Hannah Arendt et la faculté de juger
117 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Hannah Arendt et la faculté de juger , livre ebook

-

117 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

En cette année jubilaire 2010, plusieurs défis semblent donner raison à un afropessimisme : la répartition des droits et des devoirs non selon la méritocratie mais l'ethnocratie, la gestion de la Res Publica sur les références tribales et claniques, la corruption généralisée systématique... La construction de l'Afrique pour un développement harmonieux et pour une paix durable implique la valorisation des intuitions de la philosophie politique d'Hannah Arendt, notamment la mise en œuvre de la faculté de juger.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2011
Nombre de lectures 133
EAN13 9782296706200
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Hannah Arendt et la faculté de juger


Un éclairage pour le cinquantenaire

des indépendances en Afrique
Léon MATANGILA Musadila


Hannah Arendt et la faculté de juger


Un éclairage pour le cinquantenaire

des indépendances en Afrique


L’H ARMATTAN
© L’H ARMATTAN , 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-12738-8
EAN : 9782296127388

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
« Juger est une importante activité, sinon la plus importante, en laquelle ce partager-le-monde-avec-autrui se produit… C’est l’aptitude à distinguer le bien du mal, le beau du laid. Voilà ce qui peut, aux rares moments où tout est joué, éviter les catastrophes, pour le moi tout au moins… L’analyse du jugement est ici à nouveau centrale car elle y localise la source des plus grands maux politiques, le mal du totalitarisme personnifié par Eichmann… L’opinion et non la vérité, est l’une des bases indispensables de tout pouvoir… Toute prétention dans le domaine des affaires humaines à une vérité absolue, dont la validité ne nécessite aucun appui du côté de l’opinion, ébranle les fondements de toute politique et de tout régime… Les modes de pensée et de communication qui ont affaire avec la vérité, si on les considère dans la perspective politique, sont nécessairement tyranniques ; ils ne tiennent pas compte des opinions d’autrui, alors que cette prise en compte est le signe de toute pensée strictement politique… Il est clair que le jugement et l’opinion vont indissolublement de pair en tant qu’ils sont les facultés maîtresses de la raison politique. L’intention d’Arendt est absolument évidente : concentrer l’attention sur la faculté de jugement, c’est sauver l’opinion du discrédit dans lequel elle est tombée depuis Platon.. Puisque l’opinion est le pilier de la politique, la revalorisation de l’opinion contribue à rehausser le statut de la politique » {1} .

« Si l’on pouvait découvrir que dans les aptitudes {2} , les échanges régulateurs et le commerce entre des hommes étroitement liés les uns aux autres par la commune possession d’un monde (la terre), il existe un principe à priori, alors on aurait la preuve que l’homme est essentiellement un être politique ».

« Et si l’intérêt porté au jugement conduit à prendre conscience des impératifs tragiques, seul peut-être un penseur qui appréhendait pleinement ces réalités tragiques pouvait pénétrer l’essence du jugement et le conceptualiser. Pour Arendt, l’acte de juger représente le couronnement de l’activité triadique de l’esprit parce que, d’une part, il maintient le contact avec « le monde de l’apparaître » caractéristique du « vouloir », et que, d’autre part, il accomplit la quête du sens qui anime le « penser »…. La vie de l’esprit atteint son ultime accomplissement non dans la vision d’ensemble de la métaphysique, comme chez les anciens, mais dans le plaisir désintéressé de l’historien, du poète ou du conteur qui jugent » {3} .
Dédicace
A Justine Matangila Mikubu

