De la victimisation
286 pages
Français

De la victimisation , livre ebook

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286 pages
Français

Description

A supposer que la femme ne soit pas la victime de l'Histoire. Voici pour l'hypothèse mobile. A partir de là, le texte se présente comme une série de lectures ; Xénophon, Aristote et Platon se mettent à dialoguer avec Foucault, Badiou et Lacan. Il ne s'agit pas de lectures qui cherchent à rendre lisible, dans les textes classiques, la domination du genre, la métaphysique des sexes... Ce qui fait symptôme, ce qu'il s'agit d'apprendre à lire, c'est la place de la victime comme seule autorisée dans le Marché.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2012
Nombre de lectures 70
EAN13 9782296499683
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait








DE LA VICTIMISATION
Lectures expérimentales


























Ouvrage publié avec la contribution du Laboratoire d’études sur les logiques
contemporaines de la philosophie (LLCP) et de l’École doctorale Pratiques
et théories du sens – Université Paris VIII













© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.f

ISBN : 978-2-296-99189-7
EAN : 9782296991897

Maria KAKOGIANNI







DE LA VICTIMISATION

Lectures expérimentales








Préface d’Alain Badiou











La Philosophie en commun
Collection dirigée par Stéphane Douailler,
Jacques Poulain, Patrice Vermeren

Nourrie trop exclusivement par la vie solitaire de la pensée, l'exercice de la réflexion a
souvent voué les philosophes à un individualisme forcené, renforcé par le culte de
l'écriture. Les querelles engendrées par l'adulation de l'originalité y ont trop aisément
supplanté tout débat politique théorique.
Notre siècle a découvert l'enracinement de la pensée dans le langage. S'invalidait et
tombait du même coup en désuétude cet étrange usage du jugement où le désir de tout
soumettre à la critique du vrai y soustrayait royalement ses propres résultats.
Condamnées également à l'éclatement, les diverses traditions philosophiques se voyaient
contraintes de franchir les frontières de langue et de culture qui les enserraient encore.
La crise des fondements scientifiques, la falsification des divers régimes politiques, la
neutralisation des sciences humaines et l'explosion technologique ont fait apparaître de
leur côté leurs faillites, induisant à reporter leurs espoirs sur la philosophie, autorisant à
attendre du partage critique de la vérité jusqu'à la satisfaction des exigences sociales de
justice et de liberté. Le débat critique se reconnaissait être une forme de vie.
Ce bouleversement en profondeur de la culture a ramené les philosophes à la pratique
orale de l'argumentation, faisant surgir des institutions comme l'École de Korcula
(Yougoslavie), le Collège de Philosophie (Paris) ou l'Institut de Philosophie (Madrid).
L'objectif de cette collection est de rendre accessibles les fruits de ce partage en commun
du jugement de vérité. Il est d'affronter et de surmonter ce qui, dans la crise de
civilisation que nous vivons tous, dérive de la dénégation et du refoulement de ce
partage du jugement.

Dernières parutions

Marisa Alejandra MUNOZ, Macedonio Fernández, philosophe. Le sujet,
l’expérience et l’amour, 2012.
Jacques POULAIN et Irma ANGUE MEDOUX (sous la dir. de) Richard Rorty
ou l’Esprit du temps, 2012.
Gustavo CHATAIGNIER GADELHA, Temps historique et immanence. Les
concepts de nécessité et de possibilité dans une histoire ouverte, 2012.
Anne-Marie DROUIN-HANS (textes rassemblés par), Philosophie de l’éducation,
Itinéraires américains, 2012.
Alicia Noemí FARINATI, Hegel démocrate, 2012.
Eduardo SABROVSKY, De l’extraordinaire. Nominalisme et modernité, 2011.
Sameh DELLAI, Marx, critique de Feuerbach, 2011.













