Souvenirs d un coupeur de bois
383 pages
Français

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Souvenirs d'un coupeur de bois , livre ebook

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Français

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Description

L'aventure d'un jeune français plongé dans la forêt équatoriale pour y pratiquer le rude métier de "coupeur de bois". Il découvre une nature luxuriante, une faune abondante qui l'émerveille, mais surtout des hommes à former et à diriger en respectant les personnes et les coutumes. Les difficultés sont nombreuses et il n'y pas de place pour la faiblesse. Les amitiés créées sont aussi solides que les caractères façonnés à l'école de la brousse. Un livre qui nous fait partager une tranche de vie hors du commun, dans un style alerte, vif et plein d'humour.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2005
Nombre de lectures 473
EAN13 9782336263328
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2005
9782747579254
EAN : 9782747579254
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Dedicace I. LA C.C.A.E.F. de 46 à 49
1 - ENTREE A LA CCAEF (Juin 46) 2 - L’EMBARQUEMENT 3 - ARRIVEE A PORT-GENTIL 4 - BATANGA 5 - BATANGA - N’GOKE RAILWAY 6 - LE CHANTIER FORESTIER 7 - PREMIERE AVENTURE DE CHASSE 8 - N’ZE OVONE 9 - L’OKOUME 10 - VIE DU CHANTIER (1947) 11 - LE CARNET DE CHANTIER DU SERVICE FORESTIER 12 - LA MISE A L’EAU 13 - LA SEULE DISTRACTION PERMISE (1947) 14 - PROCES DE M. GAGNIERE 15 - LAMBARENE (Avril 1947) 16 - LE RECRUTEMENT (Avril 1947) 17 - AU LAC OGUÉMOUÉ (mai 48 à août 49) 18 - QUELQUES FORESTIERS DU LAC OGUÉMOUÉ 19 - L’HOPITAL SCHWEITZER 20 - UNE HISTOIRE DE POINTES 21 - LE RETOUR
II. LA SOCIETE FORESTIERE DE Mayumba (1950-1952)
1 - LE PROTEGE DE MAX TOTO 2 - LE CHANTIER 3 - VISITEURS 4 - PIERRE GALON 5 - M. ANDRE LOUMIER 6 - M. GENDRE 7 - M. HUBERT KLEIN
III. LA COBOMA (avril 52 — janvier 56)
1 - PRISE DE CONTACT 2 - M. FRANCOIS GIROD 3 - LA REMISE EN ROUTE 4 - LA COBOMA EN MARCHE 5 - M. ROUGE 6 - HARRY PIERSON 7 - CREATION DE LA C.L.E. (Congo Logs Export) 1954-1955 8 - INVASION DU CABINDA 9 - RECHERCHES DANS LE NLARI 10 - L’AVION DE LA COBOMA 11 - LA COBOMA : SUITE ET... FIN 12 - LE NAUFRAGE (1956-1957)
IV. VOLER DE MES PROPRES AILES
1 - UNE PROPOSITION INESPEREE 2 - RECONNAISSANCE A LOUDIMA 3 - LE PROTOCOLE C.P.K.N. ET LE FINANCEMENT 4 - PREMIERS INVESTISSEMENTS 5 - CREATIONS A LA LEBOULOU 6 - L’ARRIVEE DE l’ALLIS-CHALMERS HD 16 7 - PETITS PROBLEMES A LOUDIMA : 8 - LES DERNIERS PREPARATIFS 9 - LA FETE COMMENCE ! 10 - LA TRAVERSEE DU NIARI 11 - LE CHANTIER CONTINUE 12 - LE PERE WERY 13 - L’ARRIVEE DE M. GOGUET 14 - ALLURE DE CROISIERE 15 - LA FIN ET UN CHOIX DIFFICILE
V. CONCLUSION VI. ANNEXES
1- QUELQUES ELUS LOCAUX 2 - TROIS HISTOIRES PARTICULIERES
VII. MEDECTNE ET MEDECINS, à l’époque dite « coloniale »
I - QUELQUES GENERALITES HISTORIQUES II - LES MEDECINS III - LA VIE DU MEDECIN DE BROUSSE IV - LES DIFFICULTES V - LE DOMAINE PERSONNEL
INDEX DES NOMS DE LIEUX
Souvenirs d'un coupeur de bois
Gabon - Congo 1946 -1960

Jacques De Hillerin
À cette époque, au Gabon, le mot « Forestier » était plutôt réservé aux gens des « Eaux et Forêts », responsables de l’organisation administrative et de la surveillance de la forêt.
Pour se différencier, les exploitants forestiers préféraient, en général, employer l’expression « Coupeurs de bois » pour se désigner.
Pour cette raison, je raconte donc les souvenirs d’un « Coupeur de bois ».
A Gérard de Mazenod : grâce à lui, je suis arrivé au Gabon, A Harry Pierson, mon ami, et à Pierre Galon qui m’a tant aidé.
A tous ceux qui sont restés si longtemps avec moi, et à tous mes « sauvages de la brousse »
I. LA C.C.A.E.F. de 46 à 49
1 - ENTREE A LA CCAEF (Juin 46)
Une fois démobilisé, il me fallut bien trouver un travail. J’allais avoir 22 ans au mois de mai.