Léois Matangila

Erwan Matangila


Pour tant d’amour, d’affection et de privation
Remerciements
Toute ma gratitude aux professeurs Jacques Poulain et Isidore Ndaywel qui m’ont soutenu, chacun à sa manière, pour la réalisation de ces pages. Merci à Matngila Mikubu Justine, à Leois et Erwan Matangila, pour tant d’affection et de privation à la fois. Je remercie Denis et Xavier Pryen ainsi que Armelle Riché des Editions l’Harmattan à Paris : vos diverses implications pour la transformation sociale de l’Afrique, par le biais de la culture notamment, ne peuvent pas passer inaperçues. Je suis reconnaissant aux frères et amis de longues dates : Ingolf Diener, Cômes Khonde, Clément Molo, James et Elise Mikubu. Aux étudiants du second et troisième cycles de philosophie des universités de Kinshasa en RD Congo et de Ouagadougou au Burkina Faso, je dis tous mes meilleurs souvenirs pour le cheminement dans la réflexion et la pensée. Vous avez, par vos questions et débats, motivé la sortie de ce livre. Mes amitié à tous ceux qui, d’une manière discrète mais efficace, ont donné le meilleur d’eux-mêmes pour ce livre.
Introduction générale
Ces pages ont pour pierre de touche Hannah Arendt et la faculté de juger : un éclairage pour le cinquantenaire des indépendances en Afrique sub-saharienne
Certaines raisons justifient mon présent livre. La première, les festivités organisées à travers le continent africain à l’occasion des cinquante années des indépendances de plusieurs Etats, subsahariens surtout, ne doivent en aucun cas se limiter à des manifestations purement politiques et aux liesses populaires sans une certaine réflexion et remise en question qui en feraient un bilan critique et ouvriraient aux nouvelles perspectives pour un avenir continental radieux. En effet, la persistance d’un certain afro-pessimisme ne peut en aucun cas ne pas interpeller notre conscience commune. Tout se passe comme si ce continent était condamné à une impasse insurmontable, que les Africains étaient dans une incapacité de penser pour se prendre en charge et sortir du marasme. On est tenté à croire que l’Afrique refusait véritablement le développement : les génocides, les crimes des guerre et contre l’humanité, la corruption généralisée et systématique, l’impunité, les pillages des patrimoines communs et des ressources diverses, les détournements des deniers publics, les coups d’état militaire, les vide des institutions réellement étatiques faisant croire à la jungle, les viols à répétition, la gestion clanique de la chose publique favorisant non la méritocratie mais l’ethnocratie, la paupérisation de la population par des salaires irréguliers et de misère, le non respect des droits fondamentaux de l’homme et des libertés, les assassinats politiques, l’impréparation de la jeunesse par une éducation et une formation adaptées pour répondre aux énigmes de la vie, la clochardisation des fonctionnaires de l’Etat. Le continent africain, dans sa partie subsaharienne surtout, traîne encore les pieds sur des questions comme celles sur l’essor des vraies démocraties, l’émergence des Etats de droit, le respect des droits de l’homme et de la vie, le progrès social et le développement économique. avec des guerres interminables et une insécurité grandissante. Ce qu’il faut bien voir, ce que nous sommes dans des contextes de la banalisation du mal et des antivaleurs qui rend difficile le vivre ensemble dans la paix.
La seconde raison, il devient impérieux et un devoir moral pour l’élite africaine de mener des réflexions aptes à ouvrir des perspectives pour un avenir meilleur. Il me semble que les intuitions d’Hannah Arendt, notamment la mise en œuvre de la faculté de juger, c’est-à-dire la capacité de la raison à distinguer le bien du mal, le vrai du faux, le beau du laid, le juste de l’injuste afin que chacun se détermine en conscience pour faire le bien et éviter ainsi la banalisation du mal, peut être un éclairage pour l’avenir politique et le développement de l’Afrique. On pourrait ainsi éviter les génocides et divers crimes contre l’humanité, créer des conditions de paix, d’investissement et de développement. Ainsi, le cheminement de ma réflexion m’amène à éprouver d’une part la pensée d’Hannah Arendt et, d’autre part, le devenir de l’Afrique, subsaharienne surtout, dont plusieurs pays ont jubilé les cinquante années de leurs indépendances. Arendt m’offre une ouverture pour une critique sociale radicale de notre contexte en vue d’une recherche de ce qui peut permettre une paix sociale permanente, disons un vivre-ensemble dans la diversité culturelle ethnique. En effet, la pluriculturalité est malheureusement visible chez nous par le biais de la conflictualité : guerres civiles, génocide, pertes des millions des vies humaines…
Hannah Arendt reste préoccupée par le souci de sauver la politique de la fragilité des affaires humaines. Elle est bien consciente que la faute politique, « le mal du mal » avec le totalitarisme surtout, relève de l’inaptitude de juger, de distinguer le bien du mal, le vrai du faux, le beau du laid. C’est l’incapacité même de penser,

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents