Pasteur et Besançon, naissance d un génie
433 pages
Français

Pasteur et Besançon, naissance d'un génie , livre ebook

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433 pages
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Description


Collection : Acteurs de la Science

Le nom de Louis Pasteur inspire le respect parce qu'il est inscrit au fronton de l'Institut mondialement connu pour sa lutte contre les maladies infectieuses. Mais si le nom est célèbre, qui connaît les origines de l'homme et de sa carrière ? Le futur savant avait des attaches familiales à Besançon depuis le XVIIe siècle. La première partie de l'ouvrage relate cette histoire. Les deux dernières parties du livre racontent la saga méconnue, de Besançon à Strasbourg, de Paris à Lille, qui marqua le début d'une vie professionnelle d'exception.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2010
Nombre de lectures 320
EAN13 9782296247512
Langue Français
Poids de l'ouvrage 17 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Pasteur et Besançon Naissance d’un génie
Acteurs de la Science collection dirigée par Richard Moreau, professeur émérite à l’Université de Paris XII, et Claude Brezinski, professeur émérite à l’Université de Lille I
La collection Acteurs de la Science comprend des études sur les acteurs de l’épopée scientifique humaine, des inédits et des réimpressions de textes anciens écrits par les savants qui firent la Science ou sur euxpar leurs pairs, des débats et des évaluations sur les découvertes les plus marquantes et sur la pratique de la Science.
Titres parus
René Vallery-Radot,La Vie de Pasteur. Préface par Richard Moreau, 2009. Nausica Zaballos,Le système de santé Navajo. Savoirs rituels et scientifiques de 1950 à nos jours, 2009. Roger Teyssou,Une histoire de l’ulcère gastro-duodénal. Le pourquoi et le comment, 2009. Robert Locqueneux,Henri Bouasse. Réflexion sur les méthodes et l’histoire de la physique, 2009. Etienne Mollier,Mémoires d’un inventeur. De la photographie 35 mm au rétroprojecteur (1876-1962). Préface et épilogue de Suzanne Séjournant-Mollier, 2009. Jérôme Janicki,Le drame de la thalinomide. Un médicament sans frontières (1956-2009), 2009. Yves Delange,Plaidoyer pour les Sciences naturelles. Dès l’enfance, faire aimer la nature et la vie. Introduction de Richard Moreau, 2009. Marie-Thérèse Pourprix,Des Mathématiciens à la Faculté des Sciences de Lille (1854-1971), 2009. Pierre de Félice,Histoire de l’Optique, 2009. Roger Teyssou,Dictionnaire des médecins, chirurgiens et anatomistes de la Renaissance. Préface de Richard Moreau, 2009. Alexis et Dominique Blanc,Personnages célèbres des Côtes d’Armor, 2009. Jacques Arlet,La Fayette, gentilhomme d’honneur, 2008. Jean-Pierre Renau,Eugène Woillez (1811-1882), le véritable auteur du poumon d’acier. Préface du Dr Pouliquen, 2008. Roger Teyssou,Dictionnaire mémorable des remèdes d’autrefois. Préface de Richard Moreau, 2007 Michel Cointat,Florian 1755-1794. Aspects méconnus de l’auteur de Plaisir d’amour, 2007. Suite des titres de la collection à la fin du livre
Richard Moreau
Pasteur etBesançon Naissance d’un génie
Préface de Jean Defrasne, ancien élève de l’Ecole normale supérieure
L’Harmattan
Préface
C’est avec plaisir que j’écris ces quelques mots en préface d’un ouvrage sur Pasteur et Besançon. Je le fais aussi en toute amitié pour Richard Moreau, qui fut mon élève au Lycée Victor Hugo, scientifique rigoureux, mais aussi historien de qualité, qui met au point depuis des années une solide biographie de Pasteur. Il est vrai qu’aujourd’hui, si le grand savant, bienfaiteur de l’humanité, est connu dans le monde entier, on parle moins qu’au siècle dernier de ses attaches comtoises qu’il n’a cessé de revendi-quer. Son souvenir s’est singulièrement estompé à Besançon, où l’on célèbre plus volontiers Hugo ou Vauban. Et pourtant la capitale comtoise a joué un grand rôle dans ses traditions familiales, à la fin du dix-huitième siècle, et dans la for-mation de Pasteur lui-même au collège royal de Besançon. Richard Moreau a recherché la généalogie des Pasteur, paysans de Mouthe attirés par le Bas-Pays, sans dissimuler les difficultés qu’ils ont