Hume et la question du sujet de la connaissance
284 pages
Français

Hume et la question du sujet de la connaissance , livre ebook

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Description

La réflexion philosophique qui se déploie dans cet essai porte sur la question de savoir si l'empirisme de Hume fait vraiment le deuil du sujet de la connaissance. Dans le cas contraire, quelle peut être la nature du rapport du sujet humien aux sujets cartésien et kantien? D'après l'auteur de cet essai, l'empirisme de Hume ne sonne pas totalement le glas du sujet de la connaissance, car si le sujet y brille d'abord par sa passivité, il finit par donner la preuve de son dynamisme cognitif lorsqu'il fait valoir sa spontanéité.


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Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2015
Nombre de lectures 18
EAN13 9782336385945
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Lucien Ayissi
Hume et la question du sujet de la connaissance
ÉTHIQUE, POLITIQUE ET SCIENCE
16/06/15 00:43
Hume et la question du sujet de la connaissance
Éthique, Politique et Science Collection dirigée par Lucien Ayissi Cette collection offre une plage intellectuelle à tous ceux qui sont déterminés à soumettre à la sanction philosophique les questions relatives à l’éthique, à la politique et à la science. En prenant, à travers des publications, part aux divers débats relatifsau devenir des valeurs, au sens du pouvoir politique et au rapport de la science à l’aventure existentielle de l’homme dans le temps et dans l’espace, ils pourront ainsi contribuer au renouvellement d’une infrastructure conceptuelle qui risque de se pétrifier si elle n’est pas constamment revisitée. Déjà parus Roger MONDOUÉ et Philippe NGUEMETA,Vérificationnisme et falsificationnisme. Wittgenstein vainqueur de Popper ?, 2014. Joseph NZOMO-MOLÉ,Penser avec Descartes, 2013. Charles BIWOLE ATANGANA,Cameroun. Amorçage raté d’une démocratie promise, 2013. Ciriac OLOUM,Max Stirner, contestataire et affranchi, 2012. Serge-Christian MBOUDOU,L’heuristique de la peur chez Hans Jonas. Pour une éthique de la responsabilité à l’âge de la technoscience,2010.
Lucien AYISSI
Hume et la question du sujet de la connaissance
DU MÊME AUTEUR aux éditions L’Harmattan Corruption et pauvreté(2007) Corruption et gouvernance(2008) Gouvernance camerounaise et lutte contre la pauvreté : interpellations éthiques et propositions politiques(2009) Penser le sida : analyses croisées d’une pandémie (coéditeur scientifique, 2010) La prière de Yakob(Roman, 2010, Grand prix littéraire ANELCAM 2012) Rationalité prédatrice et crise de l’État de droit(2011) Regards croisés sur les cinquantenaires du Cameroun indépendant et réunifié(coéditeur scientifique, 2012) aux éditions des Presses Universitaires de Yaoundé Le phénoménisme humien comme prolégomènes à la philosophie transcendantale de Kant(2003)© L’Harmattan, 2015 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-06797-1 EAN : 9782343067971
AVANT-PROPOS
La réflexion développée dans cet essai reprend l’essentiel de notre thèse ème de Doctorat de 3 cycle en philosophie. Pour gagner davantage en pertinence, la reprise de cette thèse dans le présent essai tenu compte non seulement de certaines remarques et suggestions qui nous ont été faites lors de sa soutenance, mais aussi de la nécessité de l’actualiser en exploitant les nouvelles interprétations de la philosophie de Hume.Si cette réflexion est une analyse critique de la conception humienne du sujet de la connaissance, elle vise aussi à évaluer le niveau de pertinence de l’antirationalisme dont le phénoménalisme de Hume est philosophiquement chargé. Ce phénoménalisme est l’expression d’un empirisme qui exploite principalement les legs philosophiques du sensualisme de Locke et de l’immatérialisme de Berkeley. Si le phénoménalisme humien s’enrichit surtout des théories philosophiques de Locke et de Berkeley, il se réfère aussi au paradigme épistémologique de la philosophie naturelle d’Isaac Newton. En effet, pour Hume, l’association des idées n’est pas le fait du sujet pensant, ce démiurge épistémologique qui peut, notamment chez Descartes, élaborer la connaissance par la nécessité de son propre pouvoir judicatif. L’association des idées s’explique plutôt par le même principe d’attraction universelle qui régit, dans la philosophie naturelle de Newton, aussi bien le rapport des corps terrestres que celui des corps célestes. Au regard des paradigmes théoriques et méthodologiques dont le phénoménalisme humien s’inspire, ce dernier apparaît comme cette grille d’intelligibilité qui ne peut pas servir de plage philosophique à l’interventionnisme logique du sujet, tel qu’il est facilement remarquable dans le rationalisme de type cartésien. Si l’empirisme humien est, à proprement parler, un phénoménalisme qu’on peut philosophiquement distinguer des sensualismes de Hobbes et de Locke aussi bien que de l’immatérialisme de Berkeley, c’est parce qu’il n’existe, chez Hume, que des perceptions, étant donné que les objets ne se donnent à nous qu’à travers les impressions que ce philosophe considère comme des perceptions primitives ou originales. Par phénoménalisme, A. Michaud désigne la conception selon laquelle le monde est un ensemble de données sensorielles de notre expérience. Le phénoménalisme s’oppose
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ainsi au physicalisme d’après lequel le monde est une réalité matérielle qui 1 est extérieure à nous . En plus d’être la condition de possibilité de la phénoménalisation des objets, les impressions sont les perceptions grâce auxquelles les objets peuvent être connus. De l’en soi des objets ainsi machinés ou phénoménalisés par les impressions, nous n’en savons rien. Il importe d’ailleurs de se garder de procéder à leur ontologie. Le principal défaut de la métaphysique ou de la « philosophie abstruse » (abstruse philosophy) – ce « mélange de jargon métaphysique et de superstition populaire, qui la rend en quelque sorte impénétrable aux raisonneurs négligents et lui donne les 2 allures de la science et de la sagesse » –, c’est de croire pouvoir connaître l’en soi des choses ou discourir, en toute pertinence philosophique, sur leur nature ou leur essence. En plus de « donner asile à la superstition, et 3 protéger l’absurdité et l’erreur » , la « philosophie abstruse » s’investit dans une entreprise épistémologique aussi intellectuellement onéreuse que vaine, laquelle consiste à connaître l’essence, la substance, la cause première et la fin dernière des choses, dans l’oubli du fait que « notre sonde est trop courte pour de si immenses abîmes » (our line is too short to fathom such immense 4 abysses) . À travers cette posture phénoménaliste, telle qu’elle prend un solide appui méthodologique et conceptuel sur le sensualisme de Locke, la théorie de la gravitation universelle de Newton et l’immatérialisme de Berkeley, Hume a en vue la critique du rationalisme classique dont Descartes est, sans doute, dans la Modernité occidentale, le porte-étendard philosophique. Ce contre quoi Hume mobilise son phénoménalisme antirationaliste, c’est, 1 - A. Michaud, « Remarques sur le phénoménalisme et l’atomisme de D. Hume », inLes Études Philosophiques, n° 1, janvier-mars, Paris, PUF, 1973, pp. 45 et 48. 2 - David Hume,Enquête sur l’entendement humain, traduction de Didier Deleule, Paris, Nathan, collection « Les Intégrales de Philo », 1982, Première section, p. 32. Cf. David Hume,An Inquiry Concerning Human Understandinga supplement An Abstract of with A Treatise of Human Nature, Book I, Edited, with an introduction, by Charles W. Hendel, The Library of Liberal Arts, Indianapolis-New York, The Bobbs-Merrill Company, INC, 1955, Section I, p. 21: ‘‘that abstruse philosophy and metaphysical jargon which, being mixed up with popular superstition, renders it in a manner impenetrable to careless reasoners and gives it the air of science and wisdom.’’ 3 - David Hume,Enquête sur l’entendement humain, Première section, p. 36 ;An Inquiry Concerning Human Understanding, Section I, p. 25 : ‘‘And still more happy, if, reasoning in this easy manner, we can undermine the foundations of an abstruse philosophy which seems to have hitherto served only as a shelter to superstition and a cover to absurdity and error !’’ 4 -Ibid., Septième section, Première partie, p. 90 ;An Inquiry Concerning Human Understanding, Section VII, Part I, p. 83.
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entre autres, l’égologie cartésienne. Conçu par Descartes comme cette unité logique substantielle qui existe nécessairement et à laquelle ce philosophe reconnaît non seulement la possibilité de connaître a priori, mais aussi celle d’irréaliser le monde aussi bien que le corps, sans que cela porte atteinte ni à son être ni à son existence, le sujet est, pour Hume, l’une des fictions fantastiques dont surabondent le rationalisme classique aussi bien que la métaphysique antique et moderne. Dans le présent ouvrage, notre dessein est non seulement d’analyser la critique humienne de l’égologie cartésienne, mais aussi d’en évaluer le niveau de pertinence philosophique.
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INTRODUCTION
L’histoire de la philosophie est compartimentée en doctrines logiquement opposées. On distingue, par exemple, le rationalisme de René Descartes de l’empirisme de David Hume. Une telle distinction est nécessairement réductrice : on réduit notamment la philosophie humienne à l’empirisme parce qu’elle fonde, à la suite des sensualismes de Hobbes et de Locke, la connaissance sur l’expérience, c’est-à-dire un ensemble d’impressions de sensations qui sont présentatives et non représentatives 5 des choses .
Hume semble lui-même répondre de la réduction doctrinaire dont sa philosophie est l’objet, car dans leTraité de la nature humaine, tout comme dans l’Enquête sur l’entendement humain, il soutient la thèse de la priorité des 6 impressions sur les idées . Les impressions étant ce dont les idées procèdent, celles-ci se bornent à les copier ou à les refléter de façon estompée dans l’esprit humain. La primauté des impressions sur les idées est même une détermination, celle des idées par une expérience qui fonde la connaissance en même temps qu’elle la limite. Si tous les événements naturels ne peuvent être connus qu’empiriquement, seule l’expérience peut rendre à la fois compte des phénomènes du monde extérieur et ceux de la 7 vie mentale . Hume subvertit ainsi toute une tradition intellectuelle, parce qu’il jette le doute sur une vision philosophique réactualisée à l’époque moderne par Descartes, et qui consiste à soutenir que la connaissance est rationnellement déterminée.
Si l’expérience est, chez Hume, la raison fondatrice de la connaissance, il est, dans ce cas, permis de réduire sa philosophie à l’empirisme. Cette réduction semble d’autant plus pertinente que l’auteur duTraité de la nature humainefait de l’expérience le cadre en dehors duquel l’esprit dérive dans la
5 - Yves Michaud,Hume et la fin de la philosophie, Paris, PUF, collection « Philosophie d’aujourd’hui », 1983, pp. 64-65. 6 - David Hume,Traité de la nature humaine, traduction d’André Leroy, Paris, Aubier Montaigne, 1973, Livre I, I, 1, p. 69 ;A Treatise of Human Naturetwo volumes. in Introduction by A. D. Lindsay, London, Dent, Every Man’s Library, 1964, Volume one, p. 14.7 - David Hume,Enquête sur l’entendement humain, Septième section, Première partie, p. 84 ; An Inquiry Concerning Human Understanding, Section VII, Part I, p. 76.
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