Qui a tué l enfant ?
59 pages
Français

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Description


QUI A TUÉ L’ENFANT ?


Dans un hameau retiré, chez la Guillaumette, une scène d’effroi attend les policiers : une femme gît à terre, étranglée, et le bébé qu’elle gardait en nourrice est mort étouffé avec son oreiller, dans son berceau.


Le vrombissement d’un moteur de voiture, des aboiements rageurs, un grand cri... les voisins n’ont rien entendu de plus, ce soir-là.


Serge VORGAN, chargé de l’enquête, est convaincu que le vol n’est pas le mobile du crime et que l’amant de la défunte, un homme alcoolique et violent, n’est pas le meurtrier.


Mais, même quand on pense que les raisons se trouvent ailleurs, encore faut-il réussir à les dénicher...


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 3
EAN13 9782373471502
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

couve

SERGE VORGAN

QUI A TUÉ L’ENFANT ?

Roman policier

 

par Gustave GAILHARD

 

D'après la version publiée sous le titre « Autour du berceau », signé Silvio, aux éditions « La Technique du Livre » en 1939.

*1*

 

— En somme, vous n'avez rien vu ?

— Rien de rien, mon bon monsieur !

Dans cette salle rustique aux murs badigeonnés de chaux, où la véhémente odeur du fumier entrait par la fenêtre basse ouverte sur la cour, le juge d'instruction fixait sur le visage dur et fermé du père Faucheux un regard qui ratatinait le bonhomme sur son escabeau.

— J'ai tout dit, mon bon monsieur, dit, en vérité vraie, tout ce que j'pouvions dire. J'ons simplement entendu, dans la cour, l'chien aboyer. Ça m'a réveillé. Mais il hôlait du côté de cheu l'voisin, c'était pas du côté de mon poulailler à moé !

— Quelle heure pouvait-il être ?

— J'sais beaucoup ! J'ai pas, ben sûr, battu mon briquet pour regarder l'horloge. Par la fenêtre, j'ons vu, d'mon lit, la lune juste au-dessus du peuplier qu'est là, près du ruisseau. Pouvait donc être assez tard, puisque la lune s'lève à c'te époque devers les neuf heures aux noues noires.

— Et vous n'avez pas cherché à savoir pourquoi le chien aboyait ainsi ?

— J'm'occupe beaucoup des voisins, moé ! C'était pas du côté de mon poulailler et de mes clapiers. Alors !

— C'est juste. Et vous vous êtes rendormi ?

— Quasiment, mais pas t't à fait, mon bon monsieur. J'avions un chicot de dent qui m'faisait des lancinettes.

— Et vous avez cru entendre un cri, dites-vous ?

— Me semble qu'oui... Comme un cri étouffé, qui s'a achevé en eun'sorte de petit sifflet. Je m'ai dit qu'il devait s'passer quelque chose chez la Guillaumette. Mais j'ons pu rien entendre qu'les grenouilles du ru qui faisaient leur sabbat d'chaque nuit. Et comme j'commençais à m'assoupir d'nouveau, j'ons entendu c'te carne de chien qui remettait ça.

— Il s'était repris à aboyer ?

— C'est-à-dire... de vrai... pas t't à fait à aboyer... Non... À c'te fois, on aurait quasiment dit qu'il hurlait à la mort.

— Et, sursauta le magistrat, cela ne vous a pas incité à vous lever ?... à aller voir ?

— J'allais pas, ben sûr, attraper froué, rapport à mes lancinettes qui commençaient à s'calmer ! Pis, j'vous dis, c'était point chez moé ! Et pis, j'étions pas très à tu et à toi avec la Guillaumette, rapport à son noyer qui dégrade mon toit. On avait eu des mots.

— C'était pourtant, sacrebleu ! chez votre toute proche voisine, à la porte à côté, dans cette même cour, qu'on assassinait !

— C'était pas chez moé.

— Mais, objecta le magistrat, effaré, si c'était vous qui aviez été la victime ?

— Allez, mon bon monsieur, les voisins se seraient-ils mouvus ?