rencontrées et l’humilité de leur condition. Rien de com-mun avec l’ascension des Granvelle. Le grand-père de Pasteur, Jean-HenryPasteur, né à Salins, est soldat au Royal-Artillerie de Besançon, il s’installe ouvrier tanneur au 53, rue d’Arènes. En 1791, il épouse Gabrielle Jourdan, fille d’un périgourdin, soldat de fortune, devenu cabaretier à Battant, près des casernes. Jean-Henry mène donc une vie simple au coeur des événements révolution-naires, avec des familles amies, les Cobet, Bouillard, Vichot, près de l’église des Bousbots, la Madeleine, qui était alors en pleine reconstruction. Le père de Pasteur, Jean-Joseph, marque pour un temps une rupture avec Besançon. Il grandit à Salins, combat honorablement dans les armées de l’Empire, devient tanneur à Dole, où Louis naît en 1822, puis il est artisan et négociant à Arbois, où il acquiert une certaine aisance. Richard Moreau prend bien soin de situer les Pasteur dans le cadre et dans l’époque où ils vivent, les fermes de Mouthe, les petites villes jurassiennes, le faubourg Battant. Il tient
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à montrer ce qu’ils sont, paysans, soldats, ouvriers, ce qui contre-dit parfois la légende dorée que la Troisième République et René Vallery-Radot ont créée sur le grand homme. La jeunesse de Pasteur se déroule àArbois. Il entre à l’école mutuelle, puis au collège où, grâce à un bon maître, M. Romanet, il fait une scolarité honorable tout en montrant un réel talent d’artiste pour le dessin et le pastel. Richard Moreau nous apprend à connaître le père de Pasteur, travailleur, autoritaire, adepte de la Charbonnerie spiritualiste, mais très attaché auxbiens matériels. On le voit s’opposer maintes fois auxaspirations de son fils et accepter de mauvais gré qu’il fasse de longues et coûteuses études. Et Besançon reparaît en 1839, l’année où Pasteur entre au col-lège royal. Il faut lire les pages que Richard Moreau consacre à la ville de Besançon dans ces années 1830où elle n’a pas encore pris son essor, à la vie des élèves au collège royal, auxrapports avec les professeurs, auxlacunes de l’enseignement, à l’indiscipline générale, toutes conditions qui ne garantissent pas la réussite sco-laire. Richard Moreau s’intéresse aussi à l’entourage du jeune Pasteur, à ses amis Chappuis, Marcou, Bertin, au peintre Flajoulot, au philosophe Joseph Droz, qui exalte le travail et la science. Il met fin à une légende qui voulait que Pasteur ait reçu des leçons de chimie d’un pharmacien de la ville. Il nous montre Pasteur, bon élève, sérieux, mais sans aptitudes particulières en physique et en chimie, ses difficultés à décrocher le baccalauréat ès Sciences, son peu d’intérêt pour son emploi de répétiteur qu’il assure à partir de 1840parallèlement à ses études, ses hésitations à préparer les grands concours. C’est pourtant à Besançon que Pasteur prend conscience de ses possibilités, qu’il choisit la carrière universitaire, qu’il se décide pour l’Ecole normale supérieure, où il intègrera en 1843. A cette date, il quitte Besançon, pour Paris. Agrégé de sciences physiques et naturelles en 1846, il serait peut-être revenu professeur dans cette ville où il était proche des siens, mais la Providence lui réser-vait un tout autre destin. Jean Defrasne ancien élève de l’Ecole normale supérieure
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Avant-Propos
Pays des grands rochers... / Et des sources cou-lant d’emblée à rives pleines, / Pays des vrais savants, des nobles songe-creux, / Des robustes soldats et des vins généreux... MaxBuchon
