie? Morel veut
comprendre d'où elle vient et comment elle se développe
chez l'être humain. Le déplacement de perspective qu'il
propose requiert un travail d'investigation sur les causes des
maladies et sur leurs effets sur l'organisme. La réalisation de
son ouvrage intitulé: Traité des dégénérescences
intellectuelles, physiques et morales de l'espèce humaine et
des causes qui produisent ces variétés maladives représente
une première étape de ce projet qu'il s'est donné pour
mission d'accomplir. Paru en 1857, ce livre établit une
théorie des dégénérescences que Morel s'emploie à
démontrer à travers de nombreux exemples. Sa théorie
fournit une lecture générale de l'action nocive des milieux
sur le corps humain et explique la propagation des affections
qui en sont issues grâce à des lois de la transmission
héréditaire. Enfin, sa théorie vise à expliquer pourquoi des
populations sont définitivement altérées tout aussi bien dans
leurs facultés mentales que dans leurs dispositions physiques
par rapport à leur état initial. Le système de Morel attribue
une place importante au milieu mais le dispositif de
6fonctionnement n'est possible qu'à travers l'action de
l'hérédité. C'

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