à Eleftheria























Préface


J’ai eu la chance, dans la fonction cérémonielle de « directeur de thèse »,
d’assister à la mise en forme, par Maria Kakogianni, d’une intuition politique.
Le moyen en était une traversée généalogique de textes vénérables concernant
le motif du féminin.
C’était au moment de la première version du livre qu’on va lire. Nous ne
nous sommes ni l’un ni l’autre, Maria Kakogianni et moi-même, embarrassés
des exigences du « discours de l’Université » au sens que Lacan donne à ce
terme : la prétention du Savoir à régenter toute autre forme de l’intervention du
sujet parlant. Le savoir, la lecture minutieuse des textes de la pensée grecque
ancienne, étaient bien là, mais nous cherchions dans nos discussions à couper
vers ce qui, de tout cela, faisait vérité d’une mise en rapport : celle des portées
du mot « femme » dans son histoire ancienne avec les impasses contemporaines
de la pensée politique émancipatrice.
La structure générale du présent livre, perfectionnement de l’intuition
initiale, est claire, quoiqu’elle soit à certains égards, et pour de bonnes raisons,
énigmatique. L’Idée germinale est exposée sans détour, elle fait court-circuit de
l’introduction et de la conclusion : le motif de la femme, soutient Maria K.
(pratiquons une adoption kafkaïenne de notre auteur, dont nous verrons qu’elle
est un contre-emploi) n’est pas un motif féministe, mais ce à partir de quoi on
peut examiner les conditions de possibilité d’une politique nouvelle. Comment ?
À travers un exemple-type d’une figure cruciale du monde où nous sommes
enchainés, la figure de la victime.
D’où le titre final, qui annonce qu’on va étudier, en traversant des lectures
scrupuleuses, le processus discursif de la victimisation.
« Victimisation », cela veut dire que considérer tel ou tel ensemble humain
comme constitué de victimes, par exemple les femmes, est le résultat d’une
opération qu’on pourrait dire idéologique, et non le résultat d’un constat
« objectif ». Si bien que le point de liberté d’où Maria K. peut écrire sur la
victimisation se dira : la femme n’est pas une victime. Ou : Moi, une femme, je
n’admets pas qu’on me considère commee, dans le monde tel qu’il
est.
Ensuite vient une sorte de préparation sémantique et syntaxique. On va par
exemple constituer en catégories les opérations du type : dire, faire, combattre,
ou classer. On va aussi donner des réponses provisoires à des questions du
type : Qu’est-ce qu’une rencontre ? Qu’est-ce qu’une traduction ? Enfin vient
l’épreuve des textes, Xénophon, Aristote, Platon… La lecture consiste en
général non en un résumé des thèses des auteurs, mais en ce qu’on pourrait
appeler une extraction conceptuelle, qui fait sortir des textes des
motscarrefour : oikonomikos, oikos, l’opposition genos / eidos, eros, stasis et logos.
C’est autour de ces mots que va se tramer peu à peu la portée politique de la
féminité.
Après ce travail long et précis il y a une sorte de bascule vers la
contemporanéité politique, comme si elle était transitive aux apories
dialectiques qui se constituent autour du Bien de Platon. L’énigme féconde est
justement cette bascule. Maria K. veut en finir avec la connexion contemporaine
du Bien et de l’intérêt, connexion dont l’envers immédiat est que le Bien est
toujours supposé dans la plainte de la victime. Car ce dont notre penseur-femme
veut principalement nous débarrasser, c’est de la figure de la femme comme
lieu éternel de la plainte.
On notera un développement latéral, mais très novateur, qui propose le
dilemme : ou le sophiste, ou l’impossible. C’est de ce dilemme que s’origine
l’incomplétude subjective du Bien, d’où s’infère que la plainte n’est ni une
conséquence ni un témoignage des vérités disponibles.
La méthode de lecture est finalement un platonisme appliqué aux écrits, au
sens où la question est toujours : Qu’est-ce que c’est ? Et cette question permet
de construire l’oikos (ou, en termes modernes, la vie privée) comme un champ
de pensée. Un exemple remarquable est ce qui est tiré d’Aristote, au terme
d’une construction complexe, comme définition de la femme : la femme est
l’inexistant politique d’un monde constitué économiquement. On voit ainsi que
les textes ne sont ni jugés ni classés. Ils sont des matière-machines pour extraire
de la définition provisoire. En ce sens ils occupent la même position que les
interlocuteurs de Socrate dans les premiers dialogues de Platon.
À propos de Platon,

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