Penser la nation
418 pages
Français

Penser la nation , livre ebook

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418 pages
Français

Description

Après la Révolution de 1789, la volonté refondatrice s'affiche partout, imposant d'inventer de nouveaux rapports ouvrant des perspectives d'avenir. Le sujet se mue en citoyen et l'abolition des droits féodaux sape les bases de l'édifice social et de l'identité individuelle. Penser la nation passe alors par une recomposition de l'ensemble des référents, qui puise dans l'histoire des modèles propres à structurer une nouvelle identité collective résolument fondatrice et valorisante.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2011
Nombre de lectures 10
EAN13 9782296474048
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Laure Lévêque
PENSER LA NATION
Mémoire et imaginaire en révolutions
L©Harmattan
© L«Harmattan, 2011 5-7, rue de l«École polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
ISBN :978-2-296-56666-8 EAN : 9782296566668
À la Mite et aux Mânes
CollectionHistoire, Textes, Sociétés dirigée par Monique Clavel-Lévêque et Laure Lévêque
Pour questionner l'inscription du sujet social dans l'histoire, cette collection accueille des recherches très largement ouvertes tant dans la diachronie que dans les champs du savoir. L'ojet affiché est d'explorer comment un ensemle de référents a pu structurer dans sa dynamique un rapport au monde. Dans la variété des sources – écrites ou orales –, elle se veut le lieu d'une enquête sur la mémoire, ses fondements, ses opérations de construction, ses refoulements aussi, ses modalités concrètes d'expression dans l'imaginaire, singulier ou collectif.
Déjà parus
Lydie Bodiou, FlorenceGherchanoc, Valérie Huet, Véronique Mehl,Parures et artifices : le corps exposé dans l’Antiquité, 2011. Stève Sainlaude,Le gouvernement impérial et la guerre de Sécession (1861-1863),2011. Stève Sainlaude,La France et la Confédération sudiste (1861-1865), 2011. Maurice Bazémo,Esclaves et esclavage dans les anciens pays du Burkina Faso, 2007. Laure Lévêque (éditeur),Paysages de mémoire. Mémoire du paysage, 2006. Laure Lévêque (éditeur),Liens de mémoire. Genres, repères, imaginaires, 2006. Monique Clavel-Lévêque,Le paysage en partage. Mémoire des pratiques des arpenteurs, 2006.
« La France est vraiment un nouveau monde ». Abbé Grégoire, 14 fructidor An II
« J’ai passé ma vie à ét udier l’ancienne France ; elle a grandement contribué à égarer et à affol er la France nouvelle ; mais la nouvelle a beaucoup à comprendre et à apprendre de l’ancienne pour se sauver ». François Guizot, 24 décembre 1872
Intr oduc tion
« L’histoire est comme Janus, elle a deux visages : qu’elle regarde le passé ou le présent, elle voit les mêmes choses ». Maxime D u Camp,Paris, 1869
« Le dix-neuvième siècle est un enfantement de civilisation. Il a un continent à mettre au monde. La France a porté ce siècle, et ce siècle porte l’Europe. Le groupe grec a été la civilisation, étroite et circonscrite d’abord à la feuille du mûrier, à la Morée ; puis la civilisation, gagnant de proche en proche, s’est élargie, et a été le groupe romain ; elle est aujourd’hui le groupe françai s, c’est-à-dire toute l’Europe ; avec des co mmencements en Amérique, en Afrique et en Asie ». Victor Hugo,ShakespeareW illiam , 1864
« Le dix-neuvième siècle a pour famille lui-même et lui seul. Il est 1 de sa nature révolutionnaire de se passer d’ancêtres » . En somme, tel le e général Lefebvre vu par madame Sans-Gêne, c’est le XIX siècle qui serait un ancêtre. C’est que, comme lui, « le dix-neuvième siècle a une mère 2 auguste, la Révolution française » .
1 Victor Hugo,W illiam « Bouquins », 1985, p. 431. 2 Id. ibid.
Shakespeare,
in
Critique,
Paris,
Robert
Laffont,
Penser la nation. Mémoire et imaginaire en révolutions
Manière, pour le Hugo deWilliam Shakespeare(1864), d’insister sur la rupture fondatrice qu’accomplit la Révolution, une Révolution qui, 1e partant, s’affirme originelle et commande un XIX siècle fils de ses œuvres dans un accouchement à l’envers qui bouleverse les lois de la génération et invite à penser autrement qu’en termes reçus les rapports d’engendrement de la littérature et de l’histoire : à Création nouvelle, nouvelles lois de la création. e Pourtant, si le XIX siècle s’affiche inaugural, « sans famille », en répudiant la longue lignée des pères coupables, sans devanciers, il est loin d’être sans introducteurs qui veillent comme autant de parrains sur le berceau et ce n’est pas dans les seuls « Fantômes parisiens » qu’un fantôme hante la France, quand Baudelaire, sous la modernité, se fait le chantre du : « Charme profond, magique, dont nous grise 2 D ans le présent, le passé restauré ! » . Pas si facile, donc, du passé de faire table rase. Quand monte l’angoisse des hommes, au moment où bascule le destin de la collectivité, le passé ne passe pas, l’image fait retour du traumatisme initial qui, dans le dit ou le non dit, n’épargne personne. Et les enfants du siècle de recourir aux origines, tel Edgar Quinet dans l’Histoire de mes idées(1858), s’appuyant sur 3 Tacite pour rappeler l’évidence intime qu’ont fait naître en lui les
1 e Si elle est « Source de la littérature du XIX siècle », il s’ensuit que « Les écrivains et e les poètes du XIX siècle ont cette admirable fortune de sortir d’une genèse, d’arriver après une fin du monde, d’accompagner une réapparition de lumière, d’être l’organe d’un recommencement »,ibid., pp. 433-434. 2 Charles Baudelaire, « Un fantôme, II »,Les Fleurs du mal, XXXV III, Claude Pichois (éd.), inŒuvres complètes, I, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1975, p. 39. 3 « Qu’est-ce qui faisait de Tacite un livre unique, incomparable pour moi ? Ce n’était pas seulement ce qu’on a coutume d’y chercher, le secret de l’âme d’un tyran. Je découvris en lui quelque chose qui me regardait et me touchait de plus près : le récit de ce que j’avais vu moi-même, des catastrophes, des chutes d’empi res ; des empereurs fugitifs, renversés, relevés, rejetés en quelques mois (...). Les Cent-Jours reparaissaient dans les vies rapides de Galba, d’Othon », Edgar Quinet,Histoire de mes idées. 10
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