J’avais toujours pensé partir à l’étranger, surtout en Afrique : le goût de la découverte, le souvenir de toutes les conférences écoutées avec attention au collège - la Ligue Maritime et Coloniale, à l’époque, avait beaucoup d’adhérents - l’idée qu’il était plus facile d’y faire son trou, c’était un peu de tout cela, sûrement.
Mais il fallait des contacts et je n’en avais aucun jusqu’au jour où jc sus que Gérard de Mazenod travaillait dans une société forestière au Gabon. Je lui écrivis aussitôt et j’eus sa réponse trois mois plus tard, ce qui était normal en 46 : il fallait un mois pour que le courrier arrive, autant pour qu’il revienne, sans compter le circuit très long de la distribution en forêt.
Mazenod me conseillait d’écrire à la CCAEF pour poser ma candidature ; il me disait en avoir parlé au directeur local, bien intentionné. J’écrivis donc et, quelques semaines plus tard, je fus convoqué à un rendez-vous pour me présenter.

Au jour et à l’heure dite, je sonnais au 1 er étage du 5 de la rue Boudreau, près de l’Opéra, où était le siège de l’entreprise. Je n’ai pas besoin de vous dire mon émotion ni préciser le nombre effrayant de mes pulsations.
On m’amena directement devant Dieu lui-même, M. Lefevre, Président de la Compagnie Commerciale de l’Afrique Equatoriale Française. Il était de taille menue, de figure sévère, et son comportement glacial derrière un bureau majestueux vous faisait comprendre son importance.
Mon interrogatoire fut long, minutieux. Il sembla satisfait que je fusse d’une famille nombreuse habitant la Vendée : c’était une référence de sérieux. Je ne crus pas nécessaire de préciser le nombre de collèges qui m’avaient accueilli, préférant en terminer directement par celui des Jésuites où j’avais passé mes bacs.
Bonne, très bonne référence, les « maisons des Bons Pères », comme on disait à l’époque.
Je fis un rapide historique sur l’Université de Droit pour passer à la guerre en faisant allusion, comme une chose tout à fait banale, à ma Croix de Guerre. Cela le laissa de marbre.
Par contre, j’avais tout de suite compris qu’il fallait absolument occulter mon passage au Maquis ; Cela eût été le meilleur moyen de me fermer à tout jamais les portes du paradis où j’espérais entrer. Je le voyais tellement bien dire à sa femme, au moment de se mettre à table : « Vous ne me croirez pas, ma chère amie, mais j’ai eu une demande d’emploi d’un ancien FTP ! Ces révolutionnaires ont toutes les audaces ! »
Cet oubli me valut d’être questionné sur le salaire que je souhaitais. N’osant lui dire que je m’en remettais à sa générosité, cela aurait été fort imprudent, je préférais balbutier qu’il devait y avoir un barème pour un premier emploi dans son entreprise. Il m’annonça alors que je gagnerais 6 000 F CFA par mois, ce qui faisait 10 000 F métropolitains, ajouta-t-il aussitôt pour bien me montrer l’importance d’une pareille rémunération (cela représenterait environ 450 euros en 2003).
Il faut rappeler que le franc CFA, créé en 1945 par je ne sais plus quel ministre des Finances complètement farfelu, valait 1,70 F métro.
Je pris l’air extasié de Bernadette devant la Vierge à la première apparition, ce qui le satisfit puisqu’il demanda à sa secrétaire d’apporter un projet de contrat. Il me demanda de le lire, ce que je fis devant lui.
C’était très simple : sur six pages, il y en avait cinq et demi pour énumérer tous mes devoirs ; il restait six lignes au plus pour parler de mes droits. Bien sûr, je ne fis aucune remarque et il me demanda de signer à l’endroit indiqué après avoir bien écrit de ma main « lu et accepté ».
Je vous assure qu’il aurait pu mettre des conditions encore plus draconiennes - ce qui aurait peut-être été difficile - et me dire que je serais un an sans salaire, j’aurais quand même « lu et accepté ».

Commençant alors à reprendre mon souffle et mon rythme cardiaque redevenant normal, j’osai lui demander à quelle date je devais envisager mon départ. Il resta assez vague, me disant que je serais averti à temps pour m’embarquer sur un cargo mais que, celui-ci venant juste de partir, on ne pouvait encore prévoir la date exacte de son retour.
Cela mérite explication : le cargo en question, appelé « L’Aisne », appartenait à la Compagnie Havraise de Navigation, propriété de l’armement Corblet ; cette famille était bien connue au Havre, Madame Coty, femme du futur Président de la République, était née Corblet. Mais la CCAEF avait des intérêts à la CHN qui, elle-même, avait une place au Conseil d’Administration de la CCAEF.
De cette façon, il était avantageux et économique de faire voyager notre personnel sur notre bateau qui chargeait nos bois pour le ramener à nos usines et fabriquer notre contre-plaqué.
Il ne reste plus qu’à vendre ce dernier dans nos magasins, pour que l’affaire fut totalement intégrée. Mais M. Lefevre, Président Directeur Général de la CCAEF, s’était toujours interdit cette activité commerciale. Il ne se voyait pas vendre son contre-plaqué au mètre comme un vulgaire drapier le ferait de son calicot.

Il me faut maintenant vous présenter l’Aisne.
Ce vénérable rafiot avait été construit par un chantier naval de Brême en

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