IDEE D ETRANGER CHEZ LES PHILOSOPHES DES LUMIERES
460 pages
Français

IDEE D'ETRANGER CHEZ LES PHILOSOPHES DES LUMIERES , livre ebook

-

460 pages
Français

Description

Au XVIIIe siècle, période où la connaissance du monde est déjà très complète, les philosophes des Lumières sont directement confrontés à l'altérité, ce qui suscite leur réflexion sur les plans politiques et religieux bien-sùr, mais aussi sociologique et culturel. Chacun fait à sa manière l'éloge de la tolérance, mais paradoxalement chaque pensée reste profondément hermétique à l'accueil de la différence. Quoique posant les bases des nationalismes futurs, les philosophes assurent ainsi le renouvellement et la pérennisation des valeurs humanistes en les inscrivant au coeur de l'Europe.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2003
Nombre de lectures 308
EAN13 9782296310148
Langue Français
Poids de l'ouvrage 14 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'IDEE D'ETRANGER
CHEZ LES PHILOSOPHES DES LUMIERESCollection L'Ouverture Philosophique
dirigée par Bruno Péquignot et Dominique Chateau
François NOUDELMANN, Sartre: l'incarnation imaginaire, 1996.
Jacques SCHLANGER, Un art, des idées, 1996.
Ami BOUGANIM, La rime et le rite. Essai sur le prêche philosophique,
1996.
Denis COLLIN, La théorie de la connaissance chez Marx, 1996.
Frédéric GUERRIN, Pierre MONTEBELLO, L'art, une théologie
mode rne, 1997.
Régine PIETRA, Les femmes philosophes de l'Antiquité gréco-romaine,
1997.
Françoise D'EAUBONNE, Féminin et philosophie (une allergie
historique), 1997.
M. LEFEUVRE, Les échelons de l'être. De la molécule à l'esprit, 1997.
Muhammad GHAZZÂLI, De la perfection, 1997.
Francis IMBERT, Contradiction et altération chez J.-J. Rousseau, 1997.
Jacques GLEYSE, L'instrumentalisation du corps. Une archéologie de la
rationalisation instrumentale du corps, de l'Âge classique à l'époque
hypermoderne, 1997.
Ephrem-Isa YOUSIF, Les philosophes et traducteurs syriaques, 1997.
Collectif, publié avec le concour de l'Université de Paris X, Objet des
sciences sociales et normes de scientificité, 1997.
Véronique FABBRI et Jean-Louis VIEILLARD-BARON (sous la
direction de), L'Esthétique de Hegel, 1997.
Eftichios BITSAKIS, Le nouveau réalisme scientifique. Recherche
Philosophiques en Microphysique, 1997.
Vincent TEIXEIRA, Georges Bataille, la part de l'art. La peinture du
non-savoir, 1997.
Miklos VETO, Métaphysique religieuse de Simone Weil, 1997.
Tony ANDREANI, Menahem ROSEN (sous la direction de), Structure,
système, champ et théories du sujet, 1997.
Denis COLLIN, La fin du travail et la mondialisation. Idéologie et réalité
sociale, 1997.
(Ç)L'Harmattan, 2002
ISBN: 2-7475-3719-6Ouverture Philosophique
Hubert Baysson
L'IDEE D'ETRANGER
CHEZ LES PHILOSOPHES DES LUMIERES
L' Harmattan
5-7, rue de l'Ecole-Polytechnique
75005 Paris
FranceA Hélène, ma femme,
à toute mafamille.INTRODUCTION
Le thème de l'étranger chez les philosophes des Lumières est un
miroir à multiples facettes, dont l'une des plus apparentes renvoie à une
interrogation identitaire. Qu'il s'agisse de Rousseau, de Montesquieu ou
de Voltaire, la démarche philosophique est étroitement liée à l'expérience
personnelle et les œuvres sont indissociables du vécu: les découvertes,
les voyages, les rencontres sont au cœur de leurs travaux. De plus, tous
ces auteurs se présentent en précurseurs dans une Europe en plein
bouleversement, du moins pour ce qui est de la mentalité de ses élites.
Enfin, le courant des Lumières correspond moins à une pensée uniforme
qu'à une somme d'individualités souvent opposées, dont seule la synthèse
permet de dégager des points communs.
Un mot également du projet en lui-même, dont l'ampleur peut
difficilement être dissimulée: Il ne s'agit pas dans les pages qui suivent
de se livrer à une étude philosophique ou littéraire. L'angle retenu est bel
et bien celui de l'histoire des idées politiques. Bien sûr, des incursions
dans le domaine éminemment fécond des lettres étaient inévitables, mais
le projet est largement axé sur l'étape déterminante que constitue la
pensée des Lumières dans la genèse de l'idée de Nation.
La recherche de l'idée de l'étranger que se faisaient les
philosophes des Lumières s'est appuyée essentiellement sur les œuvres de
Montesquieu, Rousseau et Voltaire. Diderot et les Encyclopédistes ont
sans doute été largement négligés, évidemment moins par manque
d'intérêt que par la nécessité de limiter les investigations et par
l'appartenance du courant de pensée qu'ils représentent à une école sinon
autonome, du moins largement indépendante.
Il a en outre été tenu compte des seuls textes destinés à être
édités à l'époque, à l'exclusion de toute la correspondance, si abondante
et souvent si révélatrice. De ce point de vue, on pourrait donc prétendre
qu'il s'agit peut-être moins de rendre compte de l'idée que se faisaient les
auteurs que de celle qu'ils voulaient que leurs lecteurs se fassent. Reste
que la matière tirée de ces œuvres est à bien des égards significative de la
pensée des philosophes, même si, pour lui donner toute sa mesure, il faut
nécessairement la replacer dans son contexte, tant du point de vue
historique qu'en ce qui concerne les auteurs eux-mêmes. Cette double
approche conduit à mettre en évidence le caractère évolutif des notionsabordées: aussi l'appréhension de l'étranger dans les Lumières
passe-telle également par l'établissement de quelques éléments de définition.
10Section I : L'Europe au XVIIIe siècle
Le XVIIIe siècle est caractérisé par un certain équilibre des
forces en Europe: bien que poursuivant leur lutte d'influence sur le
continent, pas plus la France que l'Autriche ou l'Angleterre ne
parviennent à imposer leur hégémonie. La tension se porte dans les
colonies et les enjeux économiques commencent à investir la politique.
Si le rayonnement culturel de la France atteint son apogée au
XVIIIe siècle, cette période correspond à une perte d'influence politique à
l'extérieur. En effet, aux ravages provoqués par les guerres ruineuses
menées par Louis XIV, qui s'éteint en 1715, succède une période, sinon
de paix, du moins d'accalmie en Europe.
Les terribles affrontements religieux qui ont déchiré le continent
au cours des siècles précédents s'effacent devant les conflits d'intérêts
stratégiques - succession au trône de Pologne entre 1733 et 1738,
succession d'Autriche dans les années 1740- ou
économiquesnotamment entre les puissances coloniales que sont la France et
l'Angleterre. En outre, un certain équilibre des forces s'installe peu à peu
en Europe avec l'émergence de la Prusse et de la Russie parmi les grandes
puissances. Certes quelques états en font les frais, comme la Pologne,
démembrée par le traité de Saint-Pétersbourg de 1772 ou la Bavière,
amputée par le traité de Teschen signé en 1779. Mais dans l'ensemble des
(1).
frontières se dessinent et annoncent le XIXe siècle
Dans le même temps, la France connaît une longue période de
prospérité économique. Cette situation ne suffit cependant pas à masquer
l'obsolescence des structures sociales et l'échec d'un régime qui tente
désespérément de se réformer tout en refusant de remettre en question
l'absolutisme. Après la rigueur de la fin du règne de Louis XIV souffle
justement sur la France un vent de liberté. En rupture totale avec le
classicisme et le catholicisme dévot jusqu'alors triomphants, les
philosophes des Lumières affirment leur foi en l'existence possible d'un
1 L'époque desVoir MOUSNIER Roland et LABROUSSE Ernest, Le XVIIIe siècle -
Lumières (1715-1815), notamment le chapitre III du livre III, pp. 212 et suivantes. Voir
aussi POMEAU René, L'Europe des Lumières: cosmopolitisme et unité européenne au
XVIIIe siècle.
Ilbonheur terrestre, sous l'empire de la Raison. Or ce message ne craint pas
de se prétendre universel, et se répand à travers toute l'Europe.
A la suite de Montesquieu, qui se proclame «homme avant
d'être français », Voltaire fréquente assidûment Frédéric II de Prusse,
pourtant en guerre contre la France, et Diderot se lie avec Catherine II de
Russie. Un idéal de paix et de progrès, une conscience européenne
émergent au fil du siècle et s'opposent aux préjugés et aux particularismes
nationaux. Alors que les Etats ont souvent des frontières imprécises et
mouvantes, et des systèmes politiques très divers, les philosophes
élaborent un projet à vocation universelle, destiné à l'humanité entière.
La mode est d'ailleurs au cosmopolitisme. Rousseau et Diderot
prennent position en faveur de l'opéra bouffe, créé par Pergolèse, et de la
musique italienne, contre le classicisme français. Mais surtout
l'Angleterre exerce une influence grandissante dans le domaine de la
philosophie et de la physique: on lit Hobbes, Locke, Hume, Newton. A
Pari

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