L homme connaissant
236 pages
Français

L'homme connaissant , livre ebook

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236 pages
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Description

Parler de l'homme connaissant, c'est poser des questions, notamment : une perspective scientifique unifiée sur l'esprit (« cognitivisme ») est-elle légitime ? En quoi l'intuition et la construction de concepts peuvent-elles rendre compte des mathématiques, mais aussi, analogiquement, de l'art et de la langue ? Quel rapport y a-t-il entre la connaissance et les normativités morale et juridique ? Les présents essais – "L'esprit pensé", "Ce que nous devons à Augustin", "L'intuition et après", "La morale et la fable" – abordent ces questions fondatrices à partir d'un point de vue critique sur les différents régimes de nos connaissances.

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Informations

Publié par
Date de parution 15 juin 2016
Nombre de lectures 6
EAN13 9782140012211
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

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Extrait

RobertForest
L’HOMME CONNAISSANT Quatre essais de philosophie critique
OUVERTUREPHILOSOPHIQUE
L’homme connaissant
Ouverture philosophique Collection dirigée par Aline Caillet, Dominique Chateau, Jean-Marc Lachaud et Bruno Péquignot Une collection d’ouvrages qui se propose d’accueillir des travaux originaux sans exclusive d’écoles ou de thématiques. Il s’agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions, qu’elles soient le fait de philosophes « professionnels » ou non. On n’y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu’habite la passion de penser, qu’ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou… polisseurs de verres de lunettes astronomiques. Dernières parutions Germain-Djéry NDONG-ESSONO,De l’éthique environne-mentale à la dialectique réflexive. Confrontation entre Hans Jonas et André Stanguennec, 2016. Gérard GOUESBET,Violences de la nature, 2016 Olivier VERDUN,L’énigme de la domination, 2016 Michel FATTAL,Du bien et de la crise, Platon, Parménide et Paul de Tarse, 2016. René PASSERON,L’amour refus,2016 Mouchir Basile AOUN,La Cité humaine dans la pensée de Martin Heidegger. Lieu de réconciliation de l’être et du politique, 2016. Nikos FOUFAS, La critique de l’aliénation chez le jeune Marx, 2016. Patrick MBAWA DEKUZU YA BEHAN,Le paradoxe du pardon chez Paul Ricoeur. De la gratuité à la gratitude, 2016. Hélène MICHON, Tamás PAVLOVITS,La sagesse de l’amour chez Pascal, 2016. Philippe FLEURY,Figures du gnosticisme, 2016. Auguste NSONSISSA,La grammaire de la signification.Querelle des fondements de la philosophie contemporaine du langage,2016. Pascal GAUDET,Qu’est-ce que la philosophie ?, Recherche kantienne,2016.
Robert Forest
L’homme connaissant
Quatre essais de philosophie critique
© L’Harmattan, 2016 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-09397-0 EAN : 9782343093970
INTRODUCTION  Ce livre d’essais en prolonge deux autres, et j’ai introduit dans le titrel’homme connaissant, j’aurais pu écrire fondements,principes. Non que mon intention soit d’être plus profond ou plus fondamental, mais j’aborde ici de vastes territoires qui conditionnent l’approche d’autres domaines en philosophie de la connaissance. Pas plus qu’ailleurs, je n’admets, pour la connaissance véritable, d’objets « tout donnés », et l’enjeu de l’élaboration de quelques-uns, ici, paraît d’importance. Il s’agit premièrement de l’esprit, terme qui vaut pour tout un faisceau de mots ; y a-t-il une science unifiée ou unifiable de l’esprit, le cognitivisme par exemple, ou, comme on dit davantage aujourd’hui, les neurosciences ? Il s’agit ensuite des caractéristiques de lascience (non d’un panorama de celle-ci), et de ce que j’estime être un rapprochement affinitaire de la science, de l’art, et de lalangue: des thèmes que j’ai déjà abordés, mais dont les fondements doivent être analysés. Il s’agit encore de l’actualité, en quelque sorte, de la morale (une question qui, par exemple, hantait Sartre), et à ce propos discuter principes est presque un pléonasme.  Mavolonté de creusement, si j’ose dire, porte aussi sur la référence philosophique première que j’ai toujours affichée, c’est-à-dire Kant. Conscient de ne pas être de taille à assurer par moi-même la cohérence profonde d’une pensée philosophique,
