Les éphémères
202 pages
Français

Les éphémères , livre ebook

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202 pages
Français

Description

Ayant avec Survivre posé la question du commencement, Les éphémères posent celle de la fin. Mais comment laisser trace de ce qui n'en laisse, sinon par le ouï-dire de nos faillibles souvenirs ? Les Personnages, tels des voyageurs sans bagages, errent en attente d'incarnation. Ils ont besoin de notre corps pour exister juste le temps d'une représentation. Feux-follets de l'âme ils nous sollicitent et, si nous acceptons de les accueillir, ils nous proposeront de fabuleux voyages vers des terres inconnues.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 octobre 2014
Nombre de lectures 25
EAN13 9782336358604
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

cosmique où se négocient des forces vitales inInies.
Henri Saigre
Les éphémères
Les Éphémères
Collection Art-thérapie Dirigée par Henri Saigre La collection veut contribuer au large débat qui traverse les différentes orientations de l’art-thérapie et de l’art transformationnel. Elle s’intéresse, sans dogmatisme, à leur histoire ainsi qu’à l’expression des fondamentaux de leurs différentes écoles de pensée, à l’écoute des pratiques singulières, à la relation des colloques et des congrès où se brassent les idées, à leur dimension sociopolitique. Elle souhaite également, en publiant des monographies et des œuvres singulières, continuer à questionner les rapports entre l’art et la folie. Déjà parus Roseline Hurion,Divagations, 2014. Renate Perrion-Klee, Didier Antoine,Musique pour tous ! Quand le handicap n’est plus un obstacle, 2014. Henri Saigre,Survivre, Mythes et transgressions en art-thérapie, 2013. Nicole Derda et Yves Lefebvre (ouvrage collectif),Art-thérapeuteen écriture, 2013. Bela Mitricova-Middelbos,Schizophrénie et création artistique, 2013. Isabelle Schenkel,Le Clown thérapeute, 2013. Jimi B. Vialaret,L’arthérapie d’un lien art et médecine (vol. 1) ; Manuel du futur étudiant (vol. 2) ; Prolégomènes, références, typologies (vol. 3) ; Éthique, esthétique, sollicitude (vol. 4) ; Créativité, juridisme, épistémologie, 2012. Henri Saigre (ouvrage collectif),Manuel d’art transformationnel, Quelques fondamentaux et expériences cliniques du MAT, 2011. André Fertier,Musicothérapie, Fantasmes et réalités, 2011. Claude Lorin,Guérir par le théâtre thérapeutique, Essai de psychodrame existentiel, 2010. Henri Saigre,Deviens qui tu seras, 2009.
Henri Saigre
Les éphémères
© L'HARMATTAN, 2014 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Parishttp://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-04445-3 EAN : 9782343044453
Préambule
Enm’énonçant ce titreLes Éphémères, je ne faisais qu’écouter une voix intérieure qui me le dictait. Il ne faut pas en conclure à l’existence d’un je ne sais trop quel dieu ou quel diable qui m’utiliseraient selon leurs desseins. Cette voix n’est que la résonance de ce qui fait ma vie. Encore fallait-il que je mesure si elle pouvait avoir quelques retentissements, puis que je me l’approprie, pour enfin peser si cela valait écriture, du moins de moi à moi, puis de moi à nous. «Et rose elle a vécu ce que vivent les roses/L’espace d’un matin.» D’entrée de jeu, Malherbe interroge l’espace et est particulièrement sensible au croulement du temps. C’est donc sous le signe éphémère d’une rose que nous engagerons notre réflexion. Un paradoxe s’impose, comment est-il possible de laisser trace de ce qui n’en laisse, sinon dans les faillibles mémoires de ceux qui peuvent, en un temps qui leur est limité, en témoigner ? Afin de ne pas perdre pied trop vite, cherchons l’appui des dictionnaires. Ils nous renvoient à la langue grecque. Le motİijȒȝİȡȠest composé parǼʌȚ, au sens dependantetȘȝȑȡĮ qui signifiejour. À partir de quoi il est possible d’entendrependant un jouroupendant le jour, ce qui n’a pas la même portée, dans la mesure où la première acception met l’accent sur une durée, ainsi de la vie d’un papillon, alors que la seconde parle plus de la mesure d’un temps renouvelable. Cependant, quelle que soit l’interprétation retenue, l’éphémère semble pouvoir s’inscrire dans une durée. Dès lors, nous avons à nous demander ce que serait un éphémère sans durée, en quelque sorte un éphémère
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absolu. N’est-ce pas poser la question du commencement et, par voie de conséquence, celle de la fin ? Voilà un nouveau paradoxe. Comment parler de commencement avant qu’il ne soit, et comment en parler en tant que tel ? En effet, son inscription dans le temps ne peut pas se faire avant qu’il ne se manifeste, et nous ne pouvons le décrire qu’après qu’il ait existé. À Marseille, sur le Vieux-Port, sont accostés des bateaux qui proposent une excursion au Château d’If. Le matelot rabatteur apostrophe le chaland par de vigoureux « Départ immédiat ». Une fois installés dans la barcasse, nous allons attendre plus ou moins longtemps, jusqu’à ce que celle-ci soit pleine, et notre attente sera ponctuée, minute après minute, d’un engageant « Départ immédiat ». De même, les artistes forains et les saltimbanques harponnent les passants par des « Entrez, entrez, le spectacle va commencer ». Ce qui alors va commencer, pour qui s’est laissé séduire, c’est l’attente indéterminée de ce commencement. Mais pourquoi nous y laissons-nous prendre ? Serions-nous des gogos comparables à ce jobard créé par Frédérick Lemaître dansRobert Macaire? Ou plutôt est-ce que cela nous permet de vivre pleinement l’ambiguïté existentielle ? Car ce moment du commencement n’a pas d’espace dévolu. Nous ne pouvons que l’attendre, l’avoir en projet, puis le reconnaître comme déjà passé. Ainsi le Duc, dès la première scène duSoir des Roisdire : peut-il « Encore une fois cette musique… » et ajouter tout aussitôt : « C’est assez, pas davantage, ce n’est déjà plus aussi suave… ». Tout commencement parlerait-il d’une fin qui le précède et qui le suit ? Cet entre-deux nous échappe. Nous n’en pouvons parler qu’a posteriori. Un commencement ne peut se signifier qu’en commençant. Heidegger nous explique quec’est enétant que nous sommes. C’est dans
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cette limite que notre transcendance se manifeste, hors limites et sans contenu. J.F. Lambert, dansSecret, fondement et commencement,: « avance que Commencer s’effectue, se constate et se décrète ». Commencer serait un moment qui n’en est pas un, qui nous échappe. Peut-on dire : ici commence l’univers ? AvecSurvivre, nous questionnions notre origine. Avec ces « Éphémères », notre quête se poursuit. Comme si cette origine restait toujours en deçà de ce que l’homme peut en dire. B. Libet, dans un article paru en 1992 (inRevue de Métaphysique et de morale), écrit : « Le début de l’activité cérébrale préparatoire à l’acte moteur volontaire précède de plusieurs centaines de millisecondes le moment évalué où le sujet a conscience de décider volontairement de son acte ». En clair, l’initiative cérébrale d’un acte moteur volontaire, spontané et totalement libre, l’est d’abord de façon inconsciente. Le commencement se situe entre une image avant et une image après le véritable début de son mouvement. Ne serait-ce pas, dans ce temps qui demeure inconscient, que se jouerait la création, et qui, du fait que cela se négocie hors de notre conscience, nous fait penser, d’une manière erronée, que cela nous serait soufflé par les dieux ? Toujours est-il que nous n’aborderons dans ce livre que les manifestations les plus éphémères possible, telles que l’improvisation théâtrale, le chant, la danse et la musique ; ou encore le geste même de création, en son plus près, comme par exemple le mouvement de la main saisissant le pinceau, avant même la trace que celui-ci va laisser sur la toile. En revanche nous n’aborderons pas des approches telles que leland-art, dont les traces demeurent un certain
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temps, et qui jouent avec le temps et les éléments, appelés à les modifier, à les transformer, à les faire disparaître. Nous allons questionner le geste inattendu, qui ne laisse aucune trace matérielle, hormis dans le souvenir de ceux qui l’ont recueilli. Aussi nous ne nous étonnerons pas de nous voir commencer par questionner lejumeau mortin utero. Ne symbolise-t-il pas, par sa très courte présence et son évanescence, la quintessence de cerien-nulle part qui nous transcende ?
Le Jumeau mort
En fondant la Mascothérapie, il me semblait évident que les masques représentaient une série deDoubles psychiques de la personne qui les avait conçus et fabriqués. Sur cette lancée, dans le cadre de nos recherches, nous nous mîmes à fabriquer des masques en doubles. Nous avons alors mis en présence, lors d’un stage de formation, une douzaine de masques blancs identiques, à caractère masculin, avec le même nombre de masques blancs, identiques, à caractère féminin. Nous pûmes alors constater un malaise certain au sein du groupe qui semblait éprouver un vécu d’étrangeté angoissant. Effectivement, lorsqu’il y a une prolifération de masques dupliqués, tel que nous pouvons le voir lorsque nous assistons au Carnaval de Bâle, où certainescliquesdéfilent en portant tous le même masque, cela provoque, chez certains spectateurs, un ressenti d’oppression, que nous pensons pouvoir attribuer à la mise en représentation du semblable, sans contrepartie, telle une duplication de nous-mêmes, dans un jeu de glaces qui nous reproduiraient infiniment. Il n’y a alors plus que moi dans le monde, mais un Moi démultiplié, confronté à une absolue solitude. Rien d’autre, nulle part. Remarquons par ailleurs que le sentiment d’élation que B. Grunberger décrit, et qui renvoie à un premier vécu de narcissisme cosmique, où le fœtus se perçoit comme étant le monde, est brutalement perturbé par une situation où l’autre, en tant qu’alter ego, fait irruption sous la forme maternelle, à la fois semblable et différent. Le rapport de forces qui s’instaure est inégal. Nous ne pouvons que tenter de lui opposer cette multiplication de nous-mêmes, ce qui, d’un
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