Journal d un psy rebelle
271 pages
Français

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Journal d'un psy rebelle , livre ebook

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271 pages
Français

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Description

Cet ouvrage recueille les confidences de Julien Lélan qui fut passionné de rencontres, de voyages, de découvertes, depuis son plus jeune âge, cherchant sans relâche à quoi nos vies futures pourraient bien donner forme. Il regimbe contre la maladie, la mort, l'ingratitude, l'esprit franchement sectaire des psys fascinés par des gourous dont l'idéologie flatte une jeunesse individualiste, carriériste et sans idéaux solidaires. Le temps des clémentines est une époque nouvelle possible, marquée de révolte, d'espoir et d'utopie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2009
Nombre de lectures 287
EAN13 9782296685413
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Journal d'un psy rebelle
 
DU MÊME AUTEUR
 
Essais
Le jeune Ferenczi, Aubier-Montaigne, 1983.
L'inachevé, Grasset, 1984.
A l'écoute de votre enfant, Hachette, 1985.
Pour Saint Augustin, Grasset, 1988. Traduit en Italien. Editions Borla, Rome, 1991.
Traité de psychodrame d'enfants, Privat, 1990. Traduit en espagnol, Editions Mensajora, 1992.
Ferenczi : De la médecine à la psychanalyse, P.U.F., 1993.
Le plaisir de penser, La Bruyère, 1999.
Journal d'un psychanalyste, L'Harmattan, 2000. Traduit en l'italien, Edition Magi, Rome, 2002.
Pourquoi devient-on malade ? , L'Harmattan, 2003.
Un nouveau regard sur l'anorexie. L'Harmattan, 2007. Traduit en italien, Editions Magi, Rome, 2009.
Théâtre
Le fou d'Araucanie, 1995.
Gal Potha, 2002.
Europe, 2006, L'Harmattan, 2007 (texte + DVD), traduit en grec, 2008.
Récits
Le fou d'Araucanie, Lierre et Coudrier, 1990.
Paroles de père, Lierre et Coudrier, 1991.
La fête des pères, Vinci, 1995.
Contes
Histoires du feu, Grasset, 1992.
Quatre contes pour Clarisse, Vinci, 1995.
Contes et rêveries d'un psychanalyste, SDE, 2004.
 
Claude Lorin
 
 
Journal d'un psy rebelle
Le temps des clémentines
 
 
L'Harmattan
 
 
 
© L'Harmattan, 2009
5-7, rue de I'Ecole polytechnique, 75005 Paris
 
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
 
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
 
ISBN : 978-2-296-10131-9
EAN : 9782296101319
 
A Julie C. secrètement et en lettres d'or, bien sûr.
 
 
A David Servan-Schreiber qui a permis à maints patients de viser l'aile droite de la courbe d'Ornish.
 
Toutes mes pensées de profonde gratitude à Alain Archimbaud, Karen Carmel, Raymonde Danila, Simon Jacobelli, Alexandre Ostojic, François Rangeard, Nadem Soufir et Patrick Trévidic.
 
« Hâte-toi de bien vivre et songe que chaque jour est, à lui seul, une vie. »
Sénèque
 
 
« Je considère que le temps mûrit toute chose. Grâce au temps certaines choses deviennent évidence : le temps est père de toute vérité. »
François Rabelais
 
Chapitre 1
LA BEAUTE DU GRAIN
 
 
Toute proche, la mort donne aux exaltés une énergie fabuleuse. Julien Lélan faisait partie de ces êtres excessifs en tout, que seules exaltent, par nature, la griserie et la démesure. Il allait le payer cher, mais n'avoir qu'une vie ne présentait à ses yeux aucun intérêt.
Très vite et très tôt, il s'était passionné pour la danse, les voyages, les rencontres, les amours, la révolte, et ses combats étaient multiples.
Mais il fallait d'abord écrire. Evoquer une vérité qui ne se dit pas mais se révèle. En l'espace des quelques mois qui lui restaient à vivre, il se devait d'honorer la lutte héroïque des siens - victimes d'un peintre malchanceux-de témoigner des révoltes et des chimères de sa génération, du silence consternant d'enfants-rois attendant son trépas. Il se devait de défendre la cause de notre pauvre planète, lutter pour le respect et l'aide aux affamés qui, dans ce monde, ne savent rien de l'écriture et du langage, rencontrer en hâte quelques grands écrivains et s'éprendre toujours plus, chaque jour, d'une femme envoûtante, Noulia, qui partageait avec lui l'ivresse et la célérité de toutes ses passions.
Julien Lélan se mit à relire d'abord le très beau livre de Gabriel Garcia Marquez : Chronique d'une mort annoncée. Il venait d'apprendre par téléphone, deux jours avant, qu'il était atteint d'un cancer de la peau et qu'il fallait ôter, sans délai, les mélanomes proliférant sur son torse, son dos, ses jambes, son cou, bref un peu partout : des mélanomes très agressifs résultant d'une héliopathie installée de longue date, à une époque où personne ne parlait de « capital soleil ». Deux exérèses furent pratiquées en urgence. L'histopathologie confirma qu'il s'agissait bien de mélanomes. Le mois suivant, trois lésions dorsales s'avérèrent être, après biopsie, également des mélanomes.
Julien Lélan prit tous les jours, les rendez-vous nécessaires car les grains de saleté arrivaient en rafales. Lors d'une hospitalisation, il contempla une jolie photo de lui à dix ans avec son père, Capitale et sa seconde épouse Briffaud, sur une plage en Italie, près du lac de Garde.
A l'époque, il était fier de ce que l'on nommait des grains de beauté. Il se retrouvait là, assis sur son lit d'hôpital, après huit semaines d'arrêt de travail, sa petite photo à la main. Suivirent scanners, IRM, analyses histologiques et, bien sûr, exérèses toutes les trois semaines, nécessaires à son maintien en vie. Julien se sentait, de mois en mois, ficelé comme un rosbif de supermarché. Il se mit à écrire un roman, en espérant survivre à ce livre. Le titre choisi était Au-delà des neiges noires. Julien espérait, à sa façon, lutter contre un mal qui, de toute manière, aurait un jour sa peau pour en faire de la charpie. Il n'acceptait pas, bras ballants, cette mort annoncée sans pouvoir en faire ne serait-ce qu'une petite chronique. Par nature, il n'avait pas le sens de la reddition ni le goût des ténèbres.
 
Sa fille Jenny, son fils John ne venaient pas le voir. Un an passa, puis deux, puis trois. En revanche, sa fille puînée, Naïs, venait le consoler en apportant une douceur dont il raffolait : des clémentines. Entre deux hospitalisations, Julien allait voir Briffaud, dans le but d'en savoir plus sur sa vie de résistante. Julien éprouvait dans son corps à quel point les cellules de la peau ne font pas bon ménage avec la mode. Il avait lui-même choisi - avec beaucoup de gens de sa génération - cette vanité typiquement « blanche », consistant à vouloir, coûte que coûte, revenir de vacances non pas acajou, mais si possible « noir ». Le complexe des blancs ? N'avoir pas un visage ni un corps d'ébène !
Réfléchissons : biologiquement, c'est une aberration. Socialement, c'est une distinction. Culturellement, c'est du conditionnement. Nous sommes la proie des coquetteries de la mode. Sur le plan mythique, l'or liquide reste encore actuellement l'élixir des nantis. Que se passe-t-il ? On se précipite en masse vers le sud avec une impétuosité quasi maladive. On se baigne dans l'eau chatoyante d'une mer de rêve, on s'allonge sur le sable chaud, et on s'expose, sans malice, comme un toast à griller.
Certains, en silence, jettent un coup d'œil à la ronde pour savoir comment sont les autres, tout en sirotant nonchalamment des cocktails. D'autres jacassent et friment. Quand on est athlétique et bronzé, c'est le top. On se croit embelli. On s'imagine splendide, et les magazines féminins qui prospèrent sur ce thème en louant, à tout va, le soleil des tropiques, vous démontrent aisément qu'un visage bronzé est plus élégant qu'une face au teint de lavabo.
Psychologiquement, on est moins taciturne quand un visage hâlé nous est renvoyé par la glace. Certains « préparent » même leur peau en salle d'UVA. On fait cela par soucis du « look ». On veut revenir doré, avec l'arrière-pensée que les gens du bureau s'ébahiront ou bien seront « verts » de jalousie. Le top, c'est même le bronzage intégral. On ne songe qu'au chatoiement du soleil, au chatouillement de ses rayons et non aux radiations mordantes qui nous conduisent à voir des horreurs en cancérologie. Le conditionnement est collectif et solsticien. Voilà. Beaucoup, comme Icare, brûlent bien plus que leurs ailes. Telle est la fâcheuse légèreté, malgré les actuelles campagnes de prévention qui n'existaient pas autrefois, des conduites soumises aux réelles magnificences de l'astre d'or.
 
Que s'est-il passé, donc, avec ces grains de beauté que les Latins nommaient « lentilles » et dont le dérivé de lentis se nomme lentigo ou parfois lentigine ? Au départ, Julien n'était pas du genre à

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