— Et voilà !... fit le juge d'instruction, écœuré, en quittant avec le capitaine de gendarmerie le logis sordide.

Un chemin privé perpendiculaire à la route et formant cul-de-sac, sorte de cour commune, était occupé par trois habitations contiguës. La maison du père Faucheux en occupait le fond, tout à côté de celle de la Guillaumette, où avait eu lieu le drame. La troisième, celle qui était près de la route, était habitée par les deux frères Crochu, célibataires et taciturnes, hargneusement unis par le travail commun sur le bien indivis du père défunt.

Les renseignements qu'on en put extirper n'étaient pas moins réticents et vagues que ceux du père Faucheux. Le plus jeune des frères, farouche et fermé, déclara n'avoir rien entendu. L'aîné, lui, dit avoir entendu le chien du père Faucheux. Il lui avait semblé à ce moment qu'on marchait sur le gravier de la cour. Il ne s'était pas inquiété. Il savait, bien sûr, comme tout le monde, que la Guillaumette « avait de la relation » avec un garçon de ferme des environs, le Marinier, qui venait en cachette, la nuit. Tout le monde était au courant dans le pays. Il avait entendu, en effet, s'ouvrir et se refermer la porte de la victime. C'était tout.

— Cependant, objecta le magistrat, puisque vous avez été réveillé par l'aboiement du chien, vous avez dû entendre un cri ?

— P't-être bien qu'oui. Mais j'm'ai dit : c'est rien. C'est le Marinier qui envoie une torgnole à la Guillaumette, v'là tout. J'allions pas, bien sûr, m'occuper de ça. Chacun chez soé, pas vrai ?

— Vous n'avez pas entendu autre chose ?

— J'ons entendu ed'nouveau qu'on marchait dans la cour. Je m'ai dit : le Marinier s'en retourne, v'là tout.

— Vous avez entendu de nouveau le chien hurler ?

— Oui. Je m'ai dit : il a, pardi, la faim au ventre, c'te bête. Mais le chien s'a arrêté de hurler pour aboyer de vers une auto, qu'on a entendue sur la route. V'là tout.

— Ah ! fit à ce moment le capitaine de gendarmerie, voici, monsieur le juge, les messieurs de la police qui nous sont détachés de Paris. Je les reconnais. C'est M. Vorgan et son brigadier Pointillon.

Le juge serra la main aux deux policiers.

— Je crois, ma foi, exposa-t-il à Vorgan, que notre besogne ne sera pas très embrouillée. Le crime est odieux, mais clair en somme, celui d'un alcoolique. L'assassin est d'ailleurs virtuellement connu et, à l'heure actuelle, probablement arrêté. Nous avons des présomptions qui équivalent à des certitudes, et les aveux de l'homme en question ne peuvent être longs à obtenir. Les preuves s'accumulent, Dieu merci, d'elles-mêmes.

Déjà mis au courant par de vagues témoignages recueillis, Vorgan et Pointillon se rendirent, en compagnie du juge et du capitaine, au lieu du crime.

Dans la première des deux salles qui composaient le logis de la Guillaumette, le spectacle qui s'offrit à la vue des deux policiers plissa quelque peu leur visage.

Dans un berceau, un enfant en tout bas âge avait été étouffé sous un oreiller. Le petit corps était froid et raidi dans ses langes.

— Oui, répéta le juge, un crime odieux et bestial, celui d'un alcoolique ou d'un fou.

Près du berceau, gisait, sur le carreau, une femme étranglée, uniquement vêtue de sa chemise. Sur son cou, la main de l'assassin avait laissé ses traces violacées. Les cheveux de la victime étaient dénoués et épars, et sa chemise de grosse toile était déchirée à l'épaule.

— Tout indique qu'il y a eu lutte. Cette femme, exposa le juge d'instruction, avait des relations avec un garçon de ferme, qui venait, la nuit, la retrouver chez elle assez fréquemment. Cet homme est un violent et un ivrogne qui lui buvait son argent. D'après l'enquête locale, hier soir, assez tard, cet homme, qui avait bu plus que de coutume et dont les poches étaient vides, a été expulsé du cabaret, où on lui avait refusé de nouvelles boissons. Il est parti, écumant, après avoir cassé une vitre, et en proférant des injures et des menaces...