Entre le 24 et le 31 mai 1923, eut lieu en France la commémo-1 ration nationale du centenaire de la naissance de Pasteur . Après Paris, Versailles et Chantilly, le président de la République, 2 Alexandre Millerand , consacra les 26, 27 et une partie du 28 mai auxvilles de Dole, Lons-le-Saunier, Arbois, Salins et Besançon, pour honorer Pasteur en son pays, au prixd’un marathon de céré-monies, discours et banquets. Le président quitta la Franche-Comté le 28 mai après-midi pour l’Alsace et Strasbourg, où s’achevèrent les célébrations. A son arrivée à Dole le 26 mai un peu avant neuf heures du matin, Alexandre Millerand fut accueilli 3 par Victor Bérard , sénateur du Jura, qui lui remit des eaux-fortes représentant des sites dolois, lédoniens, arboisiens et bisontins. C’était le programme du voyage, à la ville de Salins près. Des dis-cours de qualité furent prononcés. Les principauxorateurs : Léon 4 5 Bérard , Victor Bérard, Charles Dumont , Georges Goyau (1869-1939), membre de l’Académie française, et Alexandre Millerand, ____________ 1.Livre d’Or de la Commémoration nationale du centenaire de la naissance de Pasteur, célébrée du 24 au 31 mai 1923. Imprimerie nationale, 1928. 2. Alexandre Millerand (1859-1943), d’origine haut-saônoise, fut avocat d’affaires à Paris, député de la Seine, plusieurs fois ministre, notamment de la Guerre (1914-1915), président du Conseil (1920), président de la République (1920-1924), puis sénateur. 3. Victor Bérard (1864-1931), né à Morez(Jura), ancien élève de l’Ecole normale supérieure, membre de l’Ecole française d’Athènes, il traduisit l’Odysséeet découvrit des sites décrits par Homère. Sénateur du Jura de 1920à 1931. 4. Léon Bérard (1876-1960), à ne pas confondre avec le précédent, fut avocat, député, puis sénateur des Basses-Pyrénées, ministre de l’Instruction publique, Garde des Sceauxet finalement ambassadeur de France du gouvernement de Vichyauprès du Saint-Siège. Académie française : 1934. 5. Charles Dumont (1867-1939) fut député du Jura de 1898 à 1924, sénateur du Jura de 1924 à 1939, président du Conseil général du Jura de 1921 à 1939, plusieurs fois ministre, notamment des Finances. - Cf. Pierre Jeambrun (1995)Charles Dumont. Un radical de la Belle Epoque. Tallandier, Paris.
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abordèrent les aspects notables de la vie de Pasteur, et les mirent en perspective avec des questions nationales. Deux discours nous intéressent au premier chef et d’abord celui, superbe,d’Arbois, où 6 Victor Bérard fit des variations brillantes sur «Pasteur comtois» , mettant à leur place le poète comtois d’occasion, vite oublieux, sauf par un vers, de la ville où il naquit, et le savant enraciné dans sa terre :Quand, au seuil de la nouvelle Sorbonne, la France du XIXème siècle voulut personnifier les sciences et les lettres, elle érigea devant la chapelle de Richelieu les deux statues de Pasteur et de Victor Hugo. C’est de notre terre comtoise que, depuis un siècle, se sont élevées les deux plus grandes voix de la poésie et de la pensée françaises. Mais c’est le vent du hasard et des guerres qui jeta le berceau du poète dans notre Besançon, vieille ville espagnole... Celui que nous célébrons aujourd’hui est vraiment l’enfant de notre terre, le fils de notre sang, la pensée de notre esprit, le témoin devant la France de notre caractère et de notre idéal, le répondant de notre mémoire devant les siècles à venir. On ne savait pas alors que la grand-mère paternelle du savant était bousbotte (originaire du faubourg de Battant, à Besançon), et qu’elle avait des ancêtres venus de Suisse, de Savoie, de la Creuse et du Périgord, tous fondus dans le moule bisontin et comtois. Tout en soulignant l’universalité du génie de Pasteur, Victor Bérard rappela (nous savons bien, nous autres, nous les Comtois) que par ses plus lointaines origines et ses fibres les plus pro-fondes, par le tempérament de tout son être, par ses conceptions et ses règles de vie, par le ton, par l’allure et par le geste, il était de chez nous et le plus Comtois des Comtois qu’ait jamais connu notre histoire;en lui, notre province offrit à la nation le plus beau type de notre race.Elle nous l’avait préparé durant des siècles: pour donner aux ancêtres de Louis Pasteur toutes les qualités diverses et parfois contraires qu’elle inculque aux enfants de ses divers finages, elle les avait conduits, étape par étape, sur cette route coutumière qui, des forêts et des granges de là-haut, amena toujours nos rudes«montagnons»vers les douceurs et vers les villes du«bon pays». Il brossa ensuite la descente des aïeuxde Pasteur des hautes terres de Mouthe et de Reculfozjusqu’à Salins, ____________ 6. Victor Bérard,Livre d’Or de la Commémoration nationale..., discours d’Arbois, pp. 213-214.
