Les cahiers d un chirurgien
172 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Les cahiers d'un chirurgien , livre ebook

-

172 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Du début de ses études à son installation, le Dr Solyom retrace ici son parcours professionnel. Au delà du témoignage il met en lumière les doutes, les joies qui sont les siennes et celle d'un monde médical, public et privé, que bien des patients ignorent. Il se fait aussi le témoin des mesures politiques inadaptées qui, au cours des vingt dernières années, ont conduit à la faillite actuelle du système de santé en France.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2009
Nombre de lectures 329
EAN13 9782296670761
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les cahiers d’un chirurgien
© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-07968-7
EAN : 9782296079687

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Eric SOLYOM


Les cahiers d’un chirurgien

Témoin de la faillite du système de santé


L’Harmattan
Pratique et Ethique médicales
Collection dirigée par Richard Moreau et Roger Teyssou

La collection Les Acteurs de la Science , prévue pour recevoir des études sur l’épopée scientifique moderne, se dédouble pour accueillir des ouvrages consacrés spécifiquement aux questions fondamentales que la santé pose actuellement. Cette nouvelle série cherche à faire le point objectivement et en dehors des modes sur des connaissances, des hypothèses et des enjeux souvent essentiels pour la vie de l’homme. Elle reprend certains titres publiés auparavant dans Acteurs de la science.

Déjà parus

Lionel CHARBIT, L’information médicale. Informer le patient et le grand public : de l’obligation légale à la pratique , 2009.
Docteur Jean CHABRIER, Seules les femmes savent marcher avec des talons aiguilles. Souvenirs d’un gynécologue accoucheur , 2008.
Philippe RAULT-DOUMAX, L’assurance maladie au risque de la mondialisation , 2008.
Philippe PIRNAY, L’aléa thérapeutique en chirurgie, 2008.
Angélique SENTILHES-MONKAM, L’hospitalisation à domicile, une autre manière de soigner , 2007.
Vincent DELAHAYE et Lucie GUYOT-DELAHAYE, Le désir médical , 2007.
Georges DUBOUCHER, Adieu ma belle Médecine. Logique d’une métamorphose , 2007.
Aziz Charles MESBAH, Mémoires d’un pédiatre , 2007.
Bruno GREFFE, Mes gardes de nuit à l’hôpital , 2006
Georges TCHOBROUTSKY, Les limites de la médecine , 2006.
Vanina MOLLO, Catherine SAUVAGNAC, La décision médicale collective , 2006.
Jacques FRANCK, La ballade du généraliste , 2006.
Henri LAMENDIN, Petites histoires de l’art dentaire d’hier et d’aujourd’hui , 2006.
Arnault PFERSDORFF, Ethique et pédiatrie , 2006.
Claude WAGNER, L’ergothérapie , 2005.
A la mémoire de Maman
Monsieur le législateur ,

[…] Tout homme est juge, et juge exclusif, de la quantité de douleur physique, ou encore de vacuité mentale qu’il peut honnêtement supporter.
[…] Tremblements du corps ou de l’âme, il n’existe pas de sismographe humain qui permette à qui me regarde d’arriver à une évaluation de ma douleur plus précise, que celle, foudroyante, de mon esprit !
Toute la science hasardeuse des hommes n’est pas supérieure à la connaissance immédiate que je puis avoir de mon être. Je suis seul juge de ce qui est en moi.
Rentrez dans vos greniers, médicales punaises, et toi aussi, Monsieur le Législateur Moutonnier, ce n’est pas par amour des hommes que tu délires, c’est par tradition d’imbécillité. Ton ignorance de ce que c’est qu’un homme n’a d’égale que ta sottise à le limiter. Je te souhaite que ta loi retombe sur ton père, ta mère, ta femme, tes enfants, et toute ta postérité. Et maintenant avale ta loi.

Antonin Artaud,
L’Ombilic des Limbes
L’assurance-maladie a subi un coup sévère quand a été instaurée la franchise médicale, qui pénalise jusqu’à 50 euros par an les personnes simplement coupables d’être malades. Où cela s’arrêtera-t-il ? Que se passera-t-il lorsque les plus démunis n’oseront plus consulter dès l’apparition de symptômes, par crainte de ne pouvoir faire face à la dépense, dépense qui ne leur sera guère épargnée car, faute de soins adaptés, ils ne guériront pas spontanément. Leur prise en charge retardée n’en sera que plus lourde et plus coûteuse.
Le système de santé français reposait sur la solidarité. La mutation qu’il subit depuis plusieurs dizaines d’années l’éloigne de plus en plus de cette idée.

Chirurgien maxillo-facial depuis presque dix ans, j’ai commencé mes études de médecine dans les années 80, un parcours de quelque vingt ans, émaillé de découvertes, de rencontres, de confrontation quotidienne avec la maladie et la mort. Je n’ai jamais cessé de prendre des notes, entre deux consultations, pendant mes gardes – instants de bonheur, de découragement, d’incompréhension, parfois de révolte.
Confronté à la dichotomie entre la réalité d’un métier difficile et la dégradation continuelle de ses conditions d’exercice, j’ai assisté à la succession de mesures politiques qui ont réduit la santé à un enjeu économique aux mains de gestionnaires obnubilés par sa rentabilité, et conduit le système à sa faillite. Aux hommes politiques qui se plaisent à semoncer et sanctionner, il est temps de demander des comptes.
1° partie L’étudiant
1
Quand j’ai annoncé à mon père que je voulais devenir chirurgien, je n’appréhendais pas encore la réalité de ce métier. J’avais quinze ans et j’étais surtout un lycéen dissipé et fêtard.
Il a fallu que je fasse la preuve de ma détermination avant d’être encouragé dans cette voie. Je me destinais en effet à endosser de lourdes responsabilités, et il ne pouvait être question d’être un mauvais médecin.
Je n’ai jamais imaginé faire autre chose de ma vie.
Le travail, fascinant de précision, du chirurgien capable d’aller à l’encontre de l’ordre naturel, avait – a toujours – quelque chose d’un peu magique pour moi.
L’histoire du docteur Schweitzer {1} , Les Cahiers de Malte Laurids Brigge {2} et la thèse de Céline sur Semmelweis {3} ont accompagné la formation de ce dessein et m’ont permis de toucher du doigt deux aspects, toujours essentiels à mes yeux, de la médecine : la sensibilité à la souffrance des gens et à la fragilité de l’être humain, la difficulté et le devoir de demeurer intègre envers et contre tout.

J’ai passé et obtenu mon bac en 1985. Je me suis inscrit à la faculté de médecine Cochin-Port-Royal de l’université René Descartes à Paris.
Le VIH (virus de l’immunodéficience humaine) avait été identifié en 1983. L’épidémie du sida avait débuté quelques années auparavant.
2
J’ai passé ma première année de médecine rue des Saints-Pères. La plupart des étudiants étaient des redoublants. Ils évoluaient dans l’ambiance de concours instaurée dès le premier jour avec bien plus d’aisance que les bacheliers frais émoulus dont je faisais partie. Ils en jouaient et cherchaient à nous décourager.
Les cours nous initiaient d’abord aux matières dites fondamentales. Nous apprenions le fonctionnement du corps humain – mécanismes chimiques, physiques et biologiques. L’enseignement de la pathologie viendrait plus tard.
Tout était nouveau, déroutant, anonyme. Je me sentais un peu perdu. Les professeurs étaient souvent des patrons de services hospitaliers de Cochin-Port-Royal, inaccessibles une fois leur cours terminé. Il a fallu s’y habituer.

Le 26 avril 1986 survenait la catastrophe de Tchernobyl. Début mai, Michèle Barzach, alors ministre de la Santé et exerçant à ce titre sa tutelle sur le SCPRI (Service central de protection contre les rayonnements ionisants, dirigé par le professeur Pellerin), affirmait que la santé publique n’était aucunement menacée par les conséquences de cet accident. Dans un deuxième communiqué, cette femme politique, qui a pourtant été gynécologue, précisait que les inquiétudes des femmes enceintes pour leur enfant à naître étaient totalement injustifiées et sans aucun fondement scientifique ni médical.
Quelques années plus tard, lors d’un cours intitulé « Radiations et toxicité fœtale », j’ai eu la confirmation – sans grande surprise – que les radiations ionisantes pouvaient atteindre tous les organes du fœtus et en particulier le système nerveux central. Il n’existe pas de dose seuil en dessous de laquelle on peut être certain de l’absence d’effet sur le foetus.
Des recommandations concernant la protection des travailleurs – en particulier les femmes en âge de concevoir –

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents