Retour à Madagascar
148 pages
Français

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Retour à Madagascar , livre ebook

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148 pages
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Description

Ce livre est l'histoire d'une rencontre : une famille ayant adopté, non sans difficultés, une petite fille malgache, revient sur ses pas à la demande de l'enfant et cherche à saisir la réalité de la "Grande Ile". De Tananarive à Mahajanga en passant par Nosy-Be et Diego Suarez, ce récit est celui d'un voyage initiatique. Des hauts plateaux à la côte Ouest, un parcours entre ville et campagne, à la recherche d'une identité malgache complexe dans un pays en proie à la grande pauvreté.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2008
Nombre de lectures 271
EAN13 9782336277448
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

COLLECTION CARNETS DE VILLE
Créée et dirigée par Pierre Gras
DÉJA PARUS
Serge Mouraret, Berlin, carnets d’amour et de haine
Pierre Gras, Mémoires de villes
Suzana Moreira, São Paulo, violence et passions
Jacques de Courson, Brésil des villes
Pierre Gras, Ports et déports
Jean-Paul Blais, À la Bastille...
Muriel Pernin et Hervé Pernin, Transsibériennes
Nelly Bouveret, Mékong dérives
Thierry Paquot, L’Inde, côté villes
Collectif, Villes, voyages, voyageurs
Pierre Gras, Suite romaine
Baudouin Massart, Un été à Belfast
Daniel Pelligra, Quai du soleil ; Lyon, port d’attaches
Bérengère Morucci, Alamar, un quartier cubain
Jean Hurstel, Réenchanter la ville ; voyage dans dix villes culturelles européennes
Collectif, Ville et mémoire du voyage
Luc Gwiazdzinski et Gilles Rabin, Périphéries ; un voyage à pied autour de Paris
Georges Amar, Manhattan et autres poèmes urbains
Collectif, Le Corbusier voyageur
Sommaire
COLLECTION CARNETS DE VILLE Page de titre DU MÊME AUTEUR Page de Copyright Dedicace PROLOGUE ANTANARIVO, VILLE DE LA RENCONTRE LA VILLE AUX DIX-HUIT COLLINES SUR LA ROUTE DE MAHAJANGA UNE RENAISSANCE LE CIRQUE ROUGE LA « PERLE » DE MADAGASCAR DE LA SUCRERIE À L’ARBRE SACRÉ LES VAZAHAS ROBINSON RETOUR SUR LA « GRANDE TERRE » LES FANTÔMES DE LA COLONISATION AU MILIEU DE NULLE PART DU « ZOMA » AUX MARCHÉS ORGANISÉS ÉPILOGUE REMERCIEMENTS
Retour à Madagascar

Catherine Payen
DU MÊME AUTEUR
- Hussards de la République , L’Harmattan (coll. Graveurs de mémoires), 2004.
En collaboration
- Histoire(s) de relogement ; paroles d’habitants, regards de professionnels , L’Harmattan (coll. Questions contemporaines), 2007 (avec Ryma Prost-Romand)
- Ville et mémoire du voyage , L’Harmattan (coll. Carnets de ville), 2007 (avec Pierre Gras)
- Villes, voyages , voyageurs , L’Harmattan (coll. Carnets de ville), 2005 (avec Pierre Gras)
© L’HARMATTAN, 2008
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com harmattan1@wanadoo.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr
9782296051331
EAN : 9782296051331
À Marion.
PROLOGUE
Marion écrit dans son journal : « Je suis dans l’avion pour Madagascar. Dans quelques heures, j’atterrirai à Antananarivo. C’est la première fois que je fais un voyage aussi long depuis mon arrivée en France. Dans l’avion, il y a beaucoup de personnes métisses, dont une petite fille qui a l’air d’avoir mon âge. Elle voyage avec son père qui, lui, est blanc... Quand je me réveillerai demain matin, je survolerai mon pays d’origine après l’avoir quitté dix ans plus tôt. Mais avant je traverserai une partie de l’Afrique... »

Il y a dix ans déjà, dans un TGV entre Paris et Lyon, une petite fille dormait, souriait, regardait, un peu étonnée, son nouveau pays après avoir franchi les neuf mille kilomètres qui l’éloignaient de son île. Accrochée à moi, sa maman kangourou, elle allait peu à peu se laisser « apprivoiser », connaître ses deux frères, ses grands-parents, nos amis... Elle allait tout doucement s’intégrer à sa nouvelle ville, découvrir la vie en collectivité dans des institutions françaises à cent lieues de cet orphelinat où elle venait de passer dix mois dans des conditions difficiles tant matériellement qu’affectivement. Au fil du temps, elle allait laisser de côté ses angoisses, ses peurs nocturnes, et grandir pour devenir cette petite jeune fille sagement assise à mes côtés dans l’avion qui la ramène à sa terre natale pour un voyage de (re)découverte.
Une décennie s’est écoulée depuis ce jour où son père et moi sommes allés la chercher à Antanarivo, l’émotion au bord des lèvres. Hobinirina, abandonnée par sa mère à l’âge de six mois, attendait ses « nouveaux parents » depuis près d’un an. Aujourd’hui, devenue Marion Hobinirina par la magie de l’adoption et d’un acte d’état civil lui octroyant de plein droit la nationalité française, elle a manifesté le désir de découvrir son île natale. Nous avons accédé à sa demande, si légitime à nos yeux et à laquelle nous nous étions préparés depuis le début, sans pour autant la solliciter. Ce cheminement vers les origines devait venir d’elle - et d’elle seule. De Tananarive à Mahajanga, en passant par Nosy-Be et Diego Suarez, ce livre constitue le récit d’un voyage initiatique chargé de sens, de désir, de peurs, pour elle comme pour nous. Des hauts plateaux à la côte Ouest, nous avons accompagné Marion dans sa quête de racines, en compagnie de ses frères qui, par leur présence attentive et affectueuse, l’ont aidé à dépasser quelques douleurs.
Le voyage a commencé dans nos têtes, six mois avant le départ. Un soir, alors que nous ne nous y attendions pas le moins du monde, Marion a clairement exprimé son souhait. À la même époque, deux de ses amies venaient de rentrer d’un voyage outremer où elles avaient retrouvé leur père qui avait déserté leur vie une dizaine d’années auparavant. Leur récit lui a sans doute servi de détonateur. Peu importe l’origine, le temps du retour était arrivé. Je ne sais si au fond d’elle-même, Marion pensait, comme ses amies, retrouver ses géniteurs. Elle n’en a jamais parlé, en dépit des questions maladroites et faussement candides de certains membres de la famille, évoquant une possible rencontre avec sa mère biologique.
Quelques mois ont été nécessaires pour organiser et financer cette aventure à cinq. Au moment de partir, nous étions sereins, conscients cependant que nous ne reviendrions sans doute pas tout à fait les mêmes. Pour Marion, ce voyage était incontournable pour poursuivre sa route en ayant compris ce qui avait amené sa mère à prendre une telle décision d’abandon. Notre itinéraire s’est organisé autour de sa ville de naissance, point de départ de son histoire et d’ancrage pour sa vie future. Je demeure persuadée qu’elle devait fouler les rues de la ville où elle a passé ses six premiers mois avec sa mère. Pour moi, sa maman, ce choix n’était pas non plus anodin. Je voulais lui tenir la main lorsque nous pénétrerions dans la maternité de l’hôpital, partager avec elle ce moment d’émotion qui nous renvoyait, toutes les deux, à notre propre rencontre, à une sorte de « seconde naissance » symbolique. J’en avais autant besoin qu’elle, même si, sur le moment, je n’en avais pas conscience.
Au cours de notre voyage, nous avons parcouru de nombreux sites marqués de l’empreinte française. La longue histoire qui lie Madagascar à la France constitue finalement un passé commun que nous partageons avec Marion. C’est la raison pour laquelle ce récit est aussi une déambulation sur les restes décatis de la colonisation. Les maisons coloniales sont toujours debout, même si cela tient parfois du miracle. Les rues de certaines villes comme Diego Suarez sont tracées au cordeau, urbanisme militaire oblige. La langue française demeure la langue juridique et tous les Malgaches scolarisés parlent français. Cette pratique facilite les rencontres avec les habitants de l’un des pays les plus pauvres du monde, où l’espérance de vie ne dépasse pas cinquante ans et où plus de trois cents personnes meurent chaque jour de paludisme.
Après plusieurs crises politiques graves, Madagascar tente désormais de sortir de sa grande pauvreté, mais le chemin semble encore long. La « grande île » est connue pour ses lémuriens, ses plantes guérisseuses, sa terre rouge, ses îles tant vantées par les guides pour leur beauté, leurs plages presque vierges... et malheureusement, depuis peu, pour son tourisme sexuel. Le gouvernement fait de réels efforts pour lutter contre ce fléau si répandu dans les pays pauvres. Du moins c’est ce qu’il dit. Par ailleurs, l’île est fragile et son écosystème peut rapidement être mis en danger par des projets de développement touristique mal contrôlés. L’absence de routes en certains endroits la protège encore et lui confère le mystère propre aux lieux dans lesquels il reste difficile de se rendre. Elle accueille parfois quelques aventuriers, chercheurs d’or ou de pierres précieuses, et convie sans cesse le voyageur à aller plus loin dans sa découverte, à s’enfoncer plus avant dans ses terres. île heureuse, si l’on en croit le roman colonial, « île rouge » par l

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