Le mouvement américain pour l hygiène mentale (1900-1930) ou Comment améliorer la race humaine ?
199 pages
Français

Le mouvement américain pour l'hygiène mentale (1900-1930) ou Comment améliorer la race humaine ? , livre ebook

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199 pages
Français

Description

L'histoire des débuts de l'hygiène mentale aux Etats-Unis, fortement teintée d'eugénisme, est également celle du commencement de l'action sociale moderne. Le mouvement contribue fortement à professionnaliser les premiers travailleurs sociaux. L'hygiène mentale doit beaucoup à l'influence d'un philosophe pragmatiste : William James. Cet ouvrage offre une perspective nuancée sur l'impact de ce mouvement, influent durant la première moitié du XXe siècle dans tout le monde occidental.

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Date de parution 01 janvier 2011
Nombre de lectures 232
EAN13 9782296452978
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

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Extrait

LE MOUVEMENT AMÉRICAIN POUR L’HYGIÈNE MENTALE(1900-1930)
ou Comment améliorer la race humaine
Collection ‘Racisme et eugénisme’ Dirigée par Michel Prum La collection "Racisme et eugénisme" se propose d'éditer des textes étudiant les discours et les pratiques d'exclusion, de ségrégation et de domination dont le corps humain est le point d'ancrage. Cette problématique du corps fédère les travaux sur le racisme et l'eugénisme mais aussi sur les enjeux bioéthiques de la génétique. Elle s'intéresse à toutes les tentatives qui visent à biologiser les rapports humains à des fins de hiérarchisation et d'oppression. La collection entend aussi comparer ces phéno-mènes et ces rhétoriques biologisantes dans diverses aires culturelles, en particulier l'aire anglophone et l'aire francophone. Tout en mettant l'accent sur le contemporain, elle n'exclut pas de remonter aux sources de la pensée raciste ou de l'eugénisme. Déjà parus Catherine UKELO,Les prémices du génocide rwandais. Crise sociétale et baisse de la cohésion sociale, 2010. Claude CARPENTIER et Emile-Henri RIARD,Vivre ensemble et éducation dans les sociétés multiculturelles, 2010. Dominique CADINOT, Michel PRUM et Gilles TEULIE (dir.), Guerre et race dans l’aire anglophone, 2009. Michel PRUM (dir.),Ethnicité et Eugénisme, 2009. Michel PRUM (dir.),Regards surLa Fabrique de la « race ». l’ethnicité dans l’aire anglophone, 2007. Lucienne GERMAIN et Didier LASSALLE (sous la direction de),Les politiques de l’immigration en France et au Royaume-Uni : perspectives historiques et contemporaines, 2006. Xavier YVANOFF,Anthropologie du racisme, 2005. Jean TOURNON et Ramon MAIZ (Sous la dir.),Ethnicisme et Politique,2005. Michel PRUM (dir.),L’Un sans l’Autre, 2005. Frédéric MONNEYRON,L’imaginaire racial, 2004. Michel PRUM (dir.),race »Sang-impur, Autour de la « (Grande-Bretagne, Canada, États-Unis), 2004. Martine PIQUET,Australie plurielle, 2004.
John Ward
LE MOUVEMENT AMÉRICAIN POUR L’HYGIÈNE MENTALE(1900-1930)
ou Comment améliorer la race humaine
© L’Harmattan, 2011 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-54316-4 EAN : 9782296543164
REMERCIEMENTS L’idée de cet ouvrage a émergé suite à un exposé fait au Groupe d’étude sur l’eugénisme et le racisme (GRER) dirigé par Michel Prum à l’université Paris 7 Denis-Diderot. Qu’il soit remercié ici pour ses encouragements et pour ses remarques toujours pertinentes. Un grand merci à Mary Midgley de m’avoir initié il y a fort longtemps aux questions philosophiques que pose le phénomène d’évolution. Indirectement, mes anciens collègues du dispensaire d’hygiène mentale de Maisons-Alfort et ceux du Groupe de recherches en service social psychiatrique (GERSSP), animé par Marceline Gabel et Jacques Houver ont beaucoup contribué aussi à cette réflexion. Un remerciement leur est adressé, ainsi qu’à tous les lecteurs du manuscrit, spécialement à Jean Pierre Turpin, Joel Kerouanton, Frédérick Debbout, Annie Acker et Mathilde Peyroche. Merci à tous les archivistes de laBritish Library, des archives de l’Assistance publique de Paris, de la bibliothèque Henry-Ey et du musée de l’histoire de la psychiatrie (SERHEP) à l’hôpital de Ville-Evrard, ainsi qu’aux constructeurs de site internetHome Economics ArchiveEnfin, un grand merci à ma (HEARTH). famille pour son soutien sans faille et ses nombreuses relectures.
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I N T R O D U C T I O N L E P R O G R ÈS E N P S Y C H I AT R I E A U R I S Q U E D E L’ E U G É N I S M E Le mouvement américain de l’hygiène mentale doit ses origines à la rencontre entre un psychiatre, Adolf Meyer, avec un visionnaire, ancien malade mental, Clifford Beers. Les deux hommes ont fondé le Comité national de l’Hygiène mentale (National Committee of Mental Hygiene)NCMH en 1910. Cette instance dominera la scène psychiatrique américaine tout au e long de la première moitié du XXfournissant un effort siècle, extraordinaire de propagande sur la santé mentale de la population américaine, dans un but d’amélioration de la « race humaine » tout entière. Courant dominant en psychiatrie aux États-Unis, les différentes déclinaisons de l’hygiène mentale ont joué aussi un rôle considérable sur la scène internationale. Partant d’un élan e philanthropique, né vers la fin du 19 siècle, visant à humaniser le sort des aliénés, le discours du mouvement s’élargit progressivement pour se transformer en projet de promotion de l’amélioration du psychisme de la « race humaine ». Vers la fin de la période traitée, au cours des années 1930, le mouvement s’est dispersé sous l’influence de doctrines difficilement réconciliables: psychiatrie organiciste, militantisme communiste et psychanalyse. Les différentes composantes du mouvement ont opéré un repli sur leurs disciplines d’origine, médicales, 1 éducatives, psychologiques et sociales . 1  Les travaux de Hans Pols,Thèse,Managing the Mind. The Culture of American Mental Hygiene, 1910-1950, thèse, université de Pennsylvanie, 1997, offrent une étude exhaustive des activités du mouvement et des tensions qu’il a traversées.
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L’apport personnel de Clifford Beers a joué un grand rôle dans l’essor du mouvement. Ancien malade, il est habité par l’idée que sa guérison, et le récit qu’il en a fait doivent servir d’exemple pour améliorer le sort de tous les malades mentaux. La publication de son autobiographieUn esprit retrouvé (A Mind that Found Itself) en mars 1905 constitue l’acte fondateur du mouvement de l’hygiène mentale. Beers allait devenir le premier non-médecin à jouer un rôle sur la scène psychiatrique internationale, occupant une place reconnue aux côtés des médecins et autres professionnels tout au long de la première e moitié duXXIl a organisé de nombreux congrès, est siècle. passé maître dans l’art du « lobbying » pour obtenir des pouvoirs publics les ressources nécessaires pour la création de structures extrahospitalières, et a mené un infatigable combat 2 pour le droit du malade à un traitement humain . En 1918, dix-sept États fédéraux sont déjà dotés d’un comité d’hygiène mentale et cinquante et un en 1936. Ce succès n’aurait pas été possible sans Adolf Meyer et le philosophe, William James. Les deux hommes ont aidé à la rédaction, participé activement aux comités et soutenu Clifford Beers face aux nombreuses épreuves personnelles auxquelles il a été confronté durant la phase de démarrage du mouvement. Se réclamant de la pensée de Charles Darwin, l’hygiène mentale est issue de toute une série d’autres influences évolutionnistes, tels le darwinisme social de Herbert Spencer, l’apport d’aliénistes français, inventeurs du concept de « dégénérescence mentale », ou encore les théories de John Dewey, universitaire et pionnier dans le domaine de l’éducation. Le terme « hygiène mentale » est identifiable dès 1855 dans des pamphlets de philanthropes proposant une nouvelle voie pour éliminer les freins au développement humain. Une première société, de courte durée, a été fondée en
Nous sommes fortement redevables à l’égard de cette étude très riche, sans partager pour autant son propos sur l’existence d’une « culture » hygiéniste.2  Norman Dain,Clifford W. Beers, Advocate for the Insane, University of Pittsburgh press, Pittsburgh, 1980.
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