Aïssait Idir
164 pages
Français

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Description

Il y a tout juste cinquante ans, le 24 février 1956, une centrale syndicale indépendante de celle de la France métropolitaine - l'UGTA (Union Générale des Travailleurs Algériens) - voyait pour la première fois le jour en Algérie. Grâce à elle, les travailleurs algériens allaient enfin pouvoir être mobilisés sur leurs lieux de travail. Ce livre est tout d'abord un témoignage exceptionnel sur la vie d'Aïssat Idir, militant des premières heures dans la lutte de libération nationale mais il a aussi l'ambition de préciser l'action du syndicat.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2006
Nombre de lectures 752
EAN13 9782336274485
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

www.librairieharmattan.com
Harmattan1@wanadoo.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
©- L’Harmattan, 2006
9782296001879
EAN : 9782296001879
Sommaire
Page de Copyright Page de titre PREFACE - AÏSSAT IDIR, MON FRERE CHAPITRE 1 - L’ENFANCE EN KABYLIE, LE MILIEU FAMILIAL ET ASOCIAL CHAPITRE 2 - L’ENGAGEMENT POLITIQUE DE 1938 A 1945 CHAPITRE 3 - LES ANNÉES DÉCISIVES DE L’APRÈS-GUERRE À 1954 CHAPITRE 4 - DE LA TOUSSAINT DE 1954 À LA NAISSANCE DE L’UGTA EN 1956 CHAPITRE 5 - L’UNION GÉNÉRALE DES TRAVAILLEURS ALGÉRIENS (UGTA) CHAPITRE 6 - LA REPRESSION CHAPITRE 7 - LA FIN TRAGIQUE D’AÏSSAT IDIR CONCLUSION Déclaration de Maître Henri Rolin à la mort d’Aïssat Idir - (H. Bousselham, La guerre d’Algérie. Torturés par Le Pen) NOTES BIBLIOGRAPHIE
Aïssait Idir
Sa lutte politique et syndicale pour l'indépendance de l'Algérie

Aïssat Hassan
PREFACE
AÏSSAT IDIR, MON FRERE
Ce livre a été écrit en hommage à mon frère, Aïssat Idir, ainsi qu’à tous ces combattants qui ont permis de libérer l’Algérie du colonialisme. Même si de nombreux citoyens critiquent la vie sociale, économique et politique actuelle du pays, on ne peut oublier combien la situation était difficile pour les indigènes de l’Algérie, soumis au Code de l’Indigénat, de 1830 à la guerre de libération qui a duré de 1954 à 1962.

À l’époque, les Algériens « non français » étaient également appelés les autochtones, les Algériens de souche et aussi les Français musulmans ! Il faut rappeler qu’avant la guerre qui a généré tant de morts des deux côtés de la Méditerranée, l’Algérie était un prolongement de la France métropolitaine et comptait les trois Départements d’Outre-Mer (D.O.M.), d’Alger, d’Oran et de Constantine. Cependant, les ressortissants de ces départements n’avaient pas tous les mêmes droits selon leur origine. C’est de ce fait qu’est né le mécontentement des Algériens de souche qui se sont rebellés contre cette injustice. Des Algériens qui, pour la plupart, étaient parvenus à s’asseoir sur les bancs de l’école française grâce aux immenses sacrifices de leur famille, de leurs parents proches ou éloignés, et représentaient eux-mêmes une minorité parmi les indigènes.

Ce livre a pour ambition d’apporter une petite contribution à l’histoire de l’Algérie et de sa décolonisation à travers l’implication de mon frère et d’un grand nombre d’autres militants méconnus ou oubliés qui ont sacrifié leur vie pour permettre à l’Algérie d’accéder à l’indépendance. Mon témoignage ne se limite pas uniquement à l’évocation du parcours politique et syndicaliste de Aïssat Idir, mais s’élargit sur les aspects de la personnalité de cet être exceptionnel tel que nous l’avons connu et perdu si tôt après d’affreuses tortures en Juillet 1959. C’est l’homme qui nous intéresse ici et, plus particulièrement encore, son engagement inconditionnel pour la liberté et l’égalité de tous les Algériens, indigènes compris.

Aïssat Idir se considérait comme le militant d’une cause juste revendiquant les droits les plus élémentaires qui lui étaient refusés car il était indigène. Ce qu’il y avait de remarquable chez lui, c’était son obstination à constituer un mouvement politique et non pas seulement à élaborer une action rebelle, à travers la création de l’Union Générale des Travailleurs Algériens (UGTA). Ce mouvement syndical avait pris source dans la reconnaissance d’une réalité sociale des plus démunis sous domination coloniale.