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et de venir (certes non complètement ingénu sur divers plans théoriques) de l’horizon d’une science « partielle » (mais toutes le sont, en réalité), la linguistique, j’ai voulu non pas me reposer sur quelqu’un qui pense à ma place (ce serait la pire trahison de l’auteur de?Qu’est-ce que les lumières ), mais réfléchir juché 1 sur ses épaules dans la même direction . Il est critique, je le suis autant que possible. C’est un penseur de l’irréductible, des limitations de capacités, des interdits d’extrapoler, des légitimités qui s’arrêtent ici et pas là, je suis attentif à nommer les prolongements, passages et toboggans dont on nous fait l’article alors qu’ils ont été faits sans permis de construire. Pour ces raisons, ce livre n’est pas composé d’essaissur Kant, il est de ma responsabilité.  J’évoque brièvement deux excellents ouvrages récemment parus, où des penseurs chevronnés disent des choses très intéressantes, que je pourrais sûrement reprendre à mon compte pour la plupart, sur la société dans laquelle nous vivons aujourd’hui, et qui sont pleinement critiques et tournés vers les principes en matière de connaissance. L’un est de Monique 2 3 Castillo , l’autre de Jean-Michel Salanskis . Le propos de Monique Castillo est notamment philosophique, moral, politique, sociologique, historique : il aborde critiquement l’individualisme, le communautarisme, le pluralisme, et beaucoup de questions que j’ai moi-même abordées dans mon essaiActualité du contrat social. Je retiens surtout du livre de J.-M.Salanskis son interrogation sur le maintien du « théorique », d’une société, d’une humanité, qui assure encore à l’avenir l’exercice du théorique, dont le mathématicien qu’il e est dresse, pour le XX siècle, un tableau brillant, à la mesure de l’extraordinaire créativité du passé récent. Dans les deux ouvrages, un petit point me laisse insatisfait, ou plutôt m’incite à souhaiter m’y confronter moi-même. Dans le premier 1 C’est tout le contraire, j’espère, de ce que décrivait Alain (1914, rééd. 1985), Propos sur les pouvoirs, Paris, Gallimard : « La plupart de ceux qui ont compris la nécessité de l’obéissance concluent, et très mal, que celui à qui ils obéissent a raison » (p.167). 2  M.Castillo (2016),Faire renaissance, une éthique publique pour demain, Paris, Vrin. 3 J.-M.Salanskis (2016),Crépuscule du théorique ?, Paris, Les Belles Lettres.
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ouvrage, j’ai l’impression qu’on laisse la part trop belle à l’air du temps, au fond dans une lignée hégélienne, ce qui est souvent le cas quand on parle del’âge/ère de…, dela société de…; et qu’il faut poser la question du sujet social, moral, de droit, etc., donc des objets de connaissance possible dans ces domaines, autrement que comme des ludions duZeitgeist, que le volontarisme d’une créativité à la fois éternelle et adaptée à l’évolution-progrès saurait opportunément contrer malgré les horreurs et malheurs. Dans le second ouvrage, le remarquable progrès foisonnant de toutes sortes de sciences théoriques ne se mêle-t-il pas d’une foule de faux amis, d’extrapolations indues, de dogmatismes nuisibles, et le modèle de la communauté scientifique mathématique s’étend-il en confiance à d’autres domaines, où les scories, pour être poli, s’accumulent ? N’y a-t-il pas lieu de critiquer, davantage encore que tels faits navrants de la quotidienneté, certains discours cognitivistes, néo-1 classiques , générativistes, sociobiologistes, et bien d’autres ?  C’est justement en ce point qu’il me semble intéressant de prendre pour guide la question, que j’étaye sur le kantisme, des différentsrégimes conceptuels; à commencer par la différence entre la connaissance par concepts et la connaissance par construction de concepts (les sciences), un clivage important je crois, au point que d’autres domaines d’activité humaine peuvent se penser analogiquement en fonction de lui. Ma critique sur l’air du temps est une question de régimes conceptuels. Ma critique sur le bon grain et l’ivraie du jaillissement théorique, bien éloignée des opinions, est une question de régimes conceptuels. La question des régimes conceptuels est aussi celle desobjetsde la connaissance, et cette dernière question est inséparable, chez Kant, de ce que je
1  Il faut saluer à ce propos le livre de C.Darmangeat (2016),Le profit déchiffré. Trois essais d’économie marxiste, s.l., Ed. La ville brûle, qui analyse enfin correctement la question du travailproductifdans le capitalisme. Ecarter la valeur d’usage, montrer le lien entre plus-value et capitalisme collectif, voir dans la catégorie intermédiaire du travail lié à la circulation du capital une non-productivitésystémique de plus-value, mais une productivité en profit pouruncapital employeur, c’est essentielconceptuellement, pour la vraie science économique, et contre lareductio ad mercatum néo-classique qui perpétue l’exploitation capitaliste en la niant théoriquement.
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résume comme lecomment de la connaissance. Dans ces directions qui convergent, sans que tous les chats y soient gris, il y a de quoi, je crois, développer des analyses sectorielles qui peuvent avoir en même temps des implications d’ensemble, et il faut surtout s’interdire degrandes unificationsen théoriques sacrifiant àl’objet,au concept,aupetit commun plus dénominateur des savoirs (l’important dans ces expressions étant l’article singulier). Tous mes travaux tendent à montrer ceci : non, de l’économie, de la langue, du droit, etc., un certain « essentiel » ne peut pas être capté par exemple par une vaste « anthropologie », qui est de bon ton aujourd’hui.  Le premier essai s’intituleL’esprit pensé, ce qui renvoie au parcours du combattant conceptuel que ce thème mobilise. Il y a trois parties. La première s’attache à analyser, sur exemples, en quoi consiste le travail à l’intérieur du « paradigme cognitiviste ». Il apparaît, outre ce qui est lié aux luttes entre dissidences etmainstreamsau long de l’histoire qui théoriques a suivi lecognitive turn, que la connexion entre notions philosophico-psychologiques (la conscience, le soi, etc.) et implémentations neuronales donne lieu à des conceptualisations fréquemment biaisées, justement parce qu’il faut assurer, ni trop ni trop peu, le continuum esprit-cerveau. Ces conceptualisations paraissent donc souvent étrangères à un point de vuebiologique fonctionnelauthentique, auquel il y aurait intérêt à se convertir. Or il y a une difficulté : autour de la biologie gravitent des notions « noomorphiques », scénarios conceptuels de processus qui s’effectuent « comme si » un esprit y était actif.  Dans la deuxième partie, quittant le neurobiologique, je discute de questions philosophiques et psychologiques : le soi, le sujet, la personne, la première personne. Les implications des notions kantiennes sont ici examinées. La question de la « linguisticisation » des notions concernées, sous la forme de ce qu’on appelle « égologie » ou sous d’autres formes, est abordée. Puis je tente de montrer qu’une interprétation plausible de la psychologie brentanienne, centrée sur l’intentionnalité, est compatible avec une approche philosophique kantienne.  La troisième partie traite des émotions-affects-passions-sentiments (il me paraît secondaire de distinguer les termes). Je
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tente un « état de l’art » sur cette arche de Noé conceptuelle, avant d’examiner le rapport posé par Kant avec le jugement.  Suit unPetit essai sur ce que nous devons à Augustin, à partir des célèbres développements analogiques duDe Trinitate, centré sur la liquidation de l’héritage aristotélicien à propos de la puissance et de l’acte en matière de connaissance.  Le troisième essai, intituléL’intuition et après, part de Kant et de sa conception, originale, de l’intuition, de sa pensée, radicale, de l’existence, de son approche de la connaissance scientifique par concepts construits dans l’intuition pure. A travers une discussion de problèmes kantiens, l’essai parvient à une caractérisation différentielle de la pensée par concepts et de la pensée par construction de concepts, différentielle aussi des régimes de rapports à l’objet (incluant l’« application ») que les deux pensées impliquent. Ceci permet de montrer que les mathématiques, aperçues surtout depuis une philosophie non spécialiste, mais pas uniquement, apportent beaucoup d’eau, aujourd’hui encore, au moulin kantien.  Je propose ensuite d’éclairer la pensée de l’art par l’analogie avec la construction de concepts, analogie qui, comme de juste, repose sur des ressemblances et des différences, présentées en quelques thèses (traitant entre autres du rapport de l’œuvre aux formes de l’intuition, espace et temps ; du couple type-occurrence ; de la place de l’image…). Quelques très brèves illustrations (en peinture) s’ensuivent. Enfin, ayant de longue date développé la thèse que lalangueest analogique de la construction de concepts, je propose quelques arguments et quelques exemples en ce sens.  Le quatrième essai,La morale et la fable, parle de morale. Il estime, une fois de plus, indispensable d’exposer les positions kantiennes, qui manifestent à la fois une inspiration constante et une certaine évolution de pensée (le principal acquis étant le « fait de la raison »). Un survol critique de quelques positions philosophiques et/ou « métaéthiques » ultérieures vient ensuite, suivi de réflexions sur la « juridicité » dans ses rapports à l’éthique, et de propositions « pragmatiques » pour aller au-delà d’analyses parfois trop peu concrètes du « jugement moral ».In fine, je me retiens juste à temps de raconter ma vie.
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