Vorgan promenait son regard autour de lui.

Le lit, dont le drap et la couverture avaient été rejetés sur le pied, gardait encore l'empreinte du corps et ne révélait aucun désordre.

— C'est incontestablement là, près du berceau, constata Vorgan, que le crime a été commis. La femme a dû se lever d'un bond... sans doute pour protéger son nourrisson.

— La chose est claire, opina le juge. Pour se faire donner de l'argent par la femme, la brute ivre l'a menacée de lui tuer l'enfant. C'est ce qui saute aux yeux.

Vorgan s'était pris à examiner les aîtres et les divers coins du local. La clé de la porte était dans la serrure, du côté intérieur. Donc, cette porte ne devait être fermée qu'au loquet. La femme devait avoir l'habitude de la laisser ainsi pour les visites nocturnes de son amant.

Le logis semblait en ordre. Rien ne paraissait avoir été fouillé après le crime, surtout par la main agitée d'un homme ivre et furieux. Du reste, d'après les témoignages des voisins, le départ de l'assassin aurait suivi de peu d'instants son arrivée.

Sur la cheminée, dans une coquille de nacre, Vorgan trouva deux modestes boucles d'oreilles en or mince et, dans un vase de faïence, sous un peloton de laine, l'argent de la Guillaumette, deux billets de cent francs et de la monnaie.

— Voilà qui est étrange... murmura Vorgan.

— L'assassin, admit le juge, était, ne l'oublions pas, complètement ivre. Subitement dégrisé devant son crime, il se sera enfui aussitôt, effrayé sans doute, et par les conséquences de son acte, et par le cri poussé par sa victime, qui pouvait avoir alerté les voisins.

Vorgan hocha la tête et continua ses investigations dans une armoire où étaient rangés les papiers de la Guillaumette. Il s'étonna de ne pas trouver ce qu'il cherchait : le livret de nourrice.

— Pour ces livrets, fit observer le capitaine de gendarmerie, il arrive parfois que quelque renseignement manquant en retarde l'établissement, et ils ne sont expédiés que quelques jours plus tard. D'après l'enquête, l'enfant a été confié à cette femme depuis quatre ou cinq jours à peine.

— Par qui ?

— On ne sait pas exactement dans le pays. Cet enfant a été apporté à la Guillaumette par une personne qui, suppose-t-on, doit être quelque sage-femme, chez qui la mère a dû faire ses couches. La mairie d'origine ne peut tarder à expédier cette pièce... À moins que ce livret ait été égaré.

— Peu probable... émit, Vorgan, en considérant avec quel ordre étaient rangés les autres papiers de la défunte.

À ce moment, des clameurs s'élevèrent au-dehors. Les gendarmes amenaient le Marinier. Ils l'avaient trouvé dans une meule, cuvant sa boisson, encore ivre.

C'était un grand rouquin, une sorte de gorille, à face plus bestiale encore sous le coup de la boisson qui le laissait assommé. Les menottes aux poignets, il allait d'un pas lourd et titubant. Tout semblait enténébré en lui. Quand il fut mis en présence des victimes, il considéra ces deux corps d'un regard hébété.

— Ah ! Ben !... Ah ! Ben, alors !...

Il secoua son épaisse face hagarde et s'ébroua.

— Vingt dieux ed'vingt dieux !... Fallait-il être saoul pour faire de la pareille ouvrage !... Ah ! vingt dieux !

Il regarda le juge, les gendarmes, ses poignets enchaînés et eut un soubresaut, subitement dégrisé.

— C'est... c'est pas moi ! bégaya-t-il en pâlissant affreusement... Pas moi, je vous dis !... Pas moi, bien sûr, qu'ai pu faire ça !

— C'est vous ! articula le juge d'instruction d'un ton péremptoire. Avouez !

— Mais, bon sang ! Comment qu'vous pouvez le dire ?...

...

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