Sans ambition personnelle, je voudrais retracer quelques étapes de la vie de mon frère dont je suis dépositaire, pour que sa mémoire ne s’éteigne jamais, car son sacrifice à la cause algérienne nous a délivré un message essentiel : ce sont au départ des êtres humains qui par leur existence et leurs actions —et non pas seulement par des idées — contribuent à la liberté et à l’édification de l’histoire des nations et des peuples. Ce travail de reconstitution n’aurait pas pu être réalisé sans les nombreux témoignages des militants syndicalistes et des combattants du FLN qui ont été réunis dans les deux livres remarquables de Mohamed Fares et de Boualem Bourouiba. 1

Mais pourquoi avoir tant tardé à livrer ce témoignage? Cette interrogation en appelle d’autres. La première question est celle de savoir pourquoi nous possédons si peu d’éléments concrets sur le passé politique d’Aïssat Idir ? La seconde est d’élucider pourquoi son parcours syndical — qui est en même temps politique, comme nous l’expliquerons plus loin — a été si longtemps occulté par le discours politique algérien ? Depuis l’indépendance, on sait que la période difficile qui suivit les tueries de l’O.A.S. (Organisation Armée Secrète) et a été à l’origine du départ massif des Français d’Algérie vers la Métropole qu’ils ne connaissaient pas, suscite un climat hostile tant en France qu’en Algérie. On sait également que la quasi-totalité des responsables du déclenchement de la révolution de novembre 1954 ont payé d’un prix fort leur engagement politique et social en perdant la vie pendant cette guerre ou en disparaissant après 1962. C’est ainsi que, sur les six chefs historiques, fondateurs du FLN (Front de la Libération Nationale), qui furent à l’origine des « événements de la Toussaint » du 1 er novembre 1954, cinq sont morts avant ou juste après l’indépendance 2 . Le sixième, Mohamed Boudiaf, qui deviendra président de l’Algérie, sera assassiné le 29 juin 1992 à Annaba. On remarquera que, cinquante ans après la « Toussaint rouge », le lecteur européen - mais surtout le lecteur maghrébin, démuni de sa véritable histoire — sont dépolitisés et peu sont au courant de leur passé commun.

À tous ces éléments essentiels s’ajoute le manque de preuves concrètes prouvant la participation directe de mon frère aux préparatifs qui ont conduit à la révolution algérienne. Les documents écrits et les témoignages de personnes ayant vécu cette période sont rares ou inexistants. Ces preuves ont été toutes anéanties et souvent brûlées pour ne pas lui porter préjudice. Rappelons que les indigènes algériens étaient souvent contrôlés et soumis au pouvoir colonial français, et cela depuis l’expédition de 1830.

Avant la guerre d’Algérie, la famille de mon frère y compris moi-même étions souvent contrôlés, notamment à notre domicile commun à Belcourt, au numéro 75 du Boulevard Cervantès, par la Direction de la Sécurité du Territoire (D.S.T.) et aussi par les Renseignements Généraux de la Police. Et plus tard, pendant la guerre, la femme et les enfants d’Aïssat Idir, ainsi que ma propre famille (ma femme et mes enfants), subirent de nombreuses persécutions de jour comme de nuit sans en être auparavant avertis par les Parachutistes, les Bérets verts, puis à partir de 1956 par les Bérets rouges du Colonel Bigeard. Nous étions également surveillés par des civils comme, par exemple, Madame Martinez, l’une de nos voisines. Presque toutes les photographies concernant la vie sociale d’Aïssat Idir ont donc été brûlées ainsi que les sources écrites le concernant qui se feront encore de plus en plus rares en prison ou dans les camps d’internement. 3

Si le rôle politique du syndicalisme algérien n’est pas connu, c’est parce que l’histoire complète de la lutte pour la libération n’a pas été écrite : la souveraineté de l’Algérie n’a pas été obtenue par la seule action de quelques hommes et de quelques femmes. C’est toute une population qui a arraché son indépendance au prix de sa vie, une indépendance qui ne pouvait devenir réalité qu’avec la prise de conscience du fait colonial. Ce sont au départ des idées, souvent divulguées par le mouvement nationaliste puis par le syndicalisme algérien, qui ont provoqué le rassemblement de tout un peuple opprimé. Le rôle politique qu’a joué Aïssat Idir et ses compagnons ne se limitait pas à monter au maquis, mais aussi à donner à son pays des structures de revendications spécifiques de l’époque, celles de la France métropolitaine. Très tôt, Aïssat Idir décida de consacrer sa vie d’homme libre et sa vie familiale à une idée, à la justice et à la cause algérienne. Nous pouvons sans peine mesurer l’ampleur de son sacrifice.
CHAPITRE 1
L’ENFANCE EN KABYLIE, LE MILIEU FAMILIAL ET ASOCIAL
Pour mieux connaître cet homme exceptionnel, un rappel de quelques événements de son enfanc

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