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au XVIIème siècle et dans la seconde moitié du XVIIIème, pour finir avec l’arrière-grand-père du savant, qui y fit souche :Au XVIème siècle, la famille des Pasteur vivait là-haut, sur le faîte des monts, dans les pâturages de Reculfoz, sous les sapins de la Haute-Joux. Au XVIIème et au XVIIIème, elle descendait au large et clair Val de Miège, dans les labours de Plénisette et de Nozeroy, puis au rebord du plateau, dans les jardins et prairies de Lemuy. En 1763, le bisaïeul Claude-Etienne entrait enfin dans ce refuge de Salins, qui fut si longtemps la porte de la vie franche pour nos gens de la montagne que la mainmorte maintenait encore dans le 7 servage. En fait, le statut des ancêtres de Pasteur n’avait rien à voir avec les clichés voltairiens qui furent un élément de la légen-de pasteurienne, mais VictoràBérard n’avait pas tort : ce fut bien Salins que Claude-Etienne Pasteur, comme d’autres, effaça la maculede la mainmorte, passant d’une survivance obsolète du monde médiéval au monde moderne. Puis il acheta la bourgeoisie de la ville lorsqu’il se maria avec Jeanne Lambert, de Cernans, vil-lage sur le bord des pentes du Premier Plateau. A la fin du siècle des Lumières, la ville des Pasteur était Salins. En 1788, Jean-Henry, l’aîné du couple, s’engagea au régiment d’Artillerie de Metz, stationné à Besançon. Ilyépousa une bousbotte dont il eut un fils, Jean-Joseph, né en 1791 : c’est la première partie de l’his-toire bisontine de la branche du savant. Les parents de l’enfant étant morts tôt, il fut récupéré à Salins par ses grands-parents. Devenu jeune homme, une vie agitée le conduisit sur les champs de bataille de l’Empire, puis il revint à Salins, se maria, s’établit tanneur à Dole, où son fils Louis naquit, à Marnozet à Arbois. Là, Louis fit ses études secondaires jusqu’à la Rhétorique. On prépa-rait le baccalauréat dans un collège royal (lycée). Pour lui, ce fut celui de Besançon où, une fois reçu (difficilement) au baccalauréat ès Sciences, il fit le choixdéterminant de l’Ecole normale supé-rieure avec l’envie, aiguillonnée par son père, de revenir dans la capitale comtoise. C’est cette histoire des Pasteur et de la jeunesse de leur descendant que nous allons suivre, en partant du Haut-Doubs et en passant par Besançon et Paris. Elle se termina à Strasbourg, avant l’envol du savant vers Lille et la capitale. ____________ 7. R. Moreau, 2000,Préhistoire de Pasteur. L’Harmattan, Paris, cf. Mainmorte et légende pasteurienne, pp. 101-126.
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En 1923, au banquet duCasino de Besançon, le maire Charles Krug et Alexandre Millerand évoquèrent la richesse de la Franche-Comté en hommes de valeur et la nécessaire régionalisation des centres de décision. Le président de la République prit l’exemple des années collégiennes de Pasteur à Besançon :La Franche-Comté apporte à ces fêtes la participation émue et fervente de la petite patrie. Ce n’est pas seulement à son titre de métropole de la Franche-Comté que Besançon doit notre visite. Pasteur y vécut des années importantes. Paris était trop éloigné, trop différent de sa chère Comté pour qu’il pût tout de suite s’y acclimater;une courte expérience l’en avait convaincu. D’Arbois à Besançon, on ne compte qu’une cinquantaine de kilomètres. Il viendrait donc au collège de Besançon préparer ses baccalauréats et l’examen de 8 l’Ecole normale. Puis, après avoir décrit la voie suivie par le jeune homme, les qualités des Comtois à travers lui, et cité les gloires de la province au XIXème siècle, il demanda :N’est-il pas légitime de grouper aujourd’hui, à la gloire de la Franche-Comté, autour de Pasteur, quelques-uns des hommes illustres dans tous les ordres de l’esprit, auxquels elle donna naissance(...),sont-ils indignes d’être nommés dans ce florilège des gloires franc-com-toises et françaises, en cette ville de Besançon, passionnée pour les recherches d’histoire régionale et qui possède dans sa célèbre bibliothèque un de nos fonds les plus précieux et les plus riches? 9 La veille, Marius Pieyre, maire de Dole, avait parlé aussides fils de la Comté, terre française depuis 1678(...)qui se plaisent à rappeler que la vieille province, bien que tard venue à l’unité, y est venue cependant assez tôt pour que déjà son rôle dans notre histoire brille de l’éclat de noms fameux(...),tous, suivant l’expression de Lucien Febvre, se montrant, dans des situations diverses, «Comtois comtoisant dépourvus un peu de brillant, mais pleins de solidité et d’endurance», «droits fermes et pleins de conscience, d’une indépendance ombrageuse et fière». Pasteur en fut, mais on peut lui appliquer ce que Balzac disait de Besançon dansAlbert Savarus:Des gloires de la ville, on ne s’en occupe pas. Lors de la tournée des Excellences de la République de 1923, ____________ 8. Alexandre Millerand,Livre d’Or de la Commémoration nationale..., discours au Casino de Besançon, p. 232. 9. Marius Pieyre,Livre d’Or de la Commémoration nationale..., discours à la Salle des fêtes de Dole, p